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République démocratique du Congo: un conflit aux multiples enjeux.

Dans le document Relations internationales en Afrique (Page 92-95)

5. L ES CONFITS EN A FRIQUE

5.2. Cas particuliers

5.2.1. République démocratique du Congo: un conflit aux multiples enjeux.

Depuis 1998, le conflit que certains observateurs ont qualifié de « deuxième guerre de libération nationale » est devenu la première guerre mondiale africaine au sein de laquelle est impliquée une pluralité d'acteurs dont les armées nationales du Rwanda, du Burundi, de l’Ouganda, de l’Angola, de la Namibie et du Zimbabwe . Outre ces armées, est également engagée une coalition de mouvements rebelles minée par des dissensions internes et/ou de crises d'identité, le Rassemblement congolais pour la Démocratie (dit le RCD/Goma de Onusumba), le Rassemblement congolais pour la Démocratie - Mouvement de Libération (dit le RCD de Wamba dia Wamba), le Mouvement de Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba . A celle-ci,

s’ajoutent des mouvements rebelles étrangers dont les ex-FAR et interahmwe (dit l’Armée de Libération du Rwanda - ALIR), les rebelles ougandais luttant contre le pouvoir du président ougandais Museveni (Alliance of Democratic Forces - ADF), les mouvements rebelles burundais notamment les Forces pour la Défense de la Démocratie (FDD) et les Forces Nationales de Libération (FNL). Enfin, des mouvements de résistance contre l’occupation étrangère (dit les milices Mayi Mayi) figurent également parmi les acteurs-clés de cet interminable conflit. Le président congolais Laurent-Désiré Kabila a été victime d'un attentat perpétré par un de ses gardes du corps le 16 janvier dernier à Kinshasa. Son fils, Joseph Kabila, lui succède. Selon certaines estimations humanitaires et le gouvernement de RDC, ce conflit a fait jusqu'à 2,5 millions de morts et provoqué la fuite de plus de deux millions d'habitants des zones de combat.

Sous l’égide de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) les belligérants signent un accord de cessez-le-feu à Lusaka en Zambie en juillet 1999. Cet accord n’a jamais été appliqué. Chaque mouvement a plutôt renforcé ses positions et d’autres scissions sont apparues dans les mouvements rebelles. (voir carte). La guerre s’intensifie pénalisant les populations qui se déplacent par milliers à travers les forêts. Elles sont exposées aux pillages, aux maladies et à des massacres de groupes rivaux. C’est alors que le Conseil de sécurité de l’ONU, approuve l’envoie de 5 500 hommes au Congo pour garantir le cessez-le-feu. Il a aussi ordonné le retrait de toutes les forces étrangères du Congo. Il déploie sur place la Mission des nations unies pour le Congo, la MONUC qui devrait aussi apprécier le retrait de 20 000 soldats rwandais et les 10 000 Ougandais, des Zimbabwéens des Angolais et des Namibiens.

Après plusieurs tentatives de résolution notamment à Syrte en Libye, Lusaka en Zambie, Gaborone au Botswana, Abuja au Nigeria, Addis-Abeba en Ethiopie, Bruxelles en Belgique, Genève en Suisse, Sun City et Pretoria en Afrique du Sud, Luanda en Angola, les représentants du gouvernement de Kinshasa, des mouvements rebelles, des partis d'opposition et de la société civile purent, enfin, signer un accord de paix global24. Cet accord basé sur des principes de consensualité, de l’inclusivité et de la non conflictualité au sommet de l’Etat, constitua une grande première sur le continent africain surtout si on tient compte du nombre des parties impliquées. L’accord prévoyait que le président Joseph Kabila soit maintenu à son poste mais assisté par quatre vice-présidents issus du parti du président, du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD-Goma), du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) et des partis d'opposition politique non armée. C’est ce qui constitue la présidence de la République25. De plus, les belligérants se mirent également d’accord sur la répartition et l’attribution des différents ministères et la mise en place des institutions citoyennes en appui à la démocratie présidées par des personnalités issues de la société civile.

24 Accord global et inclusif sur la transition en République Démocratique du Congo, Pretoria, 17

décembre 2002

25 Article 80 et suivant de la constitution de la transition, journal officiel de la république

Après 3 ans de régime transitoire, les premières élections démocratiques depuis plus de 40 ans eurent lieu. Le président Kabila est élu avec 57,5 % des voix.

Occupation de la RD Congo en 2003: le MLC au Nord-Ouest, le RCD-Nation au Nord-Est, le RCD-K/ML autour de Bunia, le RCD-Goma à l'Est et le gouvernement à l'Ouest et au Sud

Si cet accord de paix global et inclusif a pu permettre à la République de se réunir et de se pacifier, la région du Kivu a vu la guerre continuer.

Malgré l’accord de Sun City, il y eut plusieurs incidents avec des officiers de l’ex RCD-Goma. Notamment avec Jules Mutebutsi quand il attaqua Bukavu en 2004 sous prétexte de prévenir un génocide dirigé contre les tutsis. Celui-ci sera rejoint avec Laurent Nkunda qui descendra depuis le Nord-Kivu à Bukavu pour appuyer le siège de la ville.

C’est ce dernier, Nkunda, qui relancera la guerre au Nord-Kivu en 2007 avec la création de son mouvement politico-militaire : le CNDP (congrès national pour la défense du peuple) avec pour objectif la défense des tutsis et la lutte contre la

discrimination contre ceux-ci pour ensuite s’affirmer comme « mouvement de libération nationale » et avoir l’ambition de marcher jusque Kinshasa.

Alors que le CNDP mettait en déroute au Nord-Kivu l’armée congolaise, un coup de théâtre se passa en 2009 quand l’adjoint de Laurent Nkunda, Bosco Ntanganda, ancien chef de milice en Ituri et recherché par la CPI, annonça avoir écarté Nkunda de la direction du mouvement et sceller la paix avec le gouvernement congolais. Pendant ce temps, Laurent Nkunda était arrêté au Rwanda et placé en résidence surveillée.

Pour beaucoup, il s’agissait là d’un retournement d’alliance du Rwanda préférant privilégier une alliance avec Kabila pour traquer les FDLR, rebelles au gouvernement de Kagame, plutôt que téléguider un mouvement, le CNDP.

Depuis lors, les ex CNDP intégrés aux FARDC, les FARDC et l’armée rwandaise mènent conjointement des opérations contre les FDLR. La situation reste cependant compliquée puisque de nombreux groupes armés résiduels continuent d’opérer sur le sol du Kivu : groupes maï-maï, mais également groupes étrangers : FDLR (rwandais), CNDD/FDD (burundais), ADF/NALU et LRA (ougandais).

Dans le document Relations internationales en Afrique (Page 92-95)