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établit dans cette section des estimations pondérées similaires, qui ne sont toutefois plus uniformes lorsque ε tend vers 0 ; ceci cependant suffit à nos applications, comme on l’a vu au chapitre précédent. Nous voyons de plus dans l’appendice A (fin de la section A.1) que l’uniformité en ε n’est pas possible dans le cas où le diviseur admet des croisements, car les ϕ du théorème 3.2 ne sont pas dans des espaces à poids > 0 tels que nous les avons définis.

4.2.1 Un contrôle C0 à poids entraîne un contrôle à poids à tout ordre

Une fois que l’on sait qu’un des potentiels ϕε du théorème 3.2 est dans un C0

γ, γ > 0, la décroissance rapide de ses dérivées s’en déduit facilement :

Proposition 4.11. Sous les hypothèses du théorème 3.2, soit ε ∈ (0, 1]. On suppose que ϕε∈ C0

γ pour un γ ∈ (0, ν]. Alors ϕε∈ Cγ.

Démonstration. On commence par prouver que ϕε∈ C1,α

γ , où α ∈ (0, 1) est fixé. L’assertion est locale près de D ; on regarde donc ce qui se passe au voisinage du diviseur. On prend un petit polydisque de coordonnées U = (c∆)k× 12m−k (c > 0 petite) autour d’un point d’un croisement de codimension k, dans lequel les composantes de D sont données de la manière habituelle, i.e. par l’annulation des k premières coordonnées. On pose P =

1

2k× ∆m−k et Φδ : P → ∆m comme en section 1.1 pour δ ∈ (0, 1)k, de sorte que

U\D ⊂Sδ∈]0,1[kΦδ 12P. On veut une estimation de kργϕεkC1,α(U\D), quantité comparable à sup δ∈(0,1)k 1 (1 − δ1)γ· · · (1 − δk)γ Φδϕε C1,α(12 P).

On considère à présent sur P l’opérateur du second ordre

Pδ: v 7→ i∂∂v∧ Φδ∗[(ω)m−1+ · · · + (ω ε)m−1] Φδ∗)m−1

pour δ ∈ (0, 1)k. Comme ϕε ∈ C(X\D), on a ellipticité uniforme et contrôle C pour tout ℓ ≥ 0 uniforme sur les coefficients de Pδ, ce qui implique par exemple qu’il existe une constante C telle que pour tout δ ∈ (0, 1)k,

kvkC1,α(12 P) ≤ C kPδvkC0(P)+ kvkC0(P)

pour toute fonction v ∈ C2(P) telle que kPδvkC0(P) soit finie. Or on remarque également que Pδδ∗ϕε) = 1−eΦδf +εΦδϕε pour tout δ ∈ (0, 1)k. Puisque f ∈ C0

ν et ϕε∈ C0

γ, γ ≤ ν, on a que kPδδϕε)kC0(P)≤ C(1 − δ1)γ· · · (1 − δk)γ pour une constante C indépendante de δ. De la même manière, kΦδ∗ϕεkC0(P) ≤ C(1 − δ1)γ· · · (1 − δk)γ, C ne dépendant pas de δ. Ainsi 1

80 Chapitre 4. Preuve du théorème de Calabi-Yau sur X\D

γϕεkC1,α(U\D)est finie. On prend alors un nombre suffisant de petits polydisques U pour déclarer que kργϕεkC1,α(X\D) est finie, ou de manière équivalente que ϕε∈ C1,α

γ (X\D). On réinjecte alors cette borne dans l’argument que l’on vient de développer (au moment de contrôler les kPδδ∗ϕε)kC2ℓ−1,α(P)) pour obtenir par récurrence que ϕε ∈ C2ℓ+1,α

γ (X\D)

pour tout ℓ ≥ 1. 

4.2.2 Contrôle C0 à poids

Au vu de la dernière proposition, notre démonstration du théorème 3.2 sera complète une fois établi le résultat suivant :

Proposition 4.12. Sous les hypothèses du théorème 3.2, il existe une constante c > 0 telle que ϕε∈ C0

(X\D) pour tout ε ∈ (0, 1].

Démonstration. On prend ε ∈ (0, 1]. On part des inégalités ∆ϕε+ 2εϕε ≤ 2f et ∆εϕε+ 2εϕε ≥ 2f. Soit γ ∈ 0, min(12, ν)

; on désigne par Lγ,ε l’opérateur ργ(∆ + 2ε)(ρ−γ·), de

sorte que

Lγ,εγϕε) ≤ 2ργf ≤ M (4.3)

pour une constante réelle M = M(f, γ).

Majoration pondérée. Soit ψ une fonction C(X\D) telle que Lγ,ε(ψ) = M hors d’un domaine compact K de X\D ; une telle ψ d’après la preuve du lemme 3.6, si l’on suppose

γ≤ cε (c indépendante de γ). Or si A est une constante assez grande, v := ργϕε−ψ−A ≤ 0

sur ∂K et Lγ,ε(v) ≤ 0 sur le complémentaire V de K dans X\D. On veut en déduire que

v≤ 0 sur V , ce qui nous donnera une majoration sur ϕε; pour cela, on utilise les arguments de la démonstration du lemme 1.15.

Plus précisément, on se donne une suite exhaustive croissante (Up)p≥0 d’ouverts rela-tivement compacts de X\D contenant K, et on pose Vp = Up\K pour tout p, de sorte que

V =S

pVp. Pour tout p, on note vp la solution du problème de Dirichlet

Lγ,ε(vp) = Lγ,ε(v) sur Vp vp= v sur ∂K vp= 0 sur ∂Up.

Toujours en suivant la démonstration du lemme 1.15, on sait qu’il suffit pour conclure de démontrer que les vp sont négatives, et qu’il existe sur kvpkL2(Vp) une borne ne dépendant pas de p. On commence par la négativité ; fixons p. On sait déjà que vp est négative sur les bords de son domaine Vp; supposons qu’elle soit strictement positive en un point de Vp, et notons x ∈ Vp un point tel que vp(x) = supVpv > 0. En ce point, ∆vp(x) ≥ 0, tandis que

0 ≥ Lγ,ε(vp)(x) = ∆vp(x) + 2ε − γ∆ρ(x)

ρ(x) − 2γ(γ + 1) ρ 2ω′,x



vp(x).

Dès que la parenthèse dans le membre de droite est > 0, ce qui est le cas grâce à notre hypothèse sur γ, on a vp(x) ≤ −∆vp(x) 2ε−γ∆ρ(x)ρ(x) −2γ(γ+1) ρ 2 ω′,x

 ≤ 0, ce qui est absurde.

Reste à contrôler les kvpkL2(Vp)indépendamment de p. Pour ce faire, on écrit vpcomme la somme ξp + ηp, où ξp|∂Vp ≡ 0 et Lγ,εp) = 0, de sorte qu’il s’agisse de contrôler

pkL2(Vp) et kηpkL2(Vp) indépendamment de p. Les arguments ci-dessus donnent ηp≤ 0 et infVpηp = inf∂Vpηp= inf∂Kηp = inf∂Kv, donckηpkL2(Vp)≤ Vol(V )1/2 inf∂Kv

Enfin, une intégration par parties donne : Z Vp ξpLγ,εp) volω′ =Z Vp 2ε − γ2 ρ 2 ω′  ξp2volω′ +Z Vp |dξp|2volω′ .

Quitte à réduire la constante c, 2ε − γ2

ρ

2

ω′ ≥ 0 sur X\D ; on a de plus vu que

R

Vp|dξp|2volω CVol(K)PVol RVpξp2volω′

, d’où RVpξp2volω′ CPVol Vol(K) R VpξpLγ,εp) volω′ . Or on remarque queRVpLγ,εp)2volω′

=RVpLγ,ε(v)2volω′

=RVpγ(∆ϕε+ 2εϕε) − M)2volω′

R

V\Dγ(∆ϕε+ 2εϕε) − M)2volω′

< +∞, car ∆ϕε+ 2εϕε est borné et ργ est de carré intégrable car γ < 1

2 On conclut alors par Cauchy-Schwarz. On a démontré que ϕε≤ Cρ−γ

sur V , pour tout γ ∈ [0, cε) (c indépendante de ε), et une constante C pouvant dépendre de ε et γ.

Minoration pondérée. L’inégalité réciproque ∆εϕε+ 2εϕε ≥ 2f nous donne près de D la

minoration pondérée ϕε≥ −Cρ−γ pour tout γ ∈ [0, cε), quitte à réduire c. Ceci est fait en travaillant par rapport à ω

ε plutôt que ω. On peut néanmoins garder c indépendante de

5

Unicité des métriques à courbure

scalaire constante (KX[D] ample)

C

e court chapitre décrit une application des constructions des géodésiques approchées (chapitre 2) et des métriques de type Poincaré à forme de Ricci négative (chapitre 3) à l’unicité au sein de PM d’une éventuelle métrique à courbure scalaire constante, sous l’hypothèse KX[D] ample ; on rappelle à nouveau que Ω est une classe de Kähler

quelconque sur X.

5.1 Énoncé du résultat

Nous obtenons le résultat suivant :

Théorème 5.1. On suppose KX[D] ample. Alors sous réserve d’existence, une métique

ω ∈ PM à courbure scalaire s(ω) constante sur X\D est unique dans PM.

La démonstration est faite dans la prochaine section. Pour l’instant, nous énonçons et démontrons un lemme qui est utile à la démonstration du théorème 5.1, et qui ex-plique également l’énoncé d’unicité de ce théorème. En effet, le lemme spécifie que le groupe des automorphismes de X tangents au diviseur est discret si KX[D] est ample, et par conséquent pourquoi on a simplement unicité, et pas unicité modulo l’action de tels automorphismes homotopes à l’identité, d’une métrique kählérienne à courbure scalaire constante sur X\D.

Lemme 5.2. On suppose KX[D] ample. Alors l’espace des champs de vecteurs

holo-morphes L2 par rapport à une métrique de type Poincaré est trivial.

Démonstration. On munit X\D de la métrique de Kähler-Einstein construite par Tian et

Yau [TY87], disons ̟ ; on a donc ̺̟≤ −c̟ pour une constante c > 0. Soit Z un champ

de vecteurs holomorphe L2

̟; un tel champ est automatiquement dans C

loc(T1,0). Comme

̟ domine n’importe quelle métrique lisse à travers D, Z est en réalité lisse sur X tout

entière. De plus, comme Z est L2

̟, sa composante normale s’annule le long du diviseur. Plus précisément, au voisinage d’un point d’une composante, et loin des croisements pour simplifier, on a Z = Zj ∂

∂zj, avec les Zj holomorphes. Si la composante est donnée par

84 Chapitre 5. Unicité des métriques à courbure scalaire constante

|Z|̟& |z1|| log |zc 1|| sur le voisinage U d’un point du diviseur, ce qui fait diverger l’intégrale

Z U|Z|2̟vol̟≥ c Z U 1 |z1|2(log |z1|)2 idz1∧ dz1 |z1|2(log |z1|)2 m Y j=2 idzj ∧ dzj = +∞.

On peut donc écrire Z = z1Z˜1 ∂

∂zj +Pm j=2Zj ∂

∂zj sur le voisinage considéré, et obtenir une écriture analogue près des croisements. Ceci a pour conséquence l’estimation |Z|̟ C2(X\D) (dérivées d’ordre ≤ 2 bornées). Le reste de la démonstration est à présent le même que dans le cas compact ; on a en effet ∆̟|Z|2

̟= Ric̟(Z, Z) − 2|∇̟Z|2≤ −c|Z|2,

de sorte que ∆̟|Z|2 ̟+ c

2|Z|2

̟≤ 0. À présent l’intégration par parties

Z X\D d|Z|2̟ 2vol̟=Z X\D|Z|2̟̟|Z|2 ̟vol̟ ≤ −ckZk4L4 ̟ oblige |Z|2

̟ à être constante, et donc à être nulle car alors ∆̟|Z|2

̟= 0.