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Stratégie de politique monétaire de la BCE

En octobre 1998, le Conseil des gouverneurs de la BCE a décidé d’opter pour une stratégie combinant les éléments des objectifs monétaire et d’inflation. La politique monétaire unique passe par le réglage de la liquidité bancaire en euros et par un pilotage des taux d’intérêt à très court terme sur le marché monétaire de l’euro, à commencer par le loyer de l’argent au jour le jour qui est la principale cible opérationnelle du Système Européen de Banques Centrales. La stratégie de politique monétaire mise en oeuvre par l’Eurosystème repose sur trois éléments principaux :

-Une définition quantifiée de l’objectif principal de la politique monétaire unique c’est-à-dire, la stabilité des prix à moyen terme ;

-Deux piliers de la stratégie pour atteindre cet objectif : un rôle essentiel pour la monnaie souligné par l’annonce d’une valeur de référence pour la croissance d’un agrégat monétaire large ; une appréciation, reposant sur une large gamme d’indicateurs, des perspectives d’évolution des prix et des risques pour la stabilité dans l’ensemble de la zone euro.

3.1 - Priorité à la stabilité des prix

En vertu de l’art. 105 (1) du Traité, «l’objectif principal du SEBC est de maintenir la stabilité des prix». Le choix de cet objectif trouve son fondement dans la conviction qu’une politique monétaire préservant la stabilité des prix de façon durable et crédible apporte la meilleure contribution globale à l’amélioration des perspectives économiques et à l’élévation du niveau de vie. Une définition quantifiée de la stabilité des prix fournit un point d’ancrage stable aux anticipations en matière d’évolution des prix, contribuant ainsi à établir la crédibilité de la nouvelle stratégie. Le Conseil des gouverneurs de la BCE a adopté la

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définition suivante : «La stabilité des prix est définie comme une progression sur un an de l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) inférieure à 2 % dans la zone euro». Selon cette définition, la stabilité des prix «doit être maintenue à moyen terme».

3. 2 – Une stratégie à deux piliers

Pour atteindre son objectif principal de stabilité des prix, le Conseil des Gouverneurs de la BCE a adopté une stratégie à deux piliers. Cette stratégie incluait "un rôle majeur donné à la monnaie, comme signalé par l’annonce d’une valeur de référence pour la croissance d’un agrégat de monnaie au sens large d’une part, et "une analyse très large des perspectives de développements futurs des prix et des risques pesant sur la stabilité des prix pour la zone euro dans son ensemble" d’autre part (Banque Centrale Européenne [1999a]). Le pilier monétaire, héritage de la Bundesbank, était utilisé pour évaluer les mouvements de prix de long terme, dans l’optique monétariste selon laquelle l’inflation n’est qu’un phénomène monétaire à long terme. Le second pilier était quant à lui constitué d’une large gamme d’indicateurs économiques et financiers, utilisés pour évaluer les mouvements inflationnistes de plus court terme : il incluait en particulier le taux de croissance de la production, le taux de chômage, le positionnement dans le cycle (mesuré par l’output gap), les politiques fiscales, les évolutions des salaires, des taux de change, des prix des actifs,...L’analyse de ces deux piliers sera au cœur du Chapitre 2.

3. 3 - Rôle du taux d’intérêt comme indicateur de la politique monétaire unique.

Depuis la libéralisation financière des années quatre-vingt, les procédures de type administratif sont devenues marginales ou ont disparu au profit d’interventions sur le marché monétaire (Huchet-Bourdon [2003]). La politique monétaire a alors été recentrée sur le taux d’intérêt. En effet, en raison de la multiplication des innovations financières, il est tout naturel pour les autorités monétaires d’adopter des procédures opérationnelles orientées vers le lissage des fluctuations du taux d’intérêt sur le marché interbancaire.

Le contrôle monétaire repose donc aujourd’hui, dans la plupart des pays industrialisés, exclusivement sur le contrôle des taux d’intérêt sur le marché monétaire au moyen de

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procédures de marché. Les banques centrales choisissent généralement de contrôler le prix de la monnaie centrale mesuré au moyen du taux du marché interbancaire. Il s’agit alors pour la banque centrale d’influencer le prix d’équilibre sur le marché par des opérations d’achats ou de ventes et/ou des opérations de prêts ou d’emprunts. Le principe est le suivant : la banque centrale intervient sur le marché interbancaire (où les banques ayant des excédents de trésorerie les prêtent à celles qui ont des trésoreries déficitaires) pour y modifier le taux d’intérêt d’équilibre, soit en injectant des liquidités, soit en les retirant. Ces opérations influent sur la position de liquidité des banques, ce qui donne lieu à des ajustements des taux des marchés interbancaire et monétaire ainsi que des taux prêteurs et emprunteurs des banques afin de rééquilibrer l’offre et la demande de monnaie centrale. Une injection de monnaie centrale par exemple fait baisser le taux interbancaire car les banques obtiennent plus facilement les liquidités dont elles ont besoin.

Pour atteindre son objectif principal de maintien de la stabilité des prix, l'Eurosystème dispose d'une série d'instruments de politique monétaire.

Il est raisonnable, dans une première approximation d’estimer la politique monétaire de la zone à l’aide de la règle de Taylor originelle dans la mesure où l’objectif de la politique monétaire de la BCE est la stabilité des prix. En outre, le taux d’intérêt à court terme, est l’instrument de la politique monétaire de la BCE.

4. Règle de Taylor [1993] - Estimations par la Méthode des