• Aucun résultat trouvé

5.3. Suivi in situ des peuplements ichtyologiques exploités sur le long terme :

5.3.5. Standardisation du protocole par UVC

Les parties précédentes ont détaillé les points clé pour définir un plan d’échantillonnage pour le

suivi des effets de la pêche sur les peuplements ichtyologiques dans la zone VKP. La qualité des

données collectées est également liée au protocole adopté pour la réalisation des UVC sur chacun des

transects. L’objectif n’est pas de détailler la mise en œuvre in situ de comptages visuels en plongée,

dont les modalités sont disponibles dans la littérature (English et al. 1994, Crosby & Reese 1996,

Reese & Crosby 1998, Johannes et al. 2000, Hill & Wilkinson 2004), mais de souligner certains points

importants de cette mise en œuvre vis-à-vis des réflexions sur l’échantillonnage menées

précédemment, et notamment de la variabilité d’estimation :

Constance des plongeurs – Parmi les biais liés aux UVC, ceux liés à l’identité du plongeur et à

la subjectivité de ses observations peuvent être significatifs (English et al. 1994, Fairweather 1991). Il

est possible de minimiser ce biais lors de la collecte de séries temporelles de données en conservant un

même plongeur lors des échantillonnages successifs d’un transect donné. Lorsque plusieurs plongeurs

sont impliqués, on peut recommander que les comptages soient effectués par les mêmes équipes d'une

année sur l'autre. Ceci est d’autant plus important pour les cas de comptages toutes espèces, pour

lesquels le biais propre au plongeur est susceptible d’être accentué par le grand nombre et la diversité

des individus à échantillonner.

Matérialisation de transects permanents – L’hétérogénéité à petite échelle du substrat corallien

rend la nature des données collectées très sensibles à la position du transect, à quelques mètres près.

D’une campagne à l’autre, l’utilisation des coordonnées GPS n’est pas suffisante pour standardiser

l’échantillonnage. Il apparaît donc indispensable de matérialiser les transects par des marques

permanentes afin de s’assurer que la zone échantillonnée est similaire lors de chaque campagne. Cet

aspect est primordial en vue de pouvoir mener des comparaisons entre les années.

Positionnement du transect – La nature du substrat en milieu corallien est hétérogène à petite

échelle alors que les estimations des peuplements ichtyologiques sont moyennées à l’échelle du

transect. Il s’avère donc nécessaire que la pose d’un transect soit effectuée dans une zone où l’habitat

est homogène. L’échantillonnage des différents types d’habitat devra passer par une répartition

équilibrée des transects entre habitats (cf. 5.3.4.) et non par la pose de transects traversant des habitats

hétérogènes.

Standardisation des conditions environnementales – La prise en compte exhaustive des facteurs

environnementaux influençant la détectabilité des poissons est difficile lors de l’échantillonnage

(conditions météo, marée, heure de la journée, etc.) mais il convient de minimiser le biais qu’ils

induisent (Harmelin-Vivien et al. 1985). Les transects devront donc être échantillonnées à des saisons

identiques et au même moment de la journée (entre 9 et 15 heures, lorsque le peuplement diurne est

bien établi). La prise en compte des marées s’avère également importante.

Longueur du transect – Bien que plusieurs longueurs de transects soient possibles, les transects

de 50 m apparaissent comme les plus communs concernant le comptage de poissons de récif

(Samoilys 1997, Barrett & Buxton 2002). Dans un souci de continuité vis à vis des données déjà

disponibles sur cette zone, il conviendrait de poursuivre ce protocole.

Collecte de données d’habitat – Les caractéristiques détaillées des éléments de substrat qui

composent les habitats coralliens à l’échelle d’un transect sont susceptibles d’évoluer avec le temps

(cf. article 3). Une description de l’habitat sur le transect en parallèle des observations des

peuplements ichtyologiques est nécessaire afin de pouvoir prendre en compte leur co-évolution. La

méthode MSA est la plus adaptée en vue d’une mise en relation entre l’habitat décrit et les

peuplements ichtyologiques (Clua et al. 2006). Elle présente l’avantage d’être simple à mettre en

œuvre (expertise modérée) et rapide.

5.3.6. Bilan

Les réflexions concernant l’optimisation de l’échantillonnage pour l’acquisition de données de

long terme sur les peuplements ichtyologiques récifaux sont rarement publiées et spécifiques aux

différents cas d’études. De plus, des contraintes logistiques locales guident généralement la mise au

point des plans d’échantillonnage. Dans un contexte de compromis entre contraintes logistiques, coûts

et puissance statistique, il est nécessaire de pouvoir optimiser l’échantillonnage et la qualité des

données. Sur la base des chapitres précédents et d’une synthèse sur la mise en œuvre des UVC, il a été

possible de formuler un certain nombre de points clé pour un suivi à long terme des peuplements

ichtyologiques soumis à une pression de pêche croissante dans la zone VKP :

1. Dans une optique de continuité, l’unité d’observation reste un transect de comptage de 50 m

non répliqué, sur lequel sont recensés les peuplements ichtyologiques selon la méthode du « distance

sampling » (Buckland et al. 2001), couplée à un relevé d’habitat selon la méthode MSA (Clua et al.

2006). Ce transect devra être le plus homogène possible en termes de substrat, il sera matérialisé au

fond pour assurer sa réplicabilité temporelle.

2. Le plan d’échantillonnage sera stratifié selon deux degrés :

- zone témoin / zone pêchée, dans une perspective d’augmentation de la pêche,

- types de récifs échantillonnés : récifs intermédiaires, récifs-barrières éloignés des passes,

récifs-barrières proches des passes, pente externe des récifs-barrières ;

3. La zone témoin ne peut pas être dans la zone d’étude, à moins d’être mise en réserve, elle

devra se situer à l’extérieur ;

4. Un effectif d’échantillonnage doit résulter d’un compromis entre puissance statistique et

moyens disponibles. L’utilisation d’une analyse de puissance permettra de calculer un effectif

optimisé en fonction des objectifs de suivi ;

5. L’allocation des éléments d’observation aux différentes strates sera structurée selon les

caractéristiques de l’habitat à petite échelle (allocation égale entre les différentes classes d’habitat) en

choisissant des transects les plus homogènes possibles sur ce critère ;

6. La position des observations devra assurer la continuité avec les transects pour lesquels des

données sont déjà disponibles, dans la mesure du possible, compte tenu des contraintes d’optimisation

présentées ici ;

7. Les suivis seront effectués sur une base annuelle et l’échantillonnage sur un transect donné

devra se faire à la même saison, aux mêmes tranches horaires et si possible durant des marées

équivalentes, en essayant de maintenir des plongeurs identiques (ou de niveau d’expérience similaire) ;

8. Le suivi routinier utilisant une liste restreinte de comptage pourra être incrémenté tous les

ans, tandis qu’un suivi de type inventaire (comptages toutes espèces) pourra être effectué sur une base

biannuelle voire supérieure ;

9. Les deux types de suivi pourront comporter un nombre différent de transect d’observation,

mais un maximum de transects devront être communs ;