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Les migrations interafricaines 5.4 Criminalité

Dans le document Relations internationales en Afrique (Page 115-118)

5. L ES CONFITS EN A FRIQUE

5.3. Les migrations interafricaines 5.4 Criminalité

Le développement de la criminalité organisée dans le monde est soutenu et facilité aujourd’hui par une vaste industrie internationale du blanchiment de l’argent constituée principalement des paradis fiscaux et des centres offshore éparpillés à travers la planète. Les produits illégaux recyclés dans ces « temples financiers » du crime organisé, sont suffisamment importants pour perturber l’équilibre financier international et mettre à genoux les économies ayant une structure financière fragile. En 1997, un rapport de l’ONU chiffrait le PIB criminel à 4 800 milliards de FF (soit 15% du PIB mondial) avec au moins 2 400 milliards de ces fonds devant être blanchis par les temples financiers criminels. L’International Crime Treat Assessment de la Maison Blanche situait en l’an 2000, le montant des sommes blanchies entre 800 et 2000 milliards de dollars US. Malgré le bouillonnement d’idées, des mesures et stratégies de lutte mises en place par les pays industrialisés à travers le GAFI (Groupe d’Action Financière contre le Blanchiment) à l’heure actuelle, pour contenir « le cancer de l’économie moderne », l’Afrique semble pourtant afficher une indifférence déconcertante au point de considérer le phénomène du blanchiment comme étant un danger encore virtuel. Et pourtant, l’analyse et l’observation des faits nous démontrent le caractère très préoccupant de ce phénomène aux conséquences multiformes pour les pays d’Afrique.

Typologie de la criminalité organisée

La compréhension des méandres du blanchiment découle de sa liaison inextricable avec le crime organisé. A cet effet, il convient de distinguer les principales activités illicites ou criminelles à l’échelon international :

a) Le trafic de drogues (cocaïne, cannabis, héroïne, etc.) : pour le PNUCID (Programme des Nations Unies pour le Contrôle International des Drogues), le trafic illicite de drogues produit chaque année environ 400 milliards de dollars de vente au détail, soit près du double de l’industrie pharmaceutique mondiale ou 10 fois le montant total de l’aide publique au développement ;

On assiste depuis quelques années dans les différentes régions d'Afrique subsaharienne (occidentale, centrale, australe et orientale) envisagées ici, à un développement très important des cultures de cannabis. Cette situation est essentiellement due à la crise

économique, aux effets pervers des Programmes d'ajustement structurel (PAS), à la corruption et aux conflits. Ces productions commencent à avoir un impact extrêmement négatif sur l'agriculture. En effet, des études effectuées par des experts de l'OGD en Côte d'Ivoire forestière par exemple font apparaître qu'un hectare de cannabis, du fait de l'illégalité de la marijuana sur les marchés consommateurs, rapporte 55 fois plus qu'un hectare de riz-manioc, 60 fois plus qu'un hectare de cacao et 100 fois plus qu'un hectare de café. Les cultures illicites ont donc tendance à se substituer aux cultures vivrières, ce qui devrait entraîner à terme des problèmes pour l'approvisionnement des populations, en particulier dans les centres urbains. Enfin, si jusqu'ici la production est avant tout destinée au marché interne, une partie croissante de la marijuana produite en Afrique subsaharienne est exportée, en premier lieu vers l'Europe. Cette région du monde, en particulier l'Afrique de l'Est et l'Afrique australe, a commencé à produire des drogues de synthèse destinées aux marchés locaux.

Mais l'Afrique est surtout une région de transit de toutes les drogues : haschisch et héroïne en provenance d'Asie destinés aux marchés de l'Europe et des Etats-Unis; cocaïne en provenance d'Amérique latine destinée à ceux de l'Europe occidentale. Du fait de leur situation géographique et de leur peuplement, les pays d'Afrique de l'Est et d'Afrique australe entretiennent des liens privilégiés avec l'Asie du Sud-Ouest et ceux d'Afrique de l'Ouest avec l'Amérique latine, le Proche-Orient et le Maroc. Trois pays jouent un rôle clé : le Kenya, principale porte d'entrée des drogues asiatiques sur le continent ; le Nigeria dont les réseaux couvrent aujourd'hui le monde entier et l'Afrique du Sud dont le territoire est en train de devenir une plaque tournante de première importance. Dans de nombreux pays, ce rôle pris par la drogue est un élément accélérateur de la corruption du politique et de la prolifération des conflits.

b) Le proxénétisme ou la prostitution : l’industrie du sexe ici est liée au trafic des femmes et rapporte chaque année 44 milliards de dollars ; Ce fléau n’épargne pas l’Afrique.

c) Le trafic d’enfants, le trafic d’armes, le terrorisme, la vente illicite du bois, de l’or, du diamant et d’autres minerais représentent un vaste marché du crime organisé rapportant d’importants bénéfices illégaux aux acteurs.

d) Si des activités criminelles ont des tendances de régionalisation plus ou moins accentuées en fonction des zones, ce sont la corruption et le trafic d’armes qui nous semblent être les dangers les plus graves qui menacent au quotidien l’équilibre économique, social, politique et géopolitique de l’Afrique. Le trafic d’armes constitue la source majeur de « l’économie de guerre » et de conflit en Afrique centrale. Cette économie de guerre ou de conflit armé fondée sur le trafic et la contrebande, se traduit notamment par le troc des armes contre les produits miniers, profite non seulement aux gouvernements en guerre mais aussi et surtout aux meneurs des guérillas. C’est le cas de l’Angola avec le contrôle des diamants des Lundas du côté de Cuango - une sorte

de zone tampon de pillage de la pierre précieuse - entretenue par l’UNITA et les forces gouvernementales du MPLA au pouvoir à Luanda dont le trafic rapporterait chaque année au mouvement rebelle de Jonas SAVIMBI selon Bernard-Henri Lévy un demi- milliards de dollars (80% réinvesti en matériel militaire) ou en RDC où le RCD/GOMA et Jean-pierre BEMBA avec son MLC avaient fait main basse sur les mines de diamant à l’Est du Congo Démocratique.

e) La corruption se situe au confluent de tous les crimes. Elle apparaît comme étant le crime fédérateur qui se nourrit de lui-même, alimente et entretient tous les autres crimes en Afrique. Dans le processus de blanchiment, on distingue deux types de cycle, le cycle dit classique mis en exergue par les instances internationales spécialisées et le cycle informel lié plus simplement au troc ou au transport des physiques.

Conclusion

Sur le plan politique et géopolitique, les rapports étroits entre les acteurs de la criminalité organisée et certains mandataires des Etats du continent que ce soit dans le cadre de la criminalité financière classique ou dans le cadre du blanchiment informel (notamment le trafic illicite d’armes troquées contre les produits miniers), affaiblissent et criminalisent les structures démocratiques en émergence. Celles-ci peuvent alors être inféodées et contrôlées par les acteurs du crime organisé. La persistance des conflits armés renforce non seulement le trafic d’armes qui les prolonge mais aussi à cause du caractère incontrôlé de ce dernier, entraîne la naissance de nouveaux foyers de tension et la régionalisation de l’insécurité qui se matérialise aujourd’hui par la montée de la criminalité urbaine et du grand banditisme dans tous les pays d’Afrique centrale.

Dans le document Relations internationales en Afrique (Page 115-118)