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données les conditions d'acquisition ainsi que la distance du scanner à l'ouvrage (entre 100 et 200 m. en fonction de la hauteur des points), on obtient des distances qui sont de l'ordre de la portée du scanner. On pourrait donc fortement douter de la validité de ces données. Pourtant, celles-ci ne semblent pas totalement aberrantes, comme en témoignent ces zones de forte déformation relative qu'on peut observer en haut de l'ouvrage et qui semblent bien correspondre à un problème caractéristique des aéroréfrigérants (leur crête a fortement tendance à s'élargir). Bien sûr cela reste à vérier de manière rigoureuse. Cela va en tout cas dans le sens de Gordon et al. ([Gordon et al. 2004]) qui ont mis en avant la capacité des scanners laser à remplacer la photogrammétrie dans les opérations de contrôle de déformation, car la très forte densité des données laser rattrape leur imprécision.

5.4 Suivi de glissement de terrain

Un glissement de terrain est déni comme le déplacement d'une masse de terrains meubles ou rocheux au long d'une surface de rupture par cisaillement, qui correspond souvent à une discontinuité préexistante. Le mouvement est engendré par l'action de la gravité, de forces extérieures (hydrauliques ou sismiques) ou d'une modication des conditions aux limites.

C'est un phénomène très courant, localisé principalement dans les zones montagneuses ou sur les rives des euves et les côtes maritimes (voir gure 5.9). L'extension d'un glis- sement de terrain est très variable mais peut atteindre plusieurs kilomètres dans les cas extrêmes. Le mouvement est plus ou moins rapide et son évolution n'est pas forcément continue. Les eets peuvent être dévastateurs, car les masses impliquées sont généralement énormes et emportent tout sur leur passage. On en répertorie de nombreux en France, la plupart dans des zones montagneuses (Alpes, Pyrénées, Massif Central, etc.). Ils sont donc suivis constamment par le Ministère de l'Écologie et du Développement Durable (MEDD) en partenariat avec l'Oce National des Forêts (ONF), les autorités locales (DRIRE) et des centres de recherches (BRGM, LCPC). Une base de donnée recensant tous les glissements de terrain est consultable sur internet (http : //www.bdmvt.net).

La classication des mouvements de terrain peut se faire en fonction de la vitesse avec laquelle ils se produisent. La première catégorie regroupe les mouvements lents et continus, tels que les aaissements, les tassements et les glissements. En s'accélérant, ces derniers peuvent alors être rattachés, tout comme les eondrements, à la seconde catégorie : les mouvements rapides et brusques.

Certains glissements de terrain menacent directement des routes, des villages et aussi des ouvrages hydro-électriques gérés par EDF. Dans ce dernier cas, les eets d'un glis- sement de terrain peuvent s'avérer particulièrement dangereux, non pas à cause des vies

Fig. 5.9  Illustration des diérents types de glissements de terrain. (source : site internet du Ministère des Ressources Naturelles du Canada)

humaines directement menacées (généralement aucune) mais parce que la masse de terrain qui tomberait dans la retenue d'eau en amont du barrage pourrait provoquer un dépla- cement d'eau soudain et important, qui lui-même pourrait passer par dessus la crête du barrage, voire même endommager cette crête et provoquer la rupture du barrage. Dans les deux cas, cela résulterait en une très forte montée des eaux en aval, avec probablement un front d'eau important emportant tout sur son passage ainsi qu'une inondation de la val- lée. Les populations touchées seraient alors beaucoup plus nombreuses, et la catastrophe d'autant plus meurtrière et paralysante.

C'est pour cette raison qu'EDF suit de près les zones de glissements de terrains au- tour de certains de ses barrages. Aujourd'hui le suivi est généralement réalisé par des campagnes de mesure manuelles (théodolites, photogrammétrie terrestre, systèmes dGPS, etc.) espacées selon des intervalles de plusieurs mois ou plusieurs années en fonction de la vitesse du glissement. Ces campagnes sont lentes et présentent un danger potentiel pour les opérateurs qui font les mesures sur la zone de glissement même. EDF envisage donc la possibilité de recourir à de nouvelles technologies "sûres" et plus rapides pour suivre les glissements. Les principales méthodes envisagées et testées sont la photogrammétrie héliportée, la mesure par radar interférométrique satellitaire (section 1.5.3) et enn le relevé laser terrestre (section 1.5.1).

Dans le cas d'une application de suivi d'un glissement de terrain, il peut être intéressant d'utiliser des techniques de calcul d'écarts comme celles proposée dans ce manuscrit. En eet, contrairement aux mesures manuelles ou photogrammétriques qui donnent des séries de points parfaitement localisés et qu'on peut associer deux à deux d'un relevé à l'autre

5.4. Suivi de glissement de terrain 129 (permettant ainsi le calcul direct d'un champ de déplacements, avec un vecteur déni en chaque point), les capteurs lasers fournissent un très grand nombre de mesures mais dont la position est localement aléatoire, et qu'il n'est donc pas possible d'associer deux à deux. On est en pratique dans un cas tout à fait similaire au calcul d'écarts entre deux nuages de points qui a été traité en section 2.3.1.

Le cas précis de l'utilisation de scanners laser terrestres pour suivre des glissements de terrain a déjà été envisagé et relaté dans des articles de recherche. On peut ainsi citer [Hsiao et al. 2004] et [Bitelli et al. 2004] qui comparent deux nuages de points laser acquis sur le site d'un glissement de terrain en modèlisant chacun des nuages. Le but est d'obtenir un modèle numérique de surface (MNS - voir Annexe D) en protant du fait que les zones de glissement ont en général une topographie "2D1

2", et qu'il est donc possible d'appliquer

une triangulation simple et topologiquement correcte en projetant les points du nuage sur un plan. Ceci leur permet alors d'extraire des prols et des lignes de niveaux, de reprojeter les limites du glissement sur des photos ou des rendus de synthèse en 3D, et enn et surtout d'extraire à partir du MNS, un modèle numérique de terrain (MNT) qui correspond au MNS débarrassé des éléments du sur-sol (arbres, blocs rocheux, etc.). La comparaison des MNT leur permet ainsi d'évaluer le mouvement du terrain uniquement (ils s'inspirent notamment de travaux antérieurs de ltrage du sur-sol à partir de données laser aériennes, qui sont elles aussi 2D1

2). On peut enn citer des travaux de [Steinmann et Bonnard 2002]

du laboratoire LMS de l'EPFL, ainsi que le système SiteMonitor développé par la société "3DLM", qui utilisent des scanners laser à poste pour observer un glissement de terrain (ils protent alors du fait que le point de vue du scanner reste unique et qu'il est donc encore possible d'appliquer des traitements en 2D1

2). Globalement les intérêts des capteurs laser

pour ce type d'opération sont leur vitesse et leur portée relativement grande qui permet un suivi continu ou en urgence de zones diciles d'accès ou dangereuses.

Pour tester nos algorithmes sur de tels cas, le constructeur de scanners laser Mensi (liale de Trimble) nous a gracieusement fourni, via son antenne japonaise, des nuages laser acquis sur une falaise au Japon, avant et après un éboulement. La gure 5.10 nous donne un aperçu de la carte de distance qui peut être calculée entre le nuage "après éboulement" et le nuage "avant éboulement" (on peut remarquer que le nuage "après éboulement" est beaucoup plus petit que l'autre, et qu'il se borne aux strictes limites de la zone d'éboulement - ce qui est assez étonnant, et potentiellement problématique).

La carte des écarts qui peut être calculée entre les deux nuages grâce à notre méthode est assez précise étant données la simplicité du problème et la bonne couverture du nuage "avant", qui permet une modélisation locale robuste lors de la comparaison. De plus, nous ne sommes pas limités par la topographie de la zone observée, qui pourrait être réellement 3D (avec des renfoncements, des creux, ou autres concavités). Ensuite, la possibilité de jouer sur le seuillage des distances achées permet dans un second temps la détermination simple et rapide de la frontière de la zone de glissement (on pourrait aussi utiliser les méthodes de segmentation automatiques présentées au chapitre 3 si la zone de glissement était plus complexe et la frontière moins évidente).

nuage « avant »

nuage « après »

nuages de points

carte d’écarts

Fig. 5.10  Calcul des écarts sur une zone de glissement de terrain.

A gauche : nuages de points fournis par Mensi Japan sur une zone d'eondrement d'une falaise. A droite : carte d'écart "après/avant" mise en situation.

zone insuffisamment

scannée

contour détecté

carte des écarts seuillage

Fig. 5.11  Mise en évidence des contours d'un glissement de terrain.

A gauche : carte des écarts ; au centre : seuillage faisant apparaître la frontière de la zone de glissement ; à droite : contour "théorique" faisant ressortir une zone du

5.5. Cartographie d'urgence 131