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La socialisation du jeune enfant

Dans le document Cours de psychologie (Page 44-47)

Trois processus fondamentaux interviennent dans la socialisation de l’enfant. Il s’agit de : -l’imitation -l’identification -la communication. A ces trois processus s’ajoute le contexte social et culturel qui d´etermine des comportements diff´erents selon les milieux sociaux et les civilisations.

5.3.1 L’imitation

La capacit´e de l’enfant a reproduire ce qu’il a per¸cu sur autrui lui permet d’acc´eder a des comporte-ments nouveaux puis de les int´egrer et de les maˆıtriser. L’imitation joue donc un rˆole fondamentale dans l´education `a l’autonomie. Ce paradoxe n’est qu’apparent dans la mesure ou c’est en faisant comme les grands que le petit enfant peut se passer d’eux.

Cependant il convient de rappeler que toute reproduction d’un comportement n’est pas une imi-tation.

– les sourires du nouveau-n´e qui ne sont qu’une r´eaction face a la vue d’un visage

– l’´emission de certains sons qui consiste en une auto-excitation de l’ordre d’une r´eaction circulaire primaire dans la mesure ou la propre activit´e de l’enfant s’entretient elle-mˆeme.

En revanche a partir de 6 mois de v´eritables comportements d’imitation peuvent ˆetre constat´es.

5.3.1.1 Les progr`es de l’imitation

De 3 a 6 mois : Selon j. Piaget3 c’est au cours de cette p´eriode que l’enfant devient capable d’imiter des gestes ou des comportement qu’il vient de percevoir et qui concernent des actions habituelles.

– r´ep´etition d’un son qu’il vient d’entendre

– gestes simples effectues avec les bras ou les mains (´ecarter, joindre).

Vers 8 mois : On constate de nouveaux progr`es, l’enfant devient capable d’imiter des mouve-ments non visibles sur son propre corps.

– tirer la langue – se frotter les yeux.

Vers 16 mois : L’enfant acc`ede a la conscience symbolique avec l’imitation diff´er´ee, il parvient

`a se d´etacher du r´eel imm´ediat et `a se repr´esenter ce qui n’est plus l`a, il parvient donc `a se d´etacher de l’action actuelle pour la reproduire `a un autre moment.

3Jena Piaget,La formation du symbole, ´ed. Delachaux Niestl´e

CHAPITRE 5. L’ENFANT DE 1 `A 3 ANS 44 L’imitation permet donc `a ce niveau que se d´eveloppe la capacit´e de repr´esentation (pr´esenter a nouveau) de l’enfant.

Ce progr`es correspond `a un d´eveloppement de la conscience de soi, en diff´erant l’imitation l’enfant se distingue plus nettement de l’autre qu’il imite, il sait bien qu’il joue le rˆole d’un autre, ces jeux de rˆoles contribuent au d´eveloppement de l’autonomie, c’est en faisant comme papa et maman, en se lavant tout seul, en faisant la vaisselle, en balayant ou en bricolant qu’on se donne les moyens de devenir grands.

Avec le passage de l’imitation `a l’identification l’enfant va entrer dans une ´etape plus riche dans la conquˆete de l’autonomie.

5.3.2 L’identification

5.3.2.1 Distinction entre imitation et identification

imitation : il s’agit de la r´ep´etition et de la reproduction de certaines attitudes d’autrui.

identification : il s’agit de l’appropriation, de l’assimilation d’autrui `a soi-mˆeme. Par iden-tification l’enfant va int´erioriser les mod`eles que lui offre son entourage, ce qui entraˆıne un d´eveloppement du moi, l’ouverture sur la culture (en tant que syst`eme de r`egles de vie sociale) et par cons´equent un progr`es de la socialisation.

Cependant cette identification est tr`es complexe.

5.3.2.2 L’aspect ambivalent de l’identification

L’enfant ne fait pas qu’aimer les mod`eles auxquels il va s’identifier, il peut aussi les ha¨ır (en mˆeme temps qu’il les aime).

– Ex : La m`ere qu’il aime parce qu’elle donne, mais qu’il hait parce qu’elle ne r´epond pas toujours `a ses demandes ou qu’elle peut lui refuser et s’opposer a lui.

Il y a donc ambivalence par rapport au mod`ele qui est a la fois objet de haine et d’amour.

5.3.2.3 Signification de l’identification

Pour d´epasser l’ambivalence dans laquelle il est plong´e l’enfant va se transformer en bonne ou en mauvaise m`ere ; le jeu va alors jouer un rˆole important, en jouant `a la poup´ee par exemple, l’enfant parviendra `a s’approprier l’image positive de la m`ere et `a maˆıtriser la peur que peut lui inspirer l’autorit´e maternelle (en donnant par exemple la fess´ee `a sa poup´ee). Ici l’identification permet la r´esolution d’un conflit interne.

5.3.2.4 Les mod`eles masculin et f´eminin

C’est par identification que la petite fille s’approprie les rˆoles f´eminins et le gar¸con les rˆoles mas-culins. Certaines difficult´es peuvent se pr´esenter selon qu’il y a ou non pr´esence de la m`ere ou du p`ere. Par ce processus il y a assimilation des normes sociales et culturelles.

5.3.3 La communication

L’ˆetre humain est par nature social, il ne peut donc s’humaniser que dans la soci´et´e (cf. le cours traitant des rapports entre h´er´edit´e et milieu, par exemple ce qui concerne les cas d’enfants sau-vages).

Le rapport `a autrui est donc fondamental dans la formation d’un ˆetre humain, l’autre a d’abord plus d’importance que lui-mˆeme il ne dit«je»que vers 3 ans.

Le rapport au p`ere et `a la m`ere est donc tr`es important, mais il convient ´egalement d’insister sur les relations avec les autres enfants.

CHAPITRE 5. L’ENFANT DE 1 `A 3 ANS 45 5.3.3.1 Les relations aux autres enfants

Apr`es 6 mois l’enfant humain qui d’abord semblait indiff`erent `a ses semblables va manifester `a leur ´egard un certain int´erˆet marquant le d´ebut de la sociabilit´e. Les d´ebuts d’une communication n’ayant pas recours au langage mais `a l’action gestuelle commencent vers l’ˆage de 1 an.

5.3.3.2 Comment s’effectue la communication entre enfant avant la maˆıtrise du lan-gage ?

Chez les enfants ˆag´es de 7 mois `a 3 ans une sorte de code gestuel ou corporel s’´etablit, comme certaines observations l’attestent.

– pour solliciter l’autre, l’enfant baisse la tˆete sur l’´epaule

– pour s’apaiser ou apaiser l’autre, l’enfant effectue des sautillements ou des balancements du haut du corps en dodelinant le haut de la tˆete

– pour menacer l’autre il tend le bras et pousse des cris aigus. pour renforcer les liens qui l’unissent `a un autre enfant il balance et incline la tˆete et le tronc sur le cot´e en esquissant des sourires.

5.3.3.3 Style de communication et profil de comportement

Selon la mani`ere dont l’enfant utilisera ce code, il manifestera tel ou tel trait dominant de sa personnalit´e.

– Domination agressive : l’enfant qui bouscule les autres sans raison et ne r´epond pas aux vocalisations ni aux sourires.

– Comportement de meneur : se manifeste par l’expression de l’apaisement et la volont´e de renforcer les liens avec les autres, ces sujets sont accueillants et entraˆınent les autres dans leurs activit´es.

Les domin´es

– tendance meneur : leur comportement est surtout apaisant, mais ils sont peu comp´etitifs et agressifs, ils parviennent cependant `a attirer parfois les autres

– tendance craintive : comportement de recul et de fuite face aux autres

– tendance agressive : les agressions sont souvent inattendues et alternent avec des p´eriodes d’isolement, il s’agit souvent d’enfants ayant du mal `a fixer leur attention

– tendance `a se mettre `a l’´ecart : peu de comportements gestuels. Ces comportements ne sont pas en totalit´e inn´es, mais r´esultent ´egalement de l’influence du comportement des parents ; la communication entre enfants est probablement d´etermin´ee par la mani`ere dont communiquent les parents.

5.3.4 Les influences culturelles

Comme nous l’avons d´ej`a remarqu´e en ´etudiant les relations entre h´er´edit´e et milieu, les conditions sociologiques, ethnologiques ou g´eographiques jouent au-del`a de la simple influence familiale un rˆole d´eterminant dans la formation de la personnalit´e. Ainsi les structures familiales, les diff´erentes conceptions de l’´education propre `a chaque civilisation, et dans une mˆeme culture l’appartenance a telle ou telle cat´egorie sociale, vont avoir une influence psychologique ind´eniable.

5.3.4.1 Les structures familiales

La famille n’a pas une forme naturelle, il s’agit d’une institution dont la structure variera selon les ´epoques et les soci´et´es. Ainsi le mod`ele occidental de la famille nucl´eaire compos´ee uniquement des parents et des enfants et ayant une vie priv´ee et intime distincte de la vie publique et sociale n’est qu’un cas particulier. A d’autres ´epoques et dans d’autres civilisations d’autres formes de

CHAPITRE 5. L’ENFANT DE 1 `A 3 ANS 46 famille peuvent se rencontrer. Chaque forme de famille produira des enfants diff´erents selon le type d’organisation familiale et le type d’´education re¸cu.

5.3.4.2 Les diff´erentes formes d’´education selon les soci´et´es

Comme le montrent des travaux d’ethnologie, comme ceux de Margaret Mead4, la fa¸con d’´eduquer, de soigner, de cˆaliner ou de gronder les enfants varie selon les soci´et´es. Certaines soci´et´es favo-risent le d´eveloppement d’un type d’adulte agressif et ´egocentrique avec peu de manifestations de tendresse de la part de la m`ere. Inversement certaines civilisations valoriseront l’enfant et mani-festeront plus ouvertement `a son ´egard tendresse et amour produisant ainsi des personnalit´es plus paisibles et accueillantes5.

Selon les soci´et´es les modes d’´education sont diff´erents et le type de personnalit´e et de relations sociales aussi.

Mais ce qui est vrai pour des soci´et´es diff´erentes l’est aussi, `a un autre niveau, `a l’int´erieur d’une soci´et´e selon les cat´egories sociales.

5.3.4.3 Les diff´erences sociales

L’´evolution intellectuelle, les r´esultats scolaires varieront selon les classes sociales6, de mˆeme le langage, le vocabulaire, les moeurs varieront selon les origines sociales. La psychologie de l’enfant, mais aussi de l’individu `a tout ˆage part d´esormais du principe qu’il ne faut pas consid´erer un individu comme un ˆetre isol´e de ses semblables, mais comme un sujet ´evoluant `a l’int´erieur d’un contexte social donn´e. Apr`es avoir ´etudi´e l’´evolution de l’enfant dans sa relation `a son corps, puis dans sa relation `a la soci´et´e, nous allons maintenant aborder son ´evolution intellectuelle.

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