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I. GÉNÉALOGIE DU PLACARD

I. 3. Sortie du placard : quelles modalités ?

1. 3. a) Visibilité et progrès social : le contexte politique des années 1990

L’explosion de la visibilité des personnages gays au cours des années 1990 pourrait laisser penser que le climat politique du moment reflèterait ces avancées. L’érosion du placard télévisuel s’inscrit dans un contexte de crise identitaire, qu’elle a contribué à exalter. En effet, comme l’affirme Becker, la question de la différence sociale était source de préoccupation et transcendait les divisions partisanes :

In the early 1990s, America was obsessed with social difference. While multiculturalists celebrated it, conservative critics on both the New Right and Old Left warned us about it. In 1995 sociologist Todd Gitlin suggested that “American culture in the late twentieth century is a very stewpot of separate identities. Not only blacks and feminists and gays declare that their dignity rests on their distinctiveness, but so in various ways do white Southern Baptists, Florida Jews, Oregon skinheads, Louisiana Cajuns, Brooklyn Lubavitchers, California Sikhs, Wyoming ranchers, the residents of gated communities in Orange County, and the ‘militias’ at war with the U.S. government.” […] This proliferation of identities reflected and precipitated anxieties about the stability of American identity, its common cultural values, and the hierarchical relationship between a democracy’s normative majority and its social minorities.313

L’augmentation soudaine de la représentation des personnages LGBTQ+ à la télévision a, par conséquent, aggravé un sentiment généralisé de perte de statut chez ceux que Newt Gingrich aimait à qualifier « d’Américains normaux », et de délitement d’une conception monolithique et prétendument rassembleuse de « l’identité américaine ».314 L’affrontement entre cet éthos multiculturel et les résistances liées à cette crise identitaire constitue donc la toile de fond des événements politiques de la décennie.

En dépit du changement significatif advenu à la télévision en particulier, mais aussi dans la culture populaire au sens large, l’histoire politique des années 1990 nous montre que

313

Becker, op. cit., p. 25.

le mouvement des droits LGBTQ+ a connu une progression inégale.315 Selon Walters, c’est pendant les années 1990 que le mouvement LGBTQ+ a réellement « fait son coming-out » et s’est institutionnalisé :

It is not that gay political activists had previously been silent, but this time they organized as gays—a lavender bloc to be contended with. New organizations such as the Victory Fund, started in 1991, represent a dramatic coming out for gay politics, with gay money funneled to gay candidates.316

Ce « bloc lavande », comme Walters le désigne, s’est heurté à des forces réactionnaires, incarnées notamment par la Droite chrétienne, tout au long de la décennie, et au-delà. Pour autant, Walters nous invite à ne pas céder à l’utilisation du terme backlash pour décrire la période. En effet, contrairement au backlash antiféministe étudié en détail par Faludi, les activismes LGBTQ+ et conservateurs ont coexisté à la même période et ont milité simultanément.317

L’un des événements politiques les plus marquants du début des années 1990 a incontestablement été l’élection du premier président démocrate depuis Jimmy Carter seize ans plus tôt. À ce sujet, Becker déclare : « Contemporary observers consistently identified 1992 as a watershed moment for the gay and lesbian movement and its relationship to mainstream America ».318 Avant cette élection, les questions LGBTQ+ ne s’étaient jamais véritablement invitées dans le débat politique des campagnes présidentielles.319 Dans l’espoir de tirer profit de l’esprit multiculturaliste du moment, Bill Clinton a fait campagne en essayant de courtiser divers groupes minoritaires :

In the 1992 election, Mr. Clinton raised discrete fortunes from a gorgeous mosaic of diversity and correctness. From David Mixner and the gays he wrung immense sums on the promise of lifting the ban on homosexual service in “the military”—a promise he betrayed with his repellent “don’t ask, don’t tell” policy. From a variety of feminist circles he took even larger totals for what was dubbed “The Year of the Woman,” while he and his wife applauded Anita Hill for her bravery in “speaking out” about funny business behind the file

315 Walters, All the Rage, p. 33. L’expression utilisée par Walters est uneven development.

316 Walters, op. cit., p. 34-35.

317 Walters, op. cit., p. 46.

318

Becker, op. cit., p. 40.

cabinets. Some Jews—the more conservative and religious ones, to be precise—were massaged by Clinton’s attack on George Bush’s policy of withholding loan guarantees from the ultra-chauvinist Yitzhak Shamir.320

Ainsi, la visibilité acquise par les gays et les lesbiennes au cours de la décennie a transcendé le seul terrain culturel, et gagné en partie l’arène politique. Du reste, ce n’est qu’à partir de cette élection que la frange gay de l’électorat étasunien a été identifiée, et ciblée comme un gisement de votes à exploiter. Les cinq candidats démocrates se sont disputés les faveurs de cette niche électorale à la primaire.321 Les questions LGBTQ+ se sont avérées un des sujets les plus clivants de l’élection présidentielle de 1992. Par conséquent, le candidat démocrate n’a eu aucun mal à conquérir le vote gay. Clinton s’est imposé comme le premier candidat ouvertement gay-friendly pour plusieurs raisons.322 Lors d’une levée de fonds hautement médiatisée à Los Angeles, à l’occasion d’un discours adressé à un auditoire composé principalement de gays et de lesbiennes, ce dernier a déclaré : « I have a vision of America and you’re part of it ».323

Il s’était également engagé publiquement à mettre un terme à l’exclusion des gays et des lesbiennes de l’armée. Grâce à ses prises de position pro-gays, Clinton a reçu un total de plus de 2,5 millions de dollars de donations de la part de sympathisants gays.324 Pour l’anecdote, et afin d’établir une comparaison instructive, Bob Dole, candidat républicain à l’élection présidentielle de 1996, a symboliquement refusé une donation d’un montant de mille dollars de la part des Log Cabin Republicans. Les programmes des deux partis étaient très divergents en ce qui concerne les questions LGBTQ+. Même s’il comptait parmi les républicains les plus modérés à ce sujet, le président sortant, George Bush, avait déjà déclaré que la discrimination homophobe, bien qu’injuste, ne devait pas être rendue illégale.325 Par ailleurs, le programme du candidat républicain réitérait son engagement à maintenir la politique d’exclusion des gays et lesbiennes des forces armées, demandait l’interdiction légale de l’adoption par les homosexuels, et félicitait l’organisation « Boy Scouts of America » d’exclure de leurs rangs les adolescents gays et de proscrire le recrutement d’adultes homosexuels.326

Gross souligne que la rhétorique anti-gay utilisée à

320 Hitchens, Christopher, No One Left to Lie to: The Triangulations of William Jefferson Clinton, Sydney, Allen & Unwin, 2012, p. 27.

321 Becker, op. cit., p. 40.

322

Walters, op. cit., p. 31.

323 Becker, op. cit., p. 40

324 Eleveld, Kerry, Don't Tell Me to Wait: How the Fight for Gay Rights Changed America and Transformed Obama's Presidency, New York, Basic Books, 2015, p. 3.

325

Capsuto, op. cit., p. 416.

l’encontre des gays et des lesbiennes à l’époque restait largement impunie et était singulièrement virulente, plus que celle employée à l’égard d’autres minorités.327

Alors que la question de l’avortement faisait de moins en moins polémique, la Droite chrétienne s’est trouvée un nouveau cheval de bataille : la défense des « valeurs familiales ».328 Les gays sont ainsi devenus l’ennemi tout désigné de cette entreprise conservatrice :

[T]he Christian right focused instead on the " threat’' to family values (or, as Pat Buchanan said in his speech at the Republican convention, the need to wage a “cultural war”) posed by an evil and unholy alliance of feminists and gay activists. Lesbians and gays are the last group against whom it is still legal and acceptable to discriminate, publicly denigrate, and socially ostracize, thus making them good targets for a right-wing incensed by their inability to gather more public support.329

L’un des discours conservateurs les plus marquants et médiatisés de l’époque a indubitablement été celui de Pat Buchanan, prononcé lors de sa défaite dans la course l’investiture républicaine. Comme l’indique Capsuto, au cours de son allocution, « Pat Buchanan lambasted Bill and Hillary Clinton for consorting with ‘radical’ feminists and homosexuals, which he said put them on the wrong side in the ‘religious war . . . for the soul of America’, a war for the soul of ‘God’s country’ ».330

C’est également à l’occasion de cette prise de parole que Buchanan a employé pour la première fois l’expression culture war : un élément de langage qui a marqué durablement la culture politique étasunienne.

Malgré les engagements pris par Clinton pendant la campagne, ce dernier a laissé un bilan mitigé. Au cours de ses deux mandats, Clinton a nommé plus de 150 personnes LGBTQ+ à des postes à responsabilité, institué le mois de juin comme le « mois des fiertés » (Pride Month).331 Il est également à l’origine de la promulgation du décret 12968, entré en vigueur en août 1995, qui stipule expressément : « The United States Government does not discriminate on the basis of race, color, religion, sex, national origin, disability, or sexual orientation in granting access to classified information ».332 De plus, à la suite du meurtre de Matthew Shephard l’année précédente, Clinton a pris position dans son discours sur l’état de

327

Gross, op. cit., p. 14-15.

328 Walters, op. cit., p. 39.

329 Ibid.

330 Capsuto, op. cit.. p. 416.

331

Walters, op. cit.. p. 32.

l’Union de 1999 en faveur de l’adoption d’une législation sévère envers les crimes de haine, et d’une loi anti-discrimination dans le domaine de l’emploi : « Discrimination or violence because of race or religion, ancestry or gender, disability or sexual orientation, is wrong, and it ought to be illegal. Therefore, I ask Congress to make the Employment Non-Discrimination Act [ENDA] and the Hate Crimes Prevention Act the law of the land ».333 Soumis au vote à de nombreuses reprises, le projet de loi ENDA n’a néanmoins jamais été voté. Il est également le premier président à avoir nommé le premier intermédiaire entre la Maison blanche et les communautés gay et lesbienne (« White House liaison to the gay and lesbian communities ») en la personne de Marsha Scott.334 Eu égard à toutes ces premières fois, Clinton peut légitimement être considéré comme le président le plus gay-friendly que les États-Unis avaient connu jusqu’ici. Cependant, il est également resté dans les mémoires pour avoir institutionnalisé le placard dans l’armée lors de l’entrée en application de la politique du

Don’t Ask, Don’t Tell.335

De nombreux leaders gays ont interprété cette reculade comme une véritable trahison et lui ont retiré leur soutien.336 Dans le sillage de l’adoption de cette loi, le nombre de renvois de soldats gays a augmenté de 67% entre 1994 et 2001.337 Clinton a également suscité la déception de ses électeurs LGBTQ+ lorsqu’il a apposé sa signature au

Defense of Marriage Act (DOMA, 1996) voté à une forte majorité (85 voix pour et 14 voix

contre au Sénat ; 342 voix pour, et 67 voix contre à la Chambre des représentants).338 DOMA est le résultat d’un vent de panique généré par l’arrêt Baehr v. Miike rendu de la Cour suprême de Hawaii en 1993 :

En 1993, lorsque la Cour suprême d'Hawaii conclut dans l'affaire

Baehr v. Lewin que s'opposer à la délivrance de licences de mariage

aux couples homosexuels constitue une discrimination fondée sur le

333 President William Jefferson Clinton, The President’s State of the Union Address, Speech delivered at the United States Capitol, 19 janvier 1999. Consulté le 10 octobre 2020 :

<https://clintonwhitehouse4.archives.gov/WH/New/html/19990119-2656.html>

334

Dunlap, David W., Clinton Names First Liaison To Gay and Lesbian Groups, 14 juin 1995,

<https://www.nytimes.com/1995/06/14/us/clinton-names-first-liaison-to-gay-and-lesbian-groups.html> (consulté le 10 octobre 2020)

335 Fielding décrivait la politique du Don’t Ask, Don’ Tell, Don’t Pursue dans les termes suivants : « President Clinton, in announcing his policy concerning the service of gays, lesbians, and bisexuals, referred to the policy as an “honorable compromise.” Dubbed, “don’t ask, don’t tell, don’t pursue,” the policy states that applicants for service will no longer be asked their sexual orientation. At the same time, the policy formally prohibits members from uttering statements or engaging in actions that identify them as gay, lesbian, or bisexual. Finally, the policy offers new guidelines for investigating homosexuality in the military intended to allow gays, lesbians, and bisexuals to continue serving but only in secret ». Fielding, Ian R., « ‘Don’t Ask, Don’t Tell, Don’t Pursue’: A Critical Examination », Journal of Gay, Lesbian, and Bisexual Identity, No. 1, 1996, p. 111.

336 Capsuto, op. cit., p. 347.

337

Walters, op. cit. p. 37

sexe et donc une violation de la clause de protection égale, cette décision va déclencher un maelström politique et juridique tandis que la liberté du mariage devient un enjeu […].339

Cette décision a engendré une levée de boucliers bipartite : Clinton et Dole l’ont tous deux dénoncée.340 Au lendemain de Baehr v. Miike, dans le climat de panique identitaire susmentionné, l’institution du mariage a cristallisé les angoisses de l’époque :

Given the perception that heterosexual marriage was the last arena of public life that could protect the stability of straightness by cordoning off gayness, it isn’t surprising that politicians rushed to shore up Straight America’s monopoly on marriage in the 1990s. Fearful that Hawaii’s Supreme Court would legalize gay marriage and that the Constitution’s full faith and credit clause would force them to recognize such marriages, at least sixteen state legislatures passed laws forbidding same-sex marriages.341

La politique menée par Clinton a été qualifiée par un de ses conseillers, Dick Morris, de « triangulation ».342 Cette métaphore nautique fait référence à la quête incessante d’une troisième voie, d’un axe politique qui permette une synthèse des idéologies à droite et à gauche de l’échiquier politique. Les plus cyniques voient dans les prises de position de Clinton, ses volte-face et ses reculades une manœuvre politicienne dont le but était de tirer profit d’une partie de l’électorat progressiste sans pour autant s’aliéner les franges les plus modérées de l’aile gauche du Parti républicain. En pratique, cette ligne politique du « centre vital » suivie par Clinton conciliait progressisme en matière sociale et conservatisme fiscal.343 Même si les origines de cette synergie politique remontent aux années 1970, ce n’est qu’à partir des années 1990, dans les sociétés post-industrielles, qu’elle a pris de l’ampleur. Cette « nouvelle culture politique », selon l’expression de Terry Nichols Clark, a déstabilisé les clivages traditionnels qui avaient opposé démocrates et républicains jusqu’alors.344 D’aucuns ont assimilé la stratégie centriste de Clinton à un manque de conviction politique, tandis que d’autres ont loué son bilan et les avancées sociales pragmatiques, dans le contexte de l’époque, qu’il a permises. Nous nous garderons de nous prononcer quant au bilan mitigé de

339 Castet, op. cit., p. 21.

340

Becker, op. cit., p. 217.

341 Becker, op. cit., p. 218.

342 Wills, Gary, « The Clinton Principle », 19 janvier 1997,

< https://www.nytimes.com/1997/01/19/magazine/the-clinton-principle.html> (consulté le 10 octobre 2020).

343

Becker, op. cit., p. 122. 344 Ibid.

Clinton ; néanmoins, nous citerons quelques-unes des contradictions accumulées au fil de ses deux mandats :

True, he reserved more Government posts for women—only to dump Lani Guinier and Joycelyn Elders when they became embarrassments. True, he aimed at universal health care—while rejecting the single-payer option favored by the left. True, he asked the military to recognize gay rights (a matter not high on some gay agenda)—but he opposed gay marriage (a principal goal of prominent gay spokesmen like Andrew Sullivan). Clinton's own most prominent gay friend, the political activist David Mixner, concluded that he could not count on the President ''whenever principle comes up against political advantage.'' Mixner did not blame the President when security personnel wore surgical gloves to receive gay officeholders at the White House—but he noted ruefully that ''none of the guards felt that their behavior would cause any risk to their jobs.''345

Il importe de souligner ici que Clinton a dû revoir à la baisse un certain nombre de ses ambitions politiques et composer avec un Congrès largement dominé par les républicains dès 1994, suite à l’élection de mi-mandat qualifiée de « révolution républicaine ». En effet, les républicains, qui s’étaient massivement ralliés derrière Newt Gingrich, et son programme de campagne conservateur, Contract with America, ont obtenu de très nombreux sièges au Congrès.

Outre l’élection de Clinton, d’autres moments ont marqué l’histoire des droits LGBTQ+ dans les années 1990. L’événement militant le plus emblématique de la décennie est la Marche sur Washington d’avril 1993. Cette manifestation pour l’égalité des droits LGBTQ+, d’une envergure exceptionnelle, a donné aux manifestants, et au mouvement en général, une visibilité inédite. De plus, malgré la lenteur relative des progrès dans le domaine législatif, de nombreuses entreprises ont pris les devants et mis en place, individuellement, des politiques pro-gays. Le rapport de la Human Rights Campaign (HRC) intitulé « The State of the Workplace for Gay and Lesbian Americans: Why Congress Should Pass the Employment Non-Discrimination Act », cité par Walters, a révélé en 1996 que la plupart des entreprises du classement Fortune 500 prenaient en compte les gays et les lesbiennes dans leurs politiques de non-discrimination, et que nombre d’entre-elles proposaient des

dispositions avantageuses aux partenaires domestiques de leurs employés.346 Dans le contexte de l’émergence du marché gay et du capitalisme rose dans les années 1990, le secteur privé s’est donc emparé du sujet des droits LGBTQ+ et a contribué à les faire progresser rapidement. Comme l’a affirmé Melinda Paras, ancienne cadre dirigeante de la National Gay

and Lesbian Task Force : « the corporate boardroom is far outpacing the halls of government

when it comes to recognition of gays ».347

Parallèlement, les opposants à la cause LGBTQ+ se sont, eux aussi, organisés pour faire barrage à son avancée. Les premières campagnes militantes homophobes datent bien entendu d’avant les années 1990. La plus connue est probablement celle menée par Anita Bryant à partir de 1977 : « Save Our Children ». Néanmoins, elles n’ont véritablement proliféré qu’à partir de 1992 lorsque des groupes conservateurs ont accumulé suffisamment de signatures dans l’Oregon, le Colorado, ou le Maine afin d’organiser des référendums d’initiative populaire visant à exclure les gays et les lesbiennes de tout dispositif législatif anti-discrimination. La Ballot Measure 9 (Oregon, 1992) et la Maine Limiting Protected

Classifications, Question 1 (Maine, 1995) ont toutes deux été rejetées, mais l’amendement 2

a, quant à lui, été approuvé. Proposé par la Colorado for Family Values en réaction à des mesures locales pro-gays introduites dans les municipalités d’Aspen, Boulder et Denver, cet amendement à la constitution de l’État du Colorado avait pour objectif principal de refuser aux gays et aux lesbiennes le statut de minorité et ainsi les exclure des mesures anti-discrimination :

No Protected Status Based on Homosexual, Lesbian, or Bisexual Orientation. Neither the State of Colorado, through any of its branches or departments, nor any of its agencies, political subdivisions, municipalities or school districts, shall enact, adopt or enforce any statute, regulation, ordinance or policy whereby homosexual, lesbian or bisexual orientation, conduct, practices or relationships shall constitute or otherwise be the basis of or entitle any person or class of persons to have or claim any minority status, quota preferences, protected status or claim of discrimination.348

346 Walters, op. cit., p. 40.

347 Walters, op. cit., p. 42.

348 La section 30b. de l’article 2 de l’amendement 2 est citée dans la décision la décision de la Cour Suprême Romer v. Evans (1996) : Supreme Court of the Unites States Justices, « Romer v. Evans », jugement rendu le 20 mai 1996 : <https://www.law.cornell.edu/supremecourt/text/517/620> (consulté le 10 octobre 2020).

Un des enjeux majeurs de l’affrontement entre les militants LGBTQ+ et leurs opposants portait sur la notion juridique de « classification suspecte » (suspect class). Cette dernière,