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7 I SOTOPES STABLES , ARGILES ET PALYNOFACIÈS

8.3.4 Corrélations de l’ensemble des résul tats avec l’interprétation séquentielle

L’atténuation des variations du pourcentage de carbonates, des concentrations en éléments traces et de la quantité de quartz au niveau de Pi 128 coïncide avec la surface de transgression de la troisième séquence de long terme. Cette surface correspond à une chute des concentrations en sodium, en magnésium, en strontium et en fer, à une forte augmentation du pourcentage de carbonates et des concentrations en manganèse, et à une diminution du contenu en quartz. C’est à partir de cette limite également que les courbes de variations

du strontium, du magnésium et du sodium, ainsi que celles du fer et du manganèse, sont le plus souvent en opposition de phase.

Par ailleurs, Kim 3, Kim 4, et la limite comprise entre les séquences de moyen terme 7 et 8, qui sont les limites de séquence les mieux représentées, correspondent à des pics négatifs du pourcentage de carbonates, et à des pics positifs des concentrations en éléments traces, et de la quantité de quartz. Inversement, le maximum d’inondation de la deuxième séquence de long terme est indiqué par un pic positif du pourcentage de carbonates, et par un pic négatif des concentrations en élément trace et du contenu en quartz.

De plus, la diminution de la concentration des éléments traces et de la quantité de quartz aux environs de Pi 108 coïncident avec la surface de transgression de la cinquième séquence de moyen terme, qui équivaut à la base du dépôt d’inondation maximale de la deuxième séquence de long terme.

Enfin, Kim 4 est indiquée par une augmentation des concentrations de l’ensemble des éléments traces mis à part le manganèse.

8.4 I

NTERPRÉTATIONETDISCUSSION

La surface de transgression de la troisième séquence de long terme entraîne une augmentation importante de l’espace disponible, qui se traduit dans le Jura central par le dépôt d’une série sédimentaire épaisse et uniforme (Chap. 5.1.2). L’atténuation des variations du pourcentage de carbonates, des concentrations en éléments traces, et de la quantité de quartz au-dessus de cette surface est cohérente avec l’inondation de la plate- forme. L’augmentation de l’espace disponible, et/ou la diminution des apports terrigènes, et/ou l’amélioration des conditions de vie des organismes producteurs de carbonates, provoquent un accroissement de la production carbonatée, qui se traduit par une augmentation du pourcentage de carbonates. De plus, la diminution des apports terrigènes, et/ou la dilution d’un apport constant de terrigènes par une importante production de carbonates, expliquent la diminution de la quantité de quartz, mais également celle des concentrations en Sr, Mg, Na et Fe. Cependant, la nature détritique du fer reste incertaine. Les concentrations mesurées sont trop faibles, même pour des environnements de dépôt situés dans les régions les plus distales de la plate-forme (EMMANUEL, comm.

orale), et les données disponibles suite à ce travail

sont insuffisantes pour définir sa provenance. Enfin, la diminution du Sr et du Na, et l’augmentation du Mn, dans la partie supérieure de la coupe des Gorges du Pichoux peuvent également provenir du renouvellement, pendant l’inondation de la plate-forme, des eaux peu profondes par des eaux franchement marines, qui contiennent relativement moins de Sr et de Na, et relativement plus de Mn hydrothermal. L’évaporation pendant la saison sèche des régions les plus restreintes des plates-formes peu profondes provoque une augmentation de la salinité jusqu’à 42 à 45 ‰ en moyenne, et localement jusqu’à 80 ‰ (TUCKER & WRIGHT, 1990). La différence des

concentrations en Na et Sr des eaux peu profondes et des eaux franchement marines est donc suffisamment importante pour que l’inondation de la plate-forme entraîne une diminution significative du Na et du Sr. En revanche, les différences entre les concentrations en Mn des eaux peu profondes et de la mer ouverte sont en temps normal insuffisantes pour que l’inondation de la plate-forme soit la cause d’une augmentation des concentrations identique à celle qui est observée dans la partie supérieure de la coupe des Gorges du Pichoux. Par conséquent, l’augmentation des concentrations en Mn reflète probablement un enrichissement de l’océan en Mn hydrothermal suite au renforcement de l’activité des rides médio-océaniques. D’après DE

RAFÉLIS (2000), la plupart des séquences de troisième

ordre du Jurassique du Bassin vocontien sont d’origine tectono-eustatique, et LEMOINE et al. (1986) interprètent

le Kimméridgien comme une période d’expansion océanique.

Par ailleurs, Kim 3 et Kim 4 correspondent à des pics négatifs du pourcentage de carbonates, et à des pics positifs des concentrations en éléments traces et de la quantité de quartz. Les minima du pourcentage de carbonates, et les maxima des éléments traces et du quartz sont probablement liés à la diminution de l’espace disponible, qui entraîne une diminution de la production de carbonates et/ou une augmentation des apports terrigènes. Contrairement au modèle proposé par EMMANUEL (1993) pour les carbonates pélagiques

du Jurassique supérieur et du Crétacé inférieur du Bassin vocontien, les limites de séquence de la coupe des Gorges du Pichoux correspondent à un maximum de manganèse, et les dépôts d’inondation maximale coïncident avec un minimum de manganèse. De plus, les corrélations entre les variations des concentrations en Mn mesurées sur la plate-forme et celles présentées

par DE RAFÉLIS (2000) pour les coupes de Châteauneuf

d’Oze et de la Méouge sont au premier abord délicates. Par conséquent, les corrélations plate-forme – bassin

basées uniquement sur les variations au cours du temps des concentrations en manganèse sont à priori hasardeuses.

De plus, la surface de transgression de la cinquième séquence de moyen terme, qui équivaut à la base du dépôt d’inondation maximale de la deuxième séquence de long terme, coïncide avec une diminution des concentrations en éléments traces et de la quantité de quartz. Par conséquent, l’inondation maximale de la deuxième séquence de long terme correspond vraisemblablement à une importante augmentation du niveau marin relatif qui pousse les terrigènes vers le continent, et/ou qui entraîne une augmentation de la production de carbonates et une diminution relative des concentrations en éléments traces et de la quantité de quartz.

Enfin, Kim 4 est indiquée par une augmentation des concentrations de l’ensemble des éléments traces mis à part le manganèse. Contrairement aux autres éléments traces et au quartz qui proviennent en majeure partie de l’érosion continentale, les concentrations en Mn des carbonates des plates-formes peu profondes dépendent en partie de l’activité des rides médio-océaniques. En partant de l’hypothèse que les concentrations en Mn mesurées sur la plate-forme sont égales au cumul

des composantes continentale (Mn ) et hydrothermale (Mn2+), le déficit de Mn observé au niveau de Kim 4 résulte probablement d’une diminution de la proportion de Mn hydrothermal. Par conséquent, la chute du niveau marin relatif au niveau de Kim 4 modifie probablablement les échanges entre la plate-forme et le bassin. Des analyses supplémentaires seraient nécessaires pour différencier les composantes continentale et hydrothermale du Mn, et justifier cette hypothèse.

En conclusion, les variations des concentrations en éléments traces et de la quantité de quartz dépendent en partie des variations du niveau marin relatif de long terme. De plus, les relations entre les variations du niveau marin relatif de plus haute fréquence et les variations des concentrations en éléments traces ne sont pas évidentes à définir. Les concentrations en éléments traces sont probablement influencées par des facteurs spécifiques aux environnements de dépôt (e.g. salinité, température, potentiel d’oxydo-réduction), qui brouillent l’enregistrement des variations du niveau marin relatif de plus haute fréquence. Enfin, les corrélations des variations du Mn entre la plate-forme et le bassin (DE RAFÉLIS, 2000) sont au premier abord

difficiles à établir, et nécessitent de plus amples investigations.