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Des services des urgences et des hôpitaux plus sûrs et mieux adaptés aux besoins des personnes âgées

Dans le document Vivre bien et plus longtemps (Page 131-136)

Même si les personnes âgées sont depuis longtemps les plus grands utilisateurs des services hospitaliers ontariens, jusqu’à récemment, seule une poignée d’hôpitaux accordaient la priorité aux soins qu’on leur prodiguait. En reconnaissant progressivement que répondre aux besoins uniques des patients âgés hospitalisés pouvait produire des avantages importants pour le patient, le fournisseur et le système, les RLISS se sont engagés, en 2010, à poursuivre la mise en œuvre d’une stratégie des hôpitaux adaptés aux aînés dans le cadre d’un engagement plus vaste qui consiste à améliorer les soins hospitaliers prodigués aux personnes âgées.

Pour cerner des thèmes communs concernant les soins hospitaliers prodigués aux personnes âgées partout dans la province, notamment des pratiques et des occasions encourageantes pour hausser le niveau des organismes et du système, les RLISS ont demandé aux 155 hôpitaux de l’Ontario traitant des personnes âgées de participer à un processus d’auto-évaluation, avec l’aide des programmes régionaux de soins gériatriques de l’Ontario. Les principales conclusions de ce processus étaient irréfutables.

Bien qu’il existe une reconnaissance croissante de la nécessité de mieux adapter les soins aux besoins des aînés dans les hôpitaux et les services des urgences, l’exercice d’auto-évaluation effectué dans toute la province a révélé que seulement 49 pour cent des hôpitaux ontariens avaient déclaré avoir mis en œuvre des protocoles de soins spécifiquement conçus pour tenir compte des domaines où le risque pour les personnes âgées est confirmé. Toutefois, il pourrait s’agir d’un reflet du fait que seulement 39 pour cent des hôpitaux ontariens ont déterminé des objectifs précis quant à la prestation de soins mieux adaptés aux besoins des aînés dans le cadre de leurs plans stratégiques; seulement 30 pour cent de ces hôpitaux s’étaient engagés, à l’échelon du conseil d’administration, à s’adapter aux besoins des aînés; et seulement 31 pour cent avaient mis sur pied des comités pour diriger l’élaboration et la mise en œuvre d’initiatives de soins adaptées aux besoins des aînés194.

Parce qu’elle tenait compte des meilleures données probantes relatives aux soins des personnes âgées en milieu hospitalier, l’initiative « Hôpitaux adaptés aux aînés » a permis aux RLISS d’adopter une série de 12 recommandations générales réparties dans cinq domaines – apparaissant au tableau 5.1 – pour soutenir leurs hôpitaux dans l’amélioration de leurs capacités à prodiguer de meilleurs soins à leurs patients âgés. Elle a également proposé aux RLISS une structure leur permettant de soutenir leurs hôpitaux dans la mise en œuvre de ces recommandations, dans le cadre d’efforts de planification systémique plus vastes visant à améliorer dans leur ensemble les soins offerts aux personnes âgées.

194 RLISS de l’Ontario, Soins hospitaliers adaptés aux besoins des aînés de l’Ontario : Rapport sommaire et recommandations, Toronto (Ontario), 2011.

Tableau 5.1 – Recommandations pour les hôpitaux, visant à soutenir la création d’hôpitaux adaptés aux aînés

Soutien organisationnel

1. Obtenir du conseil d’administration ou intégrer au plan stratégique des engagements de planification favorisant l’adaptation aux besoins des aînés.

2. Désigner un cadre supérieur/chef médical de l’hôpital pour prendre en charge les initiatives d’adaptation aux besoins des aînés à l’échelle de l’organisation.

3. Former et habiliter un ou des champions en gériatrie clinique pour agir à titre de ressource auprès des pairs et pour faciliter les changements sur le plan des pratiques et des politiques à l’échelle de l’hôpital.

4. Former et perfectionner le personnel en matière d’acquisition de compétences axées sur les personnes âgées.

Protocole de soins

5. Mettre en œuvre dans les services des hôpitaux des protocoles interprofessionnels visant à optimiser les fonctions physiques, cognitives et psychosociales des patients âgés. Ces protocoles pourraient inclure le dépistage des personnes à risque, des mesures de prévention, des stratégies de gestion et des protocoles de surveillance et d’évaluation.

6. Soutenir la transition entre les soins en appliquant des pratiques et en établissant des partenariats qui favorisent la collaboration interorganisationnelle avec les services communautaires et postactifs.

Milieu émotionnel et comportemental

7. Donner à tous les membres du personnel, clinicien et non clinicien, une formation de sensibilisation visant à promouvoir une culture adaptée aux besoins des aînés dans tous les services de l’hôpital.

8. Insérer une perspective d’adaptation aux besoins des aînés dans les pratiques de soins axés sur le patient et sur la diversité, afin que l’hôpital favorise la participation maximale des patients âgés et des familles/personnes soignantes à leurs soins en respect de leurs valeurs personnelles (sur le plan culturel, linguistique, spirituel, etc.).

Éthique dans les soins et la recherche clinique

9. Mettre un éthicien ou un service de consultation éthique à la disposition du personnel de soutien, des patients et des familles aux prises avec des problèmes éthiques délicats.

10. Élaborer des pratiques et politiques formelles visant à assurer que les capacités et l’autonomie des patients âgés soient respectées.

Milieu physique

11. Utiliser des ressources de conception adaptées aux besoins des aînés, en plus de lignes directrices en matière d’accessibilité, pour guider les activités de planification, d’approvisionnement et de maintenance des installations.

12. Réaliser régulièrement des vérifications du milieu physique et mettre en œuvre des améliorations basées sur les principes de conception adaptée aux besoins des aînés et sur le personnel ayant reçu une formation sur les besoins des personnes fragiles.

Les constatations du sondage ont également conduit à la recommandation de faire du déclin fonctionnel, du délire et de la transition entre les soins des priorités cliniques systémiques pour tous les hôpitaux traitant des personnes âgées. En reconnaissant l’importance de ces enjeux, des plans d’action visant les priorités cliniques suivantes ont été proposés :

1. Déclin fonctionnel : Mettre en œuvre des protocoles interprofessionnels de mobilisation précoce dans tous les services des hôpitaux afin d’optimiser les fonctions physiques des patients.

2. Délire : Mettre en œuvre des protocoles interprofessionnels de dépistage, de prévention et de gestion du délire dans tous les services des hôpitaux afin d’optimiser les fonctions cognitives des patients.

3. Transitions entre les soins : Soutenir la transition entre les soins en appliquant des pratiques et en établissant des partenariats qui favorisent la collaboration interorganisationnelle avec les services communautaires et postactifs.

Le processus d’auto-évaluation des RLISS a permis de cerner des pratiques encourageantes qui se penchent particulièrement sur les enjeux du déclin fonctionnel, du délire et des transitions entre les soins. Il a aussi permis de reconnaître quelques rares hôpitaux à l’avant-garde de la province dans ces domaines et affichant une amélioration des résultats pour le patient, le fournisseur et le système à la suite de leurs initiatives.

Centre d’attention :

L’Hôpital Mount Sinaï, prototype des hôpitaux adaptés aux besoins des aînés, Toronto, RLISS du Centre-Toronto

L’Hôpital Mount Sinaï de Toronto, par exemple, a pris les devants pour devenir le premier centre de sciences de la santé universitaire de soins actifs en Ontario à faire de la gériatrie l’une de ses priorités stratégiques, en se donnant le mandat de faire preuve d’excellence dans les soins aux patients, l’enseignement et les activités de recherche en lien avec les soins aux personnes âgées.

Comme d’autres hôpitaux de pointe dans ce domaine, le Mount Sinaï a vu ses cadres cliniques et administratifs, ainsi que ses fournisseurs de soins de première ligne, se regrouper au sein d’un comité directeur des services gériatriques qui tient une réunion chaque mois depuis maintenant cinq ans. Grâce à son travail, le comité a réussi à faire valoir que les soins aux personnes âgées devaient être une priorité stratégique, et que cette priorité devait disposer d’un important soutien de la part de l’hôpital. Le comité a supervisé la mise en œuvre, dans le continuum de soins, de modèles particuliers fondés sur des données probantes et des interventions pratiquées dans des points de services, pour améliorer les résultats pour le patient, le fournisseur et le système.

En vertu de sa stratégie de soins actifs pour aînés, le comité a mis en œuvre une série d’interventions fondées sur des données probantes, mais conçues sur mesure (c.-à-d. le programme d’évaluation des personnes âgées à risque ISAR, le programme d’appui des infirmiers spécialisés en gestion des urgences gériatriques, le programme de soins actifs pour aînés, des soins orthogériatriques, le programme HELP (Hospital Elder Life Program), le programme NICHE d’amélioration des soins infirmiers prodigués aux personnes âgées, etc.) qui sont présentées au tableau 5.2. Toutefois,

l’hôpital a fait un pas de plus en reliant entre eux tous les modèles, pour créer un modèle harmonieux de prestation de services intégrés, qui couvre le continuum de soins et qui est rendu possible grâce à une démarche de soins offerts par l’intermédiaire d’une collaboration interprofessionnelle fondée sur le travail d’équipe et quelques innovations propres aux technologies de l’information. L’hôpital a par ailleurs fait valoir l’importance d’une collaboration entre des partenaires communautaires comme le réseau local d’intégration des services de santé (CASC) du Centre-Toronto et les organismes de soutien communautaire locaux pour favoriser la réussite de la transition et permettre à un nombre plus grand de personnes âgées de rester chez elles.

Pour soutenir et surveiller cette démarche, l’Hôpital Mount Sinaï a élaboré un plan d’action réparti sur plusieurs années, qui mesure ses progrès à l’aide d’un tableau de bord équilibré comprenant des paramètres principaux et un système d’analyse comparative. Ce système lui a permis de comparer trimestriellement son rendement à celui d’autres hôpitaux régionaux de nature similaire et de cerner les éléments qui pourraient faire l’objet d’améliorations supplémentaires.

Grâce à cette démarche, l’hôpital a constaté une diminution de la durée des séjours et du nombre de réadmissions, ainsi qu’une augmentation du taux de ses patients qui peuvent retourner à la maison et a atteint des niveaux supérieurs de satisfaction195.

Tableau 5.2 – Exemples d’interventions fondées sur des données probantes dans des hôpitaux adaptés aux besoins des aînés

Outils de dépistage des risques élevés

Les outils de dépistage fondés sur des données probantes, notamment le programme d’évaluation des personnes âgées à risque ISAR et l’algorithme interRAI Assessment Urgency Algorithm, ont été conçus pour identifier rapidement et efficacement les personnes représentant un risque accru de subir des conséquences négatives, notamment le déclin fonctionnel, la réadmission et l’institutionnalisation196, 197. L’utilisation de ces outils doit s’accompagner de processus de suivi, notamment une évaluation clinique en bonne et due forme.

Modèle d’appui des infirmiers spécialisés en gestion des urgences gériatriques

Les infirmiers spécialisés en gestion des urgences gériatriques sont des infirmiers de pratique avancée travaillant dans les services des urgences dont le travail consiste exclusivement à évaluer les besoins des patients âgés fragiles et à y répondre, tout en aidant à mettre en lien ces patients avec les services gériatriques spécialisés, les soins à domicile et les services communautaires de soutien, selon le cas. Les infirmiers spécialisés en gestion des urgences gériatriques sont utiles pour prévenir les admissions non nécessaires, faciliter la prestation des soins des patients âgés qui pourraient avoir besoin d’une évaluation à l’hôpital et de soutien supplémentaire198.

195 Institut canadien d’information sur la santé, Les soins de santé au Canada 2011 : regard sur les personnes âgées et le vieillissement, Ottawa (Ontario), 2011.

196 MccuSKeR, J., et coll. « Detection of Older People at Increased Risk of Adverse Health Outcomes after an Emergency Visit: The ISAR Screening Tool », Journal of the American Geriatrics Society, vol. 47, n° 10, p. 1229 à 1237 (1999).

197 hiRdeS, J. P., et coll. interRAI Contact Assessment: Screening Level Assessment for Emergency Department and Intake from Community/Hospital Assessment Form and User’s Manual, Washington, D.C., 2009.

198 Sinha, S. K., et coll. « A Systematic Review and Qualitative Analysis to Inform the Development of a New Emergency Department-based Geriatric Case Management Model », Annals of Emergency Medicine, vol. 57, n° 6, p. 672 à 682 (2011).

Hospitalisation à domicile

Le modèle d’hospitalisation à domicile offre, au domicile du patient, des soins actifs du calibre de ceux offerts en milieux hospitaliers, pour remplacer ceux-ci.

Les patients reçoivent les soins d’un médecin et d’un infirmier, un diagnostic ainsi que des interventions thérapeutiques qui sont habituellement effectuées à l’hôpital, selon la gravité de leur maladie199. Ce modèle offre des soins équivalents à coût inférieur, avec moins de conséquences négatives, comme le délire ou le déclin fonctionnel, et des niveaux de satisfaction plus élevés. On peut également le déployer pour permettre à un patient de quitter plus rapidement un hôpital de soins actifs200.

Unités de soins actifs pour aînés

Les unités de soins actifs pour aînés sont installées dans une salle spécialement conçue de l’hôpital qui vise à combiner les évaluations gériatriques, l’amélioration de la qualité, un environnement spécialement planifié, des visites d’équipes interprofessionnelles, des examens fréquents des soins médicaux et la planification globale des congés. On a démontré que les unités de soins actifs pour aînés permettaient de réduire la durée des séjours, le nombre de réadmissions et de placements dans des foyers de soins de longue durée, tout en aidant les personnes âgées hospitalisées à conserver l’autonomie fonctionnelle nécessaire à leurs activités quotidiennes.

Services orthogériatriques

L’orthogériatrie est un modèle de prise en charge conjointe qui réunit les gériatres et les chirurgiens orthopédiques dans le cadre des soins de personnes âgées ayant subi une fracture de la hanche. En améliorant les soins de ces patients grâce à des évaluations gériatriques globales au moment de l’admission et en soutenant les patients pendant toute la durée de leur séjour, ces modèles ont montré qu’ils pouvaient diminuer l’incidence du délire et, par conséquent, réduire la durée des séjours201, 202, 203.

Mise en œuvre du programme HELP (Hospital Elder Life Program)

Le programme HELP est un modèle fondé sur le bénévolat, conçu pour prévenir le délire en aidant les patients âgés à rester concentrés sur leur environnement, à répondre à leurs besoins nutritionnels et à leurs besoins de sommeil, et à les garder mobiles, dans les limites de leur condition physique204. Le programme HELP a montré qu’il était efficace pour diminuer l’incidence du délire et du déclin fonctionnel dans les hôpitaux.

Modèle d’intervention pendant les transitions de soins

Dans le cadre de ce modèle, les patients d’un hôpital sont jumelés à un ou une responsable des transitions qui les aide à acquérir des compétences en autogestion dès leur congé. Le responsable, un infirmier spécialement formé, aide les patients à apprendre à gérer les ordonnances multiples, à suivre les recommandations propres à leur convalescence et à donner à leurs fournisseurs de soins de santé les renseignements dont ils ont besoin205.

Programme NICHE d’amélioration des soins infirmiers prodigués aux aînés

Le programme NICHE offre des outils cliniques et organisationnels, ainsi que des ressources éducatives, pour soutenir une modification systémique de la culture propre aux établissements de soins de santé.

NICHE soutient les organismes pour qu’ils réussissent à prodiguer des soins axés sur le patient dans les cas de patients âgés hospitalisés. Plusieurs hôpitaux nord-américains et d’autres établissements de soins de santé y ont fait appel pour favoriser des améliorations systémiques dans les soins des personnes âgées206.

199 ShePPeRd, S., et S. iliFFe., Hospital at Home Versus In-patient Hospital Care, The Cochrane Library, Chichester, Royaume-Uni, 2004.

200 landeFeld, C. S., et coll. « Clinical Intervention Trials: The ACE Unit », Clinical Geriatric Medicine, vol. 14, p. 831 à 849 (1998).

201 gilchRiSt, W. J., et coll. « Prospective Randomised Study of an Orthopaedic-Geriatric Inpatient Service », British Medical Journal, n° 297, p. 1116 à 1118 (1988).

202 MaRtinez-Reig, M., et coll. « The Orthogeriatrics Model of Care: Systematic Review of Predictors of Institutionalization and Mortality in Post-Hip Fracture and Evidence for Interventions », Journal of the American Medical Directors Association, vol. 13, n° 9, p. 770 à 777 (2012).

203 BeaSley, A. W. « Orthogeriatrics Comprehensive Orthopaedic Care for the Elderly Patient », Australia and New Zealand Journal of Surgery, vol. 63, n° 3, p. 244 et 245 (2008).

204 inouye, S. K., et coll. « Dissemination of the Hospital Elder Life Program: Implementation, Adaptation, and Successes », Journal of American Geriatric Society, vol. 54, n° 10, p. 1492 à 1499 (2006).

205 coleMan, E. A., et coll. « The Care Transitions Intervention: Results of a Randomized Controlled Trial », Archives of Internal Medicine, vol. 166, n° 17, p. 1822 à 1828 (2006).

206 Mezey, M., et coll. « Nurses Improving Care for Health System Elders (NICHE): Implementation of Best Practice Models », The Journal of Nursing Administration, vol. 34, n° 10, p. 451 à 457 (2004).

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