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Stratégies utilisées lors de la lecture d’un livre-Web de NetLibrary

Chapitre 3. Présentation et analyse des résultats

3.1. Question de recherche 1 : Stratégies de lecture

3.1.2. Stratégies utilisées lors de la lecture d’un livre-Web de NetLibrary

Certains participants n’ont pas utilisé une ou plusieurs stratégies de pré-lecture car ils n’ont tout simplement pas pensé à les appliquer. Ces stratégies étaient jugées par les interviewés comme des réflexes « automatiques » auxquels le lecteur ne pense pas nécessairement de façon consciente. Plus précisément, la consultation de la page de titre est l’une des activités qui a été omise par la moitié des répondants, certains parmi eux avouent la consulter avec intérêt quand il s’agit d’un livre imprimé où la présence de cet élément est plus évidente que dans un contexte de lecture numérique : « Quand on prend un livre, c’est la première chose qu’on voit tout de suite » (R44). Pour illustrer l’automatisme de certaines stratégies, voici les propos d’une répondante à ce sujet :

« A propos de réactiver les connaissances antérieures, ça je ne le fais jamais, en tout cas pas de façon volontaire, non. Ça, je ne l’aurais pas fait même avec le papier mais la page de titre, oui, je l’aurais consultée si ça avait été une version papier, oui » (R32).

En ce qui concerne l’activation des connaissances antérieures, les réponses sont partagées. Pour le texte sur les brevets, à titre d’exemple, parmi les six étudiants interviewés une seule personne avait une certaine connaissance de ce genre de documents. Donc, le fait de ne pas avoir activé ses connaissances antérieures sur le sujet s’explique par la nouveauté du sujet couvert dans le texte pour son lecteur (c’est le cas de 10 des 22 répondants). Cela dit, 50% des étudiants ayant utilisé NetLibrary (n=11) disent s’être remémoré ce qu’ils connaissaient déjà sur le sujet du texte proposé avant de commencer à le lire.

Selon la nature du texte à lire et l’objectif de lecture poursuivi, la bibliographie a été très peu consultée, 77,3% des répondants (n=17) ne l’ont pas consultée soit par omission, soit parce qu’ils ont trouvé que dans le cadre de l’exercice en cours, cela n’était pas nécessaire. De plus, il semble que certains étudiants décident de consulter la bibliographie plutôt à la fin de leur lecture, pour aller plus loin dans l’exploration du thème du texte ou de son auteur. Les titres dans le document, les sous-titres et la table des matières dans NetLibrary, pour leur part, sont des éléments très utilisés par les répondants (95,5%, n=21) pour se faire une idée sur le contenu du texte avant de commencer la lecture proprement dite. Par ailleurs, les réponses obtenues dans les entrevues montrent que, contrairement à la Tablet PC, il n’y a pas eu d’interférences chez les lecteurs de NetLibrary entre les deux activités : essayer de comprendre la façon dont le système fonctionne et se préparer à lire le texte.

Les stratégies utilisées pendant la lecture

Pour avoir une idée de l’appréciation et la fréquence d’utilisation des stratégies de lecture que ce groupe d’étudiants a utilisées pendant la lecture, le tableau XVIII présente les quatre premières stratégies pour chaque fréquence d’utilisation : « Souvent », « Parfois » et « Jamais ». Notons que, pour certaines stratégies comme l’utilisation de la table des matières ou encore la consultation des passages qui suivent ou précèdent le passage lu, les réponses sont assez partagées.

Tableau XVIII – Fréquence des stratégies appliquées pendant la lecture – NetLibrary (Extrait des résultats du questionnaire)

FRÉQUENCE STRATÉGIES UTILISÉES PENDANT LA LECTURE NOMBRE DE RÉPONSES ( /22) Souvent 1. Avancer/reculer d’une ou de plusieurs pages

2. Utiliser la table des matières

3. Identifier les idées principales dans le texte 4. Prendre des notes directement à l’écran ; et

Consulter les passages précédent et suivant le passage lu

14 10 8 6

Parfois 1. Consulter le dictionnaire 2. Utiliser la table des matières

3. Prendre des notes directement à l’écran 4. Consulter les passages précédent et suivant le

passage lu

14 11 10 8

FRÉQUENCE STRATÉGIES UTILISÉES PENDANT LA LECTURE NOMBRE DE RÉPONSES ( /22) Jamais 1. Prendre des notes sur papier

2. Chercher des mots ou expressions dans le texte 3. Utiliser des hyperliens

4. Relier le contenu du texte à ses connaissances antérieures

19 13 11 10

Tout comme avec les lecteurs des Tablet PCs, la chercheure a tenté, lors des entrevues avec les lecteurs de NetLibrary, d’avoir plus d’informations sur les stratégies de lecture qui étaient peu ou pas utilisées.

• Recherche de mots ou d’expressions dans le texte :

Généralement, les répondants rapportent qu’ils n’ont pas senti le besoin de le faire, surtout que dans la majorité des cas, le texte était court. Le peu de familiarité avec le système qu’ils utilisaient pour la première fois aurait pu constituer un frein à l’utilisation de certaines fonctionnalités dont la recherche d’occurrences.

• Consultation du dictionnaire intégré :

Il était question plutôt d’une consultation occasionnelle jugée utile notamment parce que les textes dans NetLibrary sont en anglais, langue seconde pour la grande majorité des répondants. Cela permettait de définir un terme sans quitter le texte.

• Utilisation de la table des matières :

La table des matières cliquable a été utilisée souvent (n=10) ou parfois (n=11) pour naviguer dans le document. C’est l’outil principal offert par le système pour se déplacer entre les différentes parties de la monographie électronique. Cela dit, une répondante nuance ses propos sur cet élément dont l’utilisation dépendra de la finalité de sa lecture:

« Disons que pour faire un travail où j'aurais dû me promener dans le livre, c’est sûrement utile, parce qu'en fait c'est par là que j'aurais pu repérer le chapitre qui m'intéresse, mais pour faire une lecture linéaire là, non. C'est vraiment pour la recherche d'information plus précise » (R29).

• Utilisation des signets :

Cette fonctionnalité est inexistante dans le système de lecture de NetLibrary, contrairement au logiciel MicroSoft Reader dans la Tablet PC. Cela dit, certains disent avoir utilisé les notes ajoutées (qui restent dans le compte du lecteur) comme des signets pour atteindre les passages annotés :

« C'étaient vraiment des notes très courtes. Ça servait plus d'indicateurs pour les deux, trois passages que j'ai lus, pour pouvoir retrouver le passage, donc le titre de la note était suffisant. Finalement, je pense que je les ai plus utilisées comme des signets peut-être » (R40).

• Prise de notes sur papier :

Cette stratégie ne semble pas être populaire auprès des répondants, 19 des 22 répondants de ce groupe (soit 86,4%) affirment ne jamais prendre des notes sur papier séparément du document. Pour les autres, cet exercice a fait exception par rapport à leurs habitudes de prise de notes. Lorsqu’ils lisent sur papier, c’est plutôt l’acte d’annoter le texte d’origine que les étudiants privilégient quand l’espace dans les marges et/ou entre les lignes le permet.

• Prise de notes directement à l’écran :

Il s’agit de la principale fonctionnalité d’aide à la lecture offerte par le système. L’utilisation de cette stratégie à été guidée, pour certains, par le seul but d’explorer le système, et non pas par besoin. De plus, certains étudiants étaient découragés par la limite qu’impose le système en matière d’ajout de notes électroniques, soit une seule note par page-écran. Ainsi, si la page contient trois passages distincts et que le lecteur désire ajouter trois notes, dès l’ajout de la deuxième note, la première sera effacée. Ayant identifié cette limite, certains répondants ont essayé de la contourner en regroupant sous la même note plusieurs idées différentes avec des mots-clés correspondants. L’analyse des traces de lecture révèle que seulement 7 des 22 lecteurs de NetLibrary (31, 8%) ont ajouté des notes dans le texte. Pour ce qui est du nombre de notes ajoutées, c’est une moyenne de 3,71 notes

par lecteur. Cette fonctionnalité, malgré ses limites, a été appréciée par ceux qui l’ont explorée : « J’ai trouvé ça très pratique » (R29). Quant aux types des notes, on y trouve des extraits du texte en anglais (copier/coller du texte original) avec un titre personnalisé de la note, ou une reformulation en français des idées du texte. La figure 17 présente un exemple des notes prises par un répondant et sauvegardées dans un compte d’utilisateur.

Figure 17 – Impression-écran de la section « Ma liste et mes notes » dans NetLibrary (R34)

Les stratégies de post-lecture

À la fin de la lecture, huit des 22 répondants (soit 36,4%) affirment avoir consulté les passages marqués précédemment (c’est-à-dire les passages auxquels des notes ont été rattachées), huit autres ne l’ont pas fait. Ces réponses partagées s’expliquent par le fait que certains étudiants reconnaissent avoir ajouté des notes plus pour expérimenter le système que pour y revenir ultérieurement à la fin de la lecture. Treize étudiants (59,1%) ont vérifié la réalisation de leur objectif de lecture du départ. Même si pour chacune des lectures proposées, un professeur a fixé un objectif, il se trouve que quelques étudiants ont lu leur texte sans avoir d’objectif clair à l’esprit, d’où la réponse négative de huit lecteurs de NetLibrary (36,4%).

En ce qui concerne la réalisation du travail demandé, dans les deux cours d’où provenaient les participants qui ont lu des livres-Web de NetLibrary, les objectifs de lecture48 ne visaient pas la réalisation d’un travail académique comme tel. Le tableau XIX

détaille les réponses concernant les stratégies de post-lecture.

Tableau XIX – Stratégies de post-lecture des étudiants ayant utilisé NetLibrary (n=22)*

STRATÉGIES DE POST-LECTURE OUI NON N/A**

Consulter les passages marqués précédemment 8 8 6

Vérifier si l’objectif de lecture du départ a été réalisé 13 8 1

Effectuer le travail qui a été demandé lors soumission du texte à lire 8 4 10

* Les chiffres présentent le nombre total d’étudiants ayant opté pour chaque réponse. ** N/A : ne s’applique pas.

Pour ce qui est de la relecture du texte, huit répondants ont relu leur texte de deux à quatre fois, généralement de façon partielle pour mieux comprendre certaines parties du texte, ou encore pour chercher des informations précises. A noter qu’un répondant a dû relire le texte pour une raison technique, sa première lecture ayant été effectuée sans qu’elle n’ait ouvert son compte utilisateur, ce qui l’a empêchée d’ajouter et d’enregistrer des notes. D’un autre côté, le fait que le texte ait été en anglais constituait un degré de difficulté plus élevé (comme pour les lecteurs sur Tablet PCs), ce qui explique également les lectures multiples. L’extrait suivant illustre la façon de procéder de ceux qui ont relu leur texte :

« Au fur et à mesure, je relisais, mais pas pour dire j’ai fini, ah je vais relire ça parce que j’ai mal compris. C’était plus en disant, ah ce paragraphe-là, je ne l’ai pas trop bien compris, je vais le relire tout de suite là… je n’y reviendrai pas une fois rendue plus loin » (R39).

Par ailleurs, 63,6% des répondants (n=14) ont trouvé le texte relativement facile à comprendre et se sont contentés d’une lecture unique jugée suffisante pour l’assimiler.

48 Rappel de ces objectifs de lecture : (1) comprendre le texte en faisant le lien avec la matière vue en classe,

et (2) identifier les sources et les principaux éléments d’un brevet en tant que document qui peuvent être utilisés en recherche d’information.

Synthèse

Les données sur les stratégies de lecture utilisées lors de la lecture des livres-Web dans NetLibrary montrent que ce système a relativement affecté l’utilisation de certaines stratégies. Parmi celles-ci, en phase de pré-lecture, la page de titre n’a pas eu la même attention que les lecteurs lui accordent généralement lorsqu’il s’agit d’un livre papier. Pendant la lecture, bien que l’ajout des notes soit la principale fonctionnalité d’annotation de ce système, seulement un tiers des répondants l’ont utilisée en soulignant à maintes reprises ses limites. L’emploi ou non d’autres stratégies a été plutôt orienté par la nouveauté du contenu du texte pour l’étudiant et par son objectif de lecture.

3.2. Question de recherche 2 : Éléments du système de lecture