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siècle, Centre Images a donné aux milliers de

Dans le document 50 : Région Centre (Page 50-52)

mètres de pellicules

tournés par des

amateurs une valeur

patrimoniale qui, par

un travail concerté de

collecte, de sauvegarde

et de diffusion, trouve

une nouvelle vie.

1. Sur les pôles régionaux d’éducation artistique et de formation au cinéma et à l’audiovisuel, cf. Estelle Caron, « La route des Pôles. Les médiathèques lieux ressources », Bibliothèque(s), n° 45, juillet 2009.

EMMANUEL PORCHER De la marge au Centre 49

Des scanners nous permettent de travailler sur l’ensemble des formats cinéma (8 mm, 16 mm, 9,5 mm et 35 mm) et vidéo. Nous disposons de stocks pour chaque type de supports, avec des contrôles thermiques et hydrométriques adaptés. Cette phase de numérisation est évi- demment couplée à la gestion des droits : chaque déposant désireux de nous confier ses pel- licules signe un contrat de dépôt ainsi qu’une convention de ces- sion de droits. Ensuite, nous engageons un travail essentiel d’indexation et de documenta- tion. L’enquête menée lors de la collecte se poursuit ici afin d’accroître encore le potentiel de ces images quant à leurs futures utilisations. Ainsi trai- tés, les films, encodés afin de permettre leur diffusion, sont consultables via une base de données « Diaz ».

La valorisation était un pos- tulat important de notre pro- jet : collecter, certes, mais pour partager avec le plus grand nombre. Les déposants peuvent les découvrir ou redécouvrir lors d’animations mises en place sur l’ensemble du territoire régional, une occasion de les remercier mais aussi d’offrir aux habitants la possibilité de se livrer à une exploration de leur patrimoine. Au-delà des projections d’œuvres « brutes », notre agence produit des documentaires qui portent sur des théma- tiques, des territoires, des périodes… Avec l’accord des ayants droit, nous mettons à la disposition de musiciens, cinéastes, artistes plasticiens ces extraordinaires palettes d’images qui ne demandent qu’à être utilisées. Outre la diffusion en salles de cinéma et la télédiffusion, notre agence souhaite, dans les prochains mois, proposer ces travaux aux habitants de la région via une plateforme de diffusion sur Internet. Les pra- tiques culturelles évoluent beaucoup ; en matière d’écrans plus encore. Il est logique dès lors que nous nous engagions sur cette voie.

Si ces films peuvent être considérés à la marge dans l’his- toire du cinéma, un de mes amis me rappelait que c’est la marge qui tient les pages du livre… et donc de notre histoire.

Renault (37), l’existence d’un

grand nombre de films amateurs sur ce territoire nous a permis de collecter plus de 20 heures d’images sur support cinéma. De cette collecte, nous avons tiré un grand nombre d’ensei- gnements : tout d’abord sur la qualité des œuvres ; elles étaient souvent bien cadrées, le coût de la pellicule induisait assuré- ment une attention plus grande dans le tournage. Ensuite, nous avons constaté l’urgence : bon nombre de bobines des années 1920 étaient déjà irrécupérables, il nous fallait aller vite pour sau- ver ce qui, dans ce patrimoine, pouvait encore l’être. Quant aux sujets, les habitants de la région filmaient notamment les périodes de vacances qui, pour partie, ne se déroulaient pas sur notre territoire. La cinémathèque de Bretagne dispose de beaucoup d’images sur Chambord, nous en possédons beaucoup du Mont- Saint-Michel ! Fort de cette expé-

rience nous avons pu engager le travail à l’échelle régionale. Pour ce faire, nous nous sommes attachés à mettre en œuvre des partenariats infra régionaux. Le premier a été conclu avec le département d’Eure-et-Loir ; l’échelon départemental était évident parce qu’il correspondait à une compétence de cette collectivité et qu’il nous offrait la possibilité de construire sur ce territoire une expérience inédite. Un découpage a été réalisé afin d’engager le travail de collecte en parcourant le Perche, le Drouais, la Beauce… C’est un véritable travail d’en- quêteur qui a été mené auprès des caméras-clubs, des pho- tographes, aucune piste ne devant être négligée. En quatre années, de nombreux partenariats ont été menés avec des villes ou des pays. 500 déposants nous ont confié leurs films et ce sont plus de 10 000 qui ont ainsi été sauvés.

P

ARTAGER

,

PRODUIRE

Nous pouvons avouer aujourd’hui que nous avions un peu sous-estimé le traitement de ce flot d’images. Nous dispo- sons d’une chaîne de traitement entièrement numérique.

© Centr e Images / J. Blanchar d, 1950 env . © Centr e Images / P . Chaillou, 1961 © Centr e Images / M. F onteneau, 1970

50 Bibliothèque(s) - REVUEDEL’ASSOCIATIONDESBIBLIOTHÉCAIRESDEFRANCE n° 50 - mai 2010

y compris les plus petites qui pourraient prendre en charge la conservation de tel ou tel titre. Mais tout ce qui se discutait au sein de ces groupes faisait ensuite l’objet de rapports auprès des directeurs, qui validaient souvent, mais pas toujours, les propositions faites. Déjà certains titres n’intéressaient per- sonne, on envisageait pour d’autres deux lieux de conservation, dont un de recours, on parlait de faire des dépôts…

Dominique Panchèvre : C’est déjà là un premier problème : un dépôt, à la longue, peut être difficile à gérer. Qui prend en charge, par exemple, la restauration ?

• Tout cela ne semblait quand même pas trop mal parti. Quels obstacles avez-vous donc rencontrés ?

D. P. : Il ne faut pas perdre de vue que la fin des années 1990 et le début de la décennie suivante marquent l’époque de la construction des grandes médiathèques. Ces nouveaux bâti- ments sont gourmands en personnel, on cherche à dévelop- per de nouveaux services, numérique, action culturelle… La conservation partagée ne peut plus se voir accorder la même priorité.

D. S. : Une nouvelle convention avait été préparée, mais il apparaissait difficile de faire une convention unique entre les petits et les grands établissements compte tenu de la dis- parité de leurs moyens. Néanmoins, les conditions commen- çaient à se préciser quand, en 2003, Marie-Claude Pasquet a quitté le CRL. Son départ a considérablement affaibli l’impul- sion commune qui s’était lancée.

• C’est à ce moment-là que vous êtes arrivé au CRL, Dominique Panchèvre ?

D. P. : Non, pas tout de suite. Et entretemps, la direction du CRL avait changé ; les questions patrimoniales étaient moins mises en avant. Mais je croyais l’état du projet suffisamment abouti pour espérer le relancer et le finaliser « dans un bref délai ».

• Quand et comment est né le pro- jet de conservation partagée des périodiques ?

Danye Siguré : Le programme régio- nal de conservation partagée des périodiques a commencé en 1998. À l’époque, la Fédération française de coopération entre bibliothèques (FFCB, aujourd’hui FILL) incitait les différentes agences régionales de coopération à mettre en place des programmes de conservation par- tagée. Lancé par les chefs d’établissements, le projet a été confié à Marie-Claude Pasquet, chargée de mission pour le patrimoine au Centre régional du livre (aujourd’hui Livre au Centre). Dès le début, le programme était limité aux revues en cours et excluait tous les périodiques locaux et régionaux. Des questionnaires ont été envoyés à toutes sortes de bibliothèques et des listes, parfois très longues, échangées entre éta- blissements. Dès 1999, une base de données régionale comprenant plus de 5000 titres a été mise en place, tandis qu’un premier plan d’action et un premier projet de convention voyaient le jour.

• Quelles ont été les étapes sui- vantes ?

D. S. : En 2000, plusieurs groupes de travail se sont réunis pour échanger sur les listes et sur les bibliothèques,

Autopsie d’une utopie

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