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Chapitre I : De la création de la CED

B) La situation en Europe

homologues soviétiques demeurés au nord. »73.

Pour les Américains, il faudrait revoir la stratégie de défense : « la situation créée par l’agression de la Corée et la nécessité de mettre rapidement sur pied les forces suffisantes en Europe de l’Ouest ont posé le problème de l’utilisation du potentiel allemand au profit de la défense occidentale»74.

Pour le colonel Faure : « La menace russe à l’Est implique la création de forces armées cohérentes puissantes, capables non seulement de s’opposer à toute menace d’invasions, mais encore rejeter l’ennemi et de le battre »75. Dès lors, les yeux étaient naturellement tournés vers l’Allemagne fédérale. Cette guerre est symbolique à plus d’un titre, car elle constitue la première opposition frontale entre Soviétiques et Américains. C’est la raison pour laquelle elle « restera dans l’histoire commune comme ayant marqué le paroxysme de la guerre froide. La logique des conflits à l’âge nucléaire y trouva sa première illustration : les enjeux sont illimités mais les risques sont tels que les moyens sont limités »76.

B) La situation en Europe.

1° La crise de Berlin.

Dès la fin de l'année 1943, les alliés étaient presque assurés de leur victoire sur l'Allemagne nazie. Les États-Unis, l'URSS et la Grande Bretagne, les principaux vainqueurs de la guerre s'interrogeaient dès lors sur le sort qui devait être réservé à l'Allemagne. Il fallait trouver une formule qui permettrait à la fois de museler à jamais le militarisme allemand et de récupérer leurs pertes consenties tout au cours du conflit. Après la capitulation de l'Allemagne, commencent les problèmes. Une fissure va s'installer entre le camp des occidentaux et celui des Soviétiques. Les divergences deviennent des plus en plus visibles. En ce qui concerne l'Allemagne, elle a été la grande perdante de la guerre. Ce passage de Pierre Milza en dit long sur

73 André Fontaine, Histoire de la Guerre froide (tome II), op.cit. p. 19.

74 SHAT, dossier organisation internationale, CED, résumé du traité, études intérieures, extérieures, extrait de

presse 1952- 1953, OI 4 quater, (1Q65, à la bibliothèque du service historique de l’armée de terre). Les documents du SHAT avec la côte Q comme 1Q65 ont été consultés sous dérogation (les dérogations nous ont été accordées par le Général M. Berlaud, à l'époque, chef du SHAT devenu aujourd'hui SHD.

75 SHAT , dossier organisation internationale, CED, résumé du traité, études intérieures, extérieures, extrait de

presse 1952- 1953, OI 4 quater ibid., (1Q65).

sa situation d'après guerre « vaincue, saignée à blanc par une guerre qui a été portée cette fois ci jusqu'au cœur de son territoire, humiliée par la capitulation sans conditions de ses armées, l'Allemagne se trouve au cœur du différend qui oppose les Soviétiques aux Occidentaux »77.

Pour les territoires occupés, avec la fin de la guerre s’achève un cycle de cauchemar, mais l’Allemagne, elle, allait subir des bouleversements profonds. S’agissant de son statut, il était dit qu’en attendant de lui extirper la gangrène nazie, et de lui rendre son statut, l’ancien Reich devait être sous administration d’un conseil de contrôle composé de commandants en chef des quatre puissances occupantes. Berlin, située à l’intérieur de la zone soviétique78, sera divisée également en quatre secteurs et administrée par une autorité interalliée du nom de Kommandantur. Mais, vu l’opposition entre les Américains et les Soviétiques, et l’alliance nouée entre Britanniques, Français et Américains, on peut à juste titre affirmer qu’il n’existe en réalité que deux zones: une zone occidentale et une zone russe. Ce qui ne plaisait guère aux soviétiques qui n’avaient admis du reste que la ville de Berlin dont ils réclamaient le contrôle, soit, elle aussi, divisée en secteurs.

Malgré la bonne volonté des uns et des autres, on ne parvint pas à trouver une solution pour la future Allemagne. Maurice Vaïsse résume bien la situation qui prévalait à cette époque en ces propos : « Lors de la rencontre des ministres des affaires étrangères de la France (Bidault) de la Grande Bretagne ( Bevin) des États-Unis ( général Marshall) et de l’URSS (Molotov) à Moscou (mars avril 1947), l'impasse est totale aussi bien sur la dénazification que sur les frontières orientales de l'Allemagne que sur les réparations »79

Les vues des anciens alliés sont encore plus divergentes en ce qui concerne le mode

77 Pierre Milza, Les Relations internationales, 1945-1973, Paris, Hachette, 1996, p.28.

78 « La zone d’occupation soviétique comprend les pays de Saxe, de Thuringe, et de Mecklembourg, les provinces prussiennes de Saxe et de Poméranie( sauf pour cette dernière partie située à l’Est de l’Oder, enfin la Marche du Brandebourg à l’intérieur de laquelle se trouve le Grand Berlin partagé entre les quatre Alliés » in DDF 1946, tome II (1er janvier -30 juin), op.cit., note n°114( note de Tarbé de Saint-Hardouin pour le ministre sur la situation de la zone soviétique.)

On peut retrouver également la carte de l’occupation des Alliés (le partage de l’Allemagne) dans la partie Annexe (n°1)

de gouvernement de l’Allemagne : «la France désire une Allemagne très peu centralisée à structure fédérale regroupant une douzaine de Länder, l'Union soviétique réclame un État fortement centralisé et un contrôle international de la Rhur, les Anglais et les Américains se prononcent pour un gouvernement fédéral fort contrôlant les affaires étrangères et les finances»80.

Instigatrice de la guerre et vaincue par la suite, l'Allemagne allait être la pomme de discorde entre alliés. C'est l'ennemi d'hier qui devient aujourd'hui le maillon déstabilisateur de la coalition. En tout état de cause, le constat était réel, « à partir de 1946 l’Allemagne devient sous le signe de la guerre froide, le champ clos où s’affrontent les idéologies de l’Est et de l’Ouest où se heurtent les influences politiques et surtout où se confrontent les protagonistes, les États-Unis et l’Union soviétique »81.

Ce fut ainsi le statu quo jusqu'en mars 1948 date à laquelle le Maréchal Vassili Sokolovski décide d’arrêter les débats du Conseil interallié. Peu de jours après cet incident, il fut décidé de confier à des Allemands de l'Est le contrôle. Devant ce refus des occidentaux, les Soviétiques bloquèrent toutes les voies terrestres. C'est ce qui est appelé le "petit blocus" de Berlin. Petit blocus certes, mais qui augure d'une grande crise, car il empêchait l'accès aux occidentaux à leur zone.

Cette volonté de contenir l’avancée soviétique est l'une des raisons de la création de l’Union de l’Europe occidentale en avril 1948. « Le but à atteindre en Europe, souligne Élisabeth du Réau, est de contenir l’ennemi aussi loin que possible afin de défendre les territoires nationaux de l’Union occidentale et de donner de la profondeur à leur défense »82. Un conseil de guerre assisté d’un comité militaire permanent composé de représentants de chefs d’état major des cinq Puissances ou leurs représentants était également mis en place. Il était donc nécessaire que l’Europe se dote d’un pôle de défense lui permettant de pourvoir à sa sécurité en plus de l’aide américaine. Mais la persistance de la menace soviétique rendait Français, Britanniques et Américains plus solidaires.83

80 idem. ibidem.

81 Stephan Martens, La politique de l’Est de la République fédérale depuis 1949. Entre mythe et réalité, Paris, PUF, 1998, p.9.

82 Elisabeth du Réau “ Les enjeux de défense et de sécurité dans la construction européenne” in

Penser et Construitre l’Europe de 1919 à 1992, (sous la direction de Sylvie Guillaume), op.cit. p.188.

A la suite de la conférence de Londres en juin 1948, Français, Anglais et Américains décidèrent d'unifier leurs trois zones respectives en y organisant des élections. Pour des raisons évidentes, la France était, tout au début, très réticente à cette décision, mais accepta plus tard de signer en échange de l'administration de la Ruhr par une autorité internationale. Cette autorité avait pour rôle d'exercer son autorité non seulement sur la Ruhr, mais aussi sur toute l'économie allemande. Cette volonté d'unification des trois est matérialisée par la création d'une monnaie commune dans la zone Ouest (le Deutsche Mark ou DM). Cette décision fut très mal accueillie par les Soviétiques. Ainsi, par mesure de rétorsion, ils organisèrent le blocus total de Berlin. C'est l'épreuve de force qui allait durer une année. Le 22 juin de la même année, le Maréchal Vassili Sokolovski annonce à son tour une réforme monétaire en zone orientale, y compris Berlin qu'il considérait comme partie intégrante de la zone soviétique. Toutes les négociations n'aboutirent à rien. Plutôt que d'accepter le diktat de Staline qui proposait l'adoption du Mark oriental dans la zone Ouest allemande, les Occidentaux préférèrent l'épreuve de force. En réalité, « la réaction des États-Unis fut immédiate. Ils décident de ne pas accepter la situation de fait créée par les Soviétiques et de ravitailler Berlin-Ouest par un pont aérien. Assurée à 95% par les Américains, cette opération va assurer pendant un an le ravitaillement de la ville et contraindre les Soviétiques à céder. En juin 1949, ils lèvent le blocus de Berlin et acceptent d'ouvrir à nouveau les autoroutes et les lignes des chemins de fer qui permettaient de ravitailler Berlin-Ouest avec des contrôles soviétiques. Le conseil des ministres des affaires étrangères qui se réunit à Paris en mai - juin 1949 sanctionne cet équilibre précaire. Berlin est devenu un symbole du combat pour la liberté»84

Depuis cet incident, la réalité idéologique a rattrapé les deux camps. L'idée d'une Allemagne une et indivisible s'éloignait de plus en plus. Il était désormais accepté, du moins tacitement, par les deux puissances, qu'il existait deux États souverains. Que restait-il d'autres sinon la traduction de ce vœu dans l’effectivité ? Dans l’esprit des dirigeants des deux camps opposés, chacun gérait une entité différente de l’autre avec son territoire sa monnaie et son idéologie et ses alliés. Tout ce qui manquait était les décrets qui devaient les instituer ces deux entités comme États, mais dans le fond,

il existait déjà deux Allemagne.

Après le rejet du projet de constitution au printemps 1949, un nouveau projet fut accepté en mai 1949. Entre temps, les occidentaux ont signé les accords de Washington85 : Selon ces accords, l 'Allemagne ne peut signer de traité sans l'accord des alliés, la défense et les affaires étrangères restent également une compétence exclusive des ces derniers. En outre, le gouvernement militaire de l'Allemagne est remplacé par une Haute commission composée de l'Américain John Mac Clay, du français André François-Poncet et du général anglais Robertson. Ainsi en août 1949 naquit la République Fédérale d'Allemagne plus connue sous le nom de RFA. La réplique des Soviétiques ne se fit pas attendre, le 7 octobre de la même année fut créée la République Démocratique allemande ou RDA. A partir de ce moment de leurs créations, l'existence des deux Allemagnes matérialisait l'opposition entre les deux grandes puissances. Cet épisode scelle définitivement le clivage entre les deux super puissances. Ainsi, ce qui fut virtuel devient une réalité. En dépit de leurs divergences, « la particularité de ces deux États crées est de ne posséder qu’une souveraineté intérieure limitée et aucune souveraineté extérieure, car les vainqueurs ne veulent pas abandonner l’autorité qu’ils exercent sur l’Allemagne et en son nom »86. À l’Ouest, les conditions draconiennes accompagnaient cette forme de mise sous tutelle. Selon Grosser et Ménudier, les Alliés voulaient : "

- prendre en charge et contrôler les relations extérieures, - contrôler le commerce extérieur,

85 « Le but des accords de Washington était de donner à l’Allemagne toute l’autonomie compatible avec l’occupation alliée. Ils fixaient les bornes dans lesquelles le gouvernement allemand, une fois constitué, devait agir. Les trois gouvernements alliés conservaient l’autorité suprême et pouvaient modifier toute décision législative ou administrative prise par les autorités allemandes. Il existait, d’autre part, un certain nombre de domaines réservés “restreints au minimum », où les Alliés agiraient par eux-mêmes: désarmement et démilitarisation; contrôles concernant la Rhur, les restitutions, les réparations, la décartellisation , la décentralisation, la non discrimination en matière commerciale, les intérêts étrangers en Allemagne et les créances sur l’Allemagne; affaires étrangères; personnes déplacées; protection de forces alliées et frais d’occupation; respect de la Constitution fédérale et des Constitutions de Länder ; contrôle du commerce extérieur et des échanges; utilisation des fonds de ravitaillement, de manière à réduire au minimum l’aide étrangère (….) À part ces restrictions, les autorités allemandes, à l’échelon fédéral et à celui des Länder, avaient tous les pouvoirs et leurs décisions seraient validées si elles n’encourait pas le veto de l’autorité alliée »

cf. Jean-Baptiste Duroselle et André Kaspi, in Histoire des Relations internationales de 1945 à nos jours, op.cit. p.71.

86 Alfred Grosser, Henri Ménudier, La vie politique en Allemagne fédérale , Paris, Armand Colin 1978, p.37

- contrôler la Rhur, les réparations, l’industrie, la décartellisation, le désarmement, la démilitarisation et même certaines formes de la recherche scientifique,

- faire respecter les troupes alliées et garantir la satisfaction de leurs besoins, - contrôler le respect des constitutions des Länder,

- reprendre toutes les compétences cédées aux Allemands en cas de situation de crise,

- se donner le droit d’annuler toute décision du gouvernement ou du Parlement »87.

Le texte final n’est pas loin des propositions ci dessus. Les Allemands ont certes réussi à en atténuer certains points, mais en définitive, en plus de la souveraineté constitutionnelle, la souveraineté économique leur avait été amputée. Les contraintes disparaîtront au fur et à mesure de l’intégration de l’Allemagne fédérale aux organisations atlantiques et européennes, mais c’est en réalité, la décision de Konrad Adenauer de faire participer la RFA à l’effort de guerre qui a précipité le retour à la souveraineté. Nous y reviendrons plus amplement.

2

° L’explosion de la bombe atomique russe.

La première conséquence du lancement de la bombe sur Hiroshima et Nagasaki est l'intégration d’une nouvelle donne dans les relations entre États : l’arme atomique. Elle est capable à elle seule à donner une issue favorable à des situations les plus épineuses qui soient. Avec cette arme, les relations internationales prennent une autre dimension. De l’arme atomique naît en réalité une politique atomique : la dissuasion. Face à une arme d’une telle puissance, on ne peut que se plier. C’est ce que les Russes ont compris très tôt. Bien avant que les Américains fassent exploser leur première bombe, les Soviétiques, avec l’aide de leurs services secrets se battaient eux aussi pour trouver le fameux sésame. C’est cette avancée des recherches russes surveillée de très près par les Américains qui a fait que, quand le Président Truman annonça négligemment du reste à Staline être en possession d’une arme redoutable.

Bizarrement, ce dernier l’accueillit passivement, avec une certaine froideur. Cette réaction fut sans doute une manière de lui signifier que son pays en fera de même sous peu de temps. Les Américains seuls détenteurs de la bombe suivaient donc les Russes de très près. C’est la raison pour laquelle, paradoxalement, à la place des Russes, « le 22 septembre 1949, ce furent les États-Unis qui annoncèrent la première explosion atomique dont ils avaient détecté les retombées radioactives »88. Et l’auteur de signaler : « Il est frappant de constater que ce fut Washington et non Moscou qui en fit le premier l’annonce »89. Comme pour indiquer que les Américains s’y attendaient un tout petit peu, il renchérit: «cette explosion intervenait beaucoup plus tôt que ne l’avaient prévue les Américains »90.

Les implications de cette explosion ne se limitent pas seulement au domaine militaire. Comme indiqué plus haut, elles modifient non seulement d’un bout à l’autre la configuration des relations entre les États-Unis et l’URSS, mais également celle de la géopolitique mondiale. L’introduction de l’arme atomique change les données de la diplomatie et des négociations internationales et introduit de nouvelles normes. C’est en partie cet aspect que Georges-Henri Soutou a voulu faire ressortir dans ce long propos. II dit « La bombe soviétique comportait de considérables implications. Elle signifiait la fin du monopole nucléaire américain et elle modifiait le sens du pacte atlantique : la stratégie périphérique encore envisagée par les États-Unis, avec une garantie nucléaire implicite à l’Europe plus qu’un véritable engagement militaire sur le continent ne suffirait plus. Certes, matériellement, la situation ne changeait pas encore tellement : la supériorité américaine restait considérable et l’URSS ne disposerait pas de vecteurs capables d’atteindre réellement les États-Unis qu’à partir du milieu des années 50 (et en faible nombre pendant encore une dizaine d’années); mais les perceptions, en particulier celles des dirigeants et opinions publiques occidentaux et d’abord européens, étaient dès 1949 profondément modifiées ».91

88 Georges-Henri. Soutou, La guerre de cinquante ans…, op. cit. p.230.

89 Idem. ibidem.

90 Idem. ibidem.

L'arme atomique soviétique, n'étant pas immédiatement utilisable, introduit quand même une nouvelle donne du fait des implications dont elle est à l'origine. Elle change complètement la perception que le camp occidental, les États-Unis en particulier, avait de l'URSS. Dorénavant, la force dissuasive était dans les deux camps. Chacun pouvait à tout moment qu'il le désire brandir la menace nucléaire pour se défendre ou défendre ses alliés ou satellites. Des crises qui arriveront plus tard ont montré comment le monde a longtemps vécu sous la dictature de cette arme fatale. Avec l'explosion de la bombe soviétique naît la politique de la dissuasion. Cependant pour que la politique de dissuasion soit possible et effective, il faut au moins l’existence de deux entités en possession de la bombe.

L'explosion de la bombe et l'avènement d'un nouveau gouvernement d'obédience communiste en Chine ont fini par convaincre les plus sceptiques de l’acuité de la menace soviétique. Mieux encore, l'URSS n'est plus considérée comme un adversaire mais comme un ennemi. Dans la conscience occidentale et américaine en particulier la figure de Staline remplace celle d'Hitler. Le pessimisme américain transparaît à travers le rapport de la commission que dirige Paul Nitze, successeur du très renommé diplomate George Kennan, au policy planing staff. Concernant ce rapport plus connu sous le nom de NSC 68, Georges-Henri Soutou dit ceci : « Ce texte entérinait une vision plus pessimiste de la politique soviétique: la menace n'était pas seulement de nature politique et sociale, mais Moscou voulait réduire la puissance américaine et n'hésiterait pas à utiliser la force le cas échéant. (…) Le NSC 68 estimait d'autre part que même en dehors d'une guerre l'URSS utiliserait ses forces armées (en plein développement) pour intimider les alliés des États-Unis et progresser par infiltration. » 92

A travers le rapport NSC 68, on entrevoit l'idée que la position américaine dépasse maintenant le containment. Désormais, il n'était plus question d'endiguer le communisme, mais de le détruire. Pourtant, il était presque évident que jamais les États-Unis n'attaqueraient de front l'URSS. Alors, que fallait-il faire de l'URSS qui, après la bombe atomique, s'était fixée comme objectif de posséder de la bombe

thermonucléaire? Dès lors, la course aux armements que redoutait le Président Truman devient la seule issue possible si les États-Unis ne voulaient pas se faire doubler par les Russes.

Pour une certaine partie de l'intelligentsia américaine, (plus particulièrement l'influent physicien Edward Teller), les États-Unis devaient vite s'atteler à la fabrication de la bombe thermonucléaire avant que les Russes ne l'obtiennent. Sous ce rapport, ils pourront imposer la force à chaque fois qu'il jugera nécessaire de le faire. Pour Teller, l'administration de Staline ne connaissait que le langage de la force,