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dans une société au masculin

Andréa Baron

Université de Pau et des Pays de l'Adour

Le plaisir et la douleur constituent la limite de ce qui est utile ou non

Démocrite, Les Penseurs grecs avant Socrate. Traduction,

introduction, notices et notes par Jean Voilquin. (Paris :

Classiques Garnier, 1900) 158.

The Polite Philosopher paraît à Edimbourgh en 1734, en plein cœur

de ce que les historiens appellent l'ère Walpole, (1721-1742). C'est un texte court, de 53 pages, écrit d'un bloc, sans chapitres, dans une langue claire et sans oritures ; il est, cependant, ponctué de poèmes. Selon la bibliographie des traités de savoir-vivre d'Alain Montandon, il est réédité 37 fois, jusqu'en 1922, et à partir de 1776, souvent accouplé au manuel de Lord Chester eld, Advice to his Son1.

C'est un texte populaire, surtout dans le courant du xviiiesiècle, et

1. James Forrester, The Polite Philosopher or an Essay on that Art which makes a Man

happy in Himself, and agreeable to Others, Edinburgh : Printed by Robert Freebairn,

Andréa Baron

riche, pour trois raisons que nous allons examiner subséquemment : il se place sous l'égide d'Aristippe de Cyrène, fondateur de l'école philosophique dite des Cyrénaïques, il pose les fondements d'une « philosophie polie », ou d'une « politesse philosophique », les deux termes sont présents dans le texte, et, en troisième lieu, il introduit les « dames » dans ses trois dernières pages, ces dames étant censées faire de la conversation un lieu d'échanges agréables et courtois.

1 Aristippe et les Cyrénaïques

Academical Criticks may, perhaps, expect that I should, at least, quote some Greek Sage or other, as the Patron of that Kind of Knowl- edge which I am about to restore ; and, as I pique myself on obliging every Man in his Way, I shall put them in mind of one ARISTIPPUS, who was Professor of Polite Philosophy at Syracuse, in the Days of the famous King Dyonisus, in whose Favour he stood higher than evenPlato himself. Should they go farther, and demand an Account of his Tenets, I must turn them over toHorace, who has comprised them all in one Line, Omnis Aristippum decuit color, et status, et res. (4)

Il dit bien « restaurer », soit restituer, ressusciter, un savoir ancien et perdu, « not recorded by the Greek Writers » (5). Comment en a- t-il eu connaissance ? Sans doute par la lecture d'Horace, apprécié de ses contemporains, et par celle de Vie, Doctrines et sentences des

philosophes illustres, de Diogène Laërce, compilateur grec dont on

sait peu de choses, sinon qu'il a vécu entre 200 et 500 après Jésus-

His Majesty's Printer, 1734. C'est l'édition qui est utilisée ici, et les pages citées entre parenthèses y font référence. Réed. : London & Dublin, 1734 ; 1736 (2) ; 1738 (3) ; 1745 ; 1758 (15) ; 1761 in Fugitive Pieces on Various Subjects. Ed. Robert Dods- ley, I, p. 223-275 ; Dublin, 1762 ; 1765 ; 1771 ; 1773 ; Edimbourgh, 1776 avec Some

Advices on Men and Manners, par Lord Chester eld ; 1780 ( ?) ; 1783 ; 1791 in Fugi- tive Pieces ; Edimbourgh, 1802 ; 1808 ; Edimbourgh, 1812 in The Principles of Polite- ness...To which is added The Polite Philosopher ; 1813 in The Gentleman's Library being a Compendium of the Duties of Life in Youth and Manhood ; 1818 in Practical Morality, or a Guide to Men and Manners ; 1912, in Advice to his Son, par Lord Chester eld ;

Tarrytown, N.Y., 1922, Magazine of History with Notes and Queries, no83. Alain Mon- tandon (sous la dir. de), Bibliographie des traités de savoir-vivre en Europe du Moyen-

Âge à nos jours, Clermont-Ferrand : Association des Publications de la Faculté des

Lettres et Sciences Humaines de Clermont-Ferrand, 1995, 228.

The Polite Philosopher de James Forrester

Christ1. Diogène est très apprécié de Montaigne, et certainement lu

en ce début de siècle puisqu'il apparaît dans le panthéon addiso- nien des « Tables de la Renommée » du Tatler no812.

Forrester résume en quelques phrases l'essence de la philosophie d'Aristippe :

In the Court of the King of Sicily, this wise Man enjoyed all the Delights that would have satis ed a sensual Mind ; but it was the Use of these which shewed him a true Philosopher : He was tem- perate in them, while he possessed them, and easy without them, when they were no longer in his Power (...) and as his Wisdom was useful to himself, so it rendred [sic] him agreeable to the rest of the World. (4)

Le philosophe concentre son souci philosophique sur le seul réel sensible, l'immédiateté concrète : la vie, le corps, le plaisir, le désir. Seul le corps sensuel accède aux informations. Tout en pratiquant l'hédonisme, il sait se montrer également détaché des biens de ce monde, et pratique une authentique indi érence : « Toute couleur, toute situation, toute chose convenait à Aristippe » déclare Horace dans ses Epîtres3. Aristippe pratique la tempérance, (« temperate in

them »). « Ni la débauche, ni le monastère » écrit Michel Onfray à son propos, qui désigne l'école d'Aristippe sous le nom d'« Atlan- tide philosophique ». Il ajoute : « (...) l'oubli, la déconsidération ou l'hystérisation d'Aristippe et des Cyrénaïques mettent au jour le symptôme d'un refoulement dans l'histoire de la philosophie occi- dentale4». En e et, Aristippe est contemporain de Platon et de Dio-

gène. La lecture classique de la philosophie grecque a toujours pri- vilégié, surtout en France et en Allemagne, l'idéalisme de Platon. Mais dans l'Angleterre du début du xviiiesiècle, qui se dit augus-

téenne, les lettrés prennent plaisir à la lecture des écrivains romains privilégiant la sagesse morale et la pratique de l'immanence, des

1. Diogène Laërce, Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres, traduction, notice, introduction et notes par R. Genaille, Paris : Garnier-Flammarion, 1965.

2. Richard Steele and Joseph Addison, Selections from The Tatler and The Specta- tor, ed. Angus Ross, 1982 ; London : Penguin Books, 1988, 113-119, voir page 119.

3. Michel Onfray, L'Invention du plaisir. Fragments cyrénaïques, Paris : Livre de Poche, 2002, 153. Rendons ici hommage à Michel Onfray pour sa redécouverte de ce continent englouti, car les bibliothèques, les sites électroniques sont singulière- ment silencieux sur les Cyrénaïques.

4. Onfray 18.

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écrits qui traitent d'amour, de vie et d'amitié, comme ceux de Cicé- ron, Lucrèce, Horace, et Virgile, aux dépens d'écrits traitant du sou- verain bien, d'héroïsme ascétique, à caractère ontologique. Il n'est guère étonnant que Montaigne et plus tard Alain apprécièrent Aris- tippe, et que son nom resurgisse dans un écrit de 1734.

Les autres hommes aiment la compagnie d'Aristippe. « Il savait s'adapter au temps, au lieu, aux personnes, et répondre de la meilleure façon en toutes circonstances »1. Forrester a rme égale-

ment que la sagesse est utile, « useful », au Philosophe Poli. Une des lois qui sous-tend sa morale est donc celle de l'intérêt, intérêt personnel qui s'accorde à l'intérêt de tous, et certains reconnaissent en Aristippe le premier des utilitaristes. La morale nous commande de faire ce qui nous est le plus avantageux. Ainsi, un philosophe doit conserver son calme en toutes circonstances car toute passion manifestée mettrait en péril des avantages acquis : « (...) and su er not a fond Inclination, an aspiring Vanity, or a giddy Freedom, to transport them into the doing any Thing, which may forfeit present Advantages, or entail upon them future Pain ». (8)

2 Les principes de la « philosophie polie »

Au l de la lecture, The Polite Philosopher révèle cependant des di érences par rapport à son illustre prédécesseur : « The Rules we o er are intended rather to guide Men in Company, than when

Alone : What we advance tends not so directly to amend People's

Hearts, as to regulate their Conduct ». (22) Il s'agit donc de réguler la conduite en société, et ce texte est bien un manuel de conduite, au sens strict du terme, l'auteur ne précisant ni la classe sociale, ni à quels individus il s'adresse. Cependant, on connaît le large spectre de « polite » au xviiiesiècle, qui quali e l'être courtois, respectueux

des autres, mais aussi les choses harmonieuses, de bon goût, et les gens ra nés, élégants, cultivés. Il s'agit en fait de construire un mode de vie propre à un « gentleman », et c'est ainsi que l'auteur s'adresse à son lecteur, qu'il soit oisif, marchand, bureaucrate, cita- din ou campagnard. Un texte de la même période, An Essay on Polite

Behaviour, de 1740, xe à peu près les mêmes règles en étant destiné

plus précisément à la « gentry » :

1. Laërce 127.

The Polite Philosopher de James Forrester

It requires the Conjunction of almost all Virtues, to be polite and com-

plaisant. A man must be Master of Himself, and his Words, his Ges-

tures and Passions, that nothing o ensive may escape him, to give others just occasion to complain of his Proceedings. Complaisance comprises in it I know not how much Good-nature, Humanity, and Obligingness.

`Tis commonly seen, that those who have the least Complaisance for others have yet a great deal for themselves : But the way to lead a quiet and pleasant Life is mutually to pardon each other1.

Comme beaucoup de manuels notre texte s'articule, de façon prag- matique, autour de recommandations relatives à la conduite souhai- table, et à la conduite non souhaitable. Quelles règles doit suivre le Philosophe Poli ? La première est que dans une conversation, pierre de touche de la conduite individuelle en société, il ne doit pas mono- poliser la parole. Cette règle est répétée par les manuels de courtoi- sie depuis Castiglione, Guazzo, et en ce début de siècle par Addi- son et Swift. Ici, l'originalité de l'auteur réside dans la métaphore employée, celle de la Banque :

Conversation is a Sort of Bank, in which all who compose it have

their respective Shares. The Man therefore who attempts to engross it, trespasses upon the Rights of his Companions ; whether they think t to tell him so, or no, will, of Consequence, be regarded as no

fair Dealer. Notwithstanding I consider Conversation in this Light, I

think it necessary to observe, that it di ers from other Copartner- ships in one very material Point, which is, that it is worse taken if a Man pays in more than his Proportion, than if he had not con- tributed his full Quota, provided he be not too far de cient. (33-34) C'est bien le monde de la nance qui est convoqué, avec « Shares », « fair Dealer », « Copartnerships », « pays », « full Quota », et mis en parallèle avec le monde de la civilité. Les deux sens du mot « com- merce » sont ici utilisés, et se recouvrent exactement l'un, l'autre. Or, l'association d'opérations bancaires et nancières fait irrésisti- blement penser au scandale du South Sea Bubble, de 1720, première grande crise nancière traversée par l'état depuis 1688, et qui mar- qua les esprits. La dette nationale, engagée par le gouvernement

1. An Essay on Polite Behaviour : wherein the nature of complaisance and true gen-

tility is consider'd and recommended. Adress'd to the Gentry, London : Printed for T.

Gardner, at Cowley's Head, without TempleBar, 1740, 10 et 16.

Andréa Baron

principalement pour nancer des guerres de conquête, est de 14 mil- lions de livres en 1700, et ne fait que s'accroître.

Par un acte du Parlement de 1720, obtenu par de massifs pots-de- vin, la Compagnie des Mers du Sud se voit con er une opération de privatisation de la dette nationale. Elle se pose ainsi en rivale de la Banque d'Angleterre, car elle échange les obligations de la dette contre des actions de la Compagnie portant un intérêt de 4%. Grâce à une énorme campagne publicitaire, les actions se vendent rapide- ment à 1 000% de leur valeur. Et en six mois, 85% de la dette natio- nale est transformée en actions de la Compagnie. Mais, très vite, la con ance faiblit, et les actions chutent : des milliers de spéculateurs sont peu ou prou ruinés1.

C'est l'e cacité de Robert Walpole, alors Paymaster General, qui fut spectaculaire dans le règlement de cette crise. Il remboursa en partie les petits porteurs qui avaient imprudemment acheté et réta- blit la con ance. Mais il t la sourde oreille quand il s'agit de punir les directeurs, les ministres et les membres du Parlement complices de la montée des actions. Il recueillit les lauriers de ses manœuvres en devenant Ministre des Finances. Nous voici à l'orée de l'ère Wal- pole, marquée à son origine par la corruption, et la spéculation

nancière.

L'article de Guy Laprévotte, « Autour de la South Sea Bubble : spé- culation nancière et ré exion morale » s'attache à montrer, au tra- vers des réactions des journalistes, essayistes, poètes et peintres de l'époque, l'impact du scandale sur Londres et ses environs, car on doute qu'il ait atteint les provinces profondes2. Tous sont condam-

nés, les coquins comme leurs proies crédules, tous en proie à une e royable cupidité. Les gueux, comme les puissants, sont les jouets de la fortune, et Exchange Alley, le lieu des transactions, foire aux vanités, devient une métonymie pour le pays dans son entier. « C'est l'antre des voleurs où se déchaînent les égoïsmes3». L'esprit public,

1. Elisabeth Tuttle, Les Îles Britanniques à l'âge moderne, 1485-1783, Paris : Hachette Supérieur, 1996, 196 et Frank O' Gorman, The Long Eighteenth Century.

British Political and Social History, 1688-1832, London : Arnold, 1997, 70-71.

2. Guy Laprévotte, « Autour de la South Sea Bubble : spéculation nancière et ré exion morale, » Argent et valeurs dans le monde anglo-américain aux xviieet

xviiiesiècles. Actes du Colloque tenu à Paris les 24 et 25 octobre 1980 par la Société

d'études anglo-américaines des xviieet xviiiesiècles, Université de Paris X-Nanterre,

1982, 135-157. 3. Laprévotte 144.

The Polite Philosopher de James Forrester

la charité ne sont que des mots vains. Hogarth, pourtant soucieux tout au long de sa carrière de se tenir loin des querelles partisanes, dessine « The South Sea Scheme », en 1721, où l'on peut lire :

Honour and Honesty are Crimes That publickly are punish'd by Self-Interest and Vilany

So much for Money magick power1.

The Polite Philosopher, est écrit quelque quinze années après le scan-

dale des Mers du Sud, à un moment où les esprits semblent apai- sés, l'économie prospère, et où Walpole a consolidé la dominante Whig au gouvernement. La banque, la participation aux intérêts nanciers est ici purgée de toutes connotations négatives et devient la métaphore heureuse de la bonne entente, preuve que l'individu devrait être réconcilié avec la montée du commerce et les retombées nancières qu'il procure à un certain nombre d'individus. C'est du moins ce qu'essaie de démontrer le Philosophe Poli. Mais les écrits d'un autre philosophe écossais, David Hume, dans ses Essais (1740- 1741), sont marqués par un moindre optimisme et par plus de luci- dité. Hume y traite de commerce, nances, politique et culture. Et s'il y fait un portrait au vitriol de Sir Robert Walpole, où il écrit « During his time trade has ourished, liberty declined, and learn- ing gone to ruin2», et où il lui reproche de n'avoir pas assez réduit la

dette publique mais de l'avoir ampli ée, ailleurs, il déclare qu'une part de corruption est inévitable dans tout gouvernement constitu- tionnel : « We may, therefore, give to this in uence what name we please ; we may call it by the invidious appellations of corruption and dependence ; but some degree and some kind of it are insepa- rable from the very nature of the constitution, and necessary to the preservation of our mixed government3».

Vertu et commerce semblent irréconciliables, et d'ailleurs, ni le nom « vertu », ni l'adjectif « vertueux » n'apparaissent dans The Polite

Philosopher. Il ne s'agit donc pas de restaurer ou de pleurer une vertu

1. David Bindman, Hogarth and his Times, Berkeley : University of California Press, 1997, 149.

2. David Hume, Essays Moral, Political and Literary, 1740-41 ; Oxford : Oxford University Press, 1963, 28.

3. Hume, Of the Independency of Parliament, 45. Voir aussi dans Of Re nement in

the Arts, 283.

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antique, celle des stoïciens et platoniciens, ou de héros tels Cincin- natus ou Caton, l'ancienne vertu liée à la terre telle qu'elle a été mise en œuvre dans un des derniers écrits platoniciens écrits en langue anglaise, The Commonwealth of Oceana de Harrington1, ou

les Cato's Letters, de Trenchard et Gordon, (1720-23), mais d'accep- ter des moindres maux, la vénalité, la corruption, l'intérêt person- nel aux dépens de celui de la nation, a n de ne pas tomber, dit Hume, dans des maux plus grands, une république pure et dure par exemple2. Ce que nous avons vu de la philosophie individuelle

du philosophe poli, « ne rien faire qui puisse conduire à un embar- ras plus grand », est érigé en doctrine politique.

Cette modération, chez le philosophe poli, doit aussi conduire au contrôle de soi, au soi régulé par une discipline intérieure, a n d'en- tretenir des relations harmonieuses avec ses semblables : « Reason, however antique you may think it, is a Thing absolutely necessary in the Composition of him who endeavours at acquiring a philosoph-

ical Politeness. (...) Next to this, another out-of-the-way Quali cation

must be acquired, and that is Calmness ». Suit un résumé des quali- tés : « Sense, Moderation and Sweetness are essential to a Polite Philoso-

pher ». (7 et 9) En cela, Forrester est très proche des Essais specta-

toriaux, de la mesure et de l'amabilité qui doivent être idéalement cultivées par les lecteurs. Mais Mandeville est également présent en ligrane par la reconnaissance de l'intérêt, pécuniaire ou rationnel qu'une telle conduite engendre. En e et, Forrester présente l'e ca- cité de sa méthode à travers deux portraits théophrastiques, celui d'Honorius, (13) et celui de Garcia, (14). Honorius a maintes quali- tés, acquises et par sa naissance : il est fortuné, bien né, éduqué, mais personne ne l'aime ! Son franc-parler en est la cause : « he speaks bluntly what he thinks, without regarding the Company who are by ». Garcia, par contre, sans richesse personnelle ni parents aristo- cratiques, commence par être « servitor » à l'université, c'est-à-dire qu'il se met au service d'un étudiant mieux né. Il ramasse rapide- ment le béné ce de ses « assiduités » ; il devient un bureaucrate

1. James Harrington, The Commonwealth of Oceana and a System of Politics, ed. J.G.A. Pocock, Cambridge : Cambridge UP, 1992, « Formation of government is the creation of a political creature, or it is an infusion of the soul or faculties of a man into the body of a multitude ». 273.

2. Hume, Whether the British Government inclines more to absolute Monarchy or to a

Republic, 48-53. Voir en particulier la conclusion.

The Polite Philosopher de James Forrester

du gouvernement, (les contemporains appelaient celui de Walpole « robinocracy »), et gagne £50 par an. En dix ans, son comportement prévenant et plein de sollicitude envers ses égaux et ses supérieurs lui vaut une promotion et son revenu grimpe à £1000 par an, sans compter les avantages en nature, pots-de-vin et dessous de table, appelés « perquisites » ou plus familièrement « perks » qui doublent cette somme. Ainsi, il a pu acheter une maison à la campagne, entou- rée d'un parc. Nul ne jalouse sa réussite : « (...) he is, at this Day, the Delight of all who know him, from an Art he has of persuading them, that their Pleasures and their Interests are equally dear to him with his own ». (15) Tous les obstacles à son ascension sociale ont été surmontés grâce à la simple gentillesse, l'intérêt qu'il montre aux autres, qui recouvrent et alimentent son propre intérêt. D'un état originel de dépendance il est passé à l'indépendance.

Nous avons ici en germe les théories de Jeremy Bentham, présup-