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Structure de la peau

CHAPITRE I : LA PEAU ET LE MELANOME

1- Structure de la peau

La peau est un organe de revêtement recouvrant la totalité de la surface du corps et en continuité avec les muqueuses au niveau des orifices naturels. Elle est l’organe le plus lourd, son poids est estimé à environ 3,5 kg, et le plus étendu de l’organisme, représentant une surface de 2 m2. L’épaisseur de la peau est de 2 mm en moyenne, mais elle peut varier de 1 mm au niveau des paupières (peau fine) à 4 mm au niveau des paumes et des plantes (peau épaisse) pour un adulte jeune et de taille moyenne (Mélissopoulos et Levacher 1998).

La peau est le siège de nombreuses fonctions : fonction de protection, fonction de thermorégulation, fonction sensorielle, fonction d’échange et fonctions métaboliques.

Sur le plan structural, la peau est constituée de trois couches distinctes superposées qui sont, de la profondeur vers la surface :

- l’hypoderme (ou tissus adipeux sous-cutané)

- le derme, séparé de l’épiderme par la jonction dermo-épidermique

- l’épiderme (auquel sont rattachés les annexes épidermiques, follicules pilo-sébacés, ongles et glandes sudoripares) (figure 1).

1.1- L’hypoderme

L’hypoderme est un tissu adipeux, matelas graisseux plus ou moins épais selon les régions du corps et le sexe, rattaché à la partie inférieure du derme par des expansions de fibres de collagènes et de fibres élastiques. L'hypoderme, par l'intermédiaire de ses cellules graisseuses, les adipocytes, stocke des lipides sous forme de triglycérides et fournit des acides gras en cas de demande énergétique. Il joue un rôle important dans la thermorégulation du fait du caractère isolant de la graisse.

1.2- Le derme

Le derme est un tissu conjonctif dense qui constitue le support solide de la peau. Il renferme le système vasculaire de la peau (l’épiderme n’en possède pas) et joue un rôle important dans la thermorégulation. Il abrite également des fibres nerveuses et des récepteurs sensoriels. Il contient des cellules qui interviennent de façon active dans les mécanismes de défense de l’organisme contre les micro-organismes pathogènes. Le processus de réparation

constitue également une des fonctions essentielles des tissus conjonctifs. Son épaisseur varie considérablement d’un site anatomique à l’autre (maximale dans le dos, minimale sur les paupières). Le derme est subdivisé en deux zones, le derme papillaire (plus superficiel) et le derme réticulaire (plus profond). Le derme comporte une composante cellulaire et une composante matricielle.

La composante cellulaire est constituée essentiellement de fibroblastes qui sont responsables de la synthèse de la matrice extracellulaire. Leur activité est intense au cours des phénomènes de cicatrisation. Ils jouent également un rôle dans la multiplication et la différenciation des kératinocytes de l’épiderme. Leur corps cellulaire est aplati et de forme stellaire ou allongé en fuseau, ils possèdent de fins prolongements de cytoplasme. Les autres cellules rencontrées dans le derme sont des cellules impliquées dans la défense de l’organisme : leucocytes, mastocytes et macrophages.

La composante matricielle du derme est décrite ci-après.

1.3- La jonction dermo-épidermique

La jonction dermo-épidermique est une membrane basale complexe jouant le rôle d’interface entre l’épiderme et le derme, élaborée conjointement par les kératinocytes basaux et les fibroblastes. Elle joue un rôle fondamental de support mécanique pour l’adhésion de l’épiderme au derme et contrôle les échanges de produits métaboliques entre ces deux compartiments. De plus, elle sert de support de migration des kératinocytes lors de la cicatrisation et est traversée par divers types cellulaires (cellules de Langerhans, lymphocytes,…) lors des processus immunologiques et inflammatoires. Sa structure à quatre étages distincts, visualisée en microscopie électronique à transmission, comprend de l’intérieur vers l’extérieur (figure 2) :

- la zone fibrillaire, synthétisée par les fibroblastes dermiques et constituée essentiellement de fibres d’ancrage de collagène de type VII (Burgeson 1993).

- la lamina densa, surtout élaborée par les kératinocytes, est majoritairement constituée de collagène de type IV et forme la zone d’ancrage des filaments et fibres issus de l’épiderme et de la zone fibrillaire. Elle est également constituée de laminine 1, de nidogène et de protéoglycannes.

- la lamina lucida, traversées par les filaments d’ancrage (riche en laminine 1, 5 et 6) qui sont plus nombreux au niveau des hémidesmosomes.

- la membrane plasmique des kératinocytes basaux avec leur structure d’attache : les hémidesmosomes. Ces derniers sont formés d’une plaque intracellulaire et de

composants transmembranaires qui constituent un lien permettant l’attachement des kératinocytes basaux de l’épiderme au derme adjacent.

Epiderme

Derme

Hypoderme

Poil

Pore sudoripare

Couche cornée de l’épiderme Capillaire

Jonction dermo-épidermique

Folicule pileux

Muscle érecteur du poil

Tissu adipeux

Vaisseaux sanguins Veinule

Artériole

Glande sudoripare Glande sébacée

Fibre nerveuse Récepteur sensoriel Tissu conjonctif Canal excréteur

Figure 1 : Structure de la peau. Disponible à partir URL : www.freethought-forum.com/forum/article.php

EPIDERME Membrane

plasmique du

kératinocyte basal Kératinocyte basal

Lamina lucida Lamina densa

Filament de kératine Hémidesmosome Filaments d’ancrage Collagène de type IV Microfibrilles

Collagène de type VII Zone fibrillaire

Boucle de fibres d’ancrage (collagène de type VII) DERME

Figure 2 : Structure de la jonction dermo-épidermique. Disponible à partir URL : http://alsim.chez-alice.fr/Intro.html

1.4- L’épiderme

L’épiderme (figure 3) est la couche la plus superficielle de la peau. C’est un épithélium pavimenteux stratifié kératinisé. Son épaisseur varie d’un endroit à l’autre du corps : l’épiderme le plus épais se trouve au niveau palmo-plantaire (1,5 mm) et le plus fin au niveau des paupières (50 µm) (Mélissopoulos et Levacher 1998). L'épiderme ne contient aucun vaisseau sanguin ni lymphatique, mais renferme de nombreuses terminaisons nerveuses libres. Il est criblé par les orifices pilo-sébacés (visibles à l'œil nu), d'où s'écoule le sébum et émergent les poils, et les pores par où s’évacue la sueur.

L’épiderme est constitué de quatre populations cellulaires : les kératinocytes, les mélanocytes, les cellules de Langerhans et les cellules de Merkel.

Couche cornée Couche granuleuse

Prolongement cytoplasmique du

mélanocyte ou dendrite

Epiderme

Couche épineuse Kératinocyte

suprabasal Mélanosomes

Appareil de Golgi Noyau du mélanocyte Kératinocyte

basal

Couche basale

Lame basale

Fibroblaste

Derme

Mélanocyte

Figure 3 : Structure de l’épiderme. Disponible à partir URL : www.freethought-forum.com/forum/article.php

1.4.1- Les kératinocytes

Les kératinocytes sont les cellules épidermiques les plus nombreuses puisqu’elles représentent 80 à 90 % de la population cellulaire. Leur principale caractéristique est leur capacité à se différencier en fabriquant la kératine selon un processus appelé kératinisation.

Les kératinocytes sont agencés dans l’épiderme en couches continues, qui comprennent (de la profondeur vers la surface) : la couche basale (rangée unique de cellules cubiques ou cylindriques), la couche épineuse (5 à 10 assises de cellules plus volumineuses et polyédriques, qui s’aplatissent au niveau des assises les plus superficielles), la couche granuleuse (1 à 3 assises de cellules aplaties) et la couche cornée comportant 5 à 10 assises de cellules (Kanitakis 1997 ; Peyrefitte 1997).

Au niveau de la couche cornée, les kératinocytes sont anucléés, aplatis et complètement kératinisés. On distingue deux sous-couches, la couche compacte ou stratum compactum (les kératinocytes y sont étroitement soudés) et la couche desquamante ou stratum disjonctum plus superficielle. A ce niveau, les kératinocytes perdent leur cohésion avec les cellules voisines (dégradation des cornéodesmosomes) puis desquament (Mélissopoulos et Levacher 1998).

1.4.2- Les mélanocytes

Les mélanocytes sont des cellules qui élaborent le pigment naturel de la peau (mélanine). Ils sont localisés au sein de la couche basale épidermique (figure 4).

1.4.2.1- Origine

Les précurseurs des mélanocytes sont les mélanoblastes qui apparaissent dans la crête neurale embryonnaire. Les mélanoblastes empruntent la voie dorso-latérale entre l’ectoderme et le dermo-myotome et se différencient progressivement en mélanocytes et s’établissent au niveau de l’ectoderme en voie de différenciation épidermique (Mélissopoulos et Levacher 1998 ; Poirier et coll. 1999).

1.4.2.2- Répartition

Ils représentent moins de 1 % des cellules épidermiques. Leur répartition à la surface du corps n’est pas homogène : ils sont retrouvés à raison de 2400/mm2 sur les organes génitaux, 2000/mm2 sur le visage et 890/mm2 sur le tronc. Les mélanocytes reposent sur la lame basale de l’épiderme (figure 3) entre les kératinocytes de la couche basale mais ils sont

retrouvés aussi au niveau des follicules pileux (papille, infundibulum). L’œil contient également des mélanocytes (Mélissopoulos et Levacher 1998).

1.4.2.3- Caractéristiques

Les mélanocytes sont des cellules de grande taille dont les nombreux prolongements (dendrites) peuvent atteindre la troisième couche de kératinocytes. En plus des organites habituels de la cellule, leur cytoplasme renferme des organites spécifiques, les mélanosomes.

Ces organites sont ensuite transférés aux kératinocytes voisins où ils forment une calotte supranucléaire protégeant le matériel génétique de l’effet mutagène des rayons U. V. On définit une unité épidermique de mélanisation (UEM) comme l’ensemble formé par l’association d’un mélanocyte (qui synthétise la mélanine dans des mélanosomes) et d’une quarantaine de kératinocytes (qui reçoivent les mélanosomes de ce mélanocyte) (kanitakis 1997).

Mélanosome

Figure 4 : Le mélanocyte. Disponible à partir URL : ttp://infocancer.nexenservices.com/

1.4.3- Les cellules de Langerhans

Les cellules de Langerhans constituent 2 à 5 % de la population cellulaire épidermique. Leur densité est de 400 à 800/mm2 et diminue chez les sujets âgés ainsi que dans les zones exposées au soleil. Ce sont des cellules dendritiques mobiles qui participent aux défenses immunitaires en captant les antigènes exogènes déposés sur la peau puis en les présentant aux lymphocytes T dans les ganglions lymphatiques (Kanitakis 1997 ; Mélissopoulos et Levacher 1998).

1.4.4- Les cellules de Merkel

Les cellules de Merkel sont localisées dans la couche basale de l’épiderme. Ce sont des cellules neuroendocrines produisant des neuromédiateurs (par exemple : la sérotonine et la neurotensine) et seraient impliquées dans la fonction du tact. Leurs prolongements cytoplasmiques infiltrés entre les kératinocytes enregistrent les moindres vibrations à l’intérieur de l’épiderme et les transmettent à des terminaisons nerveuses (Kanitakis 1997 ; Mélissopoulos et Levacher 1998).