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2. RÉSULTATS DE L’ENTREVUE

2.2 Conception de la profession

2.2.1 La définition de l’orthopédagogue clinicienne

Les orthopédagogues cliniciennes s’entendent pour se définir comme étant une professionnelle54

spécialisée dans le domaine des apprentissages scolaires incluant les difficultés ainsi que les troubles d’apprentissage, du développement des enfants et des matières scolaires. Elles ajoutent qu’elles détiennent les compétences nécessaires pour dépister, intervenir, évaluer et comprendre comment les apprenants parviennent à apprendre. Elles peuvent mettre en place, de manière spécifique, des programmes de rééducations au sujet des apprentissages en prenant en considération les besoins particuliers des apprenants. Elles sont aussi en mesure d’identifier les

54 Dans les divers verbatims, les orthopédagogues cliniciennes utilisent le mot orthopédagogue professionnelle pour s’identifier et se définir, c’est la raison pour laquelle nous utilisons ce terme.

moyens compensatoires à mettre en place, d’émettre des recommandations à cet égard et envers d’autres professionnels si nécessaire et de découvrir les stratégies compensatoires utilisées par les apprenants ainsi que leur style d’apprentissage. En fait, elles sont en mesure de tracer un portrait complet d’un apprenant sur le plan affectif, cognitif et de son adaptation par rapport aux apprentissages (défis, forces, entrave aux apprentissages, besoins, etc.). En outre, elles détiennent également les compétences pour informer les apprenants, les parents, les enseignants sur les troubles ou les difficultés d’apprentissage. Elles peuvent conseiller, soutenir, aider ou offrir des formations sur divers aspects scolaires (trouble, difficulté, anxiété de performance …). Finalement, elles sont aussi des spécialistes du contenu scolaire des diverses matières enseignées dans les écoles du primaire et du secondaire. « Remettre sur les rails un élève qui a vécu des difficultés

pour x raisons … donc le ramener vers … des projets qu’il y avait au départ dans la mesure du possible… » P2

« C’est quelqu’un qui se spécialise dans l’apprentissage et le développement des enfants … comprendre comment les enfants apprennent … leurs besoins … d’évaluer les difficultés … les forces … de recommander des adaptations… capable d’identifier les entraves … sur le plan affectif … » P1

« C’est un intervenant auprès des enfants qui ont des difficultés scolaires. … pour essayer de trouver des moyens spécifiques, particuliers pour répondre à des besoins tout aussi spécifiques et particuliers… C’est un coach sur le plan adaptatif… Ça devrait être toujours plus large que le monde scolaire… » P4

« À titre de conseiller, de guide et de formateur aussi, je pourrais dire d’évaluateur même si on ne peut pas poser de diagnostic… auprès des apprenants en difficulté d’apprentissage ou d’adaptation et auprès de la communauté des enseignants… la neuroscience avec le cerveau … les gens aiment bien comprendre comment on apprend … aider les gens à voir si ça vaut la peine d’aller vers une autre évaluation formelle avec un tel spécialiste… conseiller les gens sur à qui s’adresser … » P3

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« Qui est spécialisée au niveau des difficultés, des troubles d’apprentissage et qui

en principe est en mesure d’intervenir, de faire de la rééducation spécifique sur les troubles, sur les difficultés et qui est capable des évaluer… évaluer dans le but de comprendre … c’est comprendre le jeune, c’est tout au niveau de la métacognition, de la stratégie, ça couve large. » P5

En outre, trois d’entre elles affirment que leur conception par rapport à leur définition de l’orthopédagogie a évolué au fil du temps sur certains aspects à cause de divers facteurs. En effet, certaines feront référence aux connaissances provenant des avancés de la recherche sur le cerveau et de celles relevant de la santé mentale. D’autres évoqueront le développement de l’expertise des compétences, des interactions provenant de l’équipe multidisciplinaire, le fait de devoir défendre leurs compétences devant les autres professionnels contribuent à les amener à réfléchir sur le sujet, à se remettre en question puis à se positionner autrement.

Elles mentionneront également qu’au moment de la sortie du Guide du projet loi 21, l’orthopédagogue a dû faire valoir ses compétences. Cette période a représenté un moment difficile puisque les orthopédagogues ont eu l’impression de ne pas avoir été consultées à ce sujet et d’avoir été laissées pour compte. Selon elles, cela est dû à l’absence d’un ordre professionnel. « … on a le

devoir de se maintenir à jour… » P5

« Je suis plus spécialisée en santé mentale et je vois l’apport de l’orthopédagogue

dans les problématiques de santé mentale… être capable de dégager ce qui appartient à la problématique de santé mentale versus à un trouble des apprentissages qui est attaché à cela… » P1

« C’est raffiné de plus en plus au fil du temps, j’ai obtenu des connaissances parce que je me maintiens à jour… il faut comprendre le cerveau pour pouvoir aider les jeunes… dans le contexte qu’on vit présentement en milieu hospitalier… réflexion

sur le rôle… on se pose la question est-ce que les orthopédagogues ont vraiment leur place … ça m’amène … la définition pis à apporter des changements. » P5 « La partie pré-évaluation … il faut savoir les répercussions de nos interventions. Il faut d’abord savoir d’où l’on part pour savoir où l’on s’en va, l’efficacité. L’effet de nos interventions doit être à quelque part. » P3

« …après la loi 21 il y a tellement d’orthopédagogues qui ont eu peur … se sont fait tassées… je trouve qu’il y a deux clans … y en a qui sont très très solides qui sont … allées plus loin … ont repris une identité professionnelle solide … c’est des vrais orthopédagogues … toute une génération … qui se sont résignées … » P4 « C’est sûr qu’il y a eu toute la loi 21 qui est venue brasser beaucoup… il a fallu restituer c’est quoi nos compétences … ça beaucoup secoué sur l’identité c’est un passage dur cette période-là … on avait l’impression que l’orthopédagogue n’était pas considérée … il a fallu vraiment travailler pour se faire reconnaitre … » P1

Les orthopédagogues ont relevé les points qui leur apparaissent comme représentant un consensus et ceux qui sont divergents en ce qui concerne la définition de l’orthopédagogue clinicienne. Selon elles, les aspects faisant plutôt référence au dépistage, à l’intervention, à la rééducation et au spécialiste des apprentissages rejoignent la vision des autres orthopédagogues pratiquant dans les autres milieux. En outre, le rôle de conseiller, de formateur ainsi que la tâche d’informer et soutenir sont également une perception partagée par l’ensemble des orthopédagogues. Chacune est libre de développer des programmes de formation selon son expertise respective.

Toutefois, pour ce qui est des éléments qui contribuent à accroitre une différence concerne particulièrement l’identification professionnelle et l’évaluation des apprenants. Les orthopédagogues cliniciennes précisent que celles provenant du milieu scolaire détiennent un statut

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d’enseignant et non pas tendance à s’affirmer comme des professionnelles ou des orthopédagogues. Quant à l’évaluation, elles spécifient que le but d’identifier ou de contribuer à l’identification des difficultés ou des troubles d’apprentissage est rarement présent dans les milieux scolaires en précisant néanmoins que cela est variable d’un endroit à l’autre et que cela peut également dépendre du fait que dans certaines écoles il y a des orthopédagogues professionnelles dédiées à ces tâches. Elles ajoutent que la partie rééducation individuelle est probablement un autre élément divergeant puisque le contexte scolaire se prête moins bien à la mise en place d’une rééducation spécifique et ciblée sur un aspect en particulier pour un seul apprenant. « … il y a des

points que j’intègre beaucoup dans ma pratique que je vois que mes collègues ne font pas … c’est tout ce qui est relié à la santé mentale… » P3 « … y a aussi évaluation … c’est peut-être là qu’on divergeait… » P1 « … d’évaluer les troubles » P4

« … je pense qu’en milieu hospitalier probablement que ma définition rejoint pas mal toutes les orthopédagogues. Pour ce qui est du niveau scolaire …. L’évaluation spécifique des troubles d’apprentissage … est nécessairement mise à jour au niveau du développement du cerveau. » P5