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L’IMPORTANCE ET LA STABILITÉ DES MOYENS HUMAINS ET FINANCIERS DES COMPAGNIES INFLUENT SUR LEUR VOLUME DE DIFFUSION À L’ÉTRANGER ET VICE VERSA

Dans le document Les échanges entre la France et l EuroPE (Page 52-55)

6) 66 % DES SPECTACLES ÉTRANGERS PRÉSENTÉS EN FRANCE SONT ORIGINAIRES D’EUROPE 56

D- L’IMPORTANCE ET LA STABILITÉ DES MOYENS HUMAINS ET FINANCIERS DES COMPAGNIES INFLUENT SUR LEUR VOLUME DE DIFFUSION À L’ÉTRANGER ET VICE VERSA

Il a été demandé aux compagnies de préciser le montant de leur budget pour l’année 2009. Reposer l’observation sur une unique année de référence est délicat dans la mesure où les écarts de volume budgétaire peuvent être significatifs d’un exercice à l’autre. Ces variations annuelles étant liées au calendrier de production. Toutefois, l’objectif ne consistait pas à mener une analyse affinée de ces aspects financiers. Il s’agissait de dessiner des tendances et de repérer l’impact du potentiel budgétaire et du taux de subventionnement sur la capacité à développer des activités de diffusion à l’étranger.

Figure 41 - Budget des compagnies

0 % 5 % 1 0 % 1 5 % 2 0 % 2 5 % 3 0 % 3 5 % 4 0 %

N o n ré p o n s e C a t 4 - s u p é rie u r à 4 0 0 0 0 0 C a t 3 - d e 1 5 0 0 0 0 à 4 0 0 0 0 0 C a t 2 - d e 5 0 0 0 0 à 1 5 0 0 0 0 C a t 1 - In fé r ie u r à 5 0 0 0 0

C o m p a g n ie s " o u i"

C o m p a g n ie s "n o n "

Afin de faciliter ce repérage quatre catégories budgétaires63 ont été définies. Chacune comporte suffisamment d’effectifs pour être pertinente et représentative.

53 % des compagnies « oui » ont disposé d’un budget supérieur à 150 000 € en 2009, contre 25% pour les compagnies « non ». Les données présentées valident la corrélation entre l’importance du budget des équipes et leur capacité à diffuser leur travail à l’étranger. Les compagnies dont le budget est le plus élevé sont celles qui diffusent le plus de spectacles hors de France et ont l’opportunité d’assurer le plus grand nombre de représentations.

Figure 42 - Volume de diffusion à l’étranger sur les quatre années de référence selon le niveau budgétaire de la compagnie Nombre de spectacles Nombre de lieux d’accueil Nombre de représentations

Moyenne Médiane Moyenne Médiane Moyenne Médiane

Cat1 - Inférieur à 50 000 € 1,91 2 4 2 10,52 6

Cat2 - de 50 000 à 150 000 € 2,33 2 5,63 4 17,94 14

Cat3 - de 150 000 à 400 000 € 2,84 2 10,96 5 28,42 14

Cat4 - supérieur à 400 000 € 3,83 4 16,51 10 45,8 31

Ensemble 2,73 2 9,52 5 27,41 15

La logique observée repose sur une sorte de « cercle vertueux » : les compagnies qui disposent d’un potentiel budgétaire conséquent se créent plus d’opportunités de tourner à l’étranger, et les compagnies qui diffusent beaucoup accroissent de fait leur volume budgétaire.

63Cette répartition est proche de celle opérée dans d’autres études. Ce choix délibéré pourra éventuellement par la suite permettre des rapprochements statistiques.

Figure 43 - Taux de subventionnement des compagnies ayant répondu à la consultation Compagnies « oui » Compagnies « non » %

Moyenne 37 % 44 % 42 %

Médiane 34 % 40 % 37 %

Les compagnies « oui » ne sont pas nécessairement celles qui présentent la plus forte proportion de subvention dans leur budget global. Le taux de subventionnement moyen (afférent à 2009) des compagnies « oui » est de 37 %, celui des compagnies « non » est de 44 %.

Afin de ne pas commettre d’erreur sur le sens de ces résultats, nous insistons sur le fait qu’il s’agit de taux et non de montants. Seule une analyse détaillée des produits financiers permettrait de gagner en visibilité sur ce point.

Figure 44a - Taux de subventionnement des compagnies « oui » par tranches

Effectifs %

De 0 à 20 % 67 20%

De 21 à 40 % 96 29%

De 41 à 60 % 72 22%

Plus de 60 % 37 11%

Non réponse 62 19%

Ensemble 334 100%

Figure 44b - Taux de subventionnement des compagnies « non » par tranches

Effectifs %

De 0 à 20 % 34 18,00%

De 21 à 40 % 44 23,00%

De 41 à 60 % 36 19,00%

Plus de 60 % 34 18,00%

Non réponse 43 23,00%

Ensemble 191 100%

Le conventionnement a une réelle incidence sur la propension des compagnies à diffuser par-delà les frontières nationales.

Seulement 14 % des compagnies n’ayant aucune activité à l’international sont des compagnies conventionnées.

78 % des compagnies conventionnées ont déclaré avoir présenté au moins un de leurs spectacles à l’étranger au cours des quatre années de référence.

Ce mode de soutien semble donc garantir aux équipes qui en bénéficient une forme de socle financier sur lequel elles peuvent s’appuyer pour se projeter à l’international. Gagnant en visibilité et en stabilité pluriannuelle, elles s’autorisent plus facilement la prise de risque inhérente à la diffusion internationale. Les compagnies interrogées en entretien ont partiellement confirmé cette logique.

-« Certes par rapport à d’autres, être conventionnés est un vrai plus ».

-« Nous faisons le choix d'investir une part de notre conventionnement dans les projets à l'étranger ».

Toutefois, toutes ont fermement tenu à préciser que les montants garantis par les conventions sont à leurs yeux beaucoup trop faibles pour consolider et développer leurs projets internationaux dans des conditions correctes.

-« Oui, le conventionnement constitue un socle de financement, au sens où nous pouvons envisager d’investir à l’étranger, mais non au sens où la prise en charge financière est beaucoup trop faible ».

-« Les aides sont véritablement trop faibles. Nous ne recevons que 45 000 € dans la cadre de notre conventionnement ».

La comparaison avec les modèles flamands et néerlandais a été spontanément menée à plusieurs reprises.

-« Il nous manque des outils plus performants. Une compagnie flamande comme TG Stan reçoit plus de 500 000 € par an, ce qui leur permet de couvrir entièrement leur masse salariale et de mener des projets internationaux. Avec mes 80 000 € annuels, je n’ai pas d’autre choix que de financer ma masse salariale par l’activité ».

-« Au Pays-Bas, les conventionnements sont sur 4 ans et avec des sommes autrement plus conséquentes.

Ivana Müller par exemple dispose de 150 000 € ».

Mener plus avant cette comparaison nécessiterait de prendre en compte des paramètres contextuels très différents et de présenter plus avant les dissimilitudes entre les enjeux ainsi que les logiques en jeu64. Cela étant un rapprochement des chiffres n’est pas inutile.

En France, près de 290 compagnies ont bénéficié d’un conventionnement entre 2007 et 201065 . Et le niveau moyen de conventionnement s’élève à 70 000 €.

En Flandre, en 2010, concernant les compagnies de théâtre, 44 équipes ont été subventionnées dans le cadre du Décret des Arts. Le soutien annuel le plus faible est de 125 000 € et la moyenne est de 600 600 €. Des compagnies comme TG Stan ou Troubleyn/Jan Fabre ont reçu respectivement 740 000 et 1 050 000 €. Dans le secteur chorégraphique, 11 compagnies ont été subventionnées pour un total de plus de 6,3 millions d’euros soit en moyenne 570 000 € par compagnie, le montant minimum étant de 120 000 €. Rosas et les Ballets C. de la B. ont reçu respectivement 1 605 000 et 1 000 000 €.

Ainsi, en Flandres le nombre de compagnies soutenues au titre du Décret des Arts (KunstenDecreet) n’est pas très important66. Les structures subventionnées flamandes se répartissent en deux catégories : d’un côté celles qui bénéficient d’une aide structurelle pluriannuelle, de l’autre celles qui peuvent prétendre aux subventions au projet et qui ne sont pas sûr d’avoir une continuité de financement. Dans le système français, un certain nombre d’artistes ont accès à des moyens similaires à la première de ces deux catégories en prenant la tête d’établissements labellisés ou en bénéficiant d’aides publiques importantes en soutien à l’activité de leur compagnie. Rappelons en outre que les équipes françaises peuvent cumuler plusieurs type d’aides publiques - nationales et locales.

Ann Olaerts, directrice du VTI (Vlaams Theater Instituut) jusqu’en octobre 2010, nous décrit plus avant le système flamand dans lequel la puissance publique reconnaît aux compagnies la compétence pour l’utilisation de subventions, excluant de facto la notion de cahier des charges : « L’international est inclus dans l’enveloppe structurelle de la compagnie. Les compagnies financées sur quatre ans ont la liberté de gérer ces financements, sans refaire de demande spécifiques sur l’international. Ce système repose sur la confiance en la responsabilité des compagnies et respecte leur liberté. Mais bien sûr, l’enveloppe financière doit être suffisante. »

La prise en compte des activités internationales d’une équipe dans le soutien qu’elle reçoit des pouvoirs publics a également été un point désigné comme essentiel par nos interlocuteurs français.

Si certaines compagnies parviennent à valoriser leurs activités à l’étranger auprès des financeurs, d’autres peinent à faire prendre en compte les importants surcoûts liés à l’organisation de dates hors de France, difficultés illustrées par le témoignage suivant : « Il faudrait pouvoir intégrer l’approche internationale dans son parcours, et ne pas considérer ces projets comme un plus, une cerise sur le gâteau. Il faut que les financeurs considèrent que le parcours d’un artiste peut être à l’international pour de la diffusion ou de la coopération ».

Figure 45 - Affectation de personnel spécifiquement aux activités internationales des compagnies et des lieux

% compagnies % lieux

Non 54% 78 %

Oui 40% 15 %

Non réponse 7% 7 %

Ensemble 100% 100 %

Figure 46 - Durée du travail des personnes affectées spécifiquement aux activités internationales des compagnies

Effectifs %

100% (plein temps) 4 3%

50% (mi-temps) 17 13%

Moins de 50 % 112 84%

Ensemble 133 100%

64Cf. à se sujet Metamorphoses, performing arts in Flanders since 1993, Joris Janssens and Dries Moreels, Vlaams Theater Instituut, Bruxelles, octobre 2007, et L’organisation des structures de production et de diffusion de théâtre et de danse en Flandres (Belgique), La Belle ouvrage, note descriptive commandée par le Conseil de la Création Artistique, juillet 2009.

65L’ensemble de compagnies françaises sollicitées pour la présenté étude comprend 289 compagnies conventionnées recensées par les centres de ressources nationaux qui nous ont communiquées leurs données.

66En outre, subventionner à des niveaux très élevés et sur quatre années un même ensemble d’équipes tendrait à créer un effet de goulot et à figer le paysage, autrement dit les compagnies les plus jeunes et les moins reconnues peineraient à accéder au dispositif, et la sortie du système s’avèrent souvent brusque et radicale.

40 % des compagnies menant des actions à l’international déclarent affecter spécifiquement du personnel à ces activités. 3 % y dédient un équivalent temps plein. Dans la très grande majorité des cas (plus de 80 %), ce personnel consacre moins de la moitié de son temps à ces activités.

Seulement 4 établissements sur 27 (15 %) ont déclaré affecter du personnel spécifiquement à leurs activités internationales.

Dans le document Les échanges entre la France et l EuroPE (Page 52-55)