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1. Recension de la littérature

1.7. Le sevrage des veaux

Le sevrage, qui consiste à séparer le veau de sa mère et donc de retirer le lait maternel de son alimentation, est un passage obligé dans la production vache-veau afin de pouvoir vendre les veaux d’embouche pour l’engraissement et de permettre à la vache d’investir son énergie pour sa gestation (210). Malgré que le sevrage soit une étape naturelle dans la vie de tout veau, cette procédure est réputée comme étant la plus stressante dans sa vie parce qu’elle survient généralement à un plus jeune âge et plus rapidement que naturellement (211). Au Québec, les veaux d’embouche sont généralement sevrés vers l’âge de 5 à 10 mois et pèsent de 500 à 900 lb (30, 34).

1.7.1. Les méthodes de sevrage

Cette procédure peut se faire selon différentes méthodes, soit, principalement, par séparation complète, à l’aide d’une clôture ou bien en deux temps. La méthode de la séparation complète est la plus utilisée au Canada et la plus simple puisque le veau est retiré à sa mère et placé dans un autre endroit où les deux animaux ne peuvent généralement pas avoir de contacts visuels ou auditifs. Cette méthode est réputée comme étant la plus stressante pour le veau et peut entraîner des baisses de performances, tel un GMQ post-sevrage réduit, ainsi que des comportements indicateurs de stress comme des vocalisations, plus de marche et moins de temps couché ainsi que moins de temps à s’alimenter (212). Elle cause également un stress aux vaches puisque ces dernières présentent moins de comportements d’alimentation, plus de marche en va-et-vient et plus de vocalisations que les vaches dont les veaux ne sont pas sevrés (213). La séparation complète est, cependant, très simple et rapide à effectuer pour les producteurs puisque les animaux ne sont manipulés qu’une seule fois et ne demande pas d’équipements spécialisés pour cette étape.

La méthode par séparation à l’aide d’une clôture consiste à diviser les couples vache- veau en deux sous-groupes par une clôture durant environ 7 jours. Les veaux sont ainsi séparés de leur mère qui est logée de l’autre côté de la clôture. Le couple vache-veau peut donc conserver des contacts visuels et auditifs, mais les contacts physiques sont très limités voire absents. Les veaux ne peuvent également plus se nourrir de lait maternel. Ils peuvent cependant continuer de voir et d’entendre leur mère. À la suite à cette période, les deux groupes sont définitivement

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séparés et n’ont plus de contacts de toutes natures. Comparativement à la séparation complète, cette méthode peut permettre de limiter les pertes en gain de poids jusqu’à au moins 10 semaines d’âge puisqu’une différence d’environ 12 kg de gain de poids de plus pour les veaux sevrés par la clôture a été observée à cet âge (214). Ils ont également constaté chez ces veaux une diminution des comportements de marche et des vocalisations, l’augmentation du temps où les veaux sont couchés ainsi que du temps d’alimentation, permettant ainsi de conclure que le stress des veaux est diminué par cette procédure (214). Cependant, la séparation par la clôture nécessite d’installer une clôture, si elle n’est pas déjà présente, que les veaux ne pourront pas traverser, ainsi que de les déplacer deux fois, soit une première fois pour les séparer de leur mère et les emmener de l’autre côté de la clôture et une deuxième fois pour les regrouper dans un endroit où ils n’auront plus aucun contact avec leur mère (210). Cette méthode demande donc plus de temps, d’investissement et de ressources aux producteurs que le sevrage par séparation complète (210).

Le sevrage en deux temps est effectué à l’aide d’un anneau anti-succion, ou caveçon, généralement fait de plastique et qui est fixé au septum nasal rostral des veaux (212). Ce dispositif peut comporter des pics ou non et couvre en partie leur bouche pour les empêcher de s’alimenter aux trayons de leur mère (212). Les petits sont donc gardés auprès d’elles durant une période de transition de 4 à 7 jours, tout en devant s’alimenter par eux-mêmes au pâturage (212, 215). Suite à cette période, les veaux sont séparés des adultes de façon à ce qu’ils n’aient plus de contacts visuels, physiques ou auditifs; le sevrage est ainsi complété (212). Cette méthode de sevrage est considérée comme étant moins stressante que la méthode par séparation complète puisqu’elle permet de diminuer les vocalisations des veaux ainsi que le temps qu’ils passent à marcher et d’augmenter le temps passé couché et à s’alimenter (212, 216). Elle permet également de réduire, sans éliminer, le stress des vaches puisque ces dernières présentent moins de comportements de marche en va-et-vient et de vocalisations dans les 6 jours suivant le sevrage (213). Toutefois, elle demande au producteur plus de manipulations des animaux pour apposer et retirer les anneaux, donc de devoir les manipuler deux fois plutôt qu’une comparativement à la séparation complète (212). De plus, chaque animal doit être mis en contention individuellement pour pouvoir installer le caveçon à l’aide d’une cage de contention pour veaux ou bien d’une autre personne, ce qui peut ajouter au stress des veaux et au temps

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requis comparativement à la méthode de séparation par la clôture et à la méthode de la séparation complète (212). Cependant, aucune clôture ne doit être installée, ce qui diminue les frais et le temps investis étant donné que les caveçons sont peu dispendieux et faciles à installer puisque, avec une contention adéquate, quelques secondes suffisent pour mettre l’anneau au museau d’un veau (212). Ils ont également un taux de rétention de 95% et plus et sont réutilisables après une désinfection appropriée (212). Comme peu d’études ont été réalisées sur les méthodes de sevrage réduisant le stress, il est difficile de conclure laquelle des deux est la plus efficace pour améliorer le bien-être des veaux.

La méthode de sevrage n’est pas le seul facteur de stress influençant le bien-être des veaux lors de cette période. En les habituant préalablement aux équipements qu’ils devront utiliser après le sevrage, tels les mangeoires et les abreuvoirs, ainsi qu’à leur emplacement, et à leurs congénères avec qui ils seront rassemblés, il est possible de diminuer leur niveau de stress (210). Habituer les veaux à se nourrir d’une autre source que du lait de leur mère dans les jours précédant le sevrage peut également contribuer à diminuer leur niveau de stress (214).

1.7.2. Le sevrage des veaux au Canada

La stratégie de préparation au sevrage la plus commune au Canada est l’utilisation d’une mangeoire à la dérobée. En effet, cette technique a été rapportée par 47% des producteurs vache- veau de l’Ouest canadien et par 66% de ceux de l’Ontario. Pour ce qui est des méthodes de sevrage, la plus utilisée est la méthode de la séparation complète puisqu’elle est employée par 54% à 60% des producteurs ontariens, 67% des producteurs du nord du Québec et par 70% des producteurs de l’ouest du Canada. La méthode de sevrage par la clôture est, quant à elle, utilisée par 22% à 23% des producteurs de l’Ontario et du Québec et par 19% des producteurs de l’Ouest. Enfin, la méthode de sevrage en deux étapes a été rapportée par 5% à 15% des producteurs en Ontario, par 2% des producteurs du Québec et par 4% des producteurs des provinces de l’Ouest (6, 94, 137).

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1.7.3. Les recommandations du Code de pratiques en lien avec le

sevrage

Les recommandations en lien avec le sevrage dans Code de pratique sont les suivantes : choisir une méthode de sevrage qui diminue le niveau de stress des animaux, par exemple le sevrage par la clôture ou en deux étapes et, idéalement, intégrer la vaccination préalable des veaux ou leur préconditionnement dans la stratégie de sevrage. Également, les producteurs devraient être préparés pour le sevrage précoce des veaux si les ressources s’avèrent limitées et que les vaches ont une cote de chair sous-optimale (5).

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