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Chapitre 6. Caractérisation générique

6.3 Structure globale

L’approche P²E est guidée par la pensée cycle de vie et plus précisément par la méthode d’analyse de cycle de vie qui, comme mentionné dans la section 2.3.8, peut s’appliquer à n’importe quel système grâce à la généricité de la notion de cycle de vie, de système et de processus. Cependant, il est proposé de modifier et compléter les quatre étapes classiques de l’ACV afin de faire ressortir l’importance de la modélisation du système et de rendre compte du processus d’aide à la décision dans lequel s’inscrit l’approche P²E. Ainsi, cette dernière est structurée en une séquence de six étapes de manière itérative (Figure 18) :

 définir les objectifs et le champ de l’étude ;

 modéliser le système de procédé, le système d’entreprise et le système de produit ;  réaliser l’inventaire des données ;

 réaliser une évaluation multicritère de la durabilité ;  interpréter et valider les résultats ;

 réaliser un choix.

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Figure 18. Structure globale de l'approche P²E

La définition des objectifs et du champ de l’étude s’inspire de la méthode d’ACV. Elle est par ailleurs une étape indispensable à un grand nombre de méthodes de résolution de problème. Les objectifs et les applications envisagées pour les résultats sont définis dans cette première étape. Pour le modèle de produit, une fonction du système de produit et l’unité fonctionnelle correspon- dante sont également décrites. Elle est liée au sous-processus « intelligence » du processus de décision.

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La deuxième étape permet de décrire clairement l’entreprise, le produit et le procédé constituant le système de systèmes. Les modèles de ces systèmes sont formellement établis et intégrés entre eux. Cette étape est en générale une sous-étape de l’étape inventaire du cycle de vie de la méthode d’ACV. Elle est liée au sous-processus « conception » du processus de décision.

La réalisation de l’inventaire des données constitue la troisième étape de l’approche P²E. À l’instar de la méthode d’ACV, l’inventaire consiste à récolter les informations de flux de matière et d’énergie qui transitent à travers les systèmes. Néanmoins, dans la présente proposition, il faut insister sur l’extension du type de données à des données qualitatives, quantitatives et semi- quantitatives concernant les volets économiques, sociales et des paramètres opératoires propres au procédé. Elle est liée au sous-processus « conception » du processus de décision.

La quatrième étape est une généralisation de l’étape d’évaluation des impacts de la méthode ACV. Elle consiste en une analyse de la durabilité dont le but est de réduire le nombre de données d’inventaires en indicateurs de catégories d’impacts. Elle vise à aboutir à un nombre réduit d’indicateurs caractérisant les différents aspects de la durabilité, à savoir l’environnement, l’économie, la société. Elle retient également des indicateurs de qualité des résultats déterminés notamment par l’analyse de la qualité des données. Elle est liée au sous-processus « conception » du processus de décision.

L’interprétation et la validation des résultats constituent l’étape primordiale à la fin de laquelle va pouvoir être mis en œuvre le processus de décision. En effet lors de cette cinquième étape tirée de la méthode ACV, les résultats de l’inventaire et de l’évaluation vont permettre une analyse fine des scénarios ou configurations du système. La validation des résultats est réalisée à l’aide de l’expertise des différents acteurs qui ont participé à l’étude. Leur expertise leur permet de vérifier les informations et les ordres de grandeurs des résultats pour ensuite valider les résultats et l’interprétation. Elle est liée au sous-processus « conception » du processus de décision.

L’approche doit aboutir à un choix de (re-)conception ou de diffusion de l’information selon la phase du cycle de vie du système à laquelle est appliquée l’approche. Il n’est alors plus question de remettre en cause les résultats vérifiés et validés par les experts lors de la pénultième étape. Ce choix correspond au sous-processus « choix » du processus de décision.

La transversalité de l’approche P²E et la pluridisciplinarité qui la caractérise induisent l’émergence d’un nouvel acteur au sein de l’entreprise : l’ingénieur en durabilité des systèmes. Ce dernier devra en effet posséder un certain nombre de compétences qu’aucun acteur « classique »

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d’une entreprise ne peut rassembler. Parmi ces compétences se trouve évidemment la maîtrise de l’approche P²E qui passe par une connaissance complète des méthodes d’évaluation sur lesquelles cette approche repose et des enjeux liés à l’utilisation des données indirectes extraites de bases de données. En outre, un tel acteur doit également jouer le rôle d’intégrateur des informations des différents experts et de facilitateur vis-à-vis du processus décisionnel. À cet effet, il doit posséder de solides capacités d’animation, de discussion et de gestion de conflit. L’ingénieur en durabilité des systèmes se positionne donc comme un acteur « systémique » et transversal qui va avoir be- soin de tous les acteurs susmentionnés.

D’autre part, différents acteurs liés au système étudié vont collaborer tout au long de l’application de la méthode. Ces acteurs vont endosser différents rôles selon l’étape de la démarche à laquelle ils seront amenés à participer. Il y aura les experts, les manageurs, les ingénieurs, le responsable de la chaîne logistique et les chercheurs. L’approche P²E fait appel à un processus décisionnel qui détermine la méthode sélectionnée et le nombre d’acteurs qui y participent. Elle est particulière- ment adaptée à des techniques collaboratives de groupe (Tavana et al., 2012; Zaraté, 2005). À chacune des six étapes de l’approche, chaque acteur va générer, transformer ou utiliser des données signifiantes ou informations qui vont transiter à travers les processus sous forme de mes- sage. La figure 19 représente la séquence d’activités qui caractérise l’approche proposée ainsi que les données et informations qui transitent et sont transformées au cours des différentes activités. Elle montre notamment le nombre de supports générés et utilisés pour transformer et échanger les données. Le modèle d’information, dans lequel sont classés tous les documents, bases de données et autre messages, est proposé dans la figure 22.

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