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CHAPITRE 2 VOIES SENSORIELLES POUR LA PERCEPTION DU MOUVEMENT

2.4. Somesthésie ou modalité somatosensorielle

2.4.

Somesthésie ou modalité somatosensorielle

La plupart des gens connaissent le sens du toucher. En revanche peu connaissent le terme somesthésie et sa signification. La somesthésie, que l’on désigne parfois par sensibilité du corps, est une modalité sensorielle regroupant les différentes sensations retransmises par la peau (qu’on appelle le « toucher ») mais également par les articulations, les tendons, les viscères… Elle intègre également le sens de la douleur. De nombreux récepteurs répartis dans tout le corps nous permettent d’avoir des informations sur l’environnement, sur la position des membres, la température des différentes parties du corps…

2.4.1. Le toucher

La peau présente plusieurs types de récepteurs différents servant pour la détection de vibrations, d’efforts de pression, de pincements, de frottements… Toutes ces sensations sont détectées et parfaitement distinguées. Toutefois, la répartition de ces récepteurs sur la peau est irrégulière. Des zones comme les mains ou le visage en sont plus pourvues que des zones comme le dos ou la cuisse par exemple. L’Homonculus (Figure 25) est une caricature d’un homme dont les parties du corps seraient grossies proportionnellement à la densité des récepteurs sensoriels présents à la surface du corps.

Figure 25 – Homonculus.

Caricature d’un homme pour lesquelles les organes sont grossis de façon proportionnelle à la densité des récepteurs sensoriels présents à la surface du corps.

Pendant la conduite, les récepteurs cutanés sont très sollicités, tout d’abord au niveau de la main pour le contact avec le volant. En effet, lorsqu’en sortie de virage par exemple on laisse doucement glisser le volant dans sa main pour ramener les roues en position neutre, ce sont les récepteurs liés au frottement qui nous permettent de réaliser cette action. La force exercée par les doigts sur le volant en dépend directement. Trop d’effort au niveau des doigts ne laisserait pas tourner le volant, et à l’inverse pas assez le laisserait tourner trop vite.

Les récepteurs liés à la pression sur la peau nous renseignent également sur l’accélération et le freinage du véhicule. Ils fournissent des informations complémentaires à celles fournies par le système vestibulaire. En effet, lors d’un freinage, le corps a tendance à être « projeté » vers l’avant (par rapport à la voiture). Et à l’inverse, le corps a tendance à se déplacer vers l’arrière de la voiture lors d’une accélération. Comme on est assis dans un

fauteuil et que l’on est attaché avec une ceinture de sécurité, la pression que ces deux éléments exercent, respectivement sur le dos et sur la poitrine, varie. Lors d’une accélération, la pression qu’exerce le fauteuil sur le dos augmente alors que celle de la ceinture sur la poitrine diminue. L’inverse se produit en cas de freinage.

2.4.2. Proprioception

Les informations somatosensorielles autres que celles relatives au toucher sont généralement regroupées autour du terme de proprioception. Tout comme le toucher, la modalité proprioceptive utilise plusieurs récepteurs différents. Toutefois, ils servent tous à fournir une information de position, que ce soit sur la position des membres ou des organes.

Chaque muscle est composé d’un assemblage de fibres musculaires. A l’intérieur même de ces fibres se trouvent des fuseaux neuromusculaires qui transmettent une information sur l’étirement du muscle. Il existe aussi des mécanorécepteurs articulaires (corpuscules de Raffini, corpuscules de Vater-Pacini) qui renvoient une information sur la position des articulations. Enfin, les organes tendineux de Golgi, situés comme leur nom l’indique dans les tendons (qui relient les muscles aux os), renvoient une information principalement sur la tension des muscles. Ainsi, à chaque instant, l’être humain est conscient (même avec les yeux fermés) de la position de ses membres et de l’effort exercé par les muscles pour être dans cette position.

Dans le cas qui nous intéresse, à savoir la conduite automobile, ces récepteurs vont apporter de nouvelles informations que le cerveau pourra utiliser pour créer la sensation de mouvement et connaître sa position dans l’espace. Par exemple, le simple fait de tourner le volant peut donner une information sur la vitesse de la voiture en fonction de l’effort qu’il a fallu pour le faire, de l’angle dont on a tourné le volant, etc. Les récepteurs proprioceptifs des muscles et des articulations qui ont servi à tourner le volant vont pouvoir fournir ces informations. Prenons un autre exemple. Lors d’un freinage ou d’une accélération, le conducteur cherche généralement à garder la tête verticale. L’effort que vont fournir les muscles du cou pour maintenir la tête verticale va dépendre directement de l’intensité de l’accélération (ou du freinage). Grâce aux organes tendineux de Golgi relatifs aux muscles du cou, cet effort va pouvoir être mesuré et interprété ensuite par le cerveau.

Les derniers types de récepteurs proprioceptifs sont ceux liés aux viscères, ces dernières pouvant se déplacer à l’intérieur du corps humain. Ils vont renvoyer une information au cerveau en fonction du déplacement des organes internes à l’intérieur du corps. Cependant, il faut que le corps humain soit soumis à une accélération pour que les organes internes se déplacent. Ainsi il est aisé de comprendre l’intérêt que peuvent avoir ces récepteurs pour la perception du mouvement.

2.4.3. Conclusion

La somesthésie apporte un grand nombre d’informations renforçant la sensation de mouvement. Cependant leur contribution est limitée par rapport aux apports des modalités visuelle et vestibulaire. Des études de seuils de détection du mouvement linéaire mentionnées par (Berthoz et Droulez 1982) montrent notamment la prédominance de la modalité vestibulaire.