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LES SPECTACLES LES MOINS CHERS SONT MAJORITAIRES DANS NOTRE ÉCHANTILLON MAIS LEUR AMPLITUDE DE DIFFUSION (NOMBRE DE LIEUX, NOMBRE DE REPRÉSENTATIONS) N’EST PAS

Dans le document Les échanges entre la France et l EuroPE (Page 65-68)

6) 66 % DES SPECTACLES ÉTRANGERS PRÉSENTÉS EN FRANCE SONT ORIGINAIRES D’EUROPE 56

E- LES SPECTACLES LES MOINS CHERS SONT MAJORITAIRES DANS NOTRE ÉCHANTILLON MAIS LEUR AMPLITUDE DE DIFFUSION (NOMBRE DE LIEUX, NOMBRE DE REPRÉSENTATIONS) N’EST PAS

SUPÉRIEURE AUX AUTRES

La consultation a permis de collecter des informations sur les prix de cession des spectacles lors de leur présentation à l’étranger. Il est vrai que les ventes réalisées pour un même spectacle ne s’opèrent pas systématiquement sur la base d’un unique prix de cession. Ce dernier est susceptible de varier en fonction du contexte de diffusion. Toutefois, cette difficulté n’a pas entravé la collecte de données. Les fourchettes prédéfinies correspondaient bien semble-t-il aux pratiques des compagnies qui ont rempli cet item de manière très satisfaisante : nous disposons de chiffres pour 788 spectacles sur 837.

Néanmoins quelques compagnies ont tenu a bien préciser que ce prix n’incluait pas les frais annexes - dits aussi frais d’approche - c’est-à-dire les frais liés au transport du matériel et du décor ainsi qu’au déplacement et à l’hébergement de l’équipe. Complémentaires au prix de cession, ils font effectivement l’objet le plus souvent d’une facturation distincte.

Nous savons en outre que des inexactitudes ainsi que des malentendus sont toujours susceptibles d’émerger dans toute tentative d’interprétation et de comparaison des prix et des coûts. Le montant d’une cession se négocie en fonction de divers critères et peut inclure une clause de dégressivité relative au nombre de représentations, qu’il n’est pas possible d’observer ici.

Ces précautions prises, les chiffres collectés seront considérés comme des indications sérieuses représentatives des pratiques et des réalités mais qu’il faudrait par la suite contraster et affiner.

Figure 68 - Prix de cession des spectacles

Effectifs % Compagnies Lieux

Moins de 1 000 € 103 12% 13 % 4 %

De 1 000 à 5 000 € 469 56% 58 % 34 %

De 5 000 à 10 000 € 157 19% 18 % 26 %

De 10 000 à 20 000 € 38 5% 4 % 10 %

Plus de 20 000 € 21 3% 2 % 9 %

Non réponse 49 6% 5 % 17 %

Ensemble 837 100% 100 % 100 %

Un fait marquant se dégage distinctement : 68 % des spectacles ont un prix de cession à l’étranger inférieur ou égal à 5000 €. A contrario, 3 % des spectacles font l’objet de transactions supérieures à 20 000 €.

L’examen croisé du prix de cession et de la catégorie de producteur montre que les prix de cession sont plus élevés lorsque les opérations sont réalisées par les lieux. Cette réalité peut être rapprochée de l’observation faite plus haut : les spectacles diffusés par les lieux sont aussi ceux qui requièrent le plus de personnes en tournée. Cependant, pour mener une analyse plus fine il faudrait pouvoir disposer d’éléments complémentaires dont la collecte nécessiterait une autre étude : déplacement des personnels permanents des lieux ; renommée de l’artiste directeur du lieu ; résultats selon les labels ; éléments (frais/charges) pris en compte pour fixer les prix de cession etc.

Figure 69 - Nombre de représentations et nombre de lieux d’accueil à l’étranger en fonction du prix de cession

Nombre de lieux Nombre de représentations

Moyenne Médiane Moyenne Médiane

Moins de 1 000 € 4,31 2 13,11 5

De 1 000 à 5 000 € 5,02 2 10,51 5

De 5 000 à 10 000 € 4,14 2 9,92 5

De 10 000 à 20 000 € 6,06 3 13,26 8

Plus de 20 000 € 4,47 2 9,26 2

Ensemble 4,64 2 10,71 5

Nous avons également cherché à savoir si le prix des spectacles avait une incidence sur le nombre de représentations et le nombre de lieux d’accueil. La corrélation n’est pas très nette. Mais les données collectées conduisent à plusieurs constats.

Les spectacles les moins chers - moins de 5000 € - sont les plus nombreux de notre échantillon.

Néanmoins ces spectacles ne font pas nécessairement l’objet d’un nombre important de représentations. Leur « petit prix » est susceptible de convaincre un programmateur, mais ne facilite ni la mise en œuvre de tournée dans un grand nombre de lieux différents, ni les séries dans un même lieu.

Figure 70a - Discipline du spectacle et prix de cession Moins de

1 000 € De 1 000

à 5 000 € De 5 000

à 10 000 € De 10 000

à 20 000 € Plus de

20 000 € Non réponse Ensemble

Arts de la rue 1 % 57 % 14 % 9 % 17 % 2 % 100 %

Cirque 9 % 63 % 16 % 12 % 100 %

Danse 8 % 58 % 26 % 5 % 3 % 100 %

Marionnettes/Théâtre d'objet 28 % 68 % 4 % 100 %

Théâtre 17 % 51 % 16 % 4 % 1 % 11 % 100 %

Transdisciplinaire/Performance 11 % 55 % 23 % 2 % 9 % 100 %

Discipline non-renseignée 17 % 22 % 13 % 13 % 35 % 100 %

Ensemble 12 % 56 % 19 % 5 % 3 % 6 % 100 %

Figure 70b - Prix de cession et discipline du spectacle

Arts de la rue Cirque Danse Marionnettes/

Théâtre d'objet Théâtre Transdisciplinaire/

Performance Non réponse Ensemble

Moins de 1 000 € 1 % 5 % 24 % 21 % 39 % 6 % 4 % 100 %

De 1 000 à 5 000 € 10 % 8 % 38 % 12 % 26 % 7 % 1 % 100 %

De 5 000 à 10 000 € 7 % 6 % 50 % 3 % 25 % 8 % 2 % 100 %

De 10 000 à 20 000

18 % 18 % 37 % 24 % 3 % 100 %

Plus de 20 000 € 67 % 5 % 14 % 14 % 100 %

Non réponse 4 % 18 % 51 % 10 % 16 % 100 %

Ensemble 10 % 7 % 36 % 10 % 28 % 7 % 3 % 100 %

Afin d’analyser les prix de cession en fonction de la discipline du spectacle, un double tri croisé a été réalisé.

Le fait le plus marquant concerne la marionnette, 96 % des spectacles sont vendus à moins de 5000€. Et 28 % font l’objet de transactions inférieures à 1000 €.

La tranche de 10 000 à 20 000 € est composée majoritairement de spectacles de danse (37 %) et de théâtre (24 %).

On remarque ensuite que la très grande majorité (85 %) des spectacles vendus plus de 10 000 € sont des spectacles de rue et 67 % des cessions supérieures à 20 000 € se rapportent à des spectacles de rue.

Enfin, 26 % des productions françaises destinées à l’espace public donnent lieu à des ventes supérieures à 10 000 €. Rappelons qu’il a été montré plus haut que ces productions sont précisément celles qui requièrent la présence d’un grand nombre de personnes en tournée.

Nous soulignons également les résultats du champ chorégraphique. L’économie de la danse est réputée légère. Les spectacles sont souvent peu gourmands en décor et en interprètes. Rien dans les données ci-dessus ne vient contredire cette réalité du secteur. Néanmoins, nous observons que les spectacles de danse diffusés à l’étranger ne sont pas moins chers que ceux d’autres disciplines. Seulement 8 % d’entre eux sont vendus à l’étranger moins de 1000 €, c’est-à-dire bien moins que pour la marionnette (28 %) ou le théâtre (17 %) et même un peu moins que le cirque (9 %). De plus 31 % font l’objet de transactions supérieures à 5000 € (contre 4 % pour la marionnette, 28 % pour le cirque et 21 % pour le théâtre).

FIGURE 71 - PRIX DE CESSION ET ZONES DE DIFFUSION Europe Amérique

du Sud Maghreb-PMO Asie-Océanie Amérique

du Nord Europe centrale et

orientale Afrique Pays non-renseign é

Moins de 1 000 € 11 % 6 % 19 % 5 % 17 % 15 % 15 % 2

De 1 000 à 5 000 € 58 % 59 % 59 % 56 % 58 % 57 % 73 % 33

De 5 000 à 10 000 € 20 % 17 % 11 % 17 % 9 % 14 % 13 % 27

De 10 000 à 20 000 € 5 % 6 % 5 % 12 % 6 % 6 % 4

Plus de 20 000 € 2 % 5 % 5 % 4 % 5 % 5 % 13

Non réponse 4 % 6 % 1 % 6 % 5 % 3 % 20

Ensemble 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100

L’analyse des prix de cession en fonction de la zone géographique de diffusion permet de dégager des faits marquants.

Sur presque l’ensemble des points du globe, environ 60 % des spectacles français sont des spectacles vendus entre 1000 et 5000 €. Seul le continent africain se distingue nettement : près de 90 % des spectacles font l’objet de ventes inférieures à 5000 €. Aucun spectacle de plus de 10 000 € n’y circule.

Les productions françaises coûteuses circulent peu en Europe et ne pénètrent quasiment pas le marché nord-américain (ou le font au prix de rabais tels que le spectacle change de tranche budgétaire). En revanche, elles semblent avoir trouvé des axes de diffusion en Asie-Océanie.

Globalement, on n’observe pas de corrélation systématique entre le nombre de kilomètres et le prix de vente (hors frais d’approche).

Les croisements entre prix de cession et zone de diffusion pays limitrophes/non-limitrophes ne sont absolument pas révélateurs de dissimilitudes. Là aussi, les données indiquent que le facteur distance n’influe pas sur le montant des transactions.

En définitive, les spectacles français sont-ils chers ? Pour l’heure, les éléments rassemblés ne permettent pas de trancher.

La question est incontestablement essentielle, mais y répondre nécessiterait de conduire des rapprochements et des comparaisons au moins à l’échelle européenne, en tenant compte de la variété des contextes nationaux (modes de production et de diffusion, politiques culturelles, conditions de travail et de rémunérations des intervenants, taille des productions etc.). Et il est à craindre que dans de nombreux pays les données requises ne sont tout simplement pas collectées.

En l’absence de données nous pouvons néanmoins reprendre quelque uns des témoignages apportés en entretiens et dans les questions ouvertes du formulaire en ligne. Ce point n’était pas abordé de manière systématique mais a fait l’objet de remarques intéressantes.

Certains de nos interlocuteurs ont spontanément rappelé l’importance de l’approche comparative permettant d’apprécier les prix de cession français avec ceux d’opérateurs étrangers équivalents pour des spectacles équivalents.

-« Les Allemands et même les Polonais sont également chers. Les systèmes reposent sur des troupes permanentes, une importante masse de personnels est donc « attachée » à chaque spectacle, ce qui est très coûteux ».

-« Lorsque la Schaubühne est venue créer chez nous, ils sont arrivés à "quarante"…».

D’autres tiennent à ce que les différences dans les modes de production soient prises en compte.

-« Les Belges sont capables d’être moins chers notamment quand la production est assurée par un bureau. Ce dernier vend quelques spectacles très chers et fait de l’argent sur ces gros projets. Il peut ensuite se permettre d’être beaucoup moins cher sur d’autres spectacles, des projets plus petits, des artistes moins connus (péréquation, lissage financier entre les pertes et risques). De cette façon, ils obtiennent plus de tournées et de séries ce qui leur permet de rentabiliser l’activité ».

-« Oui, nous sommes chers. Lorsque la masse salariale est assurée, alors toutes les ventes sont des marges, c’est le cas des flamands qui disposent d’importantes subventions ou des CCN en France. Pour ce qui nous concerne, il n’y a pas de prise en charge des frais permanents. Nous devons les répartir sur les projets, et en conséquence sur le prix de ventes des spectacles ».

Il n’est pas pour l’heure possible de répondre à cette interrogation relative à la cherté des spectacles français.

En revanche, la consultation a permis d’évaluer si la baisse du prix en cas de vente à l’étranger était une pratique courante.

F- POUR 63 % DES SPECTACLES, LES VENTES À L’ÉTRANGER FONT L’OBJET D’UNE BAISSE DU PRIX

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