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Stratégie de lutte contre l'antibiorésistance

Chapitre V: Stratégies de lutte contre l'antibiorésistance

I. Stratégie de lutte contre l'antibiorésistance

1.Prévention des infections

Le renforcement et L’amélioration des mesures d’hygiène individuelles, collectives et environnementales permet de limiter l‘apparition et la propagation d‘infections bactériennes et par conséquence la réduction de l’utilisation abusive et inappropriée des antimicrobiens qui favorisent l'émergence des bactéries résistantes [126].

L’hygiène corporelle, vestimentaire et alimentaire ainsi que le lavage des mains permettent au niveau individuel de se protéger contre les infections [127].

Aussi, des mesures d’hygiène collectives et environnementales telles que la vaccination, la sécurité alimentaire, l’approvisionnement en eau potable, l'assainissement et la lutte contre le péril fécal permettent de limiter l'incidence des maladies infectieuses bactériennes dont le traitement nécessite des antibiotiques.

Figure 40: Moyens de prévention contre les infections selon l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) [128].

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Le personnel de santé joue un rôle essentiel pour protéger les patients contre des infections en respectant les règles d’hygiène cela par l'utilisation des solutions hydroalcooliques ou en se lavant les mains à l’eau et au savon, si elles sont visiblement souillées[129].

L’utilisation de solutions hydroalcooliques pour se frotter les mains est une technique rapide et simple, ne nécessitant pas de chercher un point d'eau, permet un gain de temps considérable pour le personnel de santé ,et elleest plus efficace contre les germes que l’eau et le savon[129].

L'OMS recommande le recours à l'hygiène des mains par les professionnels de santé dans les cinq indications suivantes:[129]

- Avant le contact avec un patient. - Avant le geste aseptique.

- Après le risque d’exposition à un liquide biologique. - Après le contact avec un patient.

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72 2.Sensibilisation et éducation

L’éducation et la sensibilisation sont considérés comme des composantes clés pour la réussite de tout programme de lutte contre l'apparition et l'émergence de l'antibiorésistance [131].

Des efforts doivent être déployés pour sensibiliser le public au problème de la résistance aux antimicrobiens cela par l'intermédiaire des programmes de communication qui incite le publique aux changement de comportement vis-à-vis à l'usage des antibiotiques en santé humaine, et animale ainsi que dans les pratiques agricoles,

En assurant une prise de conscience et une compréhension adéquate du problème dès le plus jeune âge par l' introduction de l’usage des antimicrobiens et le phénomène de la résistance dans les programmes scolaires,

Aussi l'insertion de la résistance aux antimicrobiens dans les programmes d'enseignement , de formation et spécialement la formation continue, ainsi que les programmes de certification et de perfectionnement professionnels dans le secteur de la santé agricole et vétérinaire constitue une source importante de l'éducation et de sensibilisation et aide les professionnels à mieux comprendre et prendre en charge le problème [132].

Des enquêtes ont prouvé un manque de sensibilisation quant à l'usage approprié des antibiotiques ,d'après une enquête européenne seulement 56 % des personnes interrogées savaient l'inefficacité des antibiotiques contre les infections virales telles que les rhumes ou la grippe. Aux Etats-Unis, une enquête a montré a qu’une personne sur 4 prennent les antibiotiques sans contacter un médecin.

Afin d'améliorer et de renforcer l'effet de la sensibilisation, il est essentiel de disposer de supports pédagogiques dont le contenu et les messages sont adaptés au public ciblé : médecins, patients, , responsables de la santé publique, politiciens et le grand public [131]. la Semaine mondiale sur le bon usage des antibiotiques organisée en novembre de chaque année a pour objectif de sensibiliser au phénomène de l'antibiorésistance à l’échelle mondial et à encourager le grand public, les professionnels de santé et les décideurs politiques à adopter les bonnes pratiques afin d’empêcher l'apparition et l'émergence de nouvelles résistances aux antibiotiques [133].

73 3.Création des système de surveillance

le recueil des informations relatives à l’incidence, la prévalence et les tendances de la résistance aux antimicrobiens permet de mieux comprendre et répondre aux principaux moteurs de résistance aux antimicrobiens ainsi que d'évaluer l'efficacité des principales stratégies adoptées [134].

En mai 2015, la Soixante-Huitième Assemblée mondiale de la Santé a adopté le Plan d’action mondial pour combattre la résistance aux antimicrobiens, qu'a exigé la mise en place d’un Système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (GLASS).

Le GLASS a été lancé pour soutenir une approche standardisée de la collecte, de l’analyse et de la communication des données sur la résistance aux antimicrobiens au niveau mondial, afin de soutenir la prise de décisions, de motiver les actions locales, régionales et nationales [135]. Le système de surveillance GLASS a pour objectifs :

-L'amélioration des systèmes de surveillance et l'adoption des normes mondiales harmonisées

-L'utilisation des indicateurs précis permettant d'estimer l'étendue et l'impact de l'antibiorésistance à l'échelle mondial

-L'analyse et la communication régulière sur les données mondiales de la résistance aux antimicrobiens

-La détection de la résistance émergente et sa propagation internationale

-La mise à disposition des informations nécessaires à la mise en œuvre de programmes ciblés de prévention et d’intervention

-L'évaluation des effets des interventions [136].

4.Optimisation de l'usage des antibiotique

L'usage des antibiotiques de façon optimal constitue un moyen important de lutte contre l’émergence des bactéries résistantes et cela par le respect des posologies et des modalités d’administration (voie d’administration, dose, rythme, monodose ou multidose journalière, perfusion continue) de façon à assurer des concentrations appropriées au site de l’infection. Aussi il faut éviter le sous dosage qui est une des causes d’échec thérapeutique et le surdosage entrainant des effets indésirables. Pour ces raisons, le recours au dosage sérique des

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antibiotiques est utile pour certaines molécules (glycopeptides, aminosides, voire d’autres antibiotiques).

Pour les antibiotiques à efficacité comparable Préférer ceux dont le spectre est le plus étroit. En cas des infections sévères, commencer le traitement le plus rapidement possible après l'hypothèse, diagnostic et les prélèvements microbiologiques.

En générale l’antibiothérapie curativene doit pas dépasserune semaine. En effet, plusieurs infections ne nécessitent pas une antibiothérapie d’une durée plus longue. Une antibiothérapie prolongée expose le patient à un bénéfice/risque défavorable qui se manifeste par une résistances bactériennes ou par une toxicité .

Chaque fois que possible il faut Envisager une désescalade thérapeutique voire un arrêt du traitement et cela en fonction des données cliniques, des données microbiologiques et de l’évaluation du malade [137].

 Recommandations relatives aux associations d’antibiotiques

L'utilisation des antibiotiques en monothérapie est suffisante dans la plupart des maladies infectieuses bactériennes. Le recours aux associations d’antibiotiques peut avoir comme objectif d’éviter l’émergence de bactéries résistantes dans le site d'infection en diminuant rapidement l'inoculum bactérien, mais il peut contribuer à augmenter la pression de sélection sur la flore commensale. En conséquence, les prescriptions d’associations doivent être strictement limitées, dans les infections à mycobactéries, et dans certaines situations bien définies :

- Infections bactériennes causées par P. aeruginosa

- Couple bactéries-antibiotiques à risque d'émergence de résistances :

- Entérobactéries du groupe 3 (a titre d'exemple Enterobacter, Serratia,

Citrobacterfreundii,Providencia, Morganella) et céphalosporines de 3e génération,

- S. aureus et fluoroquinolones, rifampicine, acide fusidique ou fosfomycine, - Entérobactéries résistantes à l'acide nalidixique et fluoroquinolones [137].

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Figure 42: Mesures de lutte contre antibiorésistance dans le secteur agricole selon l'OMS [117].

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Figure 44: Mesures de lutte contre antibiorésistance chez les agents de santé selon l'OMS [117].

5.Développement des nouveaux antibiotiques

Le développement de nouveaux agents antibactériens par l'industrie pharmaceutique, constitue une stratégie qui avait été efficace dans le passé pour lutter contre les bactéries résistantes, cependant ce processus semble avoir ralenti son rythme cela à cause de plusieurs facteurs économiques et réglementaires [89].

Le développement d'antibiotiques n'est plus considéré comme un investissement économiquement judicieux pour l'industrie pharmaceutique. parce que les antibiotiques sont utilisés pendant des périodes relativement limitées et sont souvent curatifs, les antibiotiques ne sont pas aussi rentables que les médicaments qui traitent les maladies chroniques, comme le diabète, les troubles psychiatriques, l'asthme ou le reflux gastro-œsophagien [89].

De plus, une fois qu'un nouvel antibiotique est commercialisé, les médecins plutôt que de le prescrire immédiatement maintiennent souvent ce nouvel agent en réserve uniquement pour

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les pires cas en raison de la peur de la promotion de la résistance aux médicaments, et ils continuent de prescrire des agents plus anciens qui ont montré une efficacité comparable. Par conséquent, les nouveaux antibiotiques sont souvent traités comme des médicaments de dernière ligne pour lutter contre les maladies graves. ce qui entraîne une baisse du retour sur investissement [89].

Une analyse coûts-avantages réalisée par le Bureau of HealthEconomics de Londres a calculé que la valeur actuelle nette d'un nouvel antibiotique n'est que d'environ 50 millions de dollars, contre environ 1 milliard de dollars. pour un médicament utilisé pour guérir une maladie neuromusculaire. Parce que les médicaments des maladies chroniques sont plus rentables, les sociétés pharmaceutiques préfèrent y'investir [89].

Même pour les entreprises qui sont optimistes quant à la poursuite de la découverte de nouveaux antibiotiques, l'obtention d'une approbation réglementaire constitue souvent un obstacle.

Entre 1983 et 2007, une réduction importante s'est produite dans le nombre de nouvelles approbations d'antibiotiques. à cause de la bureaucratie, le manque de clarté, les différences dans les exigences des essais cliniques entre les pays, les changements dans les règles de réglementation et d'octroi de licences et les canaux de communication inefficaces[89].

Malgré les contrainte précitées et face au développement des phénomènes de résistance bactérienne dans le monde plusieurs efforts ont été déployé afin de mettre à disposition au public des nouveaux agents antibactériennes.

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Figure 45: Diminution de nombre des antibiotiques approuvé par la FDA [138]. 6. Développent des nouveaux tests de diagnostic

Le clinicien a parfois besoin d’autres éléments que ceux apportés par la consultation du patient pour pouvoir déterminer la stratégie thérapeutique appropriée, qui peut être une non prescription d’antibiotiques. La réalisation de tests de diagnostic est un élément crucial pour le choix du bon traitement.

Plus le résultant est rapidement connu par le clinicien plus le patient pourra bénéficier du traitement dont il a réellement besoin, évitant ainsi une consommation inutile d’antibiotiques. Le développement et la mise en place des tests de diagnostic rapides en microbiologie constitue un moyen efficace pour confirmer l'étiologie bactérienne de l'infection et parfois même la bactérie responsable dans des échantillons biologiques (écouvillons, prélèvements respiratoires, urine…).les manipulations techniques peuvent, dans certaines situations, être effectuées en dehors du laboratoire de biologie sont en général simples et rapides à réaliser, et visent une obtention rapide des résultats [139].

A titre d'exemple 8 à 9 millions personnes en France sont touchés annuellement parl’angine ou amygdalite qu'est une inflammation aiguë d’origine infectieuse.

Elle présente une origine virale dans 60 à 90 % des cas (adénovirus, virus influenza, para-influenza, virus respiratoire syncytial). tandis que L’angine bactérienne d'origine

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streptococcique, due essentiellement au streptocoque bêta-hémolytique du groupe A , ne représente que 25 à 40 % des cas concernant l’enfant et 10 à 25 % des angines de l’adulte [140].

Utilisation du test de diagnostic rapide pour les angines, permet aux médecins de confirmer en quelques minutes seulement la présence ou non du streptocoque bêta-hémolytique, responsable de la forme bactérienne de la maladie. Ce qui évite les prescriptions inutiles d'antibiotique en cas d'infection virale.

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