• Aucun résultat trouvé

Chapitre 2. Outils & méthodes pour la durabilité

2.3 L’analyse du cycle de vie

2.3.2 Structure générale de l’analyse de cycle de vie

L’ACV est une méthode d’aide à la décision qui s’appuie sur une méthodologie rigoureuse et transparente et qui se développe et s’améliore sans cesse (Jolliet et al., 2005). Son intérêt réside dans la prise en compte des impacts sur l’environnement, l’économie et la société liés au cycle de vie d’un produit (ou d’un procédé ou d’un service), c’est-à-dire depuis l’extraction des matières premières jusqu’à la fin de vie du produit, en passant par les phases de transport, de fabrication et d’utilisation. L’ACV est encadrée par les normes internationales de management environnemental ISO 14040 et ISO 14044. La première délimite le cadre général de la méthodologie et la seconde en décrit chacune des étapes en détail (ISO, 2006a, 2006b). Bien que ces normes se focalisent sur le volet environnemental, la structure qu’elle préconise peut être extrapolée et servir aux volets économique et social (UNEP, 2011). Ainsi à partir de ces normes, l’ACV se découpe en 4 étapes qui interagissent de façon itérative :

(i) Définition des objectifs et du champ de l’étude. Cette étape primordiale qui oriente les suivantes consiste à définir le cadre à l’intérieur duquel toute l’analyse va être réalisée. À cet effet, il faut tout d’abord connaître les raisons de la réalisation de l’ACV et la portée des ré- sultats. Ensuite, il convient de discuter du périmètre de l’étude selon deux aspects. D’une part, il faut sélectionner les limites fonctionnelles du système qui s’étendent généralement « de la porte à la porte », « du berceau à la porte » ou du « du berceau à la tombe » (N.B. Ces expressions sont à adapter en fonction du système étudié) (Jacquemin et al., 2012). D’autre part, il faut choisir les limites « stratégiques » représentées par le caractère attributionnel ou conséquentiel de l’ACV. Le premier correspond à l’ACV dite classique, c’est-à-dire à une évaluation de l’ensemble des impacts d’un produit (ou d’un procédé ou d’un service) durant son cycle de vie (Earles et Halog, 2011). L’ACV conséquentielle s’appuie quant à elle sur l’ACV attributionnelle et étend le champ de l’étude aux conséquences d’un choix stratégique qui induit une variation de la demande d’un produit, laquelle mènerait à une augmentation ou à une diminution des impacts (Zamagni et al., 2012). L’exemple le plus simple est illustré par la comparaison des ampoules fluocompactes et des ampoules à filaments. Les fluocompactes permettent de moins consommer en général, mais leur développement peut provoquer une baisse de la vigilance des utilisateurs qui peuvent alors laisser plus facilement les lumières al- lumées (Jolliet et al., 2005). Une analyse approfondie de la littérature sur les ACV consé-

Partie A. Contexte scientifique & état de l’art Chapitre 2. Outils & méthodes pour la durabilité

22

quentielles a montré qu’aucune différence méthodologique ne ressortait entre ACV attribu- tionnelle et conséquentielle (Zamagni et al., 2012). En effet, l’ACV conséquentielle ne con- sisterait qu’en une ACV attributionnelle dont les frontières du système seraient étendues. Par ailleurs, l’ACV repose sur la quantification du service rendu par le produit (ou le procédé ou le service) grâce à la définition de l’unité fonctionnelle qui correspond à une unité de service rendu. Elle permet de comparer les impacts de différents produits, services ou procédés, à service rendu égal. Finalement, le choix d’une règle d’allocation des flux doit être fait en fonction des critères d’importance mis en avant entre les différents flux, à savoir des critères économiques, environnementaux ou massiques. Les autres hypothèses de l’étude sont formu- lées lors de cette étape.

(ii) Inventaire du cycle de vie (ICV) (Life cycle inventory) (LCI). Cette longue étape a pour but de rassembler et de quantifier l’ensemble des flux de matière, d’énergie, de devises et de personnes associés à chaque processus élémentaire du cycle de vie. Il convient d'insister sur l'importance d'exprimer tous les flux en fonction de l'unité fonctionnelle. Par ailleurs, cette étape s’accompagne d’un diagramme de flux (ou modélisation de cycle de vie ou arbre des processus) lequel offre une vision dynamique et limitée de l’étude. En outre, la complétude et la qualité de l'inventaire implique une connaissance fine du système à analyser. Finalement, l'ICV sert de référence pour le calcul des impacts associés à chacun des flux inventoriés. Il s'agit d'une étape cruciale car l'omission ou l'imprécision de certaines données peut modifier grandement les conclusions de l’ACV. Pour limiter l’importance des données, une analyse critique de leur qualité doit être menée et servir de base à une analyse de l’incertitude et au calcul de la propagation des erreurs (ISO, 2006a). Une des principales difficultés de l’ACV réside dans la récolte des données et du choix des bases de données d’inventaire. L’enrichissement des bases constitue une voie majeure à emprunter pour pallier cette difficul- té.

(iii)Évaluation des impacts du cycle de vie (EICV ) (Life cycle impact assessment) (LCIA). Sur la base de l’inventaire de cycle de vie et dans le respect des hypothèses faites lors de la définition des préliminaires de l’ACV, cette étape d'évaluation des impacts du cycle de vie classifie puis caractérise les flux préalablement inventoriés dans des catégories d’impacts (ISO, 2006a). Ces dernières sont de nature différente selon les aspects environnementaux, économiques et sociaux. Elles sont explicitées dans les sections 2.3.3 à 2.3.5.

Partie A. Contexte scientifique & état de l’art Chapitre 2. Outils & méthodes pour la durabilité

23

(iv) Interprétation des résultats. L’ultime étape de l’ACV établit un lien entre les trois pre- mières étapes en ce sens qu’elle extrait, à partir des résultats d’ICV et d'AICV, les conclu- sions et recommandations générales en fonction des objectifs de départ. A ce stade, il est pos- sible de revenir sur certains choix opérés lors des trois étapes susmentionnées. De ce fait, l’ACV apparaît comme une méthode itérative (ISO, 2006a).

À l’intérieur de ce cadre général d’analyse de cycle de vie, chacun des trois volets de la durabilité fait émerger trois types d’ACV dont les spécificités sont présentées ci-après.