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Partie 3 : Une synthèse des facteurs associés aux CSP 31!

3.2 Les stresseurs parentaux 34!

L’émergence de CSP est un phénomène complexe, qui ne peut être uniquement attribuable aux caractéristiques individuelles des enfants. La documentation scientifique actuelle révèle que l’environnement familial peut jouer un plus grand rôle dans l’étiologie et le maintien des CSP que les caractéristiques individuelles des enfants (Araji, 1997). Les

2007). Dans la recension systématique de Boisvert et ses collègues (2016), les indicateurs familiaux qui ont été évalués de façon empirique peuvent être regroupés sous la dimension des stresseurs affectant les parents à donner des soins optimaux à leur enfant (Boisvert et al., 2016). Ces facteurs sont ainsi regroupés puisque même si les facteurs de risque pris de façon individuelle ont des influences respectives, chacune de ces influences est beaucoup moins importante que le pouvoir explicatif du risque cumulé (Evans, 2003) sur le développement de CSP. Peu d’études à ce jour se sont penchées sur ce facteur en regard des CSP (Boisvert et al., 2016). Les études ayant porté sur l’association entre les stresseurs familiaux et les CSP chez les enfants sont également difficilement comparables entre elles, puisque ces facteurs sont opérationnalisés de façon différente dans chaque étude (Boisvert et al., 2016). Les résultats des études indiquent néanmoins que les stresseurs parentaux, de façon globale, jouent un rôle dans l’émergence des CSP présentés par les enfants. Notamment, les parents de jeunes enfants présentant des CSP ont rapporté un haut niveau de stress associé à la parentalité (qui est déterminé par les caractéristiques de l’enfant, les caractéristiques du parent et les interactions entre le parent et l’enfant) (Silovsky et Niec, 2002). Certaines études révèlent également que les enfants qui présentent des CSP viennent de familles plus souvent monoparentales ou de parents divorcés et qu’ils vivent plus d’évènements stressants (p. ex. : la mort d’un membre de la famille, l’abandon du père, le retrait du domicile familial) que les enfants qui ne présentent pas de CSP (Boisvert et al., 2016). Dans les services de protection de la jeunesse, les parents d’enfants présentant des CSP sont plus susceptibles d’avoir vécu eux-mêmes un placement dans leur enfance, si on les compare aux parents d’enfants recevant les mêmes services, mais ne présentant pas de CSP (Dufour, 2015). Pour bien investir la dimension des stresseurs

parentaux, deux indicateurs sont ciblés dans la littérature scientifique : la détresse psychologique du parent et le niveau de défavorisation socioéconomique.

La détresse psychologique du parent

La détresse psychologique du parent est un indicateur de stresseurs parentaux

important. Bien qu’il ressorte de la recension systématique des facteurs associés aux CSP de Boisvert et al. (2016) que les parents d’enfants présentant des CSP ne se distinguent pas des autres parents quant aux indices de santé mentale, cet indicateur semble important à évaluer puisqu’il s’agit d’un facteur qui peut prédire la présence de comportements perturbateurs connexes chez des enfants ayant vécu une victimisation sexuelle (Elkovitch et al., 2009). En se basant sur les résultats d’une étude effectuée sur les mères de jeunes victimes d’agression sexuelle, la détresse psychologique du parent semble avoir une très haute prévalence. En effet, près du deux tiers de 118 mères évaluées dans le cadre du dévoilement d’une victimisation sexuelle par leur enfant rapportaient des niveaux cliniques de détresse psychologique (Cyr, McDuff et Wright, 1999). De plus, certains indicateurs de psychopathologie, tels des

problèmes de caractère et des dépendances, ont été rapportés chez plusieurs parents d’enfants qui présentent des CSP (Pithers et al., 1998). Aussi, Lepage, Tourigny, Pauzé, McDuff et Cyr (2010) ont conclu dans une récente étude que la détresse psychologique du parent prédit les CSP dirigés vers autrui d’enfants âgés entre 6 et 11 ans et recevant des services de protection de la jeunesse. En plus de toutes ces constatations, il reste que la détresse psychologique du parent est importante à prendre en compte, du moins comme variable contrôle puisque ce sont souvent les parents qui évaluent les difficultés et comportements de l’enfant et que leur perception de l’adaptation de leur enfant pourrait être teintée par leur propre détresse. Un

parent vivant un niveau élevé de détresse pourrait percevoir les difficultés de son enfant comme plus graves qu’elles ne le seraient aux yeux d’un professionnel. Au contraire, un parent en détresse pourrait être trop préoccupé pour faire état des comportements

problématiques réels de son enfant. Ne pas prendre en compte la détresse psychologique du parent, qui est le premier évaluateur des comportements et de l’adaptation de l’enfant, pourrait entraîner un biais dans l’estimation des influences des autres facteurs sur les CSP.

La défavorisation socioéconomique

Le faible statut socioéconomique doit être considéré comme un risque du

microsystème quant au développement de CSP (Elkovitch et al., 2009). Gray et ses collègues (1997, 1999) ont en effet trouvé qu’entre 50 et 54% des familles participant à une intervention pour les CSP avaient un revenu annuel inférieur à 15 000$, ce qui suggère qu’une grande partie d’enfants référés pour des CSP vivent sous le seuil de la pauvreté (Merrick, Litrownik, Everson, et Cox, 2008). Certaines études ont observé qu’un faible statut socioéconomique est associé de façon proportionnelle à la présence de CSP chez les enfants (Bonner et al., 1999 ; Hershkowitz, 2014). Lussier et Healey (2010) ont aussi observé que des enfants d’âge préscolaire venant de familles à faible revenu et ayant été référés pour une évaluation ou un traitement pour un trouble extériorisé démontraient à la fois des niveaux plus élevés

d’agression physique et de comportements sexuels que les autres enfants issus de la

communauté. Il importe toutefois de prendre en compte que le revenu familial n’est peut-être que le reflet d’une adaptation sociale difficile, qui est plus souvent présente dans les familles des enfants présentant des CSP que dans les autres familles (Gray et al., 1997).