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Sierra Leone: pour le contrôle des ressources

Dans le document Relations internationales en Afrique (Page 101-103)

5. L ES CONFITS EN A FRIQUE

5.2. Cas particuliers

5.2.6. Sierra Leone: pour le contrôle des ressources

La Sierra Leone, ancienne colonie anglaise, a un peu la même origine que le Liberia, les quakers ayant facilité dans ce territoire l'implantation d'esclaves affranchis, mais la bourgeoisie afro-américaine n'y a pas monopolisé le pouvoir. Cette entité est née à la fin du XVIIIe siècle de la volonté des antiesclavagistes de réinstaller en Afrique les esclaves affranchis des Caraïbes ou d'Amérique. Ainsi est fondée "Free-Town" qui est devenue par la suite la capitale des territoires africains sous domination anglaise. Après l'indépendance, accordée en 1961, le nouveau régime a connu une succession de coups d'État jusqu'à ce que Siaka Stevens prenne le contrôle du pays, avec l'appui de la Guinée de Sekou Touré. Après la démission de Siaka Stevens, au pouvoir pendant vingt ans, le All People's Congress (APC), parti unique, a choisi comme candidat à la succession le général Joseph Saidu Momoh. Les élections du 1er octobre 1985 ont donc été une formalité et le général Momoh prit ses fonctions quelques jours plus tard. Alors que le pays s'acheminait vers le multipartisme, le 29 avril 1992, un coup d'État a renversé le président, général Joseph Saidu Momoh. Les militaires qui ont pris le pouvoir, installent un Conseil national provisoire de gouvernement présidé par le capitaine Valentine Strasser. Ce coup de force est intervenu dans un contexte économique difficile. En effet, d'une année à l'autre, les problèmes économiques se sont accentués, ainsi qu'en ont témoigné les pénuries cycliques de produits de base, une situation d'autant plus paradoxale que la Sierra Léone, potentiellement riche, a dû faire face à la déperdition de ses ressources naturelles.

Le Conseil national provisoire de gouvernement (NRPC) est placé sous la direction d'un jeune capitaine d'une vingtaine d'années, Valentine Strasser. L'un de ses premiers actes officiels a été, outre la suspension de la Constitution, le gel des biens de tous les responsables de l'ancien régime.

Véritable débordement en Sierra Léone du conflit libérien, la rébellion du Front révolutionnaire unifié (RUF), apparue en mars 1991 et soutenue à l'époque par le Front national patriotique du Libéria (NPFL) de Charles Taylor, a gangrené tout le pays. En cinq ans, une guérilla diffuse, dépourvue de toute revendication politique, a fait plus de 10 000 morts, des centaines de blessés, parfois atrocement mutilés, faisant fuir la

moitié de la population (4,5 millions d'habitants). L'économie s'est trouvée désorganisée.

Les "sobels", à la fois soldats et rebelles, ont été nombreux à sortir des rangs de l'armée régulière pour pactiser avec le RUF, dans le seul but de partager l'intarissable butin de cette guerre. Depuis 1994, ils se sont illustrés dans les exactions, les pillages et la très lucrative contrebande de l'or et des diamants. Malgré d'abondantes ressources naturelles, la Sierra Léone, ruinée, est devenue l'un des cinq pays les plus pauvres du monde.

Une "révolution de palais" écarte du pouvoir, le 16 janvier 1996, le capitaine Valentine Strasser, alors que se rapprochent les échéances d'une transition démocratique qu'il avait promise après son coup d'État du 29 avril 1992. Le général Julius Maada Bio, son successeur, a tout fait pour reporter les élections générales. Son argument, partagé par une rébellion enfin disposée à dialoguer était qu'il fallait, avant toute élection, signer un accord de paix. Le premier tour du scrutin a pourtant eu lieu le 26 février 1996, comme prévu. Ce jour-là, la société civile a engagé, en manifestant armes au poing, un véritable bras de fer avec les militaires et les rebelles qui tentent de perturber le vote, faisant plus de trente morts. Acculé, le chef de la junte accepte le résultat du scrutin et l'organisation, le 15 mars 1996, du second tour.

Premier président civil depuis 1985, Ahmad Tejan Kabbah, soixante-quatre ans, est élu avec 60 % des voix après une carrière de diplomate et de fonctionnaire des Nations unies. Sa formation, la plus ancienne du pays, le Parti du peuple sierra-léonais (SLPP), obtient la majorité parlementaire. Sa première tâche aura consisté à convaincre le RUF, qui refuse de reconnaître la validité des élections, de poursuivre le dialogue entamé avec Julius Maada Bio.

Dès sa prise de fonctions, le 1er avril 1996, le nouveau chef de l'État Ahmad Tejan Kabbah tente de mettre un terme à la guerre civile commencée en 1991. Mais les pourparlers entamés le 22 avril 1996 à Yamoussoukro (Côte-d'Ivoire) avec les rebelles du Front révolutionnaire unifié (RUF) achoppent sur le sort des 700 mercenaires de la société sud-africaine Executive Outcomes, engagés en juin 1995 par l'ancien régime militaire pour encadrer l'armée. Le RUF exige leur retrait avant le désarmement de ses combattants. Le gouvernement estime les mercenaires sud-africains plus efficaces qu'une armée difficilement maîtrisable, dont de nombreux éléments s’illustrent aux côtés des rebelles dans leurs activités de pillage des richesses du pays.

Le cessez-le-feu conclu le 17 mars 1996 ne tient pas. Les attaques de la rébellion ont repris en juillet 1996, au nord et à l'est du pays. Face à la contre-offensive lancée en septembre par l'armée, Foday Sankoh, l'énigmatique leader du RUF, se résous à signer un accord, le 30 novembre 1996, à Abidjan, avant de contester aussitôt la forme que prend la "force neutre de désarmement" prévue par ce plan de paix.

Alors que de nouveaux affrontements font rage en février 1997, une issue "diplomatique" est recherchée. Après l’arrestation et l’assignation à résidence de F. Sankoh à Lagos (Nigeria), ses lieutenants se déclarent prêts à accepter le déploiement des 720 "casques bleus" proposés par le Conseil de sécurité de l'ONU.

Le 25 mai 1997, un coup d'État militaire contraint le président élu A.T. Kabbah à se réfugier en Guinée. Un Conseil révolutionnaire des forces armées, dirigé par le commandant Johnny Paul Koroma (trente-trois ans) nomme F. Sankoh vice-président de la junte. Par le passé, Koroma et Sankoh ont pactisé pour se livrer au pillage des richesses du pays, ont vu leurs rentes menacées par l'avènement de la démocratie et l'action des Kamajors, chasseurs traditionnels constitués en milices civiles contre le RUF. A l'appel du président Kabbah, le Nigeria a eu recours à la force, sous la bannière de l'Ecomog, la Force ouest-africaine d'interposition déployée au Libéria voisin.

Depuis 1989, le pays est toujours ravagé par la guerre accompagnée de massacres et d'atrocités commis par le Front révolutionnaire uni (RUF) et qui a fait plus de 200.000 morts. Un nouvel accord prévoyant un cessez-le-feu prévoyant un désarmement des milices est signé en mai 2001, mais le RUF tient encore de vastes zones riches en diamants dans le nord et l'est du pays.

Dans le document Relations internationales en Afrique (Page 101-103)