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Chapitre 3: Résultats sur les perceptions de la parentalité positive

3.1 La parentalité positive comme une façon d’être un parent avec des forces

3.1.2 Le sentiment d’efficacité

La parentalité positive englobe le sentiment d’être prêt à devenir un parent (préparé sur le plan matériel et préparé sur le plan psychologique et des connaissances). Selon le discours de mères appartenant aux deux groupes, le sentiment d’être mieux préparé et de détenir des connaissances permet de se sentir plus en contrôle et facilite la transition vers la parentalité.

[…] ce qui me vient c’est le guide mieux-vivre. Je l’ai tellement lu et relu, je suis dans les études supérieures. Je m’informais beaucoup, mais j’ai revu ça avec mes autres expériences après, mais un peu maladif, pas maladif, mais un peu… Un peu stressée, j’étais bien, bien, bien rigoureuse dans la compréhension, et justement je voulais tellement être bien préparée, que j’ai beaucoup lu… Même mon conjoint était très proactif (Mère G2). Oui, j’étais très prête. Je ne me suis pas sentie prise au dépourvu, je trouvais que ça faisait beaucoup de lavage à faire, mais au-delà de ça, je n’ai pas eu de surprise sur un bébé qui ne dort pas, je savais ce que c’était, je ne me suis pas sentie dépaysée, je n’étais pas déstabilisée, ça super bien été pour ça. Je peux dire que ça été comme une continuité, j’étais prête. Quand c’est arrivé, c’est comme une transition qui s’est faite vraiment toute seule. J’étais rendue là… C’est ça, maintenant on est trois, c’est tout (Mère G5).

Cette même mère explique également le lien avec ses connaissances sur le trouble de comportement de son enfant et son sentiment d’efficacité plus élevé.

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Je pense que mon background scolaire compte pour beaucoup, parce que, mon [enfant], il a un TDAH puis il a probablement une dyspraxie motrice aussi, puis il une hyper-sensibilité tactile. Il y a beaucoup de fois où je me dis: « Une chance que j’ai étudié là-dedans! » C’est quelque chose. Je pense que mon background fait en sorte que je suis beaucoup plus efficace, que je suis beaucoup plus outillée que mon chum, ou que tout autre parent qui n’a pas ce background là (Mère G5).

Bien que des mères des deux groupes expriment s’être senties préparées lors de la transition, d’autres parmi elles ne l’étaient pas. Malgré que la naissance de l’enfant soit désirée, cela ne garantit pas leur préparation. Elles ont souvent fait un lien avec le manque de connaissances liées à l’enfant et le sentiment d’incompétence (non-efficacité) et d’insécurité qui les envahissait.

L’incompréhension. Quand il fait le bacon, il n’y a pas de raison, il n’y a comme pas d’explication logique. Mais, reste que là je suis plus capable de dire : « Il est fatigué, il a faim. » Plus ça va, plus je comprends, plus il parle, mais quand il ne parlait pas là. La nuit qui passe à pleurer, que tu te réveilles, mais dans le fond personne ne dort parce qu’il pleure tellement fort que même si ce n’est pas toi qui l’a dans les bras tu ne peux pas dormir, des fois je me sentais démunie, genre à 4h du matin, je ne sais pas ce qui se passe (Mère G1).

Préparée? Non, pas du tout. Même si, la première était très souhaitée et attendue, préparée? Jamais. Quand on me l’a mis dans les bras je ne savais pas quoi faire, il n’y avait pas de mode d’emploi, et ce n’est surtout pas les petits guides qui nous remettent à l’hôpital où on a que l’aspect plus technique : « Je gère un bain, je gère un allaitement. » Mais le reste n’était pas là. Il n’y avait rien sur tout l’aspect des sentiments, des émotions, en tout cas très peu de détails, on pouvait, de mémoire, nous prévenir qu’il y allait avoir certaines choses qui allaient se vivre par rapport à ça, mais je me sentais pas du tout outillée (Mère G3).

Les mères provenant des deux groupes ont soulevé avoir vécu un sentiment d’efficacité plus élevé ou un sentiment d’efficacité plus faible. Lors de la période de transition, le sentiment d’efficacité plus faible est très souvent lié à un sentiment de non- préparation. Plus tard au cours de l’expérience de vie maternelle, des mères se sont senties

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moins compétentes lors de situations qui impliquaient leur enfant. Les perceptions individuelles ou les réactions d’autres personnes de leur entourage ont eu des impacts sur leur sentiment d’efficacité.

De plus, selon des participantes de la population générale la parentalité positive s’exprime par un sentiment de confiance du parent en ses capacités personnelles à agir avec l’enfant dans différents contextes lors de la période de transition et plus tard au cours de l’expérience de vie parentale. Le sentiment de confiance en soi est un processus intérieur qui se développe avec le temps à la suite d’essais et d’erreurs, d’échecs et de réussites. Il influence positivement la perception d’être une bonne mère.

Ça comme feelé tout seul, je ne m’étais pas mis trop de pression non plus, même avec l’allaitement, je m’étais dit : « Je l’essaye, si ça ne marche pas regarde, ça va être le biberon puis c’est tout. » Ça bien été puis on a continué, je pense que c’est fait justement quand tu es toute seule, il n’y a pas de personne qui peut passer la nuit avec toi puis essayer de… Tu te trouves des trucs puis tu te débrouilles... (Mère G8).

Similairement, la capacité d’introspection aide le parent à reconnaître ses erreurs d’apprentissages, à les accepter et à vouloir s’améliorer : « […] capable de se donner un espace et un temps à lui pour récupérer, pour penser, mijoter, et être capable de revenir et de dire : « Je me suis trompé. » Je pense que ça serait, dans les grandes lignes, un bon parent »

(Mère G3).