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Matériel et méthodes

1|50 Souches/ patients

(n=45) 0% (0) 24,44% (11) 0% (0) 0% (0) 0% (0) 97,77% (44) Souches/environ-nement (n=36) 0% (0) 11,11% (4) 0% (0) 0% (0) 0% (0) 94,44% (34) Total (n=81) 0% (0) 18,51% (15) 0% (0) 0% (0) 0% (0) 96,29% (78)

Les taux de réduction logarithmique de l’inoculum initial sont présentés dans les tableaux XVIII, XIX, XX, XXI et XXII.

Pour mieux comparer le potentiel antibactérien des produits testés, on a établit des figures représentant les taux de la réduction logarithmique efficace (supérieure ou égale à 5) de l’inoculum initial par chaque produit. Les produits qui gardent une activité partielle même à des concentrations très inférieures aux concentrations d’utilisation étaient Septeal® et Surfanios®. (Figure 14, 15, 16, 17 et 18)

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Tableau XVIII : Taux de réduction logarithmique des différentes dilutions de Bétadine

scrub®

Taux de réduction BTS PUR BTS 1|3 BTS 1|10 BTS

1|100 BTS 1|1000 ≥ 5 Log10 100% 81,48% 13,58% 0% 0% 4 Log10 0% 9,87% 0% 0% 0% 3 Log10 0% 3,70% 0% 0% 0% 2 Log10 0% 1,23% 3,70% 0% 0% 1 Log10 0% 3,70% 0% 0% 0% < 1 Log10 0% 0% 82,71% 100% 100%

Figue 14 : l’air des taux de la réduction logarithmique supérieure ou égale à 5 de Bétadine scrub®. ≥ 5 Log10 0% 20% 40% 60% 80% 100% BTS PUR BTS 1|3 BTS 1|10 BTS 1|100 BTS 1|1000 BTS PUR BTS 1|3 BTS 1|10 BTS 1|100 BTS 1|1000 ≥ 5 Log10 100% 81,48% 13,58% 0% 0%

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Tableau XIX : Taux de réduction logarithmique des différentes dilutions de Septeal®

Figue 15 : l’air des taux de la réduction logarithmique supérieure ou égale à 5 de Septeal®. ≥ 5 Log10 0% 20% 40% 60% 80% 100% SPT pur SPT 1|10 SPT 1|100 SPT 1|1000 SPT pur SPT 1|10 SPT 1|100 SPT 1|1000 ≥ 5 Log10 100% 92,59% 41,97% 0%

Taux de réduction SPT pur SPT 1|10 SPT 1|100 SPT

1|1000 ≥ 5 Log10 100% 92,59% 41,97% 0% 4 Log10 0% 3,70% 3,70% 0% 3 Log10 0% 0% 7,40% 0% 2 Log10 0% 1,96% 2,46% 0% 1 Log10 0% 0% 2,46% 0% < 1 Log10 0% 2,5% 37,03% 100%

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Tableau XX : Taux de réduction logarithmique des différentes dilutions de l’ALCOOL70°

Taux de réduction AL pur AL 1|2 AL 1|10 AL 1|100 AL 1|1000

≥ 5 Log10 100% 74,07% 12,34% 0% 0% 4 Log10 0% 16,04% 8,64% 2,46% 0% 3 Log10 0% 2,46% 9,87% 1,23% 1,23% 2 Log10 0% 3,70% 22,5% 1,23% 0% 1 Log10 0% 0% 3,70% 0% 0% < 1 Log10 0% 6,17% 43,2% 95,06% 98,76%

Figue 16 : l’air des taux de la réduction logarithmique supérieure ou égale à 5 de l’alcool éthylique 70°. ≥ 5 Log10 0% 20% 40% 60% 80% 100% AL pur AL 1|2 AL 1|10 AL 1|100 AL 1|1000 AL pur AL 1|2 AL 1|10 AL 1|100 AL 1|1000 ≥ 5 Log10 100% 74,07% 12,34% 0% 0%

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Tableau XXI : Taux de réduction logarithmique des différentes dilutions de Surfanios®

Taux de réduction SF 1|400 SF 1|1000 SF 10-4 SF 10-5 SF 10-6 ≥ 5 Log10 100% 82,71% 20,98% 0% 0% 4 Log10 0% 2,46% 2,46% 0% 0% 3 Log10 0% 3,70% 3,70% 0% 0% 2 Log10 0% 2,46% 0% 0% 0% 1 Log10 0% 1,23% 1,23% 0% 0% < 1 Log10 0% 7,5% 71,60% 100% 100%

Figue 17 : l’air des taux de la réduction logarithmique supérieure ou égale à 5 de Surfanios®. ≥ 5 Log10 0% 50% 100% SF 1|400 SF 1|1000 SF 10-4 SF 10-5 SF 10-6 SF 1|400 SF 1|1000 SF 10-4 SF 10-5 SF 10-6 ≥ 5 Log10 100% 82,71% 20,98% 0% 0%

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Tableau XXII : Taux de réduction logarithmique des différentes dilutions du Produit X

Taux de réduction PDT X pur PDT X 1|10 PDT X 1|50 PDT X 1|100 PDT X 1|1000 ≥ 5 Log10 86,4% 54,32% 3,70% 0% 0% 4 Log10 2,46% 1,23% 0% 0% 0% 3 Log10 8,75% 8,64% 0% 0% 0% 2 Log10 1,25% 0% 0% 0% 0% 1 Log10 0% 2,46% 0% 0% 0% < 1 Log10 1,25% 54,32% 96,29% 100% 100%

Figue 18 : l’air des taux de la réduction logarithmique supérieure ou égale à 5 du produit X. ≥ 5 Log10 0,00% 5,00% PDT X 1|50 PDT X 1|100 PDT X 1|1000 PDT X 1|50 PDT X 1|100 PDT X 1|1000 ≥ 5 Log10 3,70% 0% 0%

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Le contrôle des épidémies causées par Acinetobacter baumannii est un énorme défi. Le réservoir environnemental hospitalier persistant est à l’origine d’une contamination ou d’une colonisation. La pratique de la désinfection et du lavage des mains ainsi que des locaux sont d'une importance capitale pour la limitation de ces épidémies [24]. Si de nombreuses études ont été consacrées à l'émergence et la diffusion de la résistance d’A.baumannii aux antibiotiques, seules quelques-unes ont examiné l’émergence possible d'une résistance aux antiseptiques et désinfectants.

La réalisation d’un geste d’hygiène des mains est un des gestes fondamentaux de la prévention des infections associées aux soins (IAS).

MORTIMER a bien montré, dans une étude déjà ancienne, la différence de

fréquence d’acquisition de S. aureus par une infirmière selon qu’elle se lavait ou non les mains (quatre fois plus fréquent et plus rapide en l’absence d’hygiène des mains) [25]. Plus récemment, PITTET a montré la diminution des taux d’IAS quand l’observance de l’hygiène des mains augmente [26]. Par ailleurs, une étude assez récente sur les entérocoques résistants à la vancomycine a montré que 10,6 % des sites non colonisés d’un patient le devenaient suite à un contact avec les mains d’un soignant. Celles-ci étaient elles-mêmes contaminées par contact avec un patient colonisé ou avec son environnement [27].

La fréquence de la contamination des mains est estimée à 17 % après contact avec un patient porteur d’une bactérie multirésistante (BMR) [28]. LARSON a trouvé que les espèces d’Acinetobacter spp étaient les bactéries à Gram négatif les plus fréquentes et les plus persistantes qui contaminent les mains du personnel de santé, soit qu’il se lave régulièrement les mains ou pas [29].

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Les antiseptiques et les désinfectants ont des utilisations diverses. Un antiseptique peut être destiné pour l’antisepsie de la peau saine, de la peau lésée, des muqueuses ou des cavités internes. Quant au désinfectant, il peut être utilisé pour la désinfection des sols, des surfaces, des instruments, du matériel non stérilisable ou pour le traitement du linge.

Les différentes techniques d’hygiène des mains ont une efficacité variable. En effet, les mains restent contaminées par une flore transitoire après un lavage au savon doux mais ne le restent pas si elles sont traitées par un produit hydro-alcoolique [30].

L’utilisation des antiseptiques des mains à base d'alcool pour la décontamination de routine est recommandée par l'Alliance mondiale lancé en Octobre 2004 par l'Organisation mondiale de la Santé [31]. Le personnel de santé se fie habituellement aux allégations d'efficacité fournis par le fabricant, mais encore plus sur des listes positives fournies par les sociétés de contrôle des infections telles que l’Association d'hygiène appliquée en Allemagne (VAH) [32], la société autrichienne d'hygiène, de la microbiologie et la médecine préventive (ÖGHMP) [33] ou la Société française d'hygiène hospitalière (SFHH) [34]. Ces listes positives contiennent les produits antiseptiques et désinfectants conseillés à être utilisés. Elles sont très appréciées par les praticiens, car elles permettent une comparaison facile de l'efficacité des produits et sont considérées comme un paramètre de qualité en raison de l'évaluation neutre des données d'efficacité. Chaque société a ses propres exigences qui doivent être remplies avant qu'un produit peut être répertorié comme efficace pour un type spécifique d'application.

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Pour les antiseptiques des mains, l’efficacité bactéricide est généralement déterminée selon les normes européennes (EN) 13727, 13624 et 1500 avec une procédure d’application ressemblant à l'utilisation dans la pratique clinique. Il a été observé que certains antiseptiques des mains avec une assez faible concentration d'alcool sont répertoriés comme efficace pour la désinfection hygiénique des mains par la SFHH alors que certaines données publiées semblent le contredire [35].

Kampf et al. [36] ont évalué l'efficacité bactéricide de trois antiseptiques des

mains, répertoriés comme efficace dans une liste positive, selon la norme EN 1500. Les trois produits ont été testés à deux reprises et par trois laboratoires différents. Ces produits sont représentés dans le tableau ci-dessous (Tableau XXIII).

Tableau XXIII : les produits à base d’alcool testés par Kampf et al

Produit Principe actif (concentration)

Aniosgel 85® Ethanol (70%)

Aniosrub 85® Ethanol (70%)

Clinogel derme+® Ethanol + isopropanol (60% / 15%)

Selon les auteurs, Aniosgel 85® et Aniosrub 85® ont révélé une moyenne de réduction logarithmique significativement plus faible que celle de l’antisepsie de référence. Clinogel derme+® a remplit les exigences dans un seul laboratoire, mais a échoué dans les deux autres.

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Cette étude nous démontre que les données d'efficacité mentionnées dans une liste positive publiée par une société d'hygiène hospitalière doivent toujours être considérées avec prudence.

Notre étude s’est intéressée à trois antiseptiques d’usage courant, l’alcool éthylique 70°, la chlorhexidine et la polividone iodée, et à deux désinfectants, le chlorure de didécyldiméthylammonium et un produit X vendu dans le commerce et présenté comme un désinfectant à usage professionnel.

L’alcool éthylique à 70° est utilisé pour l'antisepsie des petites plaies superficielles et de la peau avant une injection. Il rentre dans la composition de plusieurs antiseptiques des mains. D’autres alcools, tels que le propanol et l’isopropanol, sont également utilisés comme agents antiseptiques des mains. Dans notre étude, l’alcool éthylique à 70° pur a été efficace contre la totalité des isolats d’A.baumannii. A la dilution 1|2, le taux de résistance était de 25,92% (n=21), dont 37,77% (n=17) des souches isolées à partir des patients et 11,11% (n=4) des souches environnementales. La différence de résistance entre les isolats issus à partir des patients et les isolats environnementaux était significative (p= 0,007). Les taux de la réduction logarithmique efficace (supérieure ou égale à 5) ont été de 100% à l’état pur, 74% à la dilution 1|2 et 12,34% à la dilution 1|10.

Wisplinghoff et al. [37] ont retrouvé des résultats grossièrement comparables vis-à-vis du propanol à 60%. Ces auteurs ont testé 24 souches d’A.

baumannii, incluant10 souches épidémiques, 10 souches sporadiques et 4

souches autres qu’A.baumannii (l’espèce génomique 3, A. johnsonii, A. lwoffii et

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produits testés on trouve le propanol 60%, la chlorhexidine et la povidone iodée. Le propanol 60% a permis une réduction ≥ 5 Log10 à des dilutions allant de l’état pur jusqu'à 1|1,5 après un temps de contact ≥ 30s pour les souches d’A.

baumannii sporadiques et pour l’Acinetobacter non-baumannii. Alors qu’à ces mêmes dilutions mais après un temps de contact de 15s, un nombre non négligeable de bactéries viables des souches sporadiques et épidémiques, ainsi que d’Acinetobacter non-baumannii a été résistant.A des dilutions de 1|2 et 1|3, le propanol n'a pas réduit de manière significative toutes les souches après tous les temps de contact testés. Dans l'ensemble, la réduction du nombre des souches épidémiques était plus faible en comparant avec celle des souches sporadiques à tous les temps de contact. Il en ressort que les souches épidémiques d’A.baumannii sont plus résistantes au propanol 60% que les souches sporadique.

Kampf et al [38] ont étudié dans un autre travail l’influence du volume

appliqué d’un antiseptique des mains à base d’alcool ainsi que la taille de la main sur l'efficacité de la désinfection chirurgicale des mains. Un ensemble de données de 269 tests résultant de treize expériences sur 75 sujets ont été analysés selon la norme EN 12791. Les mains ont été d'abord lavées pendant une minute avec du savon simple. Les valeurs initiales de la charge bactérienne ont été obtenues en frottant le bout des doigts dans un bouillon de trypticase soja pendant une minute. Chaque sujet a traité ses mains avec les quantités nécessaires pour les garder humides pendant trois minutes avec du propanol 60%. Les post-valeurs bactériennes ont été prises en deux temps ; immédiatement après l’application de l’antiseptique et après 3heures. Les résultats ont montré que l'application de petits volumes d’antiseptique pour la

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désinfection chirurgicale des mains est susceptible de donner des résultats d'efficacité moindres, indépendamment de la taille de la main.

La chlorhexidine et la polividone iodée, les deux autres antiseptiques testés, sont d’un apport important en matiere d’antisepsie cutanée et muqueuse.

La décontamination oropharyngée par des antiseptiques repose sur l’utilisation de ces deux produits. Elle a été étudiée en chirurgie cardiaque et chez des patients de réanimation. Les essais sont plutôt en faveur d’une telle utilisation, montrant une réduction de l’incidence des pneumopathies associées à la ventilation mécanique, sans réduction de la mortalité globale [39, 40, 41].

Au Maroc, aucune forme de chlorhexidine n’est actuellement disponible à la concentration utilisée dans les études les plus récentes (2 %).

Une méta-analyse a montré que la décontamination respiratoire sélective utilisant des antiseptiques avait une efficacité de 27% dans la réduction de la fréquence des pneumopathies associées à la ventilation en soins intensifs. Cependant il n’y avait pas d’effet significatif sur les autres infections acquises ni sur la mortalité [20].

La prévention des infections du site opératoire (ISO) se prépare en amont de l’acte chirurgical, avec, parmi d’autres mesures, la douche et l’hygiène bucco-dentaire.

L’objectif de la douche (ou de la toilette au lit) avant une intervention chirurgicale est d’éliminer la flore transitoire et de diminuer la flore résidente. Si l’intérêt de la douche avec un savon simple n’est pas discuté, l’utilité d’utiliser un savon antiseptique est discutée. La publication princeps est celle de Cruse

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chirurgicales. Ils constatent que le risque d’ISO est plus faible si les patients ont eu une douche avant l’intervention avec un savon antiseptique à base de chlorhexidine. De nombreuses études ont montré le contraire par la suite [43,44]. Une analyse de seize études publiées entre 1983 et 1992, dont neuf ont été retenues (incluant plus de 10 000 patients), avait conclut que la douche en pré-opératoire avec un produit antiseptique ne montrait pas une réduction des ISO [45]. La difficulté d’analyse se situe dans l’hétérogénéité des mesures additives, en particulier associant une antibiothérapie, et pour des actes chirurgicaux très différents.

Le digluconate de chlorhexidine à 0,5% (septeal®) est préconisé dans l'antisepsie des plaies chirurgicales ou traumatiques, certaines maladies de la peau avec infection, et l'antisepsie de la peau saine avant acte de petite chirurgie. Il est appliqué sur la peau sans rinçage.

Dans l’étude de Wisplinghoff et al [37], la chlorhexidine a montré une réduction logarithmique ≥ 5 à un temps de contact ≥ 30 s pour toutes les souches d’A. baumanni testées sauf pour une seule souche épidémique à des dilutions allant du produit pur jusqu'à 1|100.

Une autre étude a montré que le bain quotidien par la chlorhexidine dans l'unité des soins intensifs réduisait le taux d’acquisition des espèces

d’Acinetobacter baumannii résistantes aux carbapénèmes de 51,8% (P <0,001).

Il réduisait également de manière significative le taux de l’incidence (P <0,001). Cependant, il n’avait pas d’influence sur les taux de prévalence [46].

Dans notre étude, la chlorhexidine à l’état pur a montré une efficacité contre l’ensemble des 81 isolats testés. Cette efficacité est conservée

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partiellement jusqu’à la dilution 1|100 avec 50,02% (n=47) des isolats sensibles. La différence de résistance entre les isolats issus des prélèvements des patients et les isolats environnementaux n’a pas été significative. Les taux de la réduction logarithmique efficace ont été de 100% à l’état pur et de 92,59% à la dilution 1|10. En comparant ces taux avec ceux de l’alcool éthylique 70°, la chlorehxidine se montre potentiellement plus efficace.

La mauvaise pénétration de la chlorhexidine à travers la peau limite son efficacité contre les microorganismes résidants sous les couches superficielles de la peau, notamment les follicules pileux et les glandes sébacées. Ces microorganismes persistants, qui comprennent les staphylocoques à coagulase négative, les bactéries anaérobies tels que Propionibacterium spp, et Candida spp, peuvent ensuite provoquer une infection lorsque la barrière protectrice de la peau est interrompue durant un acte chirurgical.

Dans le but d’améliorer cette pénétration, une étude évaluant l’amélioration de la pénétration de la chlorhexidine en association avec de l’huile d’eucalyptus a été réalisée [47]. La pénétration de la chlorhexidine a été étudiée sur un échantillon de peau humaine d’un donneur en utilisant la cellule de diffusion de Franz. La chlorehxidine à 2% dans différentes concentrations d'huile d'eucalyptus et d'alcool isopropylique 70% a été appliquéé sur l’échantillon de peau. La concentration de la chlorehxidine (µg / mg de la peau) a été déterminée à une épaisseur de peau de 1500 µm par chromatographie en phase liquide à haute performance. Cette étude a montré que 10% de l’huile d’eucalyptus en combinaison avec l'alcool isopropylique 70% a amélioré de manière significative la pénétration de la chlorhexidine à travers la peau.

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La polyvinylpyrrolidione iodée à 4% (Bétadine scrub®) est le 3ème antiseptique qui a fait l’objet de notre étude. Il s’agit d’une solution moussante à base d’iode qui permet le lavage antiseptique et chirurgical des mains, l’antisepsie de la peau saine, la douche préopératoire, et pour lesquels elle doit être utilisée selon le fabriquant à l’état pur. Pour la détersion des plaies souillées, il est préconisé de l’utiliser dilué au tiers (1|3).

Dans notre étude, touts les isolats ont été sensibles à la Bétadine scrub® pur. Tandis qu’à la dilution 1|3 (dilution préconisée pour la détersion des plaies),

18,51% (n=15) isolats ont été résistantes, dont 24,44% (n=11) des souches isolées

à partir des patients et 11,11% (n=4) des souches environnementales. La différence de résistance entre les isolats issus des prélèvements des patients et les isolats environnementaux n’a pas été significative (p=0,125). Tandis qu’à la dilution 1|10, cette différence de résistance en fonction de l’origine a été significative (p<0,05) avec un taux de résistance de 100% des isolats des patients contre 69,44% des isolats environnementales. Les taux de la réduction logarithmique efficace ont été de 100% à l’état pur, 81,48% à la dilution 1|3 et 13,58% à la dilution 1|10.

Cette sensibilité a été observée par Wisplinghoff et al [37] et ce, quand la

Bétadine scrub® pur a permis une réduction logarithmique ≥ 5 en tout temps

de contact (15s, 30s, 60s et 120s) pour les souches sporadique, les souches épidémiques et pour l’A. non baumannii.

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L’hygiène des locaux joue aussi un rôle important dans la transmission croisée d’Acinetobacter baumannii. La survie prolongée d’A. baumannii dans un environnement clinique sec, par exemple, sur les rails des lit des patients, a été corrélée à des épidémies continues en soins intensifs [48].

Au cours d’une épidémie à Acinetobacter baumannii survenue sur une période de 14 mois dans une unité de soins intensifs de neurochirurgie, le nombre de patients infectés ou colonisés était corrélé au nombre d'isolats environnementaux (p=0,004) [49].

La majorité des produits détergents-désinfectants pour sols et surfaces et qui peuvent être utilisés à proximité des patients sont à base d’ammoniums quaternaires seul [50] ou associé avec d’autres molécules (dérivés biguanidiques, aldéhydes, isopropanol, alkylamine, amino-acide, peroxyde d’hydrogène, éthanol…)

Certaines données indiquent que la résistance microbienne aux ammoniums quaternaires peut être développée et que ces produits peuvent avoir une plus grande efficacité contre les bactéries gram positif par rapport aux bactéries à Gram négatif [51,52].

Le chlorure de didécyldiméthylammonium en association avec le chlorhydrate d’aminoacides (Surfanios®) est un détergent–désinfectant sans aldéhyde. Il s’utilise à l’hôpital pour le bionettoyage des sols et des surfaces, dilué à 0,25 % (1/400) selon les recommandations du fabricant.

Dans notre étude, Surfanios® s’est montré efficace contre tout les isolats à la dilution préconisée (1|400). Au 1|1000, 17,28% (n=14) des souches ont été résistantes, dont 24,44% (n=11) des souches isolées à partir des patients et

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8,33% (n=3) des souches environnementales. La différence de résistance entre les isolats issus des prélèvements des patients et les isolats environnementaux n’a pas été significative.

Cette efficacité a été vérifiée par différentes études. Un travail portant sur 425 souches bactériennes s’est intéressé à l’étude de l’évolution éventuelle de la résistance des bactéries des flores hospitalières sous la pression de Surfanios®, qui est utilisé depuis près de dix ans. Parmi les souches testées, 78 souches d’Acinetobacter spp. différentes de A. baumannii restaient très sensibles à ce produit. Les auteurs de ce travail ont proposé l’utilisation du Surfanios® pour le bionettoyage des surfaces sèches, réservoirs d’Acinetobacter spp, plutôt que de suivre la rotation ou l’alternance des produits [53].

Reichel et al [54] ont évalué l'efficacité de plusieurs désinfectants de surface contre des espèces bactériennes cliniquement pertinentes avec ou sans profil de multirésistance (Acinetobacter baumannii, Klebsiella oxytoca,

Klebsiella pneumoniae, Serratia marcescens, Pseudomonas aeruginosa et Achromobacter xylosoxidans). Des produits à base d’ammonium quaternaire ont

figuré parmi les produits testés. Ces produits sont présentés dans le tableau ci-dessous (Tableau XXIII).

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Tableau XXIV : les produits à base d’ammonium quaternaires testés dans l’étude de Reichel

et al

produit Principe actif Concentration

d’utilisation

Mikrobac® forte Chlorure d’alkyldiméthybenzylammonium 0,5%

Kohrsolin extra Chlorure de didécyldiméthylammonium (+aldéhyde)

0,25%

Kohrsolin FF Chlorure de didécyldiméthylammonium, Chlorure d’alkyldiméthybenzylammonium (+aldéhyde)

0,5%

Les 3 produits étaient efficaces contre toutes les espèces testées incluant 3 souches d’A. baumannii.

Dans une étude de Martro et al [55], la sensibilité de neuf souches d’A.

baumannii, isolées au cours d'une épidémie à l’unité de soins intensifs, a été

évaluée vis-à-vis de plusieurs antiseptiques et désinfectants répondant aux normes européennes. Ces produits sont listés au niveau du tableau XXIV.

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