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CHAPITRE 2 RECENSION DES ÉCRITS

2.3 L ES STRATÉGIES EFFICACES POUR CONTRER LA STIGMATISATION

2.3.2 Les stratégies basées sur l’éducation

Les stratégies principalement basées sur l’éducation découlent du principe selon lequel les individus ont moins tendance à stigmatiser et à discriminer les personnes qui souffrent de troubles mentaux lorsqu’ils détiennent des connaissances suffisantes et justes sur ces désordres (Bélanger, 2016). Les composantes à la base de ces stratégies sont la sensibilisation, l’information et la confrontation des mythes reliés à la maladie mentale. Outre l’éducation, elles ont comme objectif la promotion d’attitudes positives envers les personnes qui ont un trouble mental (Stuart, 2003). Ce sont des stratégies plutôt faciles d’utilisation qui peuvent être adaptées à plusieurs groupes cibles ou contextes.

Dans une revue systématique, Gronholm, Henderson, Deb, et Thornicroft (2017) ont constaté que la majorité des interventions de lutte contre la stigmatisation qui s’adressent aux professionnels de la santé étaient des stratégies éducatives ou informatives. La plupart ont démontré une amélioration des attitudes des groupes visés envers les personnes touchées par la maladie mentale. De plus, certaines études indiquent que les améliorations se maintiennent dans le temps. Gronholm et ses collègues (2017) recommandent néanmoins l’évaluation d’interventions à plus long terme.

Brunero, Jeon et Foster (2012) ont mené une revue systématique sur les programmes d’éducation en santé mentale pour les professionnels de soins généraux. Ils ont observé que plusieurs des formations portaient sur l’automutilation, le trouble de personnalité limite et la dépression. Les principales stratégies d’évaluation des interventions répertoriées sont les tests d’évaluation des connaissances, des échelles d’évaluation des attitudes, des autoévaluations du changement de comportement. La majorité des études démontrent la perception d’avoir de meilleures connaissances ainsi qu’une amélioration des attitudes. L’une de leurs recommandations est que les futures études précisent les outils utilisés. Plusieurs études reposent sur des questionnaires créés par les chercheurs sans que les mesures de validation de ces outils aient été rapportées. Ils recommandent aussi d’utiliser des tests d’évaluation mesurant les connaissances plutôt que des tests mesurant la perception de l’acquisition des connaissances par les participants, ceci dans le but d’éviter un biais d’auto-évaluation.

Des d’études comme celles de Commons, Trolear et Lewis ainsi que McAllister, Billett, Moyle, & Zimmer-Gembeck ont utilisé cette stratégie conventionnelle. Commons, Treloar et Lewis (2008) ont mené une étude dans le but de mesurer l’impact d’une intervention éducative sur les attitudes de professionnels de la santé (n = 99) du domaine des soins d’urgence et de la santé mentale qui interviennent auprès des personnes atteintes d’un trouble de personnalité limite. Le contenu de la formation portait entre autres sur l’interprétation des comportements d’automutilation chez ces personnes et des lignes directrices pour intervenir avec elles. Tous les participants ont reçu la même formation. Les résultats ont démontré une amélioration significative des attitudes chez les intervenants des deux domaines de soins (p = 0,002, p = 0,000). Les participants qui travaillaient dans une unité d’urgence ont augmenté la moyenne de leurs résultats de 3,09/132 (M = 88,33 vs 91,42 en posttest). Les participants qui travaillaient dans le domaine de la santé mentale ont eux aussi augmenté la moyenne de leurs résultats de 2,48/132 (M = 93,99 vs 96,47 en posttest). Les intervenants des unités d’urgence ont donc amélioré leurs attitudes

de 2,3 % et ceux du domaine de la santé mentale de 1,9 %, ce que les auteurs considèrent comme une amélioration cliniquement significative. Les dimensions sur lesquelles l’impact a été le plus positif sont la confiance des participants pour évaluer et référer les usagers, ainsi que leur habileté à intervenir efficacement auprès d'eux. Les auteurs ont conclu que l’accès à de la formation sur le trouble de personnalité limite peut améliorer les attitudes des intervenants des unités d’urgence et du domaine de la santé mentale. La petite taille de l’échantillon ainsi que l’absence d’évaluation du maintien des attitudes à long terme après la formation sont des limites de l’étude rapportées.

McAllister, Billett, Moyle, & Zimmer-Gembeck (2009) ont évalué les effets d’une intervention éducative centrée sur les solutions, offerte au personnel infirmier d’urgence (n = 29) intervenant auprès d’individus qui s’automutilent. La formation consistait à deux heures de discussion en groupe en vue de mieux comprendre l’automutilation et de se sentir mieux outillé pour intervenir auprès de cette clientèle. Les résultats indiquent une augmentation des connaissances et de la compréhension de l’automutilation à la suite de la formation. Aussi, les infirmières ont rapporté une plus grande confiance dans leur capacité à répondre aux besoins des usagers, plus d’empathie et de tolérance à leur égard. Les résultats des mesures du jugement et des intentions comportementales reliées à l’automutilation ont démontré des changements positifs. En effets, les résultats en prétest étaient de 13,3/30 contre 15,4/30 en posttest, ce qui démontre une augmentation de 7 % (p < 0,05). L’étude a comme limite son petit échantillon, ce qui limite la généralisation des résultats. De plus, les mesures ont été prises très tôt après l’intervention. Toutefois, elle est pertinente pour la pratique clinique. Les infirmières qui ont participé à l’étude ont mentionné se sentir plus empathiques et tolérantes envers ces usagers et davantage portées à prodiguer des soins centrés sur la personne. Elles se disaient plus en mesure d’aider et plus conscientes de leur rôle.

En conclusion, les stratégies d’éducation sont efficaces, mais plusieurs études rapportent que la durée des effets dans le temps est limitée (Clarke et al., 2013; Stubbs, 2014).

Les effets de l’éducation sont minces et disparaissent rapidement après l’intervention (Corrigan, 2004; Corrigan, & O’Shauhnessy, 2007; Corrigan & Wassel (2008). Les interventions basées sur l’éducation auraient un moins large impact que celles basées sur le contact (Dalky, 20l2).