3 F ACIÈS ET MODÈLE DE FACIÈS B ASSIN VOCONTIEN
3.2.3 Structures sédimentaires
Slumps
La coupe de Châteauneuf d’Oze présente à la base de la sous-zone à Hippolytense une masse de wackestones à radiolaires déformée de 2 mètres d’épaisseur (Pl. 9B). Les slumps sont très fréquents aux marges des bassins (READING, 1998; COOK &
MULLINS, 1983). Le glissement d’un sédiment cohésif
est entraîné par une forte pente, par un taux de
Fig. 3.2: Examples of lithologies and microfossils according to the palaeogeographic position of the studied section.
limestone with thin argillaceous layers limestone with thick argillaceous layers
Montagne de Crussol 5 m 0 5 m 0 limestone marl Fe Fe limestone marly limestone calcareous marl marl increasing clay content
- Textulariina, Lenticulina, other Nodosariidae, Spirillina, Nubeculariidae and other Miliolina
- gastropods, brachiopods and tuberoids
- Saccocoma, calcispheres, Globochaete, radiolarians, protoglobigerinids and filaments
- Lenticulina, other Nodosariidae and Spirillina
- Saccocoma, calcispheres, Globochaete, radiolarians, protoglobigerinids and filaments
HEMIPELAGIC FACIES PELAGIC FACIES
Chateauneuf d'Oze, la Meouge
marl with lenses of limestone undifferentiated bioturbation Fe nodule of pyrite ammonite LEGEND:
sédimentation élevé, par des séismes et/ou par l’action des vagues de tempêtes (READING, 1998).
Bioturbation (surface noduleuse, calcaire noduleux)
(Pl. 8E)
Les calcaires noduleux et les surfaces de banc noduleuses sont très fréquents dans les coupes étudiées. Ils résultent d’une intense bioturbation, qui est caractéristique d’un substrat mou et d’un ralentissement ou d’un arrêt de la sédimentation. Les traces fossiles n’ont pas été étudiées en détail.
Croûte laminée
La partie supérieure de la coupe de Crussol comprend des croûtes formées de plusieurs couches généralement granoclassées composées de péloïdes, de tubéroïdes et autres bioclastes (Pl. 8C). Le sommet de ces couches est souligné par une lamine de micrite quelquefois encroûtée par des nubéculaires (Pl. 8D). Ces structures traduisent l’alternance de périodes de condensation et de reprise de la sédimentation. Elles sont semblables aux “ laminoid and peloidal crust ”
de FLÜGEL & STEIGER (1981) et apparaissent quand les
récifs à éponges atteignent une tranche d’eau telle que le milieu devient plus favorable au développement des cyanobactéries qu’à celui des éponges. L’apparition de ces croûtes est généralement associée à des tubéroïdes plus nombreux.
3.3 Z
ONES DEMICROFACIÈSLes trois coupes étudiées ont été choisies en fonction de leur position paléogéographique par rapport à la plate-forme du Jura. Crussol est la coupe la plus proximale, proche de la bordure du bassin; la coupe de Châteauneuf d’Oze est dans une position intermédiaire; la coupe de la Méouge est la plus éloignée. Chacune présente des microfaciès qui lui sont propres en grande partie liés à sa position à l’intérieur du bassin. La répartition des microfaciès en zones de microfaciès est par conséquent fidèle à la situation paléogéographique des coupes (Fig. 3.1). Chaque coupe correspond à une zone de microfaciès regroupant plusieurs microfaciès définis en fonction de la texture, du contenu en fossiles et en grains non- bioclastiques. Toutes ont en commun un microfaciès riche en Saccocoma. Les zones de Châteauneuf d’Oze et de la Méouge présentent chacune un microfaciès à radiolaires. Enfin, la coupe de Crussol diffère des deux autres par un nombre plus élevé de microfaciès, par la présence de gastéropodes, de
Terebella, de brachiopodes, d’une population de
foraminifères benthiques plus diversifiée et surtout par l’omniprésence de tubéroïdes, qui indiquent la proximité de récifs à éponges situés plus au Nord
(GAILLARD, 1983). Les faciès de la coupe de Crussol
sont par conséquent considérés comme hémipélagiques par rapport aux faciès des deux autres coupes clairement pélagiques (Fig. 3.2).
de strates génétiquement liées, limitées à la base et au sommet par des surfaces de discordance ou leur équivalent concordant latéral (MITCHUM et al., 1977).
Une surface de discordance est une surface d’érosion ou de non-dépôt qui sépare des strates plus jeunes de roches plus vieilles et qui représente un hiatus important (MITCHUM et al., 1977). Dans ce sens, la
définition d’une surface de discordance rejoint celle de surface de discontinuité, qui est plus largement employée, et qui traduit également une interruption dans l’enregistrement sédimentaire (HEIM, 1924;
HILLGÄRTNER, 1998). Les surfaces de discontinuité
résultent d’un changement rapide de lithologie et/ou de faciès, de la diagenèse et/ou de l’apport d’argiles (CLARI et al., 1995; HILLGÄRTNER, 1998; STRASSER et al.,
1999). Leur signification en termes de changements environnementaux dépend des processus à l’origine de leur apparition et détermine leur emploi en stratigraphie séquentielle (Chap. 4.1.3).
Les surfaces de discontinuités et l’évolution au cours du temps de l’épaisseur des bancs et des faciès sédimentaires définissent plusieurs types de séquences de dépôt (STRASSER et al., 1999). Le nom de ces
séquences change d’une école à l’autre, mais leur signification est la même. Par exemple, les “ simple sequences ” de VAIL et al. (1991) ou les “ subtidal
cycles ” de OSLEGER (1991) sont analogues aux “
deepening-shallowing sequences defined by sequence boundaries ” de STRASSER et al. (1999). De même,
les paraséquences de VAN WAGONER et al. (1990) sont
équivalentes aux “ deepening-shallowing sequences defined by transgressive surfaces ” de STRASSER et al.
(1999).
4 - I
NTERPRÉTATION
SÉDIMENTOLOGIQUEETSÉQUENTIELLE
DES
COUPES
DU
J
URA
CENTRAL
ET
DU
B
ASSIN
VOCONTIEN
La stratigraphie séquentielle est un outil conçu par les chercheurs d’EXXON (VAIL et al., 1977) pour
comprendre la dynamique d’un système sédimentaire dans un cadre stratigraphique précis. Les concepts originaux sont fondés sur des profils sismiques de systèmes siliciclastiques dans un contexte tectonique de marge passive. Depuis, leur application à l’échelle des forages et des affleurements, sur des systèmes et dans des contextes tectoniques différents, a entraîné des améliorations à l’origine de nouvelles nomenclatures. La multiplication des termes et l’emploi inapproprié, le plus souvent par souci de simplification, des concepts de base est à l’origine de la plupart des malentendus qui existent au sein de la communauté scientifique et de l’émergence de plusieurs écoles, qui emploient généralement des mots différents pour exprimer les mêmes principes. Pour éviter toute confusion, le paragraphe 4.1 dresse un rappel des concepts utilisés dans cette étude. Les séquences de dépôt observées dans le Jura central et dans le Bassin vocontien sont décrites en détail dans le paragraphe 4.2. Enfin, les interprétations sédimentologique et séquentielle des coupes de la plate-forme et du bassin sont présentées dans les paragraphes 4.3 et 4.4.
4.1 I
NTRODUCTION ÀL’
INTERPRÉTATIONSÉQUENTIELLEDESCOUPES