socialisation
« Pour Elias, le concept clé qui permet de rendre compte de lapparition du sport, pensé dans sa discontinuité par rapport aux affrontements anciens, est celui de "controlled decontrolling of emotions", de "libération contrôlée des émotions". Le plaisir de la pratique ou du spectacle sportif tient à lexcitation que procurent une mise en jeu des corps fougueuse mais pourtant respectueuse de la vie, et les péripéties dune lutte sévère qui nest, toutefois, quun simulacre des affrontements guerriers et violents ».
Chartier, R. (1986). Avant-propos. Dans Elias, N et Dunning, E. Sport et civilisation la violence
56 Pour Arnaud (1989a), lintégration scolaire de léducation physique est acquise dès les premières années de la troisième République. Cependant, le terme d« éducation physique » peut désigner des réalités larges et différentes ; cette mosaïque prend encore plus de poids si on lenvisage sous langle de lhistoire. En effet, Ulmann (1965) dans, De
la gymnastique aux sports modernes, montre quau fil des temps, elle est passée dune
éducation annexée à différents domaines (médical, militaire, etc.) à une véritable matière denseignement insérée dans les structures scolaires à partir de la fin du XXème siècle. Parlebas en 1967 parle dune « Education physique en miettes » et cela pour deux raisons. La première vient dun éclatement de lEP en de multiples branches qui simplantent dans des secteurs très variés : éducation générale, apprentissage professionnel, rééducation, loisir. La seconde est que lEP se fragmente dans une pluralité de doctrines et de méthodes très diversifiées.
Ainsi, Collinet (2000, 235) rappelle que « la détermination des finalités de lEP est
soumise à différentes influences, certaines émanant de domaines scientifiques, dautres de domaines philosophiques ». Son étude porte sur six courants importants en EP qui
donnent une place dimportance variable aux finalités. Ces différentes conceptions se centrent :
- sur le pôle sociétal (intégration de lindividu à la société) : travaux de Tissié (fonction économique, militaire, procréatrice), de la FSGT (lutte des classes) ;
- sur le pôle individuel et social : travaux de Démen (perfectionnement physique, fonction économique et militaire, d Hébert (recouvrer lessence de lhomme, principe dutilité) ;
- sur un pôle individuel prioritairement et social accessoirement : recherche de Le Boulch (schéma corporel).
Léducation physique a une réalité institutionnelle. Elle existe à travers un certain nombre de textes (finalités, horaires, programmes et contenus, organisation pédagogique ). Mais lEPS est aussi une pratique pédagogique. En accord avec Collinet (op. cit., 14), nous dirons que lEPS « recouvre un ensemble de
conceptions qui contribue et déborde le domaine des pratiques et des institutions pour présenter un "kaléidoscope" de manières de voir et de concevoir
57
lenseignement de celle-ci » et que les conceptions « sinscrivent souvent dans une structure plus vaste qui pourrait porter le nom de courants ».
Cest pourquoi nous envisagerons, dans cette partie, de distinguer les différents courants qui traversent lEPS, en nous centrant plus particulièrement sur les relations entre sport et socialisation afin de repérer les stigmates laissés par ces conceptions divergentes dans le discours des enseignants d'EPS.
I . Le sport : des vertus discutées
Divertissement aristocratique par excellence, le sport a connu au XXème siècle un essor prodigieux et, déjà, dans son ouvrage sur la Pédagogie Sportive, Pierre de Coubertin, revendiquait la place du sport dans léducation. L « Essai de Doctrine
du Sport » (1965, 31) rappelle ce principe de base : « lactivité sportive doit devenir une discipline fondamentale. Léducation physique et sportive doit donc faire partie des disciplines fondamentales ». Le sport est ainsi « un moyen formidable déducation de la jeunesse ».
La mise en place des instructions officielles de 1967 entérine ce choix qui consiste à fonder lenseignement des techniques corporelles à lécole sur les pratiques sportives : « parmi toutes les activités physiques, il [le sport] doit tenir la plus
grande place » (p. 54).
Cependant, et déjà avant 1967, des résistances très fortes, de nombreuses critiques, des débats passionnants ont pour objet lutilisation exclusive du sport en éducation physique et sportive, le rôle éducatif du sport, ou plus particulièrement le rapport au projet déducation. Il semble alors, comme le suppose Arnaud (1989b), quapparait une nouvelle version de léducation physique contre le sport.
58 Dans le cadre de cette partie, nous verrons tour à tour la position des différents courants qui sopposent à partir de lintroduction massive du sport dans la leçon et la séance (devenue demi-journée de sport par une circulaire de 1962) dEPS :
- « sportif », composé de défenseurs du sport obligatoire en EPS ; - « critique(s) » qui dénoncent le caractère réducteur et mécanique des
techniques sportives ;
- « pragmatique » pour qui le sport nest pas vertueux en soi ;
- « lapproche didactique » appuyée sur une revendication scientifique.
Ces courants peuvent être considérés comme des orientations, « partagées par les
membres dune discipline et se donnant à voir dans des travaux, des exposés de synthèse, des manifestations et des publications communes » (Berthelot, 1996,
176). Enfin nous ferons le bilan des relations quentretiennent ces courants avec les finalités et plus particulièrement la socialisation. Cest la présence de ces influences dans le discours des enseignants que nous interrogerons dans notre troisième partie.
I . 1 . Le courant « sportif »
Pour les tenants de ce courant, le sport et ses vertus éducatives sont en congruence. Ainsi, le sport se prête merveilleusement à léducation des jeunes. Cest par la confrontation, la collaboration et la compétition quil participe à la formation, à léquilibre et à lépanouissement de la personne à former.
Dans ses principes généraux, les instructions officielles du 1er octobre 1945 juxtaposent les buts principaux des trois méthodes en cours à lépoque. La santé pour la gymnastique suédoise, le développement de la force pour la méthode naturelle et la sociabilité pour linitiation sportive : « Affinement du geste,
développement de lesprit déquipe, de la discipline, de la virilité, de laltruisme, préparation à la vie sociale. Pour réaliser ces intentions, on fera surtout appel aux jeux divers, à léducation sportive et à la pratique des sports individuels et collectifs » (p. 2). Ultérieurement, Vulbeau (1993) confortera cette approche en
59 soulignant que le mot sport doit être immédiatement précisé par la notion déquipe sportive « qui permet de concevoir un espace de socialisation précis » (p. 81).
LEssai de Doctrine du Sport (1965, 14) précise que « le sport est en effet plus
nécessaire aujourdhui que jamais ». La place du sport dans les activités
obligatoires des jeunes et notamment dans lenseignement est confirmée, « dune
façon générale, la priorité doit pourtant être reconnue sans ambiguïté, dans léducation physique et sportive, à la pratique des sports » (ib., 34). La valeur
éducative du sport est réaffirmée mais, « cela suppose aussi que le sport soit enfin
élevé au rang de discipline à part entière et considéré, par tous les éducateurs, comme lune des bases essentielles de léducation moderne » (ib., 33).
Enfin, le rôle propre des différents sports est confirmé. Les sports collectifs sont présentés comme plus exigeants que les sports individuels. Leur fonction dadaptation à la vie sociale est soulignée. Ainsi, la nécessité de la règle, les disciplines de groupe développeraient le sens du collectif qui « nest pas
toujours naturel chez lhomme » (ib., 24).
Callède (1985, 327-344) définit le modèle qui tend à simposer, dans les années 1960, comme un modèle de coopération normalisé, « un modèle de sociabilité
culturelle, dapprentissage de techniques sportives et de pratiques de la compétition en championnats ».
Elias et Dunning (1986, 28) analysent le mouvement sportif comme un produit du processus de civilisation. Ainsi, par le biais de règles écrites, dune codification des pratiques et dune éthique de loyauté, le sport contribue à abaisser le degré de violence : « Si lon compare les jeux de balle de la fin du Moyen Age ou même du
début de lépoque moderne avec le soccer [le football] et le rugby on constate un accroissement de la sensibilité à légard de la violence ». Le sport devient
donc plus éducatif par lintroduction dun ensemble de règles rigoureuses et diversifiées. Et il peut même être un lieu de resocialisation : « Le sport peut être,
pour les jeunes en difficulté, un lieu de resocialisation par dépassement des différences, retournement des stigmates, réappropriation didentités positives »
60 (Dubar, 1993, 36). Ainsi, le club sportif, tel quil était mis en place dans les lieux emblématiques (formation de jeunes arbitres, pratiques pour tous, classes organisées en équipes hétérogènes stables, choix des activités sportives en fonction de visées éducatives, etc.) que sont le lycée de Corbeil-Essonnes et les établissements scolaires de Calais, « est un espace de sociabilité. Il renforce les
liens avec le groupe social, crée des réseaux de solidarité locale et de sentiments dappartenance » (Fates, 1993, 39).
Cela concerne aussi lenseignement de lEPS. Les instructions officielles de 1967 consacrent la valeur du sport comme moyen déducation. Le sport est, grâce au couple compétition-collaboration quil implique, une possibilité de préparation des jeunes à la vie dadulte. Cette notion est associée au phénomène de socialisation :
« il (le sport) a pour objet de développer les qualités morales chez les jeunes et sens de la responsabilité individuelle et collective » (IO 1967, 54).
Daprès Erbani (1985, 61-67), ce sont majoritairement les enseignants « sportifs actuels » qui partagent ce type de discours et qui formulent les objectifs en terme dacquisition et de perfectionnement dhabiletés sportives.
Cependant, lintroduction progressive, puis hégémonique du sport en EPS et son impact sur la socialisation - consacrés par les I.O. de 1967 - ne manquent pas de provoquer des réactions même si, sur le terrain, la « sportivisation douce » est toujours dactualité.
I . 2 . Le courant « critique(s) du sport »
Il sagit ici denvisager de façon non exhaustive la diversité des points de vue en présentant en particulier des courants critiques qui, par-delà leur éclectisme idéologique et/ou paradigmatique, convergent dans le sens dune critique du sport.
61 À partir des années 1970, trop lié à lidéologie, le sport perd progressivement de sa crédibilité. Coubertin lui-même parlait déjà au début du 20ème siècle, de la
« liberté dexcès du sport ».
Quand « La technique universelle laisse ici sa place au spectacle universel, au
consensus du show planétaire » (Vaugrand, 1999, 29), la technicité sportive cède
le pas au « show méritocratique» avec ses effets pervers : dopage (Maitrot, 2003), violences (Lassalle, 1997), tricheries, combines, inféodation avec le politique (Brohm, 1976). Un phénomène qui samplifie dans la seconde moitié du 20ème siècle aux dires de ce courant critique du sport. Ce sont les vertus socialisantes du sport qui sont ici questionnées dans leur réalité.
Lieu de socialité, cest-à-dire de « lexpression quotidienne de la solidarité de
base, le sociétal en acte » (Maffesoli, 1985, 13), le sport est secoué depuis ses
origines par l'intrusion de l'argent, de la politique et de la violence (Caillat, 1996). L'esprit sportif apparaît comme un leurre tant est grand le fossé entre les idéaux proclamés et les réalités de la pratique où la violence première est lexclusion. Ainsi, ce qui est en uvre dans la compétition (agôn), dans un combat, cest une praxis dopposition que Caillois (1958) qualifie dagoniste et où prédomine la relation duelle.
En deçà de ce radicalisme, et déjà avant les I.O. de 1967, des critiques ont été formulées par les enseignants à légard dun enseignement de lEPS exclusivement sportif, et cela même sil est précisé que lEPS ne se confond pas avec les moyens quelle utilise (les APS). Le Boulch (1971) rappelle cette idée en précisant que si les activités sportives sont un support possible, elles ne peuvent à elles seules servir de projet éducatif. De plus, il ajoute que « entre les deux extrêmes que sont
la compétition de haut niveau et le sport de détente, il existe un sport éducatif qui représente une véritable activité culturelle permettant une formation fondamentale, puis une formation continue par le mouvement » (p. 16). Lobjectif
de socialisation est bien présent dans le cadre de la psychomotricité et propose comme objectif laccès à « une véritable autonomie et laccès à la responsabilité
dans le cadre de la vie sociale » (Le Boulch, 1966, 16). Lauteur précise quen se
62 mieux entrer en contact avec les autres. « Il ne doit donc pas y avoir dopposition
ni de contradiction entre les impératifs de développement fonctionnel et la prise en considération des impératifs socioculturels. Cest un problème de chronologie dans lévolution de la relation au milieu » (Le Boulch, 1989, 27).
Dans une veine critique moins politique, Parlebas (op. cit., 1976) démontre que la supériorité des techniques sportives sur dautres techniques nest quune illusion. Il convient « de déterminer les conditions pédagogiques qui permettront au sport
de devenir une activité éducative authentique ». (p. 17) Ainsi, il lui
semble « erroné daffirmer que le sport développe lesprit déquipe et la
sociabilité, le sens de la règle et de la coopération ou toute autre qualité sociale »
(ib.). Parlebas distingue les jeux sportifs institutionnels et les jeux sportifs traditionnels, et précise que ces derniers sont un « Pays des Merveilles » où limaginaire est plus riche. La socio-motricité, notion nouvelle introduite par Parlebas, est fortement investie des dimensions sociales, « pour rendre compte de
la motricité des joueurs déquipes, il faut recourir à un concept investi à pleins bords de la dimension sociale. Cest pourquoi nous proposons la notion nouvelle de socio-motricité » (ib., 18). La sémiotricité englobe la sémiotique de la
motricité, cest-à-dire le fait de comprendre un système de signes associé aux conduites motrices (communication avec ses partenaires et contre-communication avec ses adversaires). Cette approche met en avant lindividu « décidant » et propose la création dune sémiologie motrice, dune sémiotricité : « Il semblerait
nécessaire de fonder une sémiologie des jeux sportifs. Par sémiologie, on entend la science des systèmes de signes, des codes de communication » (ib., 150). La
sémiotricité propose, entre autres, la définition de praxèmes, interactions motrices chargées de sens tactique, spécifiques à laction motrice. « Cest le décodage
correct des praxèmes des autres acteurs qui permet au pratiquant danticiper à bon escient les actes du jeu » ; « une des fonctions du praxème sera de réduire lincertitude dinformation des partenaires et daccroître celle des adversaires »
(ib., 123). Lintelligence sociomotrice est donc essentiellement définie par rapport à laction cognitive du sujet.
63 Une autre critique centre son attention sur la nécessaire prise en compte de la corporéité dans lenseignement de lEPS et des pratiques sportives. Vigarello dans
Le corps redressé (1979) dévoile comment depuis le XVI siècle se « norment les corps ». Autrement dit, comment se mettent en ordre les corps en rapport aux
normes socioculturelles de lépoque et/ou des groupes dappartenance. En effet, pour Liotard (2003, 121-138), « les règles de vie collective traduisent le plus
souvent limposition dun pouvoir ». Ainsi, vouloir concilier lusage des pratiques
sportives à lécole et louverture culturelle est un leurre. Il sopère alors la démystification dune certaine image du corps, « les métissages culturels,
léclosion de particularismes sociaux saccompagnent dune diversité des sensibilités et des points de vue à légard du corps » (Baillette, 1994, 156). Le
corps devient le médiateur essentiel « dune sociabilité à dominante empathique » (Maffesoli, 1988, 23) cest-à-dire fondée sur des regroupements sociaux plus aléatoires, plus éphémères, plus « topiques » et qui renvoient essentiellement au désir déprouver ensemble des émotions et des sensations.
Pareillement, Pujade-Renaud, propose une « perspective alternative » constituée par lexpression corporelle. En publiant en 1974, Expression corporelle : langage
du silence, elle montre le sport comme figé et coercitif face à la liberté et à
lévolution de lexpression corporelle. Il sagit donc de contrebalancer la primauté de la compétition, où le corps est un instrument quil faut dominer, et où sont refoulées des significations non utilitaires ou parasites.
Ainsi, deux conceptions concernant le sport, son utilisation, ses vertus socialisantes sopposent, voire saffrontent. Pour la première, « un stade, cest
une église. Il y a des correspondances, des rites semblables", constate Monseigneur Gaillot, expert en liturgies ecclésiastiques, [ ] ; une église, avec ses milliards de fidèles, son catéchisme, ses lieux de prières, ses temples, ses chemins de croix, ses calvaires ; une religion avec ses miracles, ses superstitions et sa pensée magique, ses hérétiques (les anti-sportifs), avec ses Dieux, ou ses demi-dieux, ses mystiques, ses croisés (les "Athlètes du Christ"), ses pénitents (les "durs au mal" !), et aussi, semble-t-il, ses possédés. [ ] » (Baillette, 1993,
98-105). Néanmoins, les tenants des institutions répondent à la critique antisportive et Brohm (1983, 37-41) repère lévolution du discours sportif par rapport à ses
64 critiques : premièrement, létape de la négation, puis celle du : « oui, mais » ou du
« non, pourtant », troisièmement celle du « ni, ni », et enfin celle quil qualifie
détape dAdidas et de lEquipe : « mais oui, il y a de la violence, du doping, des
tricheries, des combines, mais cest le sport ».
La seconde critique porte moins sur une dénonciation des usages politiques et doctrinaux du sport que sur une alerte quant aux effets des usages sociaux du corps et des formes de pratique et de leçon.
Cependant, ces conflits ne semblent pas avoir fortement perturbé les enseignants dEPS qui ont voulu se situer du côté des pratiques et de lexpérience (Briot, 1998).
I . 3 . Lapproche « réaliste »
Dans cette perspective, le sport nest ni aliénant, ni émancipateur. Il ne sagit pas de lutter de front contre le sport mais dutiliser « les pratiques » dans ce quelles peuvent apporter sur le plan de la socialisation.
Déjà en 1942, Baquet avance que « Le sport a des vertus mais des vertus qui
senseignent » (p. 10) et que « Laction morale et sociale doit avoir autant dimportance pour léducateur ou le dirigeant que le perfectionnement du geste technique » (p. 19). Ce que confirme, pour dautres raisons, Parlebas en
1976 : « le sport nest pas vertueux en soi. Le sport devient ce quon le fait » (op.
cit., p.17).
De plus, Hébrard (1986, 53) précise que « les APS sont le moyen de léducation
physique et sportive et non la finalité en soi ». Il ajoute que : « ce ne sont pas les pressions du contexte culturel qui sont déterminantes [ ] [et] que le développement de capacités et ressources peut être obtenu par dautres voies que lapprentissage dactivités socialement répandues ».
65 Dans une approche historique, During déplore cependant en 2005 que « la
révolution copernicienne de l'éducation physique et la construction d'une approche de l'action libérée des a prioris dualistes ne se traduit que très discrètement dans les pratiques » (p. 69). Ainsi la démarche éducative reste
fondée sur une opposition entre le corps-machine d'un côté et ce qui est proprement humain de l'autre.
Si pour Rousseau (1997, 47), « la démarche danimation consiste en la
mobilisation de compétences générales et spécifiques autour dun projet dautonomisation et de socialisation dun groupe dindividus, en rapport avec leur milieu et leur environnement, à partir dune activité ou dun ensemble dactivités qui servent de supports et de moyens de mise en uvre de ce projet », cette
approche réaliste souffre de résistances récurrentes comme le montrent Vigarello et Vivès (1983). Ils relèvent en particulier un amalgame hâtif qui était fait entre les techniques sportives et le modèle du champion : « timides sont encore les
tentatives pour dépasser le schéma simpliste du modèle de la technique et découvrir les déterminants de techniques corporelles correspondant à des catégories plus ou moins diversifiées de sujets ayant les mêmes caractéristiques »
(Vigarello et Vivès, ib., 46).
De même Mérand (1977), dans la partie introductive de larticle intitulé considérations sur une problématique de rénovation des contenus de lEP
en rapport avec les activités sportives contemporaines, précise que les contenus
doivent se construire à partir de pratiques transférables, et non de pratiques spécialisées relevant des clubs. De plus, pour Mérand (1970), lhistoire du sujet est un élément explicatif fondamental de la production motrice de celui-ci. Pour le pédagogue, il faut donc éviter les réductionnismes physiologiques et mécaniques. Il sagit de développer lhomme total. En éducation physique, il ne sagira pas tant de développer et de sintéresser à la corporéité du sujet proprement dite, mais dutiliser le corps comme support dun apprentissage social. (Collinet, op. cit.).
Dans cette logique pour Marsenach (1992), il semble intéressant et indispensable