• Aucun résultat trouvé

Stratégies pour système à un seul composant 33 

CHAPITRE 2  REVUE DE LA LITTÉRATURE 7 

2.2  Stratégies de maintenance 31 

2.2.1  Stratégies pour système à un seul composant 33 

2.2.1.1 Stratégies basées sur l'âge

Les stratégies basées sur l’âge sont les plus étudiées dans la littérature (Valdez-flores & Feldman, 1989). Elles suggèrent le remplacement d’un composant à la défaillance ou après T unités de temps sans défaillance. L’âge de remplacement est une constante mesurée à partir du dernier remplacement du composant (Barlow & Hunter, 1960). Pour cette famille de stratégies, les actions de maintenance peuvent être préventives, correctives, minimales, parfaites ou imparfaites. Une maintenance est préventive quand elle est réalisée avant la défaillance. Elle est corrective quand elle est effectuée pour remédier à une défaillance. Elle est minimale quand le taux de défaillance est rétabli au niveau où il était juste avant la défaillance. La maintenance est parfaite quand le taux de défaillance du composant est équivalent à celui d’un composant neuf au même instant. Elle est imparfaite par opposition à la maintenance minimale et parfaite.

Nakagawa et Toshio proposent dans (Nakagawa, 1984) une variante de la stratégie de remplacement selon l’âge où le remplacement est effectué à un âge fixe T ou après la détection de

N défaillances. Cette variante permet de considérer plus qu’une défaillance entre deux remplacements préventifs consécutifs. Les défaillances sont réparées par des actions de maintenance corrective minimales. Les coûts associés aux opérations de maintenance sont constants. C'est une stratégie à deux variables d’optimisation.

Deux autres variantes de la stratégie de remplacement selon l’âge sont proposées par Sheu et al. (Sheu et al., 1995; Sheu et al., 1993). Dans la première variante, si un composant est trouvé dans un état de défaillance à un âge , le composant peut faire l’objet d’une réparation parfaite avec une probabilité ou d’une réparation minimale avec une probabilité 1 . Une fois l’âge atteint, le composant est remplacé à la 1ère défaillance qui survient ou après un âge fixé à l’avance. Selon les valeurs prises par et , les modèles de la stratégie de remplacement selon l’âge ou de la stratégie périodique avec réparation minimale à la défaillance peuvent être retrouvés.

La deuxième variante est une stratégie qui suggère d’effectuer des réparations minimales jusqu’à la défaillance qui apparaît avant l’âge (ces défaillances sont qualifiées de mineures) ou bien de remplacer le composant à la première défaillance après l’âge Z (défaillance qualifiée de « catastrophique »), ou à un âge T fixé à l’avance. Les défaillances mineures surviennent avec une probabilité et les défaillances catastrophiques avec la probabilité complémentaire. Les variables d’optimisation de cette stratégie sont n et T.

Block et al. (Block et al., 1988) proposent d’effectuer des réparations minimales autant de fois qu’une certaine période de temps , fixée à la l’avance, n’a pas été atteinte depuis la dernière réparation minimale ou le dernier remplacement. Une fois cette période dépassée, le composant sera remplacé à la première défaillance. Cette stratégie pourrait être intéressante pour doter les composants, dont les défaillances sont constamment partielles, d’une politique de remplacement.

2.2.1.2 Stratégies périodiques

Dans la stratégie de remplacement périodique de base, un composant est remplacé à un intervalle de temps constant , 1,2, …, et ce indépendamment de l’historique des défaillances entre deux remplacements périodiques consécutifs. À la défaillance, le système est remplacé. Pour les systèmes multicomposants, cette stratégie est connue sous l’appellation de « stratégie bloc » où

tous les composants d’un système sont remplacés simultanément à un intervalle de temps constant, peu importe l’historique des défaillances de chacun d’entres eux.

Pour les systèmes à un seul composant, la première stratégie périodique classique est désignée par Policy II dans (Barlow & Hunter, 1960). Dans cette stratégie, le composant est remplacé périodiquement à des temps prédéterminés . Toutes les défaillances qui surviennent entre deux remplacements préventifs consécutifs , 1 sont corrigées par des réparations minimales. Nakagawa et Toshio présentent trois modifications de la stratégie périodique de base dans (Nakagawa, 1980a, 1980b). Les trois stratégies proposées considèrent deux variables de décision : un temps de référence et une périodicité T. Dépendamment de l’instant d’occurrence de la défaillance, les décisions suivantes sont prises : si le composant tombe en panne avant , il est réparé minimalement. S’il atteint T, il est remplacé. S’il tombe en panne entre et T, la décision sera soit de ne rien faire (le composant demeure en panne), de réaliser une réparation minimale ou bien d’effectuer un remplacement. Selon les valeurs prises par , on peut retrouver les stratégies périodiques de base 0 et avec réparation minimale .

Liu et al. (Liu et al., 1995) proposent une extension de la stratégie de Barlow et Hunter (Barlow & Hunter, 1960), où un composant peut être soumis à un certain nombre prédéterminé de rénovations préventives au cours de son exploitation. Ces interventions préventives sont considérées comme ayant une incidence mineure sur la performance du composant. Dans cette stratégie, le composant est remplacé périodiquement aux temps prédéterminés ou après avoir atteint un âge 1 , N étant le nombre d’interventions préventives mineures. Toute défaillance du composant est corrigée par une réparation minimale.

2.2.1.3 Stratégies de défaillance limite

Pour cette famille de stratégies, le remplacement préventif est effectué une fois que la performance du composant se dégrade en dessous d’un niveau prédéterminé. Les valeurs des fonctions du taux de défaillance et de la fiabilité sont des critères souvent utilisés pour caractériser la performance du composant à un moment donné. Les défaillances fortuites sont réparées.

Dans (Bergman, 1980), un composant est remplacé à la défaillance ou lorsque le niveau de dégradation, de dommage accumulé ou de stress dépasse un seuil critique prédéfini. Ce niveau est

caractérisé par la fonction du taux de défaillance. Le modèle minimise le coût total moyen de maintenance sur un horizon infini. La stratégie optimale est caractérisée par l’âge moyen avant que le taux de défaillance ne dépasse le seuil maximum toléré. La stratégie de remplacement selon l’âge constitue un cas particulier de ce modèle.

Lie et Chun (Lie & Chun, 1986) proposent une stratégie dans laquelle deux types d’actions de maintenance sont considérés : préventif simple (type 1) et remplacement (type 2). Ces actions sont planifiées de manière à ce que la fiabilité du composant ne descende pas en dessous d’un certain seuil prédéterminé. La maintenance de type 1 est imparfaite : la performance du composant se situe entre « aussi bon que neuf » et « aussi mauvais que vieux ». Ces expressions, rencontrées souvent en fiabilité, décrivent respectivement que la maintenance est telle que l’élément réparé est comme neuf, et que l’élément réparé est dans un état similaire à celui juste avant la panne. Un facteur d’amélioration est utilisé pour quantifier l’effet de ces actions sur le taux de défaillance du composant et par conséquent sur sa fiabilité. Le modèle permet de déterminer le nombre optimal d’actions de type 1 avant d’effectuer une action de type 2. Le modèle minimise le coût total moyen des actions de maintenance sur un horizon infini. Jayabalan et Chaudhuiri (Jayabalan & Chaudhuri, 1992) modélisent la même stratégie en considérant les coûts actualisés des actions de maintenance pendant un nombre fini de périodes.

2.2.1.4 Stratégies séquentielles

Dans cette famille de stratégies, les durées entre les travaux de maintenance sont inégales. Elles sont de plus en plus courtes au fur et à mesure que le temps passe et que le composant prend de l’âge. Une fois qu’une maintenance préventive est réalisée sur la base de l’intervalle le prochain intervalle est calculé de façon à ce que le coût total moyen sur la durée de vie résiduelle soit minimal. Barlow et Proschan (Barlow & Proschan, 1967) proposent une séquence optimale sur un horizon fini.

Nguyen et Murthy (Nguyen & Murthy, 1981) considèrent une stratégie séquentielle dans laquelle un remplacement préventif n’est requis que si le composant atteint un âge de référence sans qu’il tombe en panne ou après avoir accumulé k réparations minimales. L’âge est le maximum de temps toléré sans que le composant ne fasse l’objet d’une maintenance, et ce depuis la dernière réparation ou remplacement. Le modèle minimise le coût total moyen sur un horizon infini.

Dans (Nakagawa, 1988), les auteurs modélisent une stratégie séquentielle à intervalles fixes , 1,2, … Dans cette stratégie, le composant est remplacé à la intervention préventive. Si le composant tombe en panne entre deux maintenances préventives consécutives, il est minimalement réparé. Les variables de décision sont N et . Contrairement aux stratégies séquentielles précédentes, le modèle de Nakagawa contrôle la longueur des intervalles et non pas le taux de défaillance ou la fiabilité. Ce qui offre plus de flexibilité lors de la planification de la maintenance.

Kijima et Nakagawa (Kijima & Nakagawa, 1992) proposent une extension du modèle précédent en incluant le concept de dommage accumulé. Dans la formulation du modèle, le dommage est accumulé selon un modèle de chocs générés selon un processus de Poisson, et les défaillances du composant apparaissent avec une probabilité dépendante du dommage total accumulé . Les défaillances sont corrigées par des réparations minimales. Chaque maintenance préventive permet de réduire le dommage accumulé par un certain facteur.

2.2.1.5 Stratégies basées sur le coût de réparation

Dans cette famille de stratégies, quand un composant tombe en panne, le coût de réparation est estimé. Si le coût est acceptable (en dessous d’une limite donnée), le composant est réparé, sinon il est remplacé. Dans la littérature, cette famille de stratégies est connue sous l’appellation « repair cost limit policy ».

Yun et Bai (Yun & Bai, 1987) considèrent la maintenance des composants dont le coût de réparation peut être estimé après inspection. Lorsque le composant tombe en panne, son coût de réparation H est comparé à un coût prédéterminé L. Si le composant est alors réparé, sinon le composant est remplacé. Après une réparation, le composant est dans un état comme neuf avec une probabilité 1 et comme minimalement réparé avec une probabilité . Le modèle peut optimiser le seuil L pour un composant dont le taux de défaillance suit une loi de Weibull.

Koshimae et al. (Koshimae et al., 1996) et Dohi et al. (Dohi et al., 1997) introduisent le concept de durée de vie totale d’un composant soumis à une stratégie basée sur le coût de réparation. Les modèles permettent de déterminer le moment optimal pour arrêter d’effectuer la réparation minimale du composant et procéder à son remplacement. Ainsi, les modèles considèrent simultanément le coût de réparation et la durée de vie totale espérée du composant. Une

application informatique est développée dans (Koshimae et al., 1996) pour déterminer graphiquement et numériquement la stratégie optimale. Dohi et al. (Dohi et al., 1997) ont validé leur modèle par simulation.