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2. A NALYSE SPÉCIFIQUE À LA THÈSE

2.3 Stratégie d’analyse

La stratégie d’analyse de la présente thèse a été déployée en deux temps distincts : l’analyse thématique des données d’entretien et l’analyse en mode écriture des parcours d’apprentissage, des apprentissages et du rapport au savoir des jeunes adultes.

D’entrée de jeu, précisons que la présente stratégie d’analyse a profité du traitement préliminaire des données qualitatives effectué dans le cadre de l’ELJASP : données relatives aux réseaux, aux moments importants ; données sociodémographiques dans le logiciel SPSS ; données d’entrevues sous forme de verbatim et importées dans le logiciel NVivo. Elle s’est initialement appuyée sur le travail de préanalyse effectué dans l’ELJASP notamment de la mise en rubrique des données d’entretien. En effet, parmi l’ensemble des 89 rubriques de l’ELJASP, un certain nombre de rubriques, pertinentes à la présente étude, ont été sélectionnées à partir desquelles l’analyse thématique spécifique à la présente thèse a pu être réalisée. La stratégie d’analyse a aussi intégré une consultation systématique des fiches synthèses de l’ELJASP, ce qui a permis d’obtenir rapidement une vue d’ensemble de la situation singulière de chaque jeune adulte sur la durée de l’enquête.

2.3.1 L’analyse thématique des données d’entretien

L’analyse thématique consiste en « la transposition d’un corpus donné en un certain nombre de thèmes représentatifs du contenu analysé, et ce, en rapport avec l’orientation de recherche » (Paillé et Mucchielli, 2005, p. 124). Le thème, dans ce cadre, se traduit par « un

ensemble de mots permettant de cerner ce qui est abordé dans l’extrait du corpus correspondant tout en fournissant des indications sur la teneur des propos » (Ibid., p. 133). En ce sens, le premier temps de l’analyse a été supporté par la méthode de l’analyse thématique qui a rendu possible le découpage des données de manière à faire émerger un certain nombre de thèmes permettant de documenter les apprentissages effectués par les jeunes adultes dans le cadre de différentes expériences de vie et leur rapport au savoir.

Plus spécifiquement, l’analyse thématique a d’abord porté sur une partie du corpus, un ensemble-test. À ce stade, l’analyse visait à :

• Sélectionner les rubriques issues de la préanalyse des données de l’ELJASP pouvant supporter la description des parcours d’apprentissage et le travail d’analyse du rapport au savoir.

• Définir une première version de l’arborescence THÈSE fournissant les repères nécessaires à l’analyse en mode écriture des parcours d’apprentissage, des apprentissages et du rapport au savoir.

Pour ce faire, quatre entretiens ont d’abord été sélectionnés afin de constituer un ensemble-test à partir de l’ensemble des entretiens réalisés auprès des 13 jeunes adultes qui avaient participé à quatre ou cinq vagues de collecte de données. À partir d’un premier entretien de l’ensemble-test, après avoir repéré les apprentissages regroupés sous la rubrique Apprentissages effectués/conseils à donner (ELJASP), une lecture de la fiche synthèse de l’ELJASP a été réalisée pour, notamment, tenter de saisir l’expérience qui avait suscité les apprentissages. Une lecture du premier entretien s’est ensuite imposée afin de repérer plus précisément les aspects de l’expérience qui permettaient de reconstituer le rapport au savoir : les apprentissages effectués, la présence des autres dans les apprentissages repérés, le contexte spécifique des apprentissages, le rapport identitaire au savoir, l'aspect subjectif du rapport au savoir. À la suite de cette lecture, il est alors devenu possible d’identifier et de sélectionner plus précisément les rubriques de l’ELJASP permettant de décrire les parcours d’apprentissage des jeunes adultes et de documenter leur rapport au savoir et, de ce fait, de circonscrire le corpus de données de la présente analyse.

À ce stade, une première version de l’arborescence THÈSE a été élaborée s’appuyant, d’une part, sur le développement théorique du concept de rapport au savoir et, d’autre part, sur cette première prise de contact avec les données. Une fiche synthèse (fiche RAS) a aussi été développée pour chacun des apprentissages repérés regroupant, dans un même document, toutes les données permettant de documenter le rapport au savoir associé. La poursuite de l’analyse des données de l’ensemble-test a été suivie par un travail de thématisation des données (encodage des données), sur les trois autres entretiens, qui a permis de progressivement préciser l’arborescence THÈSE. Au final, l’arborescence spécifique à la présente analyse, l’arborescence THÈSE, a regroupé un ensemble de rubriques autour des neuf thèmes suivants : apprentissages effectués ; modalités ou formes associées aux apprentissages ; changements pour soi dans l’apprentissage ; les Autres dans l’apprentissage ; contexte(s) spécifique(s) des apprentissages ; désir, plaisir ou préférence dans l'apprendre. À ce stade, tous les entretiens de l’ensemble-test ont été lus de s’assurer d’avoir récupéré toutes les données pertinentes à l’analyse.

Par la suite, le travail d’analyse thématique des données d’entretien ciblées a pu être entrepris à partir de l’arborescence THÈSE sur le corpus sélectionné en commençant par les entretiens des jeunes adultes qui avaient participé à cinq vagues de collecte de données et en poursuivant avec les entretiens des jeunes adultes qui avaient participé à quatre vagues. Au regard de la saturation des données, au terme de l’analyse du sixième cas, l’arborescence THÈSE semblait stabilisée. Outre le corpus ciblé pour la présente étude, tous les autres entretiens, effectués auprès des jeunes adultes ayant participé à quatre ou cinq vagues de collecte de données, ont été explorés pour vérifier s’il était possible d’y repérer de nouveaux apprentissages. Aucun autre apprentissage justifiant l’ajout d’une nouvelle catégorie d’analyse (rubrique dans l’arborescence THÈSE) n’a été repéré. Par conséquent, telle que développée, l’arborescence THÈSE a notamment permis de saisir, dans son ensemble, tous les apprentissages effectués et documentés par les jeunes adultes ayant participé à quatre ou cinq vagues de collecte de données de l’ELJASP et auxquels a pu être associée une forme ou l’autre de rapport au savoir.

2.3.2 L’analyse en mode écriture des parcours d’apprentissage, des apprentissages et du rapport au savoir

L’analyse thématique a été poursuivie par un travail en mode écriture. Considérant que la notion de rapport au savoir mobilisée est une construction conceptuelle et qu’elle va au-delà de la désignation d’un contenu précis, la méthode d’analyse en mode écriture s’est avérée être une méthode pertinente au sens où elle permet de rendre compte de la complexité de phénomènes qui ne sont pas spontanément perceptibles à travers une lecture plus morcelée des données (Paillé et Mucchielli, 2005).

Paillé et Mucchielli (Ibid.) soulignent que le travail d’écriture intervient à trois niveaux distincts dans le processus d’analyse qualitative : celui de la transcription des données, celui de la transposition et celui de la reconstitution sous la forme d’un rapport final. Dans ce cadre, ils considèrent la transposition comme le mode d’écriture « le plus important et le plus délicat » (p. 103). Ce dernier donne lieu à trois opérations successives appelées à se répéter en cours d’analyse : l’appropriation, la déconstruction et la reconstruction. L’appropriation vise à examiner les données, à les relier entre elles ou au regard du cadre interprétatif de la recherche. La déconstruction consiste essentiellement à sélectionner les données pertinentes au regard du cadre interprétatif de la recherche et à les considérer pour elles-mêmes sans référence à leur contexte. La reconstruction est un travail de synthèse qui permet de rendre compte du phénomène à l’étude à partir d’une articulation des données pertinentes au regard de ce phénomène. S’appuyant sur le travail de repérage et de classification des apprentissages et des données pouvant documenter le rapport au savoir des jeunes adultes (analyse thématique des données d’entretien), le second temps d’analyse en mode écriture a notamment supporté des opérations de déconstruction et de reconstruction des données qui ont conduit à la description des parcours d’apprentissage des jeunes adultes, à la mise en perspective des apprentissages qui les ont marqués et à la reconstitution du rapport au savoir des jeunes adultes tout au long de l’enquête.

Pour la reconstruction de chacun des parcours d’apprentissage, entrevue par entrevue, vague par vague, la stratégie d’analyse en mode écriture a permis, pour reprendre

les propos de Paillé et Mucchielli (Ibid.), « par la forme ouverte qui la caractérise, […] d’être fidèle à la continuité de l’action ou de la réflexion, au temps à l’intérieur duquel s’inscrit l’événement, au tissage et au métissage de la toile de fond de la réalité » (p. 105). À ce stade, la reconstruction a notamment visé à donner une structure cohérente à chacun des parcours d’apprentissage tout en restant fidèle aux données notamment à la chronologie des événements tels que rapportés par les jeunes adultes. À cet effet, elle a impliqué de nombreux retours aux données d’entretien. Par la suite, comme le proposent Paillé et Mucchielli (Ibid.), la production de constats, les tentatives d’interprétation et la recherche des récurrences ont été les trois types d’opérations qui ont marqué le travail d’analyse en mode écriture. Dans le cadre de la présente analyse, ces opérations ont obéi à une dynamique itérative permettant notamment, en cours de description des parcours d’apprentissage, de développer une catégorisation des apprentissages qui les avaient marqués et, à partir d’elle, de saisir peu à peu le rapport au savoir des jeunes adultes et son évolution. Plus spécifiquement, ce qui a permis de caractériser et de distinguer différentes formes d’évolution du rapport au savoir a notamment reposé sur la production de constats faite à partir d’une relecture de l’ensemble des parcours d’apprentissage et des récurrences observées. Au terme de cette mise en œuvre, le travail d’écriture a finalement permis, dans une perspective plus englobante, de traiter « de plus en plus des ressemblances, des récurrences, des processus transversaux, de la logique d’ensemble » (Ibid., p. 108), ce qui, dans la présente analyse, a notamment conduit à développer une catégorisation des apprentissages effectués par les jeunes adultes, à caractériser tant le rapport au savoir des jeunes adultes que son évolution au regard de l’ensemble des expériences singulières exposées.

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