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B- Le cadre historique d’« emprunt » dans Le roman

7- Similitudes historiques

« Ce qui est certain c’est que Baghdad tiendra sur nos cendres. Résistance des matériaux. La poussières encombre vainement la mémoire ... » ( p 33 )

Le Vieux de la montagne évoque continuellement le conflit perpétuel entre les chiites et les sunnites, Hassan as-Sabbah et Nizam al Mulk. Et Baghdad, avec l’empire Abbasside évoque la force et la gloire du courant sunnite dans les plus forts moments de son histoire, durant la période médiévale.

Historiquement Omar Khayyam ne pouvait assister à cette invasion survenue après lui.

7- Similitudes historiques

La présentation des points communs à l’histoire de l’Algérie contemporaine et à celle de la Perse médiévale est nécessaire dans cette partie de l’analyse du roman. L’auteur fait dans tout le texte, une comparaison implicite pour relire l’histoire de la Perse médiévale à travers des événements déterminants qui semblent se répéter, selon lui, par rapprochement dans d’autres circonstances similaires en Algérie.

Des prémonitions en découlent et concernent l’avenir de l’Algérie à la lumières d’événements historiques bouleversants, notamment l’apparition d’organisations extrémistes religieuses semblables dans leurs formes, leurs principes et leur action meurtrière à la secte des Assassins de la Perse médiévale, créée et dirigée par le terrible Hassan as-Sabbah retranché dans la forteresse d’Alamout en Perse ( l’Iran actuel ).

La peur généralisée est le synonyme de violence et le résultat de l’inconnu. C’est un élément très fort dans le roman. Il est chargé, dans le développement des événements, par toute sorte de craintes justifiées par des éléments concrets ou inventés et nourris par l’imagination suivant des données réelles.

« Il y a la peur Tellement ancrée que le corps n'est plus qu'un frisson et rien ne se passe sinon que le temps dissipe toute crainte pour te livrer à l'horreur du vide. C'est d'un tel poids ! » ( p 66 )

Tengour parle de l’Algérie et de l’Empire Perse, pour transmettre ses critiques rigoureuses dans l’image tragique qu’il en donne, en insistant sur le désastre et la mort et en soulignant

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la frayeur mentale provoquées par les agissements des Assassins et les menaces d’invasions mongoles :

« Les Assassins et les Mongols étaient le prétexte à un état de siège permanent. L'arbitraire régularisé.» ( p 77 )

Khayyam et Tengour sont là, aussi, comme dans beaucoup d’autres extraits du roman, un seul et même personnage. Ils partagent la même vision et vivent dans les mêmes situations dont ils s’expriment de la même façon.

Tengour voyage alors dans et vers le pays de Khayyam et le fait venir, avec sa ville natale, son milieu, ses activités et son époque en Algérie. Il le reçoit dans son propre cadre urbain et géographique pour projeter à travers lui l’image d’intellectuels de son temps, reprocher la passivité et le silence aux uns et la compromission aux autres, et critiquer leur situation délicate dans un système social et politique renfermé :

« Khayyam se refusait à toute complaisance qui brisât son être car il n’avait d’autre lieu de révolte, limpide intimité. Il avait tout accepté comme les intellectuels de son temps.

Il s’était tu.» ( p 31 )

A la fin des années 70 et au début des années 80 du XXe siècle, l’Etat algérien dominait tout les médias et imposait la censure à tous les domaines de la création intellectuelle et artistique, surveillait ce qui se publiait et dirigeait la pensée.

Les journaux en générale étaient la parole officielle de l’Etat. Pour le peuple, ces moyens de communication n’avaient pas de crédibilité parce qu’ils ne le représentaient pas et ne reflétaient pas ses véritables aspirations de liberté et de dignité :

« Je ne lisais plus les journaux comme beaucoup de monde ni les livres qui recevaient le sceau de la censure et n’en éprouvais aucun manque, seulement une nostalgie devant des possibilités gaspillées. » ( p 29 )

Par ailleurs, la Perse et l’Algérie ont eu, depuis le moyen âge, des rapports différents avec l’arabisation : en Perse ( et même en Iran actuellement ) l’arabisation s’est limité principalement à l’Islam, alors que l’arabe n’y est pas la langue officielle au dépend du persan. Tandis qu’en Algérie l’arabe était considérée comme l’unique langue nationale, ( ce qui ne l’est plus officiellement ) :

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« Les Etats exaltaient des frontières fictives sans rendre compte de l’errance des cœurs assujettis. Une famille de tisserand fit fortune en confectionnant des drapeaux. Sacralisation d’un monde fadasse.

Une écriture subjuguée entretenait les limites sans recueillir une adhésion. Une magnifique apparence. » ( p 29 )

Les invasions arabo-islamiques ont imposé, avec l’islam, l’arabisation, aux ancêtres, des algériens, berbérophones. Ce même processus, avait continué en Algérie, pendant des siècles, avec les écoles coraniques et medersas surtout. A l’indépendance de l’Algérie en 1962, la langue française dominait surtout dans les domaines de l’administration et de l’éducation officielle. La nouvelle vague d'arabisation obligatoire de la société en générale et du système éducatif en particulier allait devenir l’apanage et l’instrument des arabisants et des islamistes :

« Un oiseleurs fut nommé Grand Conseiller Culturel pour avoir dressé des perroquets à enseigner la langue classique rénovée aux jeunes cadre de la nation. » ( p 29 )

Tengour est bilingue et considère qu’en Algérie le plurilinguisme est naturel, étant donnée la constitution sociale du pays et son histoire.

« En Algérie, ce qui fait mal au cœur, c’est que nous avions la possibilité de vivre dans un pays parfaitement bilingue et que l’on a instauré un monolinguisme de bas niveau… »36

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