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4. Etat écologique des communautés

5.3. Le site de Machu : une zone propice aux futurs clapages ?

Basées sur les analyses de corrélation et d'ordination, les stations étudiées sur le site de

Machu ont montré une tendance claire de la distribution en relation avec leur distance par rapport aux sites de clapages. En effet, les résultats montrent que la structure des

assemblages macrobenthiques des stations de clapages et des stations en périphérie différent durant les épisodes de clapages. Ces résultats coïncident avec ceux de Cruz-Motta et al. (2004) montrant une différence de structure au sein des communautés benthiques dans la baie de Cleveland (Australie) immédiatement (15 jours) après un dépôt de clapages. En revanche, trois mois après la fin des immersions, cette différence n'est plus observable, ce qui illustre une rapide réponse des organismes face à la perturbation anthropique. Les analyses BIOENV dans cette présente étude, soulignent le même phénomène. Lors des épisodes de clapages de 250 000 m3 de sédiment sur le site de MABIO (1er, 3eme, 5eme phase d'échantillonnage) ajoutés aux 650 000 m3 de sédiments déposés seulement entre juillet et octobre 2012 sur le site de MASED (3eme et 4eme échantillonnage), le paramètre distance contribue très fortement à expliquer la distribution des assemblages faunistiques sur Machu. La plus forte contribution du paramètre distance a été observé en juillet 2012 (3eme échantillonnage) au moment des recrutements de juvéniles, ce qui a probablement accentué la différence de structure des communautés macrobenthiques entre les stations de clapages et les stations en périphérie. L'effet des clapages est généralement immédiat car il est aisément reconnu que l'immersion de matériel de dragage entraîne une asphyxie et un enfouissement des organismes. De nombreux auteurs ont en effet démontré que les jeunes post-larves sont très sensibles à l'enfouissement (Elmgren et al., 1986 ; Bouma et al., 2001). En fonction du temps, la contribution du paramètre distance a diminué plus ou moins progressivement jusqu'à disparaître en mars 2013 suggérant que la fin des clapages depuis 3 mois sur le site de MASED aurait permis aux assemblages de récupérer plus facilement jusqu'à avoir des taux similaires aux stations de référence. Ce raisonnement semble en accord avec les résultats décrits dans le chapitre précédent (Chapitre III., Figure III.11) montrant des valeurs plus élevées de l'abondance sur les stations de clapages que sur des stations de référence en janvier 2013 et mars 2013. Quant

Chapitre IV : Relation entre la macrofaune benthique et les caractéristiques sédimentaires et physico-chimiques du site de Machu 5.3.2. Caractère écotonal d'espèces dominantes

Le site de Machu est dominé majoritairement par les annélides polychètes Magelona filiformis, Magelona johnstoni, Nephtys cirrosa et Spiophanes bombyx caractéristiques de la communauté des sables moyens propres à Nephtys cirrosa de la partie orientale de la baie de Seine (Prygiel, 1987) et au sud de la mer du Nord (Desroy et al., 2002 ; Van Hoey et al., 2004). Au coté de ces espèces affines aux sables, les espèces typiques de la communauté des sables fins plus ou moins envasés à Abra alba-Lagis koreni (Owenia fusiformis, Abra alba) se juxtaposent à la communauté des sables moyens propres à Nephtys cirrosa. Les espèces Abra alba et Owenia fusiformis illustrent le caractère écotonal de ces communautés benthiques

qui assurent la transition entre la communauté des sables moyens propres à Nephtys

cirrosa et celle de la communauté des sables fins plus ou moins envasés à Abra alba - Lagis koreni.

Le vaste ensemble sablo-vaseux (400 km²) à proximité du site de Machu qui s’étend de l'embouchure de la Seine vers le sud, face à Deauville et jusqu'au nord, entre le Cap de la Hève et le Cap d'Antifer (Gentil et al., 1986 ; Thiébaut et al., 1997) abrite la communauté à Abra alba, l'une des plus riches en abondance et biomasse des mers européennes (Thiébaut et al., 1997 ; Dauvin et Desroy, 2005). Plusieurs espèces, notamment, le bivalve Abra alba présentent un cycle de vie bentho-pélagique, composé d'une vie larvaire planctonique, d'une phase de recrutement, puis d'une phase adulte benthique. Sa phase larvaire réduit la compétition avec les adultes et lui assure des capacités de dispersion et de colonisation de nouveaux habitats comme la zone de Machu enrichie en matière organique. Le bivalve Abra alba possède une grande capacité de tolérance aux variations du milieu de par sa faible exigence écologique et est capable de réaliser plusieurs pontes par an, lui offrant de grandes capacités de reproduction (Dauvin et Gentil, 1986). C'est une espèce pionnière ou colonisatrice de milieux perturbés, caractérisée par une courte durée de vie, une forte croissance et une longue vie larvaire. En période de recrutement, le mollusque bivalve Abra alba présente de très fortes densités au sein de la communauté des sables moyens propres à Nephtys cirrosa. Dans cette étude, ce phénomène naturel a pu être observé en été au moment des campagnes de pré-clapages puis durant les clapages. La présence de l'espèce Abra alba au sein de milieux sableux faiblement envasés a déjà été montrée par de nombreux auteurs, notamment en mer du Nord (Duineveld et al., 1991 ; Künitzer et al., 1992 ; Van Hoey et al.,

Chapitre IV : Relation entre la macrofaune benthique et les caractéristiques sédimentaires et physico-chimiques du site de Machu 5.3.3. Etat écologique des communautés macrobenthiques à l'issue des

expérimentations de clapages

Cette synthèse des relations entre les facteurs biotiques et environnementaux permet aussi de mieux évaluer l'état écologique du milieu anthropisé. L'indice multicritère M-AMBI a été retenu par la France pour qualifier l'état des masses d'eaux côtières dans la cadre de la DCE. La distribution des groupes écologiques mesurée sur le site de Machu en situation de pré-clapages et de pré-clapages montre une dominance des groupes I et II. En revanche, la proportion du groupe V (opportunistes de premier ordre) diffère entre les deux périodes. Elle est nulle en période de pré-clapages et évolue jusqu'à 26 % en période de clapages. Néanmoins, le calcul de l'AMBI a permis de mettre en évidence des états écologiques (définis dans le cadre de la DCE) qualifiés de bon à très bon et ceci pour les deux phases. A son tour, le calcul de l'indice biotique modifié M-AMBI a mis en évidence des états écologiques qualifiés de bons à très bons. Ce dernier prend en considération dans son calcul, les valeurs de la richesse spécifique, la diversité de Shannon et les valeurs de l'AMBI. Durant les clapages, les périodes de printemps et été ont montré des valeurs élevées en diversité et abondance, ce qui a permis d'avoir des valeurs de M-AMBI parfois supérieures à celles mesurées en situation de pré-clapages. Tout ceci concoure à démontrer que le site de Machu est favorable pour

l'immersion de dépôts de dragage du GPMR.

L'étude de l'impact des expérimentations de clapages en baie de Seine révèle que la granulométrie, la teneur en matière organique et sa qualité, la porosité, les composés dissous présents à l'interface eau-sédiment contrôlent la distribution de la macrofaune au sein du sédiment. Les organismes benthiques, qui vivent à l’interface eau-sédiment et dans les sédiments superficiels, sont directement exposés aux variations des conditions sédimentaires et physico-chimiques du milieu. Dans le chapitre V, des recommandations et un protocole adapté sont proposés dans le cadre des expérimentations de clapages sur le site de Machu afin de minimiser les impacts sur l'environnement des futurs clapages en baie de Seine

Chapitre V

:

Recommandations pour minimiser les impacts

des clapages et favoriser une récupération

rapide des habitats benthiques

Chapitre V : Recommandations pour minimiser les impacts des clapages et favoriser une récupération rapide des habitats benthiques sur le secteur de Machu

Chapitre V : Recommandations pour minimiser les impacts

des clapages et favoriser une récupération rapide des

habitats benthiques sur le secteur de Machu.

La connaissance des impacts potentiels et/ou réels des immersions de matériel de dragage sur l'environnement marin constitue un élément précieux dans l'élaboration d'un protocole de suivi adapté pour détecter les effets (MEMG, 2003). Les conséquences potentielles des clapages concernent dans un premier temps le système physique qui se trouve altéré et qui à son tour affecte la santé du système biologique. Les effets éventuels sur ce dernier affectent de nombreux maillons de la chaîne trophique (producteurs primaires, faune benthique, les poissons, les oiseaux, les mammifères marins…) pouvant se répercuter ensuite sur les activités de pêche et sur la conservation du milieu (Elliot et al., 1998). Notre connaissance de ces effets et des liens entre les différentes réponses peuvent être perçus comme un schéma conceptuel naturellement complexe, de par la nature du système et les changements potentiels entre la zone de dragage et de clapage (Figure V.1 ; adapté d'après Elliott et Hemingway, 2002).

1. Impacts potentiels des clapages sur l'environnement marin