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Stocks de tritium modélisés entre 2007 et 2016

L’évolution des stocks de tritium entre le début et la fin de la simulation (01-2007 au 06-2016) représentée Figure 4.23 montre des phases chroniques de « chargement » et de « déchargement » du plateau continental. Les stocks de la Loire et de la Gironde évoluent de manières similaires et peuvent être assimilés à un stock total (courbe noire, Figure 4.23A et B). Afin de supprimer l’effet des variations des rejets sur l’évolution des stocks, ces derniers ont été normalisés par les rejets cumulés

sur l’ensemble de l’année précédant la date de calcule (courbe rouge, Figure 4.23B).

On observe Figure 4.23B une phase de chargement du plateau continental de 2007 à 2012 puis un état

d’équilibre jusqu’en 2016 où les stocks normalisés varient autour de 1 ± 0,2 an. La variation des stocks normalisés par le cumul sur un an des rejets additionnés de la Loire et de la Gironde, signifie

qu’entre 2012 et 2016, le temps de résidence sur le plateau a varié autour de 1 an ± 20%.

Ce résultat confirme que le temps de résidence du tritium sur le plateau continental précédemment estimé à un an par la mesure et par la simulation numérique pour le mois de mai 2016, est représentatif du temps de résidence moyen sur le plateau entre 2012 et 2016.

Les phases de chargements intermédiaires aboutissent à des stocks de tritium maximums identifiés en orange (Figure 4.23) et les phases de déchargement à des stocks minimums identifiés en bleu (Figure 4.23B). Ces valeurs extrêmes ont été datées et sont retranscrites Table 4.9.

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Figure 4.23 – (A) Evolution des stocks de tritium modélisés sur le plateau continental du golfe de Gascogne entre le 01-2007 et le 06-2016 (points noirs). Moyenne glissante sur un mois des stocks de tritium calculés

(courbe noire). Moyennes glissantes sur un mois des stocks de tritium de la Loire (bleue) et de la Gironde (rouge). Cumul journalier des rejets de tritium de la Loire et de la Gironde (vert).

(B) Moyenne glissante sur un mois des stocks de tritium calculés. En violet est représenté le stock normalisé par les rejets cumulés sur un an (365 jours). En orange sont identifié les stocks maximums, en bleu les stocks

minimums, retranscrits Table 4.9. Les phases de décharges et de recharges sont identifiées de A à R. Table 4.9 – Etude des maximums et des minimums des stocks de tritium modélisés sur le plateau du golfe de

Gascogne entre 2007 et 2016, identifiés sur la Figure 4.23.

Max (n°) Stock (TBq) Date Nbre de jours depuis le 01/01 ∆p entre deux Max. Min (n°) Stock (TBq) Date Nbre de jours depuis le 01/01 ∆p entre deux Min % de perte entre Max et Min 1 118 16/07/2007 196 / 1 71 05/11/2007 308 / 40 2 268 09/06/2008 160 329 2 159 13/10/2008 286 343 41 3 284 27/04/2009 116 322 3 119 12/10/2009 284 364 58 4 290 05/03/2010 63 312 4 226 08/10/2010 280 361 22 5 261 26/01/2011 25 327 5 200 12/11/2011 315 400 23 6 447 04/06/2012 155 495 6 369 24/09/2012 267 317 17 7 449 15/02/2013 45 256 7 321 17/10/2013 289 388 29 8 351 06/03/2014 64 384 8 244 20/11/2014 323 399 30 9 367 07/05/2015 126 427 9 282 10/12/2015 343 385 / 10 441 14/04/2016 104 343 / / / / / / Moyenne ± Ecart-Type 95 ± 48 355 ± 71 298 ± 26 370 ± 29 30 ±13 06/04 26/10

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L‘intervalle de temps entre deux maximums et deux minimums est en moyenne d’un an

(355 ± 71 jours et 370 ± 29 jours respectivement). Les maximums sont atteints en moyenne 95 ± 48 jours après le premier jour de l’année, (début avril). Les minimums sont atteint de manière

plus systématique, 298 ± 26 jours après le premier jour de l’année (fin octobre). Les phases de

chargement et de déchargement ont été comparées aux hodographes des vents (Figure 4.24A et B) et aux débits additionnés de la Loire et de la Gironde (Figure 4.24C). Les hodographes représentent la

trajectoire que suivrait une particule d’air au cours du temps. Les hodographes représentés (Figure 4.24A et B) ont des durées différentes qui correspondent au nombre de jours entre un maximum et un minimum (décharge) ou entre un minimum et un maximum (recharge), la durée moyenne est

d’environ 6 mois (∆p

2 Ù ).

On peut observer Figure 4.24, que lors des périodes de décharges, les vents ont une tendance Nord–

Nord–Ouest associée à une diminution progressive des débits. A l’inverse lors des périodes de

recharges, les vents ont une tendance Sud-Sud-Ouest associée à une augmentation des apports d’eau

douce.

L’export de tritium du plateau continental est donc privilégié entre le début du printemps jusqu’en

automne, par des vents de Nord–Ouest (upwelling favorables) associé à de faibles apports d’eau

douces. Le tritium serait ainsi exporté du plateau à travers le talus continental vers le sud du golfe de Gascogne.

Un exemple de cet export est représenté pour chaque début de mois (Figure 4.25) durant la période de décharge O (Figure 4.23B), correspondant entre le maximum n°8 et le minimum n°8 (Table 4.9). On

peut observer que, progressivement, l’export du tritium du plateau continental originellement vers le Nord le long des côtes bretonnes jusqu’en Manche, s’inverse vers le Sud et le large au niveau du talus

continental. Le panache de tritium est ensuite transporté par le courant de pente dirigé vers le Nord, en automne sur le talus.

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Figure 4.24 – (A) Hodographes des vents durant les différentes phases de recharges, identifiées Figure 4.23, (données de vents issues du modèle ARPEGE). (B) Hodographes des vents durant les différentes phases de

décharges, identifiées (Figure 4.23), (données de vents issues du modèle ARPEGE). (C) Stocks de tritium normalisées par les rejets cumulés de la Loire et de la Gironde sur un an, représentés en noir. Débits quotidiens

additionnés de la Loire et de la Gironde (bleu).

Afin de visualiser l’évolution des panaches de tritium en fonction des saisons, une climatologie des

concentrations en tritium modélisées dans le golfe de Gascogne est présentée pour la surface et le fond (Figure 4.26). L’advection des panaches vers le large et le sud, du printemps à l’été est clairement apparente. Durant l’automne et l’hiver les panaches sont confinés à la côte et mélangés sur

toute la colonne d’eau, ils présentent une extension privilégiée vers le Nord, visible jusqu’en

Bretagne. Cette climatologie des panaches de tritium modélisés est comparable à la climatologie des panaches de salinité de Vandermeirsch et al., 2010 (Figure 1.15), mais également aux résultats de simulation de Lazure et Jegou, 1998 et des observations de Puillat et al., 2004.

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Néanmoins, ces résultats sont sujets à interrogation : un export du tritium privilégié en période

estivale n’est pas intuitif. A priori un export privilégié du tritium par le nord du plateau continental

durant l’hiver était attendu, car compatible avec :

· Des vents dominants de Sud-Sud-Ouest ;

· Les courants barocline (vers le Nord) dûs à l’augmentation des apports d’eau douce pendant

cette période.

Ces résultats n’indiquent cependant pas une absence d’export de tritium par le Nord en Hiver, mais

plutôt des différences en termes de quantité de tritium exportée hors du plateau continental durant ces

saisons. L’advection et le mélange au large du talus, des panaches de tritium de la Loire et de la

Gironde en période estivale, semblent exporter du plateau de plus grandes quantités de tritium que

durant l’hiver. Cette hypothèse pourrait être confortée par un calcul des flux de tritium entrants et sortants à travers les différentes frontières du plateau continental du golfe de Gascogne.

Figure 4.25 – Concentrations en tritium simulées en surface, entre Avril et Septembre lors la phase de décharge O (Figure 4.23).

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Figure 4.26 – Climatologie des panaches de tritium modélisés à la surface et au fond du golfe de Gascogne. Les concentrations obtenues sont issues des moyennes des distributions quotidiennes pour chaque saison entre 2008

et 2015. Printemps : Mars, Avril et Mai ; Eté : Juin, Juillet et Aout ; Automne : Septembre, Octobre et Novembre ; Hiver : Décembre, Janvier, Février.