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Simulation et analyse des fonctions de réponses

Comme précédemment, la simulation du modèle nécessite de fixer la valeur des nouveaux paramètres. Cela permet d’analyser les effets des chocs (choc d’offre, de-mande, politique monétaire et choc financier) et de comparer avec la situation sans instruments prudentiels. Il est discuté dans le chapitre suivant de la manière op-timale d’appliquer les différents instruments de régulation. Ainsi, pour le moment les paramètres sont calibrés arbitrairement, d’une valeur assez significative pour analyser clairement les effets des instruments mis en place et également de façon à respecter les conditions de Blanchard-Kahn. Ces valeurs sont présentées dans le

tableau 2.6.3

Les chocs sont appliqués individuellement sur les économies domestiques et étran-gères. Nous avons donc huit chocs. Les fonctions de réponse relatives aux chocs de demande et d’offre sont présentées dans les figures 2.5 et 2.6 en guise d’exemple. Celles relatives aux chocs de politique monétaire et financier figurent en annexe (figures 2.7 et 2.8, pages 145 et 146).

Politique de contrôle prudentiel des capitaux

Débutons par la politique de contrôle des capitaux. Les effets de l’accélérateur financier sont ambigus lorsque l’instrument de contrôle est appliqué. En effet, selon les chocs, l’instrument de contrôle ne joue pas de rôle contracyclique et donc son effet prudentiel est remis en cause.

3. Seuls les nouveaux paramètres sont présentés ici. Les autres paramètres présentés dans le tableau 2.3 page 116 sont identiques.

Tableau 2.6: Calibration des paramètres

Paramètre Economie domestique Economie étrangère Description

κ 0.5 0.5 Elasticité de l’offre de prêts par rapport à l’instrument macroprudentiel

θk κ/lρ κ?/l?

ρ Elasticité de l’écart de taux d’intérêt par rapport à l’instrument macroprudentiel

ψk 0.1 0.1 Elasticité de l’instrument macroprudentiel par rapport à l’écart de production

αD 0.9 0.9 Part des dépôts domestique dans l’offre de prêts

θD (τ (1 − αD) τ?(1 − α? D



Elasticité de l’écart de taux d’intérêt par rapport aux dépôt étrangers

φD 0.2 0.2 Instrument de contrôle des capitaux

Prenons l’exemple du choc d’offre domestique pour commencer. Les fonctions de

réponse sont présentées sur la figure 2.64. L’économie domestique est affectée par un

choc d’offre qui vient augmenter l’inflation. En réponse à cette augmentation, le taux d’intérêt augmente et l’écart de production est impacté négativement. En présence de l’accélérateur financier, l’effet négatif du choc est amplifié. La baisse du revenu dans l’économie détériore la solvabilité des emprunteurs, ce qui conduit les banques à augmenter le taux de prêt et par conséquent la prime de risque augmente. Le montant de prêts et d’investissement diminue, ce qui implique une nouvelle diminution de l’écart de production. Étant donné que la demande globale est plus faible en présence de l’accélérateur financier, l’inflation sera également plus modérée. Jusqu’ici rien de nouveau. Le problème est que l’effet récessif de l’accélérateur financier est tel que l’activité diminue fortement, l’inflation se retrouve légèrement négative tout comme le taux d’intérêt. L’instrument de contrôle agissant par l’intermédiaire des dépôts étrangers, c’est à cette variable que nous devons prêter attention. Etant donné la plus forte sensibilité des dépôts au taux d’intérêt, la hausse de celui-ci conduit à une baisse des dépôts.

La suite se situe du côté de l’économie étrangère. Pour celle-ci, l’effet d’accéléra-teur financier a également entraîné une baisse de l’activité, de l’inflation et du taux d’intérêt. Si on se réfère à l’équation d’accélérateur financier, la hausse des dépôts de l’économie domestique doit venir soutenir l’activité du pays étranger, puisqu’une partie des dépôts d’un pays est composé des dépôts du pays voisin. Cependant, la mise en place d’un contrôle des capitaux va venir diminuer l’entrée de capitaux (c’est à dire de dépôt provenant du pays voisin) et donc diminuer l’offre de prêts du pays. Ainsi, dans notre exemple, le contrôle des capitaux de l’économie étrangère

4. Sur la figure, en regardant le premier graphique en haut à gauche concernant l’inflation domestique, la courbe la plus élevée correspond au modèle initial standard, la suivante concerne la politique macroprudentielle, puis la politique prudentielle globale, l’accélérateur financier, et enfin la courbe inférieur fait référence à la politique de contrôle des capitaux.

3 Politique de contrôle prudentiel des capitaux et politique macroprudentielle

va amputer ce pays d’une partie des dépôts de l’économie domestique et va donc avoir un effet contreproductif. L’activité, l’inflation et le taux d’intérêt de l’économie étrangère seront d’un niveau encore plus faible.

Pour finir, on revient du côté de l’économie domestique. Le taux d’intérêt de l’économie étrangère ayant diminué, leurs dépôts ont augmenté. Cela devrait soute-nir l’offre de prêts du pays domestique. Cependant, encore une fois, l’instrument de contrôle des capitaux prive l’économie domestique d’une partie des dépôts étrangers qui auraient dû soutenir le pays domestique. Ainsi, si un choc d’offre frappe l’éco-nomie domestique, la mesure de contrôle des capitaux a un effet contreproductif.

On retrouve le même mécanisme pour le choc de demande (domestique et étran-ger). Comme on peut le voir sur la figure 2.5, le choc de demande positif, qu’il affecte initialement l’économie domestique ou étrangère, est amplifié avec l’accéléra-teur financier et la mesure de contrôle a un effet contreproductif. Les taux d’intérêt augmentent, ce qui engendre une variation négative des dépôts. Le contrôle sur ces dépôts empêche l’atténuation de l’expansion des variables. Ce même mécanisme contreproductif se retrouve également avec le choc financier domestique et étran-ger.

La mesure de contrôle n’est toutefois pas totalement inefficace. Pour le mon-trer, nous prenons l’exemple du même choc d’offre mais qui frappe initialement le pays étranger. Au départ, la propagation du choc suit le même mécanisme. L’infla-tion augmente, suivi par une hausse du taux d’intérêt puis une baisse de l’activité. Toutefois, l’effet d’accélérateur financier n’est pas aussi important cette fois-ci, en raison de la plus faible sensibilité de ce pays au taux de prêt. Ainsi, toujours pour l’économie étrangère, l’activité diminue davantage avec l’accélérateur mais dans une moindre mesure, tout comme l’inflation et le taux d’intérêt qui demeurent positifs.

Cette hausse du taux d’intérêt entraîne donc une variation négative des dépôts pour l’économie étrangère. Si on se réfère à l’équation d’accélérateur financier, une variation négative des dépôts étrangers entraîne une hausse du taux de prêt et donc une baisse des prêts contractés dans l’économie, ce qui aura un effet récessif. Cependant, ici la mise en place du contrôle de capitaux vient diminuer la variation négative des dépôts étrangers et ainsi l’effet récessif sera moindre. Comme on le voit sur la seconde partie du graphique 2.6, l’instrument de contrôle permet de soutenir l’économie et l’inflation, l’activité et le taux d’intérêt se retrouve légèrement positif. Par l’intermédiaire du contrôle des capitaux du pays étranger et en suivant le même mécanisme, cet effet se répercute aussi sur l’économie étrangère.

On retrouve ce mécanisme bénéfique de la mesure de contrôle pour les chocs de politique monétaire (domestique et étranger). Comme le montre la figure 2.7 (cf annexe page 145), le choc de politique monétaire entraîne une hausse du taux d’intérêt et donc une baisse de l’activité. L’effet d’accélérateur financier propage la baisse de l’activité de l’économie domestique à l’économie étrangère. La hausse du taux d’intérêt de l’économie domestique entraîne une baisse des dépôts de ce pays et donc une baisse d’une partie des dépôts du pays étranger. Cette baisse des dépôts pour l’économie étrangère devrait amplifier la hausse du taux de prêt dans ce pays. Cependant, grâce à la mesure de contrôle, l’effet amplificateur est atténué et la baisse de l’activité est plus faible.

Cette différence d’efficacité de la mesure de contrôle dépend de plusieurs facteurs. D’une part, la sensibilité du pays au taux de prêt par l’intermédiaire du paramètre

αρ. D’autre part, elle dépend également du choc qui affecte l’économie. Si celui-ci

a un effet identique sur l’activité domestique et le taux d’intérêt du pays étranger, alors la variation des dépôts sera telle que la mesure de contrôle jouera son rôle contracyclique.

Si la mesure de contrôle peut avoir des effets bénéfiques, son caractère prudentiel peut être remis en cause. Pour valider celui-ci, il faudrait que cette mesure prenne en compte les variations du cycle économique et financier. Une taxe sur les dépôts étrangers, évoluant en fonction de l’activité et/ou du taux d’intérêt notamment, pourrait davantage remplir ce rôle de contrôle prudentiel des capitaux.

Politique macroprudentielle

Nous poursuivons l’analyse avec la politique macroprudentielle et le choc de

de-mande. Les fonctions de réponse sont présentées sur la figure 2.55. Les effets de

l’ac-célérateur financier sont clairement atténués. En effet, lorsque l’économie est affectée par un choc de demande, l’écart de production et le taux d’inflation augmentent et les autorités monétaires réagissent par une augmentation du taux d’intérêt nomi-nal. La monnaie nationale s’apprécie et ainsi le compte courant diminue. En t + 1, l’augmentation du taux d’intérêt a un effet négatif sur l’inflation et l’écart de pro-duction et ils retournent progressivement à leur état d’équilibre. Avec l’accélérateur financier, que l’on a analysé précédemment, les effets sont amplifiés.

5. Sur la figure, si on regarde le premier graphique en haut à gauche concernant l’inflation do-mestique, la courbe la plus élevée correspond à la politique de contrôle des capitaux, la suivante concerne l’accélérateur financier, puis la politique prudentielle globale, la politique macropruden-tielle, et enfin la courbe inférieur fait référence au modèle initial standard.

3 Politique de contrôle prudentiel des capitaux et politique macroprudentielle

3 Politique de contrôle prudentiel des capitaux et politique macroprudentielle

Lorsque l’instrument macroprudentiel est inséré dans le modèle, les effets du choc de demande sont toujours amplifiés, comparativement au modèle de référence, mais dans une moindre mesure que le modèle avec frictions financières (et sans mesure de régulation). L’augmentation des revenus dans l’économie améliore la solvabilité des emprunteurs, ce qui conduit les banques à réduire le taux de prêt. Par conséquent, la prime de risque diminue mais l’instrument contracyclique fait que la prime de risque est plus élevée que dans le cas du modèle avec accélérateur financier. Ensuite, l’aug-mentation de l’écart de taux d’intérêt réduit le montant de prêts et l’investissement dans une moindre mesure, ce qui implique une augmentation plus faible de l’écart de production et du taux d’inflation. L’appréciation de la monnaie s’en retrouve moins amplifiée, ainsi que la variation du compte courant.

L’instrument macroprudentiel d’exigence de fonds propres k permet de contrôler l’écart de taux d’intérêt et donc d’atténuer l’impact sur le taux de prêt. Ainsi, si l’offre de crédit est trop élevée, ce qui peut être le cas avec le modèle d’accélérateur financier, l’instrument k, via le paramètre κ, va venir augmenter le taux de prêt, signifiant une augmentation du coût de l’emprunt pour les agents. Cela réduit la prise de risque par les agents et l’ampleur d’un impact négatif possible. Cet instrument correspond à une mesure contracyclique nécessaire puisqu’il diminue l’offre de prêts en période d’expansion alors qu’il permet une réduction des prêts en période de ralentissement. La même logique est suivie concernant les trois autres chocs.

Enfin, les effets sont également appliqués aux variables étrangères. Le taux d’inté-rêt, l’écart de production, l’inflation et le compte courant suivent la même évolution que pour les variables domestiques, dans des ampleurs différentes cependant. En ef-fet, l’économie nationale est plus sensible aux chocs du fait de sa plus forte sensibilité au taux de prêt (voir calibrage des paramètres).

La politique macroprudentielle joue bien son rôle contracyclique. Elle apparaît plus efficace et moins sujette à discussion que les contrôles de capitaux. Notons également que son effet est globalement plus important comparé à l’instrument de contrôle.