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I. GÉNÉALOGIE DU PLACARD

I. 1. c) Placard professionnel : les acteurs gays

Après avoir établi une brève généalogie de l’économie politique du placard à la télévision et nous être intéressés aux différents dispositifs industriels qui l’ont perpétué, c’est à présent sur la question du coming-out des acteurs que se porte notre analyse. Dans sa définition du post-placard, Ron Becker ne fait porter son propos que sur l’univers diégétique des séries. Peut-on étendre la portée de son analyse et qualifier, à une époque où le nombre d’acteurs hors du placard n’a jamais été aussi élevé, ce milieu professionnel de post-placard, lui aussi ?

La une d’un numéro d’Entertainment Weekly (ANNEXE III) paru en 2012, et cité dans l’ouvrage de Julia Himberg,190

laisse entendre que oui. Elle arbore le titre « The New Art of Coming Out », ainsi que le portrait de plusieurs célébrités sorties relativement récemment du placard. Le contenu de l’article de Mark Harris intitulé « By the Way, We’re Gay » affirme que les modalités selon lesquelles les acteurs et actrices s’y prennent pour faire leur coming-out ne sont plus les mêmes qu’avant. Selon Himberg, l’expression « new art » renvoie à :

“New Art” refers to the casual references to their sexual identities celebrities now make as opposed to the kind of highly publicized fanfare that accompanied previous coming out stories (think of DeGeneres in 1997).191

Selon les propos de l’article, la banalité avec laquelle les célébrités font référence à leur sexualité fait écho à la notion de post-placard, telle que définie par Becker. Avant de pousser plus avant l’analyse de ces coming-outs d’un genre nouveau, nous allons nous intéresser à leurs versions plus anciennes. En effet, si le coming-out d’un acteur ou d’une actrice est prétendument devenu un non-événement, tel ne fut pas toujours le cas.

Dans une industrie dans laquelle l’apparence de l’hétérosexualité est imposée et le placard est la norme, tout manquement à ce régime disciplinaire ne peut être que saillant et s’accompagner de conséquences. Ainsi, les coming-outs de célébrités que l’on pourrait qualifier de old art constituaient de véritables événements. Himberg rappelle à juste titre que

190 Himberg, Julia, The New Gay for Pay: The Sexual Politics of American Television Production, Austin, University of Texas Press, 2018, p. 90.

le coming-out d’Ellen DeGeneres en 1997 avait fait l’objet d’une intense couverture médiatique. La pratique du coming-out était donc moins normalisée qu’elle ne l’est aujourd’hui et a longtemps entraîné des dangers pour la carrière de la personne qui s’y risquait. Ce fut le cas pour Ellen DeGeneres. Dans le documentaire Visible: Out on Television (Apple TV+, 2020), cette dernière narre avec précision les répercussions qu’elle a subies suite à son coming-out public.

Il est aisé d’imaginer les raisons qui ont poussé les acteurs célèbres à rester dans le placard. Certains d’entre eux avaient même fait carrière en jouant des rôles d’hommes à femmes. Sal Mineo, qui fut une des premières stars d’Hollywood de sa stature à évoquer publiquement sa bisexualité, a rappelé en 1972 que la sexualité de nombre de ses semblables faisait l’objet de rumeurs.192 Il cite notamment Gary Cooper, Montgomery Clift, Marlon Brando, Paul Newman ou encore James Dean. Bien que la majorité d’entre eux soient restés dans le placard jusqu’à leur mort, diverses biographies ont depuis lors confirmé la plupart de ces rumeurs, ou du moins documenté certaines amours masculines. Quatre ans plus tard, dans une interview donnée lors d’une de ses visites à Paris, Marlon Brando a fait publiquement son coming-out (de) bisexuel en faisant savoir que : « Like many men, I, too, have had homosexual experiences, and I am not ashamed ».193 Insistons sur le fait que Sal Mineo et Marlon Brando ont tous deux fait leur coming-out en tant qu’hommes bisexuels, et non gays. Une autre star d’Hollywood a connu une expérience du placard qui mérite que l’on s’y attarde. Bien que s’étant fait connaître en jouant des rôles de Casanova, Rock Hudson faisait lui aussi l’objet de commérages. Interrogé au sujet des soupçons relatifs à son homosexualité dans une interview donnée en 1980, il a apporté la réponse suivante : « Come on now. You’ve got the wrong guy ».194 Hudson ne s’est pas contenté de démentir les rumeurs qui circulaient à son sujet, il a également tenu des propos ouvertement biphobes dans un autre entretien accordé à Boze Hadleigh, qui avait interviewé Mineo dix ans plus tôt.195 Malgré sa volonté ferme de rester dans le placard, le 25 juillet 1985, il a annoncé publiquement qu’il était atteint du SIDA, et est décédé trois mois plus tard. La couverture médiatique de l’annonce du statut sérologique d’une célébrité de la stature de Hudson a grandement contribué à attirer l’attention de l’opinion sur l’épidémie du SIDA, qui avait été largement ignorée jusque-là.196

192 Hadleigh, Boze, Conversations with my Elders, New York, St Martin’s Press, 1987, passim.

193 Bryant, Wayne M., Bisexual Characters in Film: From Ana's to Zee, New York, Routledge, 2013, p. 128.

194 Bryant, op. cit., p. 129.

195

Ibid.

Hudson n’a néanmoins jamais fait de coming-out en tant que gay. Malgré la complicité des médias, le SIDA a rendu plus difficile le maintien posthume du placard des célébrités :

With the advent of AIDS it became more difficult to maintain the practice of denial about homosexuality, as more and more prominent men fell ill and died. But the media often cooperated in turning celebrity coffins into permanent closets. Despite the unprecedented publicity surrounding Rock Hudson’s involuntary coming out as the world’s most famous person with AIDS, other famous “bachelors” preferred to die of other causes.197

Parmi les célébrités dont on a tenté de maquiller la mort figure Liberace. Sur le certificat de décès, Ronald Daniels, son médecin personnel note qu’il a été emporté par une maladie cardiaque. Toutefois, contre l’avis de Daniels, le médecin légiste a exigé que soit pratiquée une autopsie qui a révélé que la mort était advenue véritablement des suites d’une pneumonie et de complications causées par le SIDA.198

Howard Bragman, interrogé dans un article de Michael Musto intitulé « le placard de verre » (« the Glass Closet ») explique :

I think there are four kinds of gays in Hollywood, explains Howard Bragman, CEO of the PR firm Fifteen Minutes. There’s the openly gay; the gay and everybody knows it but nobody talks about it; the married, closeted gay who doesn’t talk about it; and the screaming I’ll sue you if you say I’m gay person. In other words, the no closet, the glass closet, the cast iron closet, and the closet you get buried in.199

Selon cette typologie des placards, celui de Rock Hudson correspond au dernier type : celui dans lequel on est enterré. L’exemple de Liberace fournit, quant à lui, une illustration juste (et un peu paradoxale) à la fois du « placard de verre », du « placard en béton armé » et du « placard funéraire ». Même s’il était un grand pianiste, Liberace est resté dans les mémoires avant tout pour son style et ses tenues extravagantes : signifiants que d’aucuns auraient expressément associés à l’homosexualité, surtout à l’époque. Ilana Glazer, interviewée dans

Visible: Out on Television le rappelle avec insistance : « You gotta know, Liberace is the

197

Gross, op. cit., p. 110-111.

198 The Pittsburgh Press, « Liberace AIDS Confirmed », 10 février 1987,

<https://news.google.com/newspapers?id=mfgjAAAAIBAJ&sjid=L2MEAAAAIBAJ&pg=7016,5894101&dq=l iberace+denied+homosexual&hl=en> (consulté le 7 octobre 2020).

199

Musto, Michael, « The Glass Closet », 22 septembre 2008,

gayest gay »,200 tant et si bien que le nom de ce dernier est aujourd’hui plus associé à une homosexualité flamboyante qu’à ses qualités de pianiste. Cependant, en dépit de l’extrême transparence de son placard de verre, Liberace a engagé à plusieurs occasions des poursuites judiciaires afin d’exiger des démentis de la part des « coupables » d’insinuations relatives à son homosexualité présumée. Liberace gagna un premier procès en diffamation contre le

Daily Mirror, un tabloïd britannique, en 1956, puis un second contre Confidential, un

magazine à scandale, en 1957. En 1982, Scott Thorson, un ancien chauffeur de Liberace qui aurait vécu en concubinage cinq ans avec ce dernier, l’attaqua en justice pour requérir une pension alimentaire (palimony). À l’occasion de ce procès, Liberace a rappelé :

No, I’m not a homosexual. As I told a British court in 1959 when I won a $20,000 libel judgment against a London newspaper, my sexual feelings are the same as most people. I’m against the practice of homosexuality because it offends convention and society.201

L’affaire s’est soldée par un accord à l’amiable entre les deux parties. Dans le but de réfuter les rumeurs, Liberace, comme Rock Hudson, a tenu des propos homophobes. En effet, se contenter de nier ce genre d’allégations sans montrer que l’on réprouve moralement l’homosexualité aurait pu avoir pour effet de confirmer les soupçons, surtout à l’époque.

Ce fut le cas pour l’acteur William Haines dans les années 1930. À l’époque, le paradigme du placard ne s’était pas encore généralisé comme il l’est aujourd’hui, donc il serait anachronique de parler de coming-out. Toutefois, Haines, sans avoir rendu sa sexualité publique en sortant du placard, vivait depuis sept ans une relation avec James Shields au grand jour. Lorsqu’en 1933, Haines a été mis en état d’arrestation par un détective de la brigade des mœurs pour avoir fait monter un marin dans sa chambre à la YMCA,202

le co-fondateur des studios MGM, Louis B. Mayer a convoqué Haines à son bureau dans le but de lui demander de choisir entre sa vie personnelle et sa carrière. Mayer a incité fortement Haines à conclure un « mariage lavande » (lavender marriage), mais il a refusé. Cette pratique de mariage arrangé avait pour but de dissimuler la sexualité des époux, et était courante à l’époque. Selon l’anecdote, Haines aurait rétorqué à Mayer : « I am already

200

Visible: Out on Television, « The Dark Ages » (S01E01).

201 The Pittsburgh Press, « Liberace had last laugh on critics by ‘crying all the way to the bank’ », 5 février 1987,

<https://news.google.com/newspapers?id=lPgjAAAAIBAJ&sjid=L2MEAAAAIBAJ&pg=7055,2894925&dq=li berace+denied+homosexual&hl=en> (consulté le 7 octobre 2020).

married. I’ll be glad to give him up, just as long as you give up your wife ».203

Contrairement à Liberace et Hudson, Haines a refusé de nier son homosexualité et d’être poussé dans un placard opaque. Toutefois, dans le contexte des années 1930, s’abstenir de nier les rumeurs dans un geste indigné revenait à les confirmer. Haines, en décidant de se contenter d’un placard de verre aux yeux du grand public, a vu sa carrière d’acteur prendre fin prématurément.

Dans une industrie longtemps ouvertement si homophobe, le placard de verre a constitué le premier modèle de « visibilité » viable. Qu’en est-il dans un monde que l’on prétend post-gay et post-placard ? Quel besoin est-il encore de se maintenir dans le placard de verre ? Ce dernier fut initialement conceptualisé par Sedgwick dans Epistemology of the

Closet dans le but de mettre en lumière le privilège épistémologique de ceux qui « savent » :

After all, the position of those who think they know something about one that one may not know oneself is an excited and empowered one-whether what they think one doesn't know is that one somehow is homosexual, or merely that one's supposed secret is known to them. The glass closet can license insult ("I'd never have said those things if I'd known you were gay!" - yeah, sure); it can also license far warmer relations, but (and) relations whose potential for exploitiveness is built into the optics of the asymmetrical, the specularized, and the inexplicit.204

Musto a remis cette notion sur l’enclume pour lui conférer la définition suivante : […] [T]hat complex but popular contraption that allows public figures to avoid the career repercussions of any personal disclosure while living their lives with a certain degree of integrity. Such a device enables the public to see right in while not allowing them to actually open the latch unless the celebrity eventually decides to do so [themselves].205

La signification donnée par Musto au « placard de verre » est celle que nous allons mobiliser dans ce chapitre. Si un nombre sans précédent d’acteurs célèbres décident de sortir du placard,

203 Miller, William, « Refusing to Stay Silent: Remembering William Haines », 4 octobre 2018, <https://medium.com/@OnDitMagazine/refusing-to-stay-silent-remembering-william-haines-ea31057ad2c2> (consulté le 7 octobre 2020).

204

Sedgwick, Eve Kosofsky, Epistemology of the Closet, Berkeley, University of California Press, 1990, p. 80.

certains font encore le choix de rester dans le placard. Un épisode de South Park intitulé « Trapped in the Closet »206 diffusé pour la première fois en 2005 tourne en dérision l’Église de scientologie et laisse entendre, sans grande subtilité, que Tom Cruise et John Travolta sont dans le placard et qu’ils devraient en sortir car rien ne les retient de le faire. Plusieurs personnages leur assurent que leur coming-out n’aura aucune conséquence négative, accréditant par là même l’idée d’un monde post-gay. Le genre de tactique employé dans l’épisode de South Park n’est pas sans rappeler la pratique de l’outing, qui consiste à divulguer la sexualité d’une personne (une célébrité en particulier) sans son consentement. La série ne fournit aucune preuve des allégations qu’elle porte, et Tom Cruise et John Travolta les ont toujours démenties. Il est intéressant de voir que ces deux acteurs, comme l’acteur Vin Diesel, qui fait l’objet de rumeurs semblables, se sont notamment fait connaître dans des films d’action. Selon Michael Atlan, les producteurs de ce genre de films seraient particulièrement hostiles à ce que leurs stars sortent du placard.207 Cette contrainte générique s’incarne avec justesse dans le personnage Lito de la série Sense8 (Netflix, 2015-2018).

Au XXe siècle, la pratique existait déjà. Elle était assez fréquente au début des années 1990, répandue et défendue par des journalistes gays très célèbres tels que Michael Musto et Michelangelo Signorile qui s’obstinaient en dépit des controverses, dans un but politique, à « outer » des personnages publics.

L’outing n’a probablement jamais été pratiqué de façon aussi intensive que par Mario Armando Lavandeira Jr., mieux connu sous le pseudonyme Perez Hilton. L’auteur du blog à scandale PerezHilton.com a sorti de force un grand nombre de célébrités du placard, parmi lesquelles on compte Neil Patrick Harris, Lance Bass, Anderson Cooper, Jodie Foster208, Kevin Spacey ou encore Queen Latifah. À l’exception de Queen Latifah, toutes ces célébrités ont depuis fait leur coming-out. La dimension de cette pratique ne fait pas l’objet d’un consensus parmi les activistes. Certains, comme Hilton, estiment que :

I know there is some controversy about outing people, but I also believe the only way we're gonna have change is with visibility. […] And if I have to drag some people screaming out of the closet, then I

206 South Park, « Trapped in the Closet » (S09E12).

207

Atlan, Michael, « Hollywood n'est toujours pas prêt pour un acteur de film d'action ouvertement gay », 7 mars 2014,

<http://www.slate.fr/story/84139/hollywood-coming-out-acteur-action-gay> (consulté le 7 octobre 2020).

208 Bien sûr, Jodie Foster est souvent vue comme l’incarnation même du placard de verre, traditionnellement exprimée comme une vérité universellement connue mais pas encore confirmée officiellement par la célébrité concernée.

will. I think that lots of celebrities have an archaic fear that being gay will hurt their career but look at Rosie. Look at Ellen.209

A contrario, de nombreux activistes éminents se sont prononcés contre cette pratique qu’ils

estiment douteuse d’un point de vue éthique, voire cruelle.210211

Par ailleurs, tous ne sont pas d’accord quant aux modalités selon lesquelles le coming-out devrait se faire. L’acteur Noah Galvin a, par exemple, critiqué très sévèrement Colton Haynes car ce dernier avait initialement omis de produire l’énoncé « I’m gay » :

That's not coming out. That's fucking pussy bullshit. That's like, enough people assume that I sleep with men, so I'm just going to slightly confirm the fact that I've sucked a dick or two.212

Même si Galvin s’est empressé de présenter publiquement ses excuses à Haynes, il aura toutefois insinué qu’il existe une bonne et une mauvaise manière de sortir du placard, que le coming-out de Haynes n’était pas assez explicite et manquait par conséquent « de courage ». Les propos de Galvin, pour problématiques qu’ils sont, révèlent néanmoins que selon lui Haynes n’était pas allé suffisamment loin, et suggère par là même que le coming-out pourrait être conçu comme un processus scalaire, et qu’il existerait en quelque sorte des degrés de « déplacardisation » (outness).

Quoi qu’il en soit, dans un monde prétendument post-gay, il est clair que la sexualité des célébrités suscite encore un vif intérêt :

Sexual orientation, however, arguably demands an authenticity that other aspects of a celebrity’s life do not. At the same time that popular discourse appears to call for and claim a post-identitarian culture, there is an insistence that LGBT celebrities publicly come out. […] Although Bragman’s comment underscores the “management” of sexuality, especially in how LGBT celebrities engage with audiences,

209 Access Hollywood, « Did gossip blogger just out Lance Bass? », 27 juillet 2006,

<https://www.today.com/popculture/did-gossip-blogger-out-lance-bass-wbna14065223> (consulté le 7 octobre 2020).

210

Grant, Japhy, « Perez Hilton's gay witch hunt », 15 décembre 2006, <https://www.salon.com/2006/12/15/hilton_2/> (consulté le 7 octobre 2020)

211 Un ouvrage de Gross étudie précisément la dimension éthique de l’outing. Gross, Larry, Contested Closets: The Politics and Ethics of Outing, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1993, passim.

212

Jung, Alex E., « Noah Galvin Has Nothing to Hide », 9 juin 2016,

it also demonstrates that much of what goes on behind the scenes in the PR industry has very little to do with a post-gay agenda.213

Contrairement à ce qu’affirme le contenu de l’article d’Entertainment Weekly susmentionné, dans les faits, la décision d’une célébrité de sortir du placard n’est pas chose anodine et constitue, au contraire, l’objet d’une réflexion approfondie et d’une préparation minutieuse. En effet, il serait naïf d’interpréter le coming-out d’un personnage médiatique uniquement comme l’expression spontanée d’une volonté de ne plus vivre enfermé dans le placard. Depuis plusieurs décennies, les chargés de relations publiques assistent les célébrités dans ce processus afin de respecter leur individualité sans compromettre leur carrière. Howard Bragman s’est spécialisé dans cet artisanat, à tel point qu’on le surnomme désormais le « gourou gay des relations publiques » (PR gay guru) :

Over a career that spans more than thirty years, Bragman has carved out a space for himself as an expert in the public coming out process. He calls it “taking someone out” because of the ways he designs each client’s story for maximum positive public response and financial benefit. […] He detailed specific clients and the strategic moves he and his firm, Fifteen Minutes, make to guide a famous person through the mediated coming out experience. Some of these tactics —like asking someone to write a memoir to be promoted in concert with the pronouncement of their sexual orientation—reinforced my cynicism about the supposed “authenticity” of celebrity coming out stories, although most of what Bragman told me did not.214

L’annonce de l’identité sexuelle d’une célébrité est donc un geste médiatique prémédité qui