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Le site de l’abri Pataud est délimité par la falaise calcaire qui domine le village des Eyzies-de-Tayac et la route départementale RD 47 qui relie les villes de Périgueux et de Sarlat. Il s’étend le long de ce massif calcaire sur une centaine de mètres, pour une largeur moyenne de 30 m. Un sentier, actuelle rue du Moyen Age, traverse la propriété au pied de la falaise calcaire et reliait, avant la construction de la route départementale, le hameau des Eyzies au village de Tayac. Un chemin monte en diagonale à travers la propriété, reliant cette dernière à la route départementale RD 47.

Il se compose de deux abris-sous-roche distants d’une cinquantaine de mètres. Le premier, l’abri Pataud, situé au nord de la propriété, est entièrement effondré. C’est dans cette zone que les fouilles principales ont été entreprises. Le deuxième, l’abri Movius, est au sud de la propriété et abrite le

musée de site1. Le remplissage de l'abri Pataud se prolonge par un talus qui descend sur une dizaine de mètres jusqu'à la plaine d'inondation actuelle de la Vézère. La route départementale no 47 coupe ce talus près de sa base, et le chemin d’accès à la propriété le recoupe dans sa diagonale.

Aujourd’hui propriété du Muséum national d'histoire naturelle, le site est une ancienne ferme ayant appartenu à Martial Pataud, laquelle se composait d’une habitation, d’une cave troglodytique, et d’un four à pain. La maison a été par la suite aménagée en laboratoire de recherche tandis qu’une partie de la cave est actuellement occupée par le musée de site, l’extrémité la plus au sud constituant une réserve du Musée national de préhistoire. Il existait également une petite grange et un hangar dans la partie nord de la propriété qui furent tous deux démantelés en 1958 pour les besoins de la fouille.

Petite histoire du site

Bien que connaissant le site depuis 1890, Emile Rivière ne signale le gisement que neuf ans plus tard, sous le nom de « Croze-de-Tayac2 » après avoir effectué une petite fouille les 21 et 22 avril 1899, rapidement interrompue par le propriétaire. Cependant, cette courte prospection lui livre de nombreuses pièces archéologiques, ossements et silex taillés (Rivière, 1899, 1901, 1905, et 1906). Le propriétaire des lieux avait auparavant fait quelques découvertes sur son terrain lors de l’aménagement du chemin entre sa propriété et la route en contrebas qui reliait, dès 1868, la gare des Eyzies à la forge située à l’autre extrémité du village. Vendues au Dr Louis Capitan et à Louis Giraux, elles ne seront publiées qu’en 1902, et attribuées par erreur au Magdalénien (Capitan, 1902).

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Ce lieu, habituellement dénommé « cave troglodytique Pataud », est également appelé « abri Vignaud » (Geneste, 1982 et 1984 ; Rigaud 1986). Pour éviter toutes confusions entre l'abri Pataud proprement dit et le site de Vignaud (Moustérien et dépôts de pente du Paléolithique supérieur), Brigitte et Gilles Delluc proposent d'utiliser le terme d' « abri Movius » (Delluc, 1986).

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Ce gisement fut également désigné sous le nom d’ « abri-sous-roche de Morsan » par le Dr Capitan (Capitan, 1902), « abri-sous-roche de Morsodou » par E. Rivière (Rivière, 1901), et « gisement de Morson » par D. Peyrony (Peyrony, 1909). Il est également connu dans la littérature sous le nom d’ « abri-sous-roche de

En juin 1894, Maurice Féaux trouve un bois de renne, sur lequel sont gravés deux poissons, dans le talus au-dessus du chemin reliant la propriété Pataud à la rue principale des Eyzies. Une reproduction en sera réalisée par E. Rivière (Rivière, 1901)3. Cependant, la présence de bâtiments sur le site, ainsi que le refus du propriétaire, empêchent à cette époque toute fouille d’envergure. En 1898, Otto Hauser effectue un petit sondage dans la partie septentrionale de la propriété et répertorie le site de l’abri Pataud dans son livre Le Périgord préhistorique (Hauser, 1911).

En 1909, Denis Peyrony donne l’appellation actuelle du site, éponyme de la famille propriétaire, ainsi que la première stratigraphie, lors du congrès de l’Association française pour l’avancement des sciences à Lille (Peyrony, 1909). Peu avant 1950, Séverin Blanc effectue un sondage dans le talus en contrebas de la maison d’habitation. Cette fouille ponctuelle livre notamment une plaquette de calcaire peinte d’une tête de cerf (Delluc, 1987).

En juillet et en août 1953, le professeur Hallam L. Movius Jr. et son équipe effectuent deux tranchées de sondage, perpendiculaires l’une à l’autre. La première tranchée, Trench I4, longue de 13 m et large de 1 m, est réalisée en contrebas de la grange, dans le talus entre le chemin d’accès à la ferme et la route départementale RD 47. Elle est orientée est-ouest. La deuxième tranchée, Trench II, est pratiquée entre le chemin d’accès à la ferme et l’ancien sentier qui reliait le hameau des Eyzies au village de Tayac. Cette tranchée est orientée nord-sud et recoupe une partie du remplissage à l’entrée de l’abri (Movius, 1953, 1954 et 1955).

A partir des données archéologiques de la tranchée Trench I, une première stratigraphie du site est définie (Movius, 1953) (Fig. 8) :

A : Solutréen ;

B : Périgordien V à burins de Noailles ; C : Périgordien IV et V (horizon mixte) ; D : Périgordien IV à pointes de La Gravette ; E : Aurignacien ;

F : Moustérien.

En réalité, aucun matériel moustérien n’a été découvert lors de ce sondage. Cependant, une terrasse de la Vézère a été dégagée à la base de la stratigraphie, sous les niveaux aurignaciens. Celle-ci semble être identique à celle mise au jour en 1981 sur le site de Vignaud, et dans laquelle fut retrouvé du matériel moustérien (Geneste, 1982). Denis Peyrony avait déjà signalé la présence de Moustérien lors

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B. et G. Delluc attribuent à ce bois gravé une origine gravettienne (Delluc, 1992). 4

du creusement des fondations de la maison Vignaud, à proximité de la zone fouillée en 1981 (Peyrony, 1909).

Fig. 6 : Vue des fouilles du sondage Trench I en 1953 (cliché Movius)

En 1957, sous l’impulsion du professeur Hallam L. Movius Jr., le Muséum national d'histoire naturelle reçoit en donation le site après le rachat de la propriété à Mme Selves, descendante de Martial Pataud. Le rachat est subventionné par la National Science Foundation et par le Peabody Museum.

Des accords de recherche franco-américains permettent d’entreprendre l’année suivante des fouilles de grande envergure sous l’égide du professeur Hallam L. Movius Jr., alors conservateur au Peabody Museum de l’université d’Harvard, et du professeur Henri V. Vallois du musée de l’Homme. Ce projet de recherche durera vingt ans, jusqu’en 1978.

Le professeur Hallam L. Movius Jr. dirigera ainsi six campagnes de fouilles, de 1958 à 1964 (avec une interruption en 1962 pour cause de fermeture du site) grâce notamment aux contributions de la National Science Foundation, de la Wenner-Gren Foundation, de la Wilkie Brothers Foundation, et du Milton Fund, auxquels se sont joints de nombreux donateurs privés.

Il appliqua au site des techniques novatrices comprenant notamment celle du décapage horizontal, l’installation d’un carroyage, et le relevé des coupes stratigraphiques.

Le gisement fut de ce fait découpé en six tranchées du sud au nord (Trench I à Trench VI) et en sept tranchées d’ouest en est (Square A à Square G)5. Chaque carré ainsi délimité représente une surface de 4 m2. A partir de 1959 et jusqu’à la fin des fouilles, cette zone initiale est rapidement réduite à 6 m de large dans le sens nord-sud, en raison de la présence de gros blocs d’effondrement du plafond de l’abri. La zone centrale de 4 m (Trenches III et IV) a été fouillée par décapage horizontal. De part et d’autre de celle-ci, deux tranchées de 1 m de large ont été fouillées en utilisant la même méthode mais toujours en avance par rapport à la zone de fouilles principale, afin de déterminer la stratigraphie verticalement avant le décapage de la zone centrale (Fig. 9 et 10).

1958 : First field season

La première campagne de fouilles de l’abri Pataud débute le 7 mai 1958 et se termine le 14 septembre 1958. Le site est nettoyé, la grange et le hangar sont démontés. Un carroyage de 12 m sur 12 m est disposé à l’emplacement de la grange. Les niveaux 1 et 2 sont dégagés dans leur totalité et la fouille du niveau 3 est commencée. Un sondage, Trench III, est réalisé dans la partie nord de la propriété afin de borner la limite nord du gisement (Movius, 1958).

1959 : Second field season

La deuxième campagne commence le 4 juin 1959 et s’achève le 19 septembre de la même année. Le dégagement du niveau 3 est achevé. La largeur de la zone explorée est alors réduite à 6 m et se concentre désormais sur les bandes est-ouest Trench III et Trench IV, ainsi que sur les banquettes Trench II (N) et Trench V (S)6. Les niveaux 4 et 5 sont mis au jour dans les Trench II (N) et Trench V (S) (Movius, 1959).

1960 : Third field season

L’équipe est sur le site dès le 15 avril pour analyser le matériel trouvé à la fin de la deuxième saison, et une équipe réduite a passé l’hiver aux Eyzies-de-Tayac pour étudier le matériel lithique du niveau 4. Les fouilles débutent le 15 juin et s’achèveront le 10 septembre. Le niveau 4 est fouillé au cours de cette troisième campagne, ainsi que la partie avant du niveau 5. La stratigraphie de ces deux niveaux est établie. Dans la zone EII (Square E, Trench II), un sondage révèle la présence d’une occupation aurignacienne (Movius, 1960).

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Le terme « Trench » désigne une bande est-ouest de 2 m de large. De même, « Square » désigne une bande nord-sud, également de 2 m de large.

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1961 : Fourth field season

Cette campagne se déroule en deux temps : l’une pendant l’hiver 1960-printemps 1961, plus exactement du 19 septembre au 14 juin, et l’autre pendant l’été 1961, du 15 juin au 13 septembre. Au cours de la première période, les quatre étudiants qui composent l’équipe de H. L. Movius Jr. s’attellent à l’étude en laboratoire du matériel archéologique. La seconde période concerne la reprise et la continuité des fouilles du site. Le niveau 5 est achevé au cours de cet été, puis les niveaux aurignaciens 6 et 7 sont fouillés (Movius, 1961).

1963 : Fifth field season

Durant cette campagne, menée du 12 juin au 7 septembre 1963, les fouilles se poursuivent dans la zone principale pour atteindre le bed-rock. Les niveaux 8, 9, 10, et 11 sont mis au jour. Parallèlement à la poursuite de la fouille principale, une extension de l’éboulis 3/4 et du niveau 4 est décidée dans la Trench V (N), afin de préciser la stratigraphie du niveau 4. Cette extension est cependant limitée aux carrés A, B, C, et à la partie ouest du carré D (Squares A, B, C et D (W)). Enfin, la fouille est étendue vers le nord, de 4 m sur 10 m pour le niveau 1 (Trench VII et Trench VIII, Squares C à G), et de 2 m sur 10 m pour le niveau 2 (Trench VII, Squares C à G) (Movius, 1963).

1964 : Sixth field season

Comme en 1961, la sixième campagne se déroule en deux périodes : de l’hiver 1963 au printemps 1964 et l’été 1964. Du 16 septembre 1963 au 6 juin 1964, le professeur Hallam L. Movius Jr. réalise avec quatre étudiants les études de laboratoire du matériel archéologique. Du 8 juin au 12 septembre 1964 les fouilles sont reprises, dégageant les niveaux aurignaciens 12, 13 et 14. Parallèlement à la fouille principale, trois sondages sont effectués dans le talus : Extension 1 en avant de la fouille principale, Extension 2 qui relie la fouille principale au sondage Extension 1, et Extension 3 qui relie le sondage Extension 1 à la tranchée Trench I de 1953. Ces trois extensions sont réalisées dans le but de raccorder la stratigraphie principale avec celle relevée dans la Trench I de 1953. Enfin, six sondages de 1 m sur 1 m sont effectués dans le chemin d’accès à la propriété, au sommet du talus : Tests pits C, G, K, N, Q et U. Ces sondages doivent permettre la délimitation méridionale du gisement (Movius, 1964).

Les fouilles s’achèvent avec cette sixième campagne. Les études du matériel archéologique se poursuivent de 1965 à 1971. Le volume fouillé représente environ 800 m³ et quelque 1 000 000 de pièces ont été découvertes dont plus de 200 000 inventoriées et étudiées. Quatorze niveaux archéologiques ont été mis au jour.

Entre 1975 et 1985, le gisement est fermé. Pendant cette période, il est envahi par la végétation. Des fouilleurs clandestins s’introduisent dans le gisement, au moins à trois endroits : dans le niveau 2 près de la paroi rocheuse, dans le niveau 3 dans la coupe est-ouest à 12 m et dans les niveaux 4 et 5 dans la coupe principale est-ouest à 9 m (Delluc, 1991).

Faute d’entretien, l’ancienne maison de Martial Pataud se dégrade. Le toit est en partie effondré et ne protège plus les collections entreposées dans la maison. Par ailleurs, les collections conservées dans la cave troglodytique subissent une forte humidité. Dans certaines caisses, les sacs en toile dans lesquels est stocké le matériel lithique sont attaqués par la moisissure et les rongeurs, de même que les étiquettes d’identification. De nombreux galets vont ainsi perdre leur attribution stratigraphique. Il en est de même pour une partie du matériel lithique des niveaux 4, 13 et 14, des Extensions 1 et 3, et des Tests pits.

En 1985, le site renaît sous l’impulsion du professeur Henry de Lumley, du Muséum national d’histoire naturelle. Les premiers travaux permettent de restaurer et d’agrandir l’ancienne maison d’habitation afin de protéger et de classer l’ensemble de la collection. En 1986, une campagne de fouille de sauvetage, à l’emplacement de cette extension, est menée par le Muséum national d'histoire naturelle et la Direction des antiquités préhistoriques d’Aquitaine. De minces niveaux gravettiens sont dégagés, mais sans possibilité de raccords précis avec le gisement principal (Rigaud, 1986 ; Delluc, 1991).

L’ancienne cave est aménagée en musée de site dans le but de présenter au public le résultat des recherches scientifiques menées par le professeur Hallam L. Movius Jr. à l’abri Pataud. De nouvelles observations archéologiques sont réalisées à l’occasion de ces travaux. Ainsi, il apparaît que le mur de la cave repose directement sur les niveaux archéologiques. Le matériel recueilli est d’âge solutréen (feuilles de laurier et pointes à faces planes) et gravettien (burins de Noailles). En février 1986, lors de la réfection du mur, une sculpture pariétale est découverte sur la voûte de l’abri par un maçon, M. Laroche. Cette sculpture, un bouquetin en bas relief, est authentifiée par Brigitte et Gilles Delluc, et est attribuée, par ses critères stylistiques, au Solutréen (Delluc, 1986 et 1991).

Une deuxième campagne de fouille de sauvetage est menée en 1988 après la destruction, par une pelleteuse mécanique, de la partie ouest de la fouille principale, lors du creusement des fondations du mur de façade du bâtiment destiné à protéger le gisement. Les niveaux 5 et 6 et les éboulis 4/5 et 5/6 sont reconnus. Le matériel lithique recueilli a été étudié par Marie Perpère (Perpère et Delluc, 1996). Au cours de l’hiver 1988-1989, de courtes interventions sont nécessaires, suite à la construction de ce bâtiment. Trois dents humaines sont ainsi découvertes dans le niveau 4 (Delluc, 1991).

De 1989 à 1991, trois campagnes de fouilles sont organisées, permettant le nettoyage du site (élimination des dépôts postérieurs aux fouilles du professeur Hallam L. Movius Jr.) et le relevé de toutes les coupes stratigraphiques. Parallèlement, des prélèvements, pour des études de sédimentologie, de micromorphologie et de palynologie, sont effectués sur toute la hauteur de la stratigraphie. Tous les niveaux archéologiques décrits lors des campagnes de fouilles franco- américaines sont retrouvés et une subdivision supplémentaire est ajoutée au sommet de la stratigraphie. Il s’agit des niveaux supérieurs regroupant les niveaux situés au-dessus de l’éboulis 0/1 et attribués au Solutréen moyen (Nespoulet, 1992).

Enfin, depuis 1992, le site de l’abri Pataud fait l’objet de nombreuses études dans le cadre de DEA (Chennaoui, 1989 ; Fellag, 1989 ; El Mansouri, 1990 ; Samsar, 1990 ; Moutmir, 1991 ; Cho T.-S, 1992 ; Kong-Cho, 1992 ; Sekhr, 1992 ; Bondon, 1993 ; Nespoulet, 1993 ; Bongni, 1994 ; Chiotti, 1996 ; Cilli, 1996 ; Gregoriani, 1996 ; Artiglieri, 1998 ; Filoreau, 1998 ; Karatsori, 1998 ; Pottier, 1999 ; Vannoorenberghe, 1999 ; Cho K.-H., 2000 ; Pirouelle, 2000 ; Vercoutère, 2000 ; Leoz, 2001) ou de thèses de doctorat (El Mansouri, 1995 ; Fellag, 1996 ; Nespoulet, 1996 ; Kong-Cho, 1997 ; Cho T.-S., 1998 ; Sekhr, 1998 ; Théry-Parisot, 1998 ; Chiotti, 1999 ; Vannoorenberghe, 2004).

Stratigraphie

La stratigraphie établie par le professeur Hallam L. Movius Jr. est une stratigraphie culturelle dans laquelle quatorze niveaux archéologiques majeurs sont individualisés. Ils correspondent à au moins quarante phases d’occupations distinctes, et appartiennent aux trois premières civilisations du Paléolithique supérieur : l’Aurignacien, le Gravettien et le Solutréen.

Les niveaux archéologiques sont numérotés, de haut en bas, de 1 à 14. Ils sont séparés par des dépôts stériles ou plus ou moins pauvres en matériel archéologique. Ils sont désignés par le terme d’éboulis auxquels sont associés les numéros des niveaux qui les délimitent. Ainsi l’éboulis 3/4 désigne le dépôt intercalé entre les niveaux archéologiques 3 et 4. Ces strates correspondent à des périodes d’abandon de l’abri ou à des occupations ponctuelles. La fin de la séquence stratigraphique se termine par l’éboulis de base.

En outre, les différents niveaux archéologiques ont été subdivisés en unités, les Lenses, qui correspondent aux différentes occupations au sein d’un même niveau archéologique. Il s’agit, pour H. L. Movius Jr. et ses collaborateurs, des plus petites unités d’occupations pouvant être distinguées dans la stratigraphie culturelle de l’abri Pataud (Movius, 1977).

Les attributions culturelles reposent sur la détermination typologique du matériel lithique et osseux (Bricker, 1995). Le niveau 1 est un niveau cryoturbé. Son appartenance au Solutréen inférieur a été proposée par Paul Smith (Smith, 1966) repose sur la présence d’une pointe à face plane atypique de sous-type E selon sa classification. Cette attribution culturelle reste malgré tout discutable au regard de la faible quantité de matériel retrouvé dans ce niveau (Movius, 1977). Lors des campagnes de nettoyage du site, du matériel lithique attribuable au Solutréen à feuilles de laurier a été aussi observé sous le four à pain de la ferme, au sommet du talus, donc hors de la zone principale de fouilles. Ces artéfacts étaient en grande partie mélangés à la terre végétale (Nespoulet, 1993).

Niveaux / Eboulis Subdivision Attribution culturelle (Movius) Attribution culturelle (Mnhn) Eboulis 0/1

Niveau 1 Solutréen inférieur ?

Solutréen (Nespoulet) Eboulis 1/2 Niveau 2 Eboulis a Lens 1 Lens 2 Lens 3 Protomagdalénien ou Périgordien VII Gravettien final (Nespoulet) Eboulis 2/3 Niveau 3 Eboulis a Lens 1 Eboulis b Lens 2 Eboulis c Lens 3 Périgordien VI Gravettien récent (Nespoulet) Eboulis 3/4 Yellow Red Niveau 4a

Tan (inclus le niveau 4b) Pebbly red

Niveau 4

Upper-1a (Eboulis a et Lens M-1a) Upper-1 (Lens M-1)

Upper-2 (Lens M-2)

Middle-1 (Lenses N-1, N-2 et N-3) Middle-2 (Lens N-4)

Rear : Lower (Lenses O-1, O-2, O-2a et O-2b) Front : Lower-1 (Lenses O-1a et O-2c) Front : Lower-2 (Lenses O-3a, O-3 et O-4)

Noaillien ou Périgordien V Gravettien moyen (Pottier) Eboulis 4/5 Niveau 5 Front

Upper (Lenses Q-1, Q-2, Q-3, Q-4a et Q-4b) Middle-1 (Lenses R-1, R-2, R-2a, R-4a et S-1) Middle-2 (Lenses T-1, T-2 et T-3)

Lower-1 (Lenses T-4, T-4a, U-1, U-1a et U-1b) Lower-2 (Lenses V-1, V-2, V-2a, W-1, W-1a et X)

Rear

Eboulis a

Upper (Lenses H-1, H-2, H-3 (Brown et Red) et H-4) Lower (Lenses I-1, I-1 Dark, K-1 (Brown et Red), K-2 Red et K-3 Red)

Périgordien IV Gravettien ancien

Eboulis 5/6

Tabl. 1 : Séquence stratigraphique et culturelle des niveaux gravettiens de l’abri Pataud (Movius, 1977 ; Nespoulet, 1996)

Niveaux / Eboulis Subdivision Attribution culturelle (Movius) Attribution culturelle (Mnhn)

Niveau 6 Upper (Lenses 1, 1a et 1 Dark)

Lower (Lenses 2 et 2a) Aurignacien évolué

Eboulis 6/7

Niveau 7 Upper (Lens 1)

Lower (Lens 2)

Aurignacien intermédiaire

Eboulis 7/8

Niveau 8

Upper (Lens 1 et Zone 1) Middle (Lens 2 et Zone 2) Lower (Lens 3 et Zone 3)

Aurignacien intermédiaire Aurignacien évolué (Chiotti) Eboulis 8/9 Niveau 9 Aurignacien intermédiaire ? Eboulis 9/10 Niveau 10 Aurignacien intermédiaire ? Eboulis 10/11 Buff Wash deposit Strong brown Niveau 11 Eboulis a

Upper, Upper-1 et Upper-2 Stony facies

Dark stratum

Aurignacien ancien

Eboulis 11/12 Yellow

Reddish yellow

Niveau 12 Aurignacien ancien

Eboulis 12/13

Niveau 13 Aurignacien de

base

Eboulis 13/14

Niveau 14

Upper (Brown et Dark) Lower-1

Lower-2 (upper et lower) Lower-3 (upper, middle et lower)

Aurignacien de base Aurignacien ancien (Chiotti) Eboulis de base

Tabl. 2 : Séquence stratigraphique et culturelle des niveaux aurignaciens de l’abri Pataud (Movius, 1977 ; Chiotti, 1999)

Données paléoenvironnementales

Sédimentologie

Le massif du Signal domine le gisement archéologique d’une trentaine de mètres. Façonné sous la seule action de la gélifraction, l’abri-sous-roche est marqué par le recul de son fond sur une douzaine de mètres au cours de l’évolution du surplomb rocheux. L’étude de la sédimentologie a été réalisée en détail par William R. Farrand (Farrand, 1975 a et b). Par la suite, une révision plus systématique a été effectuée par le même auteur (Farrand, 1995).

Le remplissage sédimentaire, dont la puissance maximale est de 9,25 m, a été subdivisé en six strates géologiques majeures de a à f, du haut de la séquence à sa base. Chacune d’elles comprend un ou plusieurs niveaux archéologiques. Trois sources sont à l’origine des sédiments de l’abri Pataud : la désagrégation du plafond et des parois de l’abri sous l’action du gel, un apport éolien et un apport pédogénétique. L’essentiel des sédiments provient de la désagrégation de la falaise sous l’action de la gélifraction7. A l’opposé, la pédogenèse est très faible, à l’exception de quelques horizons particulièrement riches8.

La stratigraphie géologique proposée par W. Farrand est la suivante (Farrand, 1995) :

- Unité a : il s’agit d’un éboulis calcaire, de couleur brun clair à jaune pâle. Les grains y sont fins, avec des fragments calcaires anguleux. Cette unité possède plusieurs gros blocs issus de l’effondrement du plafond de l’abri et s’étend du sommet de la séquence stratigraphique jusqu’à la