• Aucun résultat trouvé

Dans cette partie, nous nous sommes appuyée sur plusieurs composantes. Pour un premier niveau de l’élaboration de notre modèle du dispositif, nous nous intéressons spécialement à quatre composantes (contexte, intentions, réalisation et vécu), chacune d’elles relève les différents niveaux qui composent le modèle de dispositif. Précédemment, dans la partie qui correspond aux acteurs du dispositif, nous avons présenté une figure qui illustre le niveau des acteurs. Nous commen- çons à construire notre modèle à partir de ces éléments. Pour la modélisation du dispositif, nous nous appuyons sur deux auteurs (Bronfenbrenner, 1979, et Tupin, 2006). Le premier auteur montre quatre systèmes, le macrosystème : se centre sur les valeurs sociales et culturelles ayant un pouvoir d’influence sur les comporte- ments et les attitudes ; l’exosystème : il prend en compte les facteurs extérieurs affectant plus ou moins directement l’individu. Il s’agit de l’ensemble large des structures sociales et/ou organisationnelles qui gouvernent ; le mésosystème : il s’agit d’un environnement constitué par deux lieux (ou plus) dans lesquels l’indi- vidu investit un temps significatif ; le microsystème : c’est l’environnement immé- diat de l’individu. Pour sa part, Tupin évoque le système organisé et hiérarchisé, il repère trois niveaux, l’étage macro, où se situe le système des valeurs des indi-

communicative et sociale des individus-apprenants insérés dans un groupe-classe. Nous croisons ces deux modèles pour créer notre modèle.

FIGURE 4 – Le premier niveau d’élaboration du modèle du dispositif.

La figure ci-dessus présente le modèle du processus du dispositif, il se dé- coupe en quatre niveaux. Le premier correspond au niveau macro. La dimension du contexte culturel aide à comprendre et à lire un phénomène social, dans notre cas, nous abordons la situation du décrochage, cette lecture se fait au travers des représentations sociales, économiques et politiques. La deuxième composante cor- respondant au niveau exo représente, l’initiateur ou les initiateurs des projets aux niveaux national et local. Dans cette composante, les initiateurs cherchent à ré- pondre efficacement aux besoins, ils se fixent des objectifs à atteindre sous la forme d’un projet ou un programme d’action qui agit dans un secteur ou un espace géo- graphique. Tout d’abord, les initiateurs identifient le problème ou la situation à résoudre, après, ils créent des règles ou des lois pour la mise en œuvre du projet ou du programme. La troisième composante correspond au niveau de réalisation à la mise en œuvre du dispositif, c’est poser le niveau méso, où l’on rassemble deux ac- teurs : les coordinateurs locaux, ceux qui élaborent les modalités de mise en place du modèle de dispositif, c’est-à-dire la partie opérationnelle. Finalement, la qua-

trième composante correspond au vécu, c’est le niveau micro du modèle de dispo- sitif, les résultats produits par ces modalités se visualisent au travers du vécu des administrateurs, ceux qui animent le dispositif et les usagers, c’est à eux qu’est destiné le dispositif. Il est important de signaler que des changements peuvent s’opérer après la mise en œuvre du dispositif, sa disposition de départ peut chan- ger pour s’adapter à une autre selon le cas.

4.1 L’inscription de ce modèle dans le contexte de l’enseigne-

ment supérieur

Aujourd’hui, le monde évolue continuellement, les changements exigent d’être diplômé. La société a changé, l’école s’est transformée, le niveau de formation de- mandé aujourd’hui pour accéder au travail est plus élevé qu’auparavant. Dubet (2014) explique que dans les années 50, la moitié d’une classe à l’âge de qua- torze ans avait un diplôme de primaire. Quelques années plus tard, à l’âge de seize ans, les jeunes étaient en formation et avec un travail. Les jeunes n’étaient pas assez formés, mais avaient un travail, « l’échec et le décrochage pouvaient être une somme de souffrances personnelles, mais la plupart du temps ils n’empê- chaient pas les élèves d’occuper des emplois et des positions sociales peu qualifiées » (p.10). Selon l’auteur, la massification de l’éducation demande à l’individu « non seulement le droit de réussir, mais il en a le devoir puisque la chance lui en est donnée » (ibid., p.10). Il y a quelques années, le phénomène du décrochage n’avait pas d’effets négatifs comme aujourd’hui. Berthet et Zaffran (2014) disent que les diplômes n’étaient pas un facteur indispensable à l’heure de chercher un emploi. Après la massification de l’éducation, « les jeunes décrocheurs subissent plus forte- ment le ralentissement de l’activité économique, et pâtissent avant les autres des contraintes du marché » (p. 22). L’importance du diplôme aujourd’hui dans le supé- rieur paraît indispensable pour réussir la vie individuelle et en société. L’UNESCO dans une conférence mondiale sur l’enseignement supérieur en 1998 signale que l’enseignement supérieur a amplement prouvé sa viabilité au cours des siècles et son aptitude à s’adapter, à évoluer et à engendrer le changement et le progrès dans

seignement supérieur et la recherche sont désormais des composantes essentielles du développement culturel, socio-économique et écologiquement viable des indi- vidus, des communautés et des nations. Si l’enseignement supérieur est symbole de progrès, il nous semble important donc d’aborder le sujet de la lutte contre le décrochage dans l’enseignement supérieur, ce phénomène est devenu un indica- teur d’échec de plusieurs universités et gouvernements. Paramo et Correa (1999) indiquent que l’échec universitaire représente un bouleversement dans plusieurs aspects (moral, humain et social). S’intéresser à l’étudiant dans son parcours uni- versitaire montre que les institutions politiques et universitaires visent à établir et promouvoir le bien-être de l’étudiant dans son développement personnel et so- cial. L’on se trouve dans des sociétés qui changent régulièrement et qui demandent de plus en plus de savoirs et de savoir-faire pour pouvoir vivre. En conséquence, les valeurs d’aujourd’hui ont changé. Nussbaum (2016) souligne que les sociétés démocratiques vivent de changements importants. Afin de combler les exigences économiques, les nations et les systèmes éducatifs ont tendance à négliger les com- pétences nécessaires pour conserver vives les démocraties. Il est important pour l’auteure de soutenir une démocratie qui s’intéresse à l’être humain et pas seule- ment à l’économie. Elle indique que l’économie est au service des personnes, « à quoi tous les citoyens ont droit en vertu de leur qualité d’être humain » (Nussbaum, 2008). Une démocratie qui s’intéresse à l’individu cherche à donner des opportuni- tés pour la vie, la liberté et le bien-être individuel et en société. L’auteure signale que pour former des citoyens, il est important de disposer d’un certain nombre de capacités. Cukier (2015), dans une traduction de l’œuvre de Nussbaum, présente trois capacités importantes qui sont le centre de sa réflexion. Il est important que l’individu soit capable : « de se préoccuper de la vie des autres, de comprendre ce que différents types de mesures politiques signifient pour les possibilités de vie et les expériences de tous ses concitoyens », « la capacité d’imaginer une variété de problèmes qui affectent l’histoire d’une vie humaine dans son développement » ; « la capacité de voir ensuite son propre pays comme une fraction d’un ordre mon- dial complexe ». Les universités d’aujourd’hui sont essentielles pour l’évolution de la société et la démocratie. Elles sont responsables de différentes fonctions dans le cadre local, national et maintenant mondial. Elles ont pour mission d’offrir un

service dans la création et la transmission des savoirs dans le cadre culturel, pro- fessionnel et scientifique, elles contribuent au progrès de la société au travers de l’enseignement et de la réussite (personnelle, sociale et économique) de milliers de jeunes qui deviendront le support de futures sociétés. En résumé, nous considé- rons que l’échec et l’abandon questionnent les gouvernements et motivent l’intérêt des chercheurs. L’enseignement supérieur est lui-même confronté à de formidables défis et doit se transformer et se rénover plus radicalement qu’il n’a jamais eu à le faire, de sorte que notre société, qui connaît aujourd’hui une grave crise des valeurs, puisse transcender les considérations purement économiques et intégrer des dimensions plus profondes de morale et de spiritualité (UNESCO, 1998). La réussite des étudiants est la réussite de la société de demain. Les dispositifs de lutte contre le décrochage représentent d’une certaine manière une forme de com- bat avec l’intention d’accompagner l’étudiant dans son processus de formation non seulement à l’université, mais aussi tout au long de la vie.

4.2 La consolidation du modèle du dispositif

Suivant l’élaboration de notre modèle, nous avons présenté une première ap- proche du modèle du dispositif. Nous avons distingué quatre niveaux de struc- ture : macro, exo, méso et micro. Chaque niveau comprend une composante : le contexte culturel, les intentions, la réalisation et le vécu. Chaque composante re- groupe différents types d’acteurs. Cette première tentative du modèle de dispositif de la partie 1.4 de notre recherche constitue le point de départ de l’élaboration du modèle. Notre étude comparative considère comme important de mettre en relief le contexte et la culture. Ces deux caractéristiques aident à la compréhension et à l’interprétation de notre travail de recherche dans la lutte contre le décrochage dans l’enseignement supérieur au travers des dispositifs mis en œuvre dans les universités de différents pays centres de notre recherche. La figure ci-dessous re- présente le modèle de dispositif.

FIGURE5 – Le modèle du dispositif

Le modèle du dispositif se divise en quatre niveaux ; macro, exo, méso et mi- cro. Le premier niveau macro comporte la dimension culturelle et contextuelle du dispositif. Dans une étude comparative comme la nôtre, cette dimension met en lumière des aspects qui dénotent des similitudes et des différences dans les diffé- rents pays et universités. Les représentations et valeurs des acteurs dans chaque contexte vont nous aider à mieux comprendre et suivre le processus de lutte contre le décrochage dans l’enseignement supérieur. Après, le niveau exo représente les intentions des initiateurs qui correspondent aux politiques éducatives ; à la fois les politiques nationales de prévention du décrochage (repérables dans les textes et décrets) et les politiques locales relevant du pilotage de chaque université. En- suite, nous distinguons le niveau méso qui correspond à la réalisation, à la mise en œuvre du dispositif, les coordinateurs distribuent les modalités de mise en place

du modèle de dispositif et les opérateurs mettent en œuvre ces modalités, ils dis- tribuent les tâches et rôles des administrateurs. Enfin, le dernier niveau micro cor- respond au vécu des administrateurs et des usagers, il s’agit des interprétations subjectives des animateurs qui se construisent au travers du vécu dans l’activité, nous cherchons à connaître, à lire le changement et l’émancipation de l’usager au travers de l’utilisation du dispositif.

Synthèse Chapitre 1

Le dispositif comme processus

Pour l’élaboration du modèle du dispositif, nous avons repris la notion de dispositif de manière à couvrir l’ensemble du processus. Nous avons distingué dans la définition deux caractéristiques fondamentales : l’ambivalence du dispositif entre coercition et émancipa- tion et sa fonction comme un instrument médiateur. Le processus du dispositif de notre recherche se focalise sur quatre niveaux, macro, exo, méso et micro. Nous sommes partis d’un large processus allant de l’intention des initiateurs jusqu’aux pratiques des acteurs qui montrent tout un processus d’élaboration du modèle du dispositif.

Élaboration du modèle de dispositif

Dans ce prolongement du processus, nous avons distingué quatre composantes : le contexte culturel/niveau macro, les intentions/niveau exo, celui des expériences/ niveau méso et ce- lui du vécu/ niveau micro. Dans ce travail de recherche, nous convoquons l’éducation com- parée. Elle apporte sa contribution à une meilleure compréhension internationale. Le fait de comparer des contextes différents permet de comprendre mieux sa propre culture et de découvrir les autres. Ce processus d’élaboration nous permet de construire le modèle du dispositif théorique qui sera confronté à l’empirie dans le cadre de la prévention du décrochage dans l’enseignement supérieur.

Chapitre 2. Le décrochage comme

Documents relatifs