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Le sevrage tabagique par les voies connues jusqu’ici est synonyme d’effort, de frustration, de privation et de renoncement à différents plaisirs. Il s’accompagne de surcroît de nombreux effets négatifs : la prise de poids, les modifications de l’humeur, les échecs et rechutes fréquentes, la fragilisation de l’estime de soi qui en découle. Pour peu que l’arrêt se déroule avec un suivi médical et des produits obtenus sur ordonnance, le fumeur est socialement affecté au rôle peu valorisant du malade qui a besoin d’aide, voire à celui du toxicomane. Face à tous ces désagréments, les bénéfices de l’arrêt du tabac peinent à se faire apprécier.

Loin de ces impressions négatives, la cigarette électronique propose d’expérimenter de nouvelles sensations, un « nouveau plaisir ». Elle renforce l’estime de soi des fumeurs qui jusque-là pensaient ne jamais être capables de réduire ou de cesser leur consommation de tabac et apporte de nombreux bénéfices immédiats sans les désagréments précédemment cités. Elle place le fumeur dans une démarche positive et engageante, le conduit presque jusqu’à « l’euphorie » :

Au bout de 15 jours, le premier truc : j’ai retrouvé l’odorat. Un matin je rentre dans la cuisine et je me dis putain la poubelle pue ! Ça faisait sûrement des années qu’elle puait chez moi et je ne l’avais jamais sentie (rire) ! Deuxième effet : la toux du matin. Moi qui

Autre effet bénéfique du passage à la cigarette électronique : l’utilisateur se met fréquemment en position d’« apprendre », activité valorisante, stimulante et gratifiante. Le vapoteur se documente, s’intéresse à un phénomène en train de se dérouler et auquel il participe ou assiste aux premières loges. Mais au-delà de ces avantages, s’interroger sur les mécanismes de l’addiction, sur ses comportements et sur la nature des produits que l’on consomme participe certainement à une prise de distance par rapport à sa pratique. A l’occasion du salon Vap’Expo, nous nous

Et en 1 an déjà vous avez acquis toutes ces connaissances ?

Oui c’est quelque chose qui m’intéresse beaucoup. Disons que la cigarette électronique a prolongé mon espérance de vie de pas mal d’années. J’étais fumeur, j’ai chopé un cancer de la vessie, j’ai eu 6 opérations, et là le dernier bilan est bon, depuis 1 an. L’année dernière c’était pas bon, j’ai arrêté de fumer, je suis passé à la vapote et pour l’instant je n’ai pas de récidive. C’est la première fois que je ressors sans récidive. (…)

Toutes ces connaissance- là vous les aviez quand vous étiez fumeur ?

Absolument pas. (…) Le problème il est là, c’est que il y a tellement de questions qu’on pose aux gens quand ils vapotent et il y en a tellement pas qu’on pose aux gens quand ils fument que c’est quand même inquiétant. Je pense que les lobbies du tabac sont très très puissants. Il ya beaucoup de désinformation de la part des Etats et c’est dommage. » (Observation 1)

Parmi les personnes interrogées figurent donc des fumeurs invétérés qui n’ont jamais tenté d’arrêter (et disent ne jamais s’en être sentis capables), d’autres qui ont multiplié les tentatives d’arrêt en faisant appel à tous les outils disponibles (substituts nicotiniques vendus en pharmacie, médecines douces, hypnose, consultations en tabacologie…).

Quel que soit leur rapport au tabac, tous les témoignages décrivent un sevrage tabagique ou une diminution conséquente de la consommation largement facilités par la cigarette électronique. Là où les tentatives précédentes sont marquées par l’effort, l’échec et les désagréments, la cigarette électronique apparaît pour beaucoup dans un premier temps comme un outil assez « miraculeux ». Plusieurs personnes interrogées rapportent qu’elles ont arrêté de fumer presque « à leur insu », sans s’en rendre

compte : « je me suis aperçue que je ne fumais plus » dit Christine, « l’arrêt du tabac a été un constat », explique Tristan.

Pour les personnes interrogées qui ont essayé d’arrêter de fumer avant l’apparition de la cigarette électronique, toutes les tentatives se sont soldées par des échecs. De ces expériences elles ne gardent en mémoire que les aspects négatifs : baisse de l’estime de soi, prise de poids, mauvaise humeur, sensation de mal-être, impressions de fournir des efforts démesurés pour « tenir ». Alors que les bénéfices de l’arrêt du tabac ou de sa diminution drastique sont remarqués même par les jeunes utilisateurs de cigarette électronique comme Philippe, 22 ans, ces mêmes bénéfices semblent occultés par la difficulté et les efforts fournis lors d’autres tentatives de contrôle de la consommation, comme en témoigne Luc, 42 ans :

Tes fringues ne puent plus, tu tousses plus, tu sens réellement physiquement quelque chose, tu es moins essoufflé, tu te sens beaucoup mieux, tu as un réel bénéfice sur la santé Par contre quand tu as essayé d’arrêter précédemment sans la cigarette électronique, tu n’as que des mauvais souvenirs, tu ne te souviens pas des effets positifs ?

Non parce que tu luttes tous les jours pour pas prendre des clopes et que tu es obnubilé.

Alors que quand tu prends la cigarette électronique tu es à l’écoute, tu te demandes si ça va vraiment changer quelque chose. Tu n’es pas dans la même posture. (Luc, 42 ans)

Je pense que si c’était vendu en pharmacie ça enlèverai le côté plaisir… au final le côté plaisir est vachement important je pense pour accepter ce substitut là… c’est-à-dire on renonce au plaisir qui est la cigarette pour entrer dans un sevrage, alors qu’il y a pas mal de gens qui achètent une cigarette électronique dans le but d’arrêter de fumer et ils se rendent compte en fait que ça leur plaît… (Greg, 28 ans)

Au parcours du combattant que tout fumeur souhaitant arrêter anticipe ou endure, s’oppose le plaisir lié à l’expérimentation d’une nouvelle pratique. La cigarette électronique place l’utilisateur dans une posture totalement opposée à celle adoptée lors d’un sevrage : il ne s’agit pas d’arrêter quelque chose que l’on aime mais de commencer quelque chose, de découvrir de nouvelles sensations :

J’ai commandé plein de trucs sur Internet, j’ai reçu, j’ai goûté. J’ai pris un kit Ego de base avec un set de différents goûts. Après je n’ai pas trop pris de conseils sur les taux de nicotine donc je suis parti à l’aveugle et c’était pas terrible. J’ai regardé le plus faible et le plus fort et je me suis dit je prends le milieu pour voir ce que ça donne. C’était 10 mg à peu près. J’étais un peu déçu mais par contre j’ai réussi à stopper net la clope. J’ai totalement arrêté à ce moment-là la cigarette. Et sans réel effort. Dès que j’ai reçu le kit j’ai commencé, c’était pas satisfaisant à 100 % mais malgré tout j’avais plus ce besoin de fumer. Et là je n’ai pas eu d’humeur irascible ou autres désagréments (Luc, 42 ans)

Ce qui frappe dans les entretiens et les observations informelles que nous avons pu faire, c’est la facilité déconcertante avec laquelle les nouveaux utilisateurs de cigarette électronique abandonnent le tabac, y compris les plus gros fumeurs. Même si une partie d’entre eux alterne cigarette électronique et tabac, cette consommation est presque immédiatement considérablement réduite, et aux dires des personnes, « sans effort ». Les vapoteurs, dont la plupart ont expérimenté d’autres méthodes de sevrage, mettent en avant l’absence de frustration lors de l’arrêt du tabac : « ça rend les choses faciles », « ça m’a permis de voir que je pouvais me passer du tabac », c’est un

« coup de pouce qui crée un nouveau plaisir ». Comme le dit Jo-Wilfried, la cigarette électronique est « une manière de garder le plaisir de fumer, mais sans la dangerosité liée au tabac », un moyen d’éviter la combustion.

Arrêter ou réduire drastiquement sa consommation de tabac avec la cigarette électronique est très gratifiant, surtout quand les tentatives de sevrage précédentes se sont avérées des échecs culpabilisants. La cigarette électronique intervient pour contrer la dépendance à la nicotine tout en conservant le geste. Elle restaure également la confiance du fumeur dans sa capacité à arrêter le tabac.