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1. CONTEXTE HISTORIQUE DU DÉVELOPPEMENT IDENTITAIRE DES

1.4 Situation de l’orthopédagogie au Québec

Dans l’ensemble des commissions scolaires francophones, nous recensons environ 1 600 à 2 000 postes à temps complet directement ou indirectement liés au domaine de l’orthopédagogie. De ce nombre environ 80 % sont occupés par des

16 La demande de création d’un ordre professionnel des orthopédagogues du Québec est soutenue par L’ADOQ (voté par ses membres en AGA (2009-2014)) un comité d’experts dans le domaine a été formé et mandaté par le conseil d’administration afin de préparer la demande (Ayotte, 2015).

orthopédagogues ayant un statut syndical enseignant appartenant au Champ 117 et les

autres ayant un statut syndical professionnel (Gouvernement du Québec, 2014; Gouvernement du Québec, 2015). En fait, il existerait en moyenne 1 400 postes dans le domaine de l’orthopédagogie au primaire et au secondaire dans le réseau public pour environ 93 293 apprenants EHDAA intégrés en classe ordinaire (Kalubi, 2015). S’ajoute la problématique du remplacement : selon les règles syndicales, une personne qui effectue environ six mois de suppléance en adaptation scolaire peut se faire reconnaitre les acquis de ce champ sans avoir aucune qualification légale dans ce domaine. Ces personnes peuvent obtenir des postes permanents en tant qu’orthopédagogues pratiquant en dénombrement flottant, alors que des orthopédagogues d’expérience n’y parviennent pas (Gouvernement du Québec, 2014).

Pour ce qui est du milieu hospitalier, il faut comprendre qu’il y a des orthopédagogues qui travaillent en clinique de jour et en clinique interne ou externe d’un hôpital18. Le rôle en clinique interne est réservé aux apprenants ayant une problématique

en santé mentale hospitalisés à court terme (Glaude, 2006). Quant au rôle en clinique

17 Champ 1 concerne le champ de l’adaptation scolaire dans les commissions scolaires, nous y retrouvons les postes comme enseignante en adaptation scolaire en classe spéciale et les postes à statut d’enseignant-orthopédagogue (orthopédagogue en dénombrement flottant). C’est cette appellation courante qui est régulièrement utilisée dans les diverses commissions scolaires du Québec (Gouvernement du Québec, 2014).

18 Ces divers postes relèvent de deux employeurs totalement différents ayant une vision de l’orthopédagogie qui diffère. Dans les faits, les postes en orthopédagogie en clinique interne ou de jour proviennent des commissions scolaires de la région appartenant au même territoire que l’hôpital. Tandis que les postes en clinique externe relèvent du milieu hospitalier. Donc, un même métier relevant de deux ministères ayant chacun un mandat différent (Glaude, 2006)

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externe, il représente un service de deuxième ou de troisième ligne qui peut différer d’un hôpital à un autre (Glaude, 2006). La clientèle de la deuxième ligne représente des apprenants ayant des besoins plus complexes et ayant des problématiques sévères qui résistent au traitement comparativement au milieu scolaire. Cela demande de travailler en équipe multidisciplinaire. (Fortin et al., 2014) Cependant, en général, l’orthopédagogue assume une responsabilité bien définie et des tâches spécifiques relevant de son domaine d’intervention. Son travail s’effectue au sein d’une équipe multidisciplinaire où l’expertise de chacun est mise à contribution (Béliveau, 1997; Hôpital Charles-LeMoyne, 2002; Béliveau, 2005; Ayotte et Hébert, 2012; Ayotte, 2013b). Il existerait au Québec, environ une douzaine de postes à statut professionnel dont l’employeur est un hôpital. En complément, il y aurait aussi à peu près une trentaine de postes à statut syndical d’enseignant dans les différents hôpitaux de la région de Montréal, mais dont l’employeur serait une commission scolaire. Tous ces postes en milieu hospitalier19 se concentrent aux services de la pédopsychiatrie et sont en voie de

disparition20.

Quant au niveau des études supérieures, chaque établissement collégial a un centre d’aide qui s’occupe de gérer les accommodements offerts aux étudiants en

19 Deux postes à statut professionnel au secteur du CMR de la Montérégie Ouest auraient été supprimés en décembre 2016 pour des raisons budgétaires.

20 Depuis les dix dernières années, au moins trente postes d’orthopédagogue dans ce secteur ont disparu. Les orthopédagogues dont le poste a été aboli ont tous bénéficié de la clause syndicale de sécurité d’emploi jusqu’à leur retraite ou démission. Pour certains d’entre eux, cela représente plus de douze ans. Cependant, nous n’avons pas été en mesure de retracer de statistiques à ce sujet. Il s’agit d’informations provenant d’entretiens menés auprès des orthopédagogues cliniciennes et du syndicat.

situation de handicap (Cartier et Langevin, 2001; Debeurme, Fournier, Fontaine et Wright, 2006; Gouvernement du Québec, 2013b) et de s’assurer de répondre aux exigences de la société québécoise à l’égard des principes légaux qui ont été adoptés dans la politique institutionnelle (Gouvernement du Québec, 2013a; Robert, Debeurme et Joly, 2016). C’est le même constat pour diverses universités du Québec, des services d’aide se mettent aussi en place pour soutenir les étudiants en situation de handicap (ÉSH) (Robert et al., 2016). Toutefois, ces centres d’aide sont organisés et gérés par différentes ressources professionnelles21 qui peuvent offrir des services qui diffèrent

grandement (Dubé, Dufour, Chénier et Meunier, 2016). Nous observons une augmentation du nombre d’ÉSH tant au collégial que dans les universités au Québec. L’analyse des différentes données transmises par certains chercheurs permet de mentionner que le nombre d’ÉSH ayant un trouble « invisible »22 a considérablement

augmenté au cours des années 2000 (Dubé et al., 2016; Bergeron et al., 2013). En 2005, environ 186 étudiants revendiquaient leurs droits tandis qu’en 2009, ils étaient autour de 2 143 (Ducharme et Montminy, 2012).

Il importe de préciser qu’au Québec actuellement, il y a une émergence des services offerts aux apprenants ayant des besoins particuliers dans le milieu de la pratique privée. Ceux-ci peuvent être variés et ne sont pas toujours proposés par des

21 Il s’agit de professionnels provenant de professions relevant de divers domaines comme le service social, la psychologie, l’orthopédagogie ou l’orientation.

22 Le trouble invisible correspond aux étudiants en situation de handicap qui présentent un trouble d’apprentissage comme la dyslexie, la dysorthographie, la dyscalculie ou une dysphasie (Raymond 2012).

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personnes détenant les compétences requises. Cependant, il existe peu d’étude décrivant la situation réelle de l’orthopédagogue dans ce milieu de pratique. Par ailleurs, sur le web, une multitude de publicités font référence à ce genre de services, une éclosion de clinique privée s’observe. Ce phénomène se remarque ailleurs dans le monde dans les milieux francophones. En raison de l’absence de réglementation légale dans ce domaine, toute personne peut porter le titre et offrir des services en orthopédagogie à des apprenants aux prises avec des difficultés sans que ceux-ci aient l’assurance de la qualité des services reçus (Gouvernement du Québec, 2014).

1.5 La situation de l’orthopédagogie en milieux francophones ailleurs dans le