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Le corps et l’affectivit´e, le corps et la sexualit´e : oralit´e et analit´e

Dans le document Cours de psychologie (Page 41-44)

5.2 Le jeune enfant et son corps

5.2.3 Le corps et l’affectivit´e, le corps et la sexualit´e : oralit´e et analit´e

Comme le montre l’exp´erience du miroir, la compr´ehension de son corps par l’enfant n’est pas purement intellectuelle elle est aussi et surtout imaginaire et affective, c’est pourquoi nous vivons

CHAPITRE 5. L’ENFANT DE 1 `A 3 ANS 41 tr`es tˆot notre corps sur un mode fantasmagorique.

5.2.3.1 Le corps, source de plaisir

Selon la psychanalyse l’imaginaire corporel se constitue d’abord dans et par la relation de l’enfant au sein maternel.

Comme le sein de la m`ere n’est pas toujours pr´esent quand il le d´esire, l’enfant imagine sa pr´esence, fantasme le sein pour s’en satisfaire d’une fa¸con qualifi´ee par Freud d’hallucinatoire , il fait comme si le sein ´etait l`a.

Cette mani`ere de satisfaire ses d´esirs, l’enfant la met ´egalement en oeuvre par rapport `a son propre corps, il va vivre son corps comme un lieu de plaisir constitu´e de plusieurs zones ´erog`enes, ainsi le corps ne va pas se r´eduire `a sa constitution physiologique. Toutes les fonctions vitales vont ˆetre d´etourn´ees de leur fin initiale (manger , d´ef´equer, uriner,...) pour ˆetre source d’un plaisir pris pour lui-mˆeme, c’est pourquoi Freud qualifiera l’enfant de«pervers polymorphe ». Cette recherche du plaisir va se centrer selon les p´eriodes de la vie de l’enfant autour de certaines zones privil´egi´ees.

Les pulsions qui sont des tendances inconscientes s’enracinant dans le corps (processus dynamique faisant tendre l’organisme vers un but ) mais dont la signification est psychologique (ex : la libido ou pulsion sexuelle) vont s’unifier autour de certains pˆoles de plaisir dominants comme la bouche, l’anus ou les zones g´enitales.

5.2.3.2 La phase orale

Durant la premi`ere ann´ee le plaisir buccal va ˆetre pr´edominant et cela va se manifester ind´ependamment des besoins physiologiques, c’est-`a-dire que le plaisir ressenti par l’enfant est ind´ependant de la satisfaction physiologique de ce besoin quest la faim. L’enfant prend plaisir `a la succion pour la succion, il peut donc sucer le sein maternel«`a vide»ou un autre objet simplement pour le plaisir.

On dira que la pulsion sexuelle ou«libido»s’´etaye sur ce besoin qu’est la faim.

La notion d’´etayage

Freud distingue trois termes constituant la pulsion :

– sa source c’est-`a-dire l’excitation corporelle, l’´etat de tension qui est `a l’origine de la pulsion.

– son objet c’est-`a-dire le moyen de parvenir au but.

– son but c’est-`a-dire la suppression de l’´etat de tension.

Il y a une relation ´etroite entre la pulsion sexuelle et certaines fonctions corporelles. Ainsi dans l’activit´e orale du nourrisson il y a un plaisir pris `a la succion du sein, c’est-`a-dire l’excitation d’une zone ´erog`ene ´etroitement li´ee `a la satisfaction du besoin de nourriture, on dit alors que la pulsion sexuelle s’´etaye sur ce besoin.

– La fonction corporelle fournit `a la pulsion sexuelle : sa source : excitation d’une zone ´erog`ene qui est initialement ´etroitement li´e au besoin de nourriture.

– Elle lui indique : son objet : Le sein maternel le plus souvent.

– Elle lui procure : son but : Le plaisir qui n’est en rien r´eductible `a l’assouvissement pur et simple de la faim.

Il s’agit donc d’un plaisir auto-´erotique qui mobilise l’ensemble des donn´ees buccales (l`evres, langue , cavit´e buccale, aspiration, expiration, etc.) et c’est `a partir de cet espace buccal que l’enfant explore le monde, il porte tout `a la bouche.

Deux phases sont `a distinguer au cours de cette p´eriode :

– La phase passive : avant l’apparition de la dentition, l’enfant re¸coit passivement le plaisir.

– La phase active : avec l’apparition de la premi`ere dentition, l’enfant prend plaisir `a mordre et satisfait certaines pulsions agressives.

CHAPITRE 5. L’ENFANT DE 1 `A 3 ANS 42 Le plaisir oral va subsister tout au long de l’enfance et certains vestiges survivent `a l’ˆage adulte (le baiser), mais la pr´edominance de la zone buccale et de la sexualit´e orale prend fin avec la 1 ann´ee pour faire place `a la phase anale.

5.2.3.3 La phase anale

Elle apparaˆıt `a la fin de la 1 ann´ee et correspond `a l’int´erˆet croissant de l’enfant pour le plaisir que procure l’excitation de la muqueuse anale.

R´etention et expulsion Deux ´el´ements fondamentaux d´eterminent l’apparition de la p´eriode anale.

– Le d´eveloppement psychomoteur qui permet une maˆıtrise de plus en plus grande des sphinc-ters, ce qui explique pourquoi cette p´eriode se situe entre la 2 et 4ann´ee.

– Le contexte culturel et affectif dans lequel se sera d´eroul´ee l´education `a la propret´e.

Ces deux conditions donnent lieu au plaisir qui peut avoir deux origines :

– Le plaisir de sentir s’´ecouler les excr´ements dans son corps et le plaisir de l’excitation de la muqueuse anale lors de l’expulsion. Il s’agit du caract`ere passif de l’analit´e.

– Le plaisir de retenir les selles et l’int´erˆet que l’enfant porte `a ses excr´ements qu’il aime manipuler, etc. Il s’agit alors du caract`ere actif de l’analit´e.

Cette opposition passivit´e / activit´e conduit certains psychanalystes `a penser que c’est `a ce stade que naissent les composantes essentielles de la personnalit´e que sont le sadisme et le masochisme, soit d´etruire et agresser le monde ext´erieur, soit retourner l’agressivit´e contre soi-mˆeme.

Signification de la p´eriode anale Alors que le stade oral exprime une situation de d´ependance de l’enfant par rapport `a sa m`ere et donc de passivit´e, le stade anal qui r´esulte de la maˆıtrise de l’excr´etion est le signe d’une prise d’autonomie de l’enfant relativement `a sa m`ere. Il parvient `a distinguer le monde int´erieur qu’il maˆıtrise et le monde ext´erieur qui ne lui c`ede pas toujours. Il exerce un pouvoir sur lui-mˆeme et son entourage, il a la capacit´e de dire non, de donner ou pas, de faire (plaisir) ou de ne pas faire (plaisir). Il convient donc d’insister sur l’importance de la relation

`a l’autre durant la p´eriode anale.

A l’origine de cette p´eriode il y a le contexte culturel et affectif dans lequel l’enfant a ´et´e ´eduqu´e

`a la propret´e, l’ambivalence des relations avec la m`ere dans le cadre des oppositions activit´e / passivit´e ou domination / soumission.

Soit il refuse de se soumettre et d’ˆetre propre, mais il risque d’ˆetre rejet´e, soit il se soumet et accroˆıt l’amour de ses parents.

Il y a donc une relation conflictuelle `a autrui durant la p´eriode anale au cours de laquelle alternent des phases d’opposition et de soumission, l’enfant se pose en s’opposant.

La p´eriode anale est donc une p´eriode au cours de laquelle l’´echange joue un grand rˆole. Non seulement la relation `a autrui est ambivalente et conflictuelle, mais la relation de l’enfant `a ses propres excr´ements l’est aussi.

Le plaisir de se retenir est d’autant plus grand que le rejet et l’obtention des selles sont valoris´ee par les parents. (« Si on veut que je le donne c’est que ¸ca doit avoir de la valeur, autant que je le garde pour moi.»). Le plaisir `a expulser consiste `a faire un cadeau et `a recevoir en ´echange la reconnaissance et l’affection de parents.

Toutes ces distinctions, interne / externe, passif / actif, ainsi que l’ambivalence des relations au cours de cette p´eriode vont d´evelopper chez l’enfant la distinction du bon et du mauvais qui donne lieu `a une dialectique complexe puisque ce qui est bon (que l’on garde ou que l’on donne) est aussi ce qui est mauvais (on le rejette).

L’influence de la p´eriode anale sur la personnalit´e Les comportements au cours de cette p´eriode vont influencer le rapport de l’individu `a la r´ealit´e et peuvent influencer, conditionner voire d´eterminer certains traits de personnalit´e plus ou moins dominants que Freud et l’un de ces continuateurs K. Abraham qualifie de style de conduite anale (d´eterminant la personnalit´e adulte).

CHAPITRE 5. L’ENFANT DE 1 `A 3 ANS 43 – L’avarice Il se manifeste par le plaisir de la r´etention, le plaisir de garder pour soi, de ne jamais donner plus que ce que l’on doit. Cela se constate principalement chez les sujets hantes par le souci de ne pas perdre de temps, chez les collectionneur et ceux qui ne peuvent rien jeter et ressentent le d´esir de tout garder. On constate le plus souvent chez ces sujets une alternance entre des p´eriodes d’accumulation et des acc`es de gaspillage reproduisant l’alternance r´etention, r´epulsion.

– L’obsession de l’ordre et de la propret´e Elle renvoie a l´education de la maˆıtrise sphinct´erienne et prend une forme ambivalente, l’ordre et la propret´e ne pouvant ˆetre qu’apparent, (de mˆeme que le corps propre en apparence contient des excr´ements, dans une pi`ece parfaitement rang´ee les tiroirs pourront ˆetre en d´esordre).

– L’entˆetement et le goˆut de la toute puissance Cette attitude est li´ee au sentiment de toute puissance sur soi que procure la maˆıtrise des sphincters et a la puissance sur autrui que procure la capacit´e de donner ou de ne pas donner.

L’´echange occupant une position fondamentale au cours de cette p´eriode il n’est pas ´etonnant qu’elle corresponde `a un moment-cl´e dans la construction de la relation `a autrui.

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