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1. Recension de la littérature

1.4. La castration des veaux

1.4.2. Les méthodes de gestion de la douleur liée à la castration

1.4.2.1. Les indicateurs de douleur lors de la castration

Comme indiqué précédemment, la douleur et le stress des bovins lors de la castration peuvent être évalués selon une panoplie de paramètres. Certains sont physiologiques, d’autres sont comportementaux ou encore neuroendocriniens (101). La concentration de cortisol sanguin est fréquemment utilisée comme mesure dans les études en lien avec la castration pour tenter d’évaluer l’intensité et la durée de la réponse de stress et de douleur de l’animal soumis à cette procédure (111, 119, 122-125). Il est admis que le pic de la concentration de cortisol représente l’intensité de l’expérience désagréable et que la durée de la hausse de la concentration de cette hormone, avant de revenir à sa valeur de base, représente la durée de cette expérience (126). Avec cet indicateur, il n’est cependant pas possible de dissocier les effets du stress et de la douleur (126). D’autres paramètres physiologiques utilisés sont les mesures du rythme cardiaque, de la température de l’œil et du corps qui peuvent augmenter en situation de stress ou de douleur (119, 122, 126, 127). Les paramètres endocriniens fréquemment mesurés sont la

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concentration plasmatique de substance P et sérique d’haptoglobine, des protéines de la phase aigüe de l’inflammation qui augmentent lors d’une réaction inflammatoire qui peut indiquer parmi différents stimuli, la présence de douleur (111, 112, 122, 127-129). Les signes comportementaux de douleur et de stress qui peuvent être observés lors de procédures douloureuses comprennent les vocalisations, l’augmentation ou la diminution du temps passé en position couchée et debout, l’augmentation des mouvements de la queue ou de leur fréquence ainsi que des mouvements des pattes, l’augmentation ou la diminution des déplacements et les comportements de fuite (122, 123, 126, 127, 130). Dans plusieurs études qui évaluent la douleur liée à la castration, un groupe témoin est présent pour lequel la castration est mimée puisque la manipulation, la contention et l’injection (s’il y a lieu) des veaux peuvent à elles seules augmenter la concentration de cortisol et déclencher des comportements de stress chez les veaux (111, 112, 123, 128). Ce groupe a donc pour but d’éliminer cet effet lorsque ces veaux sont comparés avec ceux qui sont réellement castrés.

1.4.2.2. Les médicaments de contrôle de la douleur à la castration

Comme il est reconnu que la castration est une pratique douloureuse pour les bovins mâles, diverses stratégies de gestion de la douleur existent pour diminuer l’impact de cette pratique sur le bien-être animal. Comme la castration chimique n’est pas recommandée au Canada, les paragraphes qui suivent ne traiteront que de la castration physique (5). La douleur ressentie par les animaux lors de la castration se décline en deux phases : la première est induite au moment de la procédure, soit la douleur aigüe, et la deuxième est associée à l’inflammation subséquente principalement due au trauma tissulaire (131). Une combinaison de méthodes de gestion de la douleur est donc préférable pour en optimiser l’efficacité (131).

Les anesthésiques locaux sont des médicaments qui bloquent la conduction au niveau des tissus nerveux d’une zone délimitée de manière réversible (Tableau 1) (132). Ils ont généralement une durée d’action intermédiaire de l’ordre de maximum quelques heures, mais un délai d’action rapide de l’ordre de quelques minutes (72, 131). La lidocaïne est le seul anesthésique local homologué pour utilisation chez les bovins au Canada (83). Sa durée d’action est d’environ 90 min et son délai d’action est de 2 à 5 min (72, 131). C’est donc un médicament efficace pour gérer la douleur aigüe (131). Les AINS, présentés précédemment, peuvent

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également être utilisés lors de la castration. Le méloxicam en formulation orale est le seul AINS homologué pour le contrôle de la douleur et de l’inflammation à la suite d’une castration chirurgicale ou à l’élastique des veaux (82). Sa durée d’action est de 2 à 3 jours et son délai d’action est d’environ 1 à 2h (82). Une association d’un anesthésique local avec un AINS, comme le méloxicam, est donc conseillée puisque ces médicaments, qui ont également un effet analgésique, ont une durée d’action supérieure à celle des anesthésiques locaux (131). Par contre, ils sont moins efficaces par rapport à ces derniers en ce qui concerne la douleur aigüe lors de la castration, d’où l’intérêt de les utiliser en combinaison (131). Un autre médicament qu’il est possible d’utiliser est le sédatif (ex. acépromazine) (97, 133). Ces médicaments ont comme effet de diminuer le tonus musculaire, facilitant ainsi la contention et l’immobilisation des animaux, mais peuvent cependant engendrer de l’ataxie (101, 134). Certains ont également un effet analgésique comme la xylazine (Tableau 1) (84). Ce dernier a une durée d’action 30 min à 2-3h selon la dose administrée et un délai d’action de moins de 10 min (84). La xylazine a été rapportée dans un sondage auprès des médecins vétérinaires canadiens dans une étude publiée en 2007 comme étant l’analgésique le plus utilisé lors de la castration des veaux (135). Pour les veaux jusqu’à 6 mois d’âge, il était utilisé par 15,4% des médecins vétérinaires et par 35,1% chez les veaux de plus de 6 mois d’âge (135). La xylazine est souvent administrée par voie parentérale (intramusculaire, sous-cutané ou intraveineuse, principalement), mais peut également être administrée par voie épidurale (55). Lorsqu’injectée au site épidural caudal, son temps d’action est supérieur à celui des anesthésiques locaux. En combinaison avec ces derniers, ce temps peut dépasser les 300 minutes (134). Les stratégies de gestion de la douleur décrites précédemment peuvent donc être efficaces jusqu’à quelques heures à la suite de la castration, mais, à ce jour, aucune méthode de gestion de la douleur applicable en conditions d’élevage n’a été étudiée pour la douleur chronique, soit dans les semaines suivant la procédure, peu importe la méthode utilisée (136).