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Chapitre I : De la création de la CED

C) Les raisons de la création de la C.E.D

C) Les raisons de la création de la C.E.D.

1° L'expansion de l'agressivité russe.

La capitulation de l'Allemagne nazie a une double signification liée l'une l'autre. Elle annonce la fin d'une époque, mais également la naissance d'une autre. A la guerre chaude, succédait une autre forme de guerre sournoise dite guerre froide. Cependant l'objectif des deux camps demeure le même : la destruction de l'ennemi et la primauté de son modèle. Pour ce faire, chaque camp devait s'attirer le plus d'amis et d'alliés possibles. D'un camp à l'autre, paradoxalement, on utilisait les mêmes expressions de démocratie, de liberté, de droit de l'homme etc., mais sans leur donner les mêmes significations. Chaque définition était liée à l'idéologie qui l'énonçait. Quand les États-Unis parlent de démocratie par exemple, ils font allusion à la démocratie libérale de laquelle Francis Fukuyama dira plus tard qu'elle incarne la fin de l'histoire et d'une certaine manière, l'avenir du monde.94 Dans la bouche des Russes le même mot de démocratie signifie la démocratie socialiste. La jonction des mots de démocratie et de libérale est un non-sens pour les Russes. Ainsi donc, chaque camp devait faire en sorte que triomphe son modèle, même s'il faut quelque fois utiliser la force pour y parvenir.

À partir de 1943, pour Staline, il fallait déployer tous les moyens, y compris militaires pour conquérir l'Europe de l'Est et en faire un bastion du communisme. Dans les années 1945-46, l'accentuation politique de conquête de l’URSS en direction de l’Europe de l’Est « entraîne vite une tension avec les Occidentaux »95. Churchill évoquera à Zurich le « rideau de fer » qui sépare les deux Europe96. L'Ouest de l'Europe était déjà alliée aux États-Unis. La conquête russe fera de sorte que l'Europe se scinde en deux blocs opposés.

Mais voyons comment s'est déroulée cette conquête de l'Europe de l'Est.

Le cas de la Pologne est très symptomatique de la volonté des Russes de contrôler

94 Cf. Francis Fukuyama, La fin de l'Histoire et le dernier homme, Paris, Flammarion, 1992.

95 François-Georges Dreyfus, Une Histoire de la Russie, Paris, Éditions du Fallois, 2005, p.212.

96 Georges-Henri Soutou, L’Europe de 1815 à nos jours, op.cit. p.270.

Pour Soutou, « ce rideau de fer qui traversait désormais l’Europe, et provoquait une rupture des liens politiques, culturels et économiques entre les deux moitiés du continent, dans une mesure jamais atteinte jusque-là ».

l'Europe de l'Est. Un tiers des ministres et des sièges de l'Assemblée était détenu par le parti paysan. Mais paradoxalement, c'est le parti communiste qui s'arrogeait les ministères les pus importants tels l'Armée, la Police, l'Intérieur. Les Soviétiques contrôlaient également les services secrets polonais. Ce qui fait qu'ils étaient au courant de tout ce qui se tramait dans le pays et étaient capables d'orienter à leur guise la politique du pays à chaque fois qu'ils le désiraient. Pour atteindre cet objectif, le Parti impulsa une double politique de terreur et de séduction: d'abord il utilisait la carte du retour du militarisme allemand. En outre, l'URSS utilisait comme appât la possibilité de prendre en charge la reconstruction du pays presque décimé par la guerre. Ce qui n'était pas une mince affaire. Entre temps, les communistes tissaient des liens utiles à travers l'appareil d'État et dans la population. Ce qui leur fut bénéfique, car pendant les élections de janvier 1947, le communiste Boleslav Bierut devint Président de la République.

Pour ce qui concerne la Tchécoslovaquie, il faut signaler qu'avant l'arrivée des Soviétique, elle avait une tradition démocratique assez approfondie. En réalité, ce fut « le seul État d’Europe centrale à avoir expérimenté la démocratie pendant la période de l'entre-deux-guerres »97. Dans ce pays, c'est de manière démocratique que les communistes sont arrivés au pouvoir. Ce qui est une exception dans le paysage politique de l’époque.

En effet, au cours des élections libres de 1946 les communistes obtinrent 30% des voix. Pour Georges-Henri Soutou, cette situation s'explique par le fait que « le pays avait toujours plutôt été à gauche, les démocraties françaises et britanniques étaient déconsidérées depuis Munich, l'URSS apparaissait avant tout comme le grand frère slave »98.

Cette attitude très modérée de Staline vis-à-vis de la Tchécoslovaquie démontrait qu'il ne privilégiait pas toujours la politique de force. Mais au-delà de cet aspect, il était conscient, à tort ou à raison, du fait que l'Occident serait beaucoup plus sensible au sort de la Tchécoslovaquie qu'à celui de la Pologne. Cependant, il maintient certaines de ses habitudes comme l'alignement de la position des communistes à

97 Maurice Vaïsse, Les relations internationales depuis 1945, op. cit. p.23.

celui de Moscou. Comme en Pologne, en Tchécoslovaquie « les parties communistes tchèque et slovaque ont réussi à se faire attribuer neuf des plus importants portefeuilles sur les 25 du cabinet Fierlinger deux postes de vice-président du Conseil, la Défense nationale, le Commerce, l’Intérieur, l’Instruction publique, l’Information, l’Agriculture et le Travail, auxquels il convient d’ajouter le sous-secrétariat d’État aux affaires étrangères. »99. Il va de soi que l’influence communiste de l’Union soviétique est prééminente et que Moscou dispose des atouts majeurs pour orienter la politique du pays à sa guise.

Tous les axes stratégiques sont aux mains des Russes : les services de sécurité, les administrations etc. En ce qui concerne les secteurs clefs de la sécurité intérieure, M. Dejean souligne que « Moscou a réussi à s’infiltrer également dans presque tous les autres ministères et à placer ses hommes de confiance dans toutes les grandes administrations dans l’armée, dans la police. »100. Même la police politique tchèque créée après la libération n’est pas épargnée. « Elle a été reconstituée à sur le modèle russe »101.

Cela n'a pas manqué d'agacer les partis modérés de la coalition gouvernementale. A cela s'y ajoute l'interdiction des Russes faite à la Tchécoslovaquie de bénéficier du plan Marshall car ils jugent le plan de reconstruction de l'Europe comme « une manifestation de l’impérialisme américain pour établir sa domination économique et politique sur l’Europe »102

En janvier 1948, la côte popularité des communistes était en baisse en Tchécoslovaquie. Ils ne représentaient que 28% des intentions de vote. Craignant pour son sort lors des prochaines élections, le Parti communiste brusqua les choses. Pour manifester leur mécontentement les ministres des partis modérés démissionnèrent du gouvernement, les communistes avec la complicité des Russes en profitaient pour « faire démissionner » le Président Bénes qui était souffrant et âgé et s'installer au pouvoir. C'est ce qui fut appelé sous le nom du « coup de Prague »

99 DDF 1946, tome I (1er janvier -30 juin), op.cit. Note n°24 (Note secrète de M. Dejean, Ambassadeur de France à Prague à M. Bidault , Ministre des Affaires étrangères.)

100 DDF 1946, tome I (1er janvier -30 juin), op.cit. note n°24.

101 Idem. ibid.

♣ Le plan Marshall proposé en juin 1947, voulait, en assurant le relèvement économique de l’Europe, renforcer leur résistance au communisme et constituer un pôle occidental cohérent. Cf. Maurice Vaïsse, Les relations internationales depuis 1945.

qui « transforme la Tchécoslovaquie social-démocrate en République populaire après la démission forcée de Bénes »103.

Cet événement est illustratif à plus d'un titre car il démontrait d'une part que les Russes pouvaient fomenter un coup d'état sans pour autant envoyer leur armée. D'autre part, si on tient compte de la proximité de la Tchécoslovaquie de l'Europe de l'Ouest, les Occidentaux se demandent s'ils ne vont pas continuer la communisation jusqu'en Europe de l'Ouest. Cette situation avait une conséquence immédiate, elle réveilla les consciences occidentales de la nécessité de trouver un rempart contre l'avancée russe.

Jusqu’en 1948, la Yougoslavie est l'un des alliés les plus fidèles de Staline. Mieux encore, Tito son dirigeant qui s'est imposé comme chef de la résistance se réclamait de Marx et de Lénine. Cependant, malgré cette proximité idéologique, Tito refuse un alignement total sur l'Union soviétique. Il jouissait dans son pays d'une immense popularité personnelle; ce qui constituait pour les Russes un obstacle si, au besoin, ils envisageaient un jour de faire un coup de force. Selon Jean Baptiste Duroselle et André Kaspi, « Les premiers signes de la querelle se manifestèrent au printemps 1948. En avril, deux ministres très fidèles à Moscou furent révoqués pour "anticommunisme ». Lorsqu’en mars 1948, les Occidentaux avaient proposé le retour de Trieste à l’Italie, la politique yougoslave avait déplu aux Russes qui songeaient à restituer ce port à l'Italie en cas de victoire électorale communiste. D'autre part, le 20 mars, le parti communiste soviétique adresse une lettre de reproche aux leaders yougoslaves, et toute une correspondance s'en suivit. »104 Et alors débuta l'escalade verbale.

La participation de la Yougoslavie avait été rejetée pour un meeting du Kominform♣

103 François-Georges Dreyfus, Une Histoire de la Russie, op.cit. p.214.

104 Jean Baptiste Duroselle & André Kaspi, Histoire des Relations internationales de 1945 à nos jours, op. cit. p.99.

in Documents diplomatiques Français de 1947, Tome II, Bruxelles, PIE Peter Lang 2009, n°215.

« Le Kominform est le successeur du Komintern. Dans une note, M. Charpentier, chargé d’affaires à l’Ambassade de France à Moscou établit la différence entre le Komintern et le Kominform encore appelé le bureau en ces termes “Le Komintern regroupait tous les parties communistes alors que le bureau est constitué par les partis communistes les plus marquants de l’Europe; en effet, les seuls membres en sont jusqu’ici les parties communistes européens qui ont pris en main la direction de leur pays ou qui représentent une force réelle (….).

en Pologne. On l'accusait de dévier du chemin du Communisme et de calquer son modèle sur les Occidentaux. « En juin 1948, Tito est condamné par Staline pour « déviationnisme », mais soutenu par son peuple, puis par les Occidentaux, il refuse de se soumettre »105

À ce reproche, le Kominform adjoindra, selon leurs propres termes, "une invitation" (qui n'était en réalité qu’une injonction). Celle-ci voulait: « soit obliger ses leaders à reconnaître ses erreurs, soit les remplacer ». Le 29 juin, la réponse du gouvernement yougoslave tomba : il condamna l'attitude du Kominform et se défendit de pratiquer de politique hostile aux principes du communisme, hostile à la politique du gouvernement russe. Après cet incident, Tito se rapprocha de plus en plus de l'Occident tout en continuant de se réclamer du communisme.

En conclusion à ce petit chapitre consacré à l'expansion de l'agressivité russe, nous dirons à la suite de Maurice Vaïsse que « l'incapacité à mettre au pas la Yougoslavie constitue un échec politique soviétique et le premier schisme dans le bloc communiste »106 Mais, il démontre l’accentuation de « l’impérialisme soviétique » qui, selon François-Georges Dreyfus, « devient le stade suprême du socialisme »107

2° La crainte du militarisme allemand.

La formation de la CECA, au-delà de sa dimension économique, avait pour but de réintégrer l’Allemagne dans une dynamique de coopération avec la France. Il s’agissait sans nul doute d’avoir un oeil sur l’Allemagne. Jean Monnet qui fut le pére de la CECA voulait instaurer un climat de paix entre l’Allemagne et ses voisins. En permettant l’exploitation des mines de Charbon, Jean Monnet a posé le premier jalon de la politique de coopération et de réconciliation franco-allemande.

En effet, en septembre 1950, au moment où Dean Acheson exigeait la remise sur pied d'une armée allemande, les séquelles de la guerre étaient loin d'avoir disparu en France. La population française venait de sortir d'une guerre qui a décimé une lutter contre “l’agressif” impérialisme américain, ainsi que “ contre ses alliés anglais et français, contre les socialistes de droite surtout en Angleterre et en France ».

105 François-Georges Dreyfus, Une Histoire de la Russie, op.cit. p.214.

106 Maurice Vaïsse, Les relations internationales depuis 1945, op. cit.p.22.

grande partie de sa population. L'économie française avait du mal à se relever. On n'avait pas encore commencé à récolter les fruits du plan Marshall. Mais tout cela n'était rien comparé au traumatisme psychologique que la guerre avait provoqué. Dans ce cadre, comment expliquer à la population française que l'on devait réarmer l'Allemagne pour le bien de la France ? Comment les politiques expliqueront-ils à la population que cette Allemagne qui a causé tant de torts à leurs pays, instigatrice de la première guerre mondiale de 1914-1918, et de cette guerre qui venait de s'achever, devait être l'ultime recours de l'Occident face à la menace que constitue l'URSS. Derrière cette explication des faits, gît non seulement le risque d'être désavoué, mais pire d'être qualifié de pro-nazi ou de complice du militarisme allemand. En 1950, expliquer que le réarmement de l'Allemagne est l'ultime solution pour la défense de l'Europe, devait être un exercice périlleux pour les hommes politiques.

Dans un autre sens, la menace soviétique n'est pas une vue de l’esprit. Le coup de force de Prague dont nous faisions état plus haut en est la preuve tangible. Les Soviétiques étaient capables de déstabiliser un régime même de l'extérieur. La question qui se posait est de savoir si Staline était prêt à affronter l'Europe de l'Ouest et se mettre à dos les États-Unis ? Des historiens comme Yves Durand et les révisionnistes américains nient l'existence de cette menace. Pour Yves Durand*, cette supposée menace a été fabriquée par l'administration Truman pour précipiter la mort de l'URSS. D’autres auteurs à l’instar de Élisabeth du Réau croient en la réalité de cette menace, c’est pourquoi elle affirme que « l’aggravation de la menace a conduit les Européens au réalisme »108 . Selon Élisabeth du Réau, le soutien des Américains s’explique d’autant plus que cette menace arrivait aux portes de l’Europe : «L’aide américaine, dit elle, se manifeste en effet par la présence sur le sol européen de 400.000 hommes stationnés en grande partie en Allemagne et par l’aménagement de

*Concernant les thèses de Durand sur le fait que la menace soviétique soit à défaut d’être une pure invention de la part des alliés, elle est tout au moins un mensonge calculé à but politicien, lire son ouvrage : Yves Durand, La naissance de la guerre froide 1944-1949, Paris, Messidor / Temps actuels, 1984.

A la page 158, l'auteur dit ceci: "(…) la preuve est faite que la campagne sur la menace militaire soviétique, lancée par Truman en mars 1947 et constamment relayée et enrichie depuis par les dirigeants pro-américains, ne fut qu'un moyen d'intoxiquer sciemment l'opinion. La thèse selon laquelle la formation du bloc occidental sous l'impulsion des États-Unis n'était que la riposte à une menace d'agression repose sur un mensonge."

108Élisabeth du Réau, L'idée d'Europe au XXe siècle : Des mythes aux réalités, Paris : Éditions Complexes, 2008, p. 207.

nombreuses bases aériennes ou navales en Europe. Par ailleurs le « Mutual Defense Assistance Act » puis le « Mutual Security Act » à partir de 1951 financent une large partie du programme d’armement des partenaires européens »109.

En tout état de cause, on ne peut pas nier la main mise de l'Union soviétique dans les situations politiques complexes de certains États de l’Europe de l'Est, mais on se demande si elle était pour autant une menace pour les États de l’Europe de l’Ouest ? Pour revenir à ce dilemme, il fallait, soit ignorer l'agressivité russe et ne pas réarmer l'Allemagne, soit accéder à la demande du réarmement de l'Allemagne qui, soit dit en passant, demeure aux yeux de la population un peuple ennemi. De ce fait, on considère du coup l'URSS comme une menace à la sécurité de la France. Mais l’Allemagne avait tellement fait de malheur autour d’elle et tant de dégâts qu’il faudrait réfléchir à deux fois avant de la réarmer. Sur ce sujet, le colonel Faure se posant des questions, dit ceci: « Peut-on politiquement et psychologiquement laisser l’Allemagne se réarmer sans contrôle? - Non. Pourrait-on techniquement ? - Oui »110.

Dès lors, les choses étaient clairement définies : il fallait faire son choix. C'est dans ce contexte précis qu'est née la C.E.D. Elle constituait donc une réponse à la volonté américaine d’augmenter le nombre de nombre de divisions militaires afin de parer à l’imposante armée soviétique.. Cependant, il faut remarquer que ce n’est pas de gaieté de cœur que ce programme a été élaboré. Jean Monnet qui en était l’inspirateur comme celui du plan de la CECA, était favorable à toute politique visant à consolider la paix. Était-il antimilitariste pour autant ? En tout état de cause, Monnet a affirmé lui-même ceci: « C’est la nécessité qui m’a conduit plusieurs fois de ma vie à m’occuper d’affaires militaires pour lesquelles je n’avais ni goût ni compétence »111.

Pour Jean Monnet, en mettant en commun le charbon et l’acier, on privait du coup l’Allemagne la source de son éventuel réarmement. Il dit:« Le charbon et l’acier étaient à la fois la clé de la puissance économique et celle de l’arsenal où se forgeaient

109 Idem. ibidem

110 SHAT, dossier organisation Internationale, dossier de presse 1952-1953, 1Q65( 1Q65 regroupe en fait une série de documents)

111 Jean Monnet cité par Philippe Vial, dans son article « Monnet, un père en la CED » in Europe brisée

,Europe retrouvée, sous la direction de René Girault & Gérard Bossuat, Paris, publication de la Sorbonne 1994, p.199.

les armes de guerre»112. Commentant ce propos de Monnet, Philippe Vial écrit ceci:«Créer la CECA, c’est en dénationalisant les fondements matériels du militarisme allemand et saper à la base toute possibilité de renaissance »113. Aux yeux de Monnet, la CECA avait plus d’importance que l’armée européenne. Monnet a dit un jour cette phrase terrible « Pour sauver la CECA, j’ai inventé la CED. »114.

II Du projet à son échec le 30 août 1954.

A) Qu'est-ce que la Communauté européenne de défense ou C.E.D.? 1° Historique :

En fait, « C’est à New York au cours d’une session du Conseil atlantique en septembre 1950 que Dean Acheson secrétaire d’état américain souleva pour la première fois la question de la contribution allemande à la défense occidentale par l’entrée de l’Allemagne de l’Ouest dans le Pacte atlantique »115 . Avant celle des Américains, la proposition du réarmement allemand avait été faite par le Chancelier Adenauer en 1949, mais pour des raisons différentes. Konrad Adenauer lui, demandait de doter la RFA d'armes pour se protéger contre la menace que constituait la RDA, l'autre Allemagne, pays dont l'URSS avait doté la police d'un véritable arsenal de guerre. On parlait même de police encasernée.

La montée de l'agressivité russe s’est traduite par tous les épisodes que nous avons énumérés plus haut. Ainsi constatant qu'il fallait barrage à l'avancée des Russes, Dean Acheson proposa au printemps 1950 de réarmer l'Allemagne en vue d'augmenter leur nombre de divisions au sein de la défense occidentale.

Ne trouvant pas de moyens pour convaincre les Européens et plus particulièrement les Français, les Américains ont subordonné le réarmement allemand à l'envoi de troupes supplémentaires et la mise sur pied du commandement intégré de l'OTAN. Ils étaient conscients que la question serait prise au sérieux du moment où ce sont

112 Jean Monnet cité par Philippe Vial in Europe brisée, Europe retrouvée, op.cit. p.200.

113 Jean Monnet cité par Philippe Vial, ibid. p.201.

114 ibid.p.229.

115 SHAT, CASDN, Dossier organisation internationale (organisation internationale en gestation 1952-1954, 1949-1954). 1Q65

eux les Européens qui réclamaient, après la signature du pacte atlantique et la guerre