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Un sentiment de consonance existentielle : ce qu’il croit que les autres attendent de lui est bien conforme à ce qu’il aurait voulu être pour lui-même – ou du moins, il

Dans le document Sociologie de l'éducation (Page 49-56)

1 Le travail du sujet

3. Un sentiment de consonance existentielle : ce qu’il croit que les autres attendent de lui est bien conforme à ce qu’il aurait voulu être pour lui-même – ou du moins, il

n’y a pas trop de décalage entre ces deux aspirations. Sinon le sujet éprouve une dissonance existentielle (sujet anomique).

Dans le cas où ces différentes aspirations ne se concilient pas, en sort blessé ou meurtri.

Il peut être un

sujet dénié.

Les sentiments qui dominent chez lui relèvent d’un déni de

reconnaissance : il n’est pas reconnu pour ce qu’il est vraiment, il est reconnu pour moins que ce qu’il estime être ou il est reconnu comme autre que ce qu’il estime être.

Reprenant les conceptions théoriques d’Axel Honneth (1999, Recherches sociologiques), Ba- joit distingue trois sources de déni de reconnaissance, distinctes dans leur type et leur inten- sité.

tains actes qu’il ne commettrait pas sans cette violence. Elles provoquent honte et perte de la confiance en soi chez celui qui en est la victime.

2. Les discriminations et inégalités de traitement dans les droits individuels (manger, boire, s’instruire, être informé, se marier, avoir des enfants, pratiquer un culte, etc.) qui provoquent exclusion et perte du respect de soi.

3. Le dénigrement par les autres pour son mode de vie, son mode de réalisation de soi, pour sa manière de jouer ses rôles sociaux, qui induit marginalisation, déviance et perte de l’estime de soi.

Pouvons-nous considérer que dans la (re)présentation donnée de lui face à la caméra, l’un des enseignants apparaît comme un sujet dénié ? Argumentez.

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Une autre blessure existentielle est celle éprouvée par un

sujet divisé.

Dans ce cas, il lui est difficile d’être en accord avec lui-même. Pourquoi ? Soit parce qu’il ne savait pas ce qu’il voulait, soit parce qu’il a renoncé, par crainte, par manque d’opportunité ou de moyens. Il en éprouve un déni d’accomplissement : il ne conçoit pas de devenir lui- même, de réaliser les attentes identitaires qu’il porte en lui. Il a le sentiment de renoncer à une part de lui-même. Bajoit distingue plusieurs origines à ce déni.

1. Un excès d’altruisme : le sujet s’impose des devoirs de reconnaissance envers les autres, il se dénie le droit d’être égoïste, exigeant et de changer le cours de la vie des autres.

2. Un excès d’introversion ou de modestie : il croit n’avoir pas le droit de s’exprimer, d’essayer ou de s’imposer aux autres.

3. Un excès d’indécision : trop de lucidité, peur de choisir, hésitation sur son deve- nir,…

4. Un excès de cohérence : il se dénie le droit de changer d’avis, de s’être trompé, de renoncer aux engagements qu’on a commencé à réaliser.

5. Un excès de méfiance : des événements malheureux du passé ont mis à mal la con- fiance personnelle.

6. Un excès de vulnérabilité : il n’arrive pas à se construire une coquille, ce qui est bien plus dommageable que de rester dans sa coquille…

7. Un excès de culpabilité : il se punit d’une faute inconsciente en s’auto-détruisant.

Pouvons-nous considérer que dans la (re)présentation qu’il donne de lui face à la caméra, l’un des enseignants apparaît comme un sujet divisé ? Argumentez.

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Une troisième blessure existentielle est celle éprouvée par le

sujet anomique.

Dans ce cas, Bajoit précise que le sujet a intériorisé des attentes culturelles d’accomplissement qu’il sait ou qu’il croit incompatibles avec les attentes des autres et avec les contraintes sociales. Il ne parvient ni à faire admettre ses attentes par les autres, ni à ad- hérer aux contraintes instituées par les normes sociales.

Face à cette situation de dissonance existentielle, le sujet peut renoncer à ses attentes et adhérer aux normes sociales, et dans ce cas il vit les tensions du sujet divisé, ou persévérer à vouloir réaliser ses attentes contre vents et marées, et dans ce cas, vivre les tensions du su- jet dénié.

Pouvons-nous considérer que dans la (re)présentation qu’il donne de lui face à la caméra, l’un des enseignants apparaît comme un sujet anomique ? Argumentez.

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Pour mieux préciser les choses, repartons des propositions suivantes.

Le « sujet » doit concilier trois formes d’identité, ou trois dimensions constitutives de cette identité singulière :

1. l’identité engagée (ce que l’on est)

2. l’identité désirée (ce que l’on aurait voulu être)

3. l’identité assignée (ce que les autres attendent de soi).

Commençons par

l’identité désirée

.

Comment appréhender cette dimension constitutive de l’identité ? Essentiellement à travers les projets qui sont formulés par le sujet, consciemment ou non. Tous ces projets peuvent être plus ou moins conciliables entre eux, plus ou moins conformes aux attentes d’autrui. La réalisation de certains ou de tous ces projets avec l’approbation des autres contribue à fonder un noyau identitaire, ce que l’identité a de plus solide. Cette solidité tient à la cohé- rence forte entre un sentiment d’accomplissement personnel et un sentiment de reconnais- sance sociale.

Par contre, réaliser des projets auxquels on est attaché contre les attentes des autres, peut constituer une source de tension difficile à vivre : on ne se sent pas reconnu dans ses choix. Il y a aussi les projets auxquels on a renoncé provisoirement ou définitivement mais qui res- tent enfouis en soi. On y a renoncé par suite d’échecs, ou parce qu’on sait que jamais ils ne se réaliseront : non pas parce que les autres y sont opposés, mais parce qu’on a dû faire d’autres choix qui impliquent, par exemple, le maintien d’une ligne de conduite ou parce qu’on ne peut mobiliser les ressources nécessaires pour leur réalisation.

Enfin, dans la sphère de l’inconscient, sommeillent les projets que l’on s’interdit de réaliser ou que les autres interdisent : on touche là à l’univers des pulsions, du « ça » culturalisé, des désirés inavouables.

Dans le reportage, est-il fait référence à des projets professionnels, à ce qu’ils sont deve- nus ? ………. ………. ………. ………. ……….

Poursuivons par l’identité assignée.

On peut difficilement percevoir ce que les autres attendent vraiment de soi. Mais on peut s’en faire une idée, et c’est là l’essentiel. Il s’agit donc bien de considérer ici la perception que l’on a intériorisée des attentes d’autrui envers soi et non pas les attentes « réelles ». Et il est vrai qu’entre les deux, il peut surgir des différences parfois importantes.

L’identité assignée peut donc être appréhendées à travers les attentes perçus d’autrui à son égard. Et à ce niveau aussi, on peut considérer qu’il y a des attentes auxquelles on répond et qui correspondent à ce que je voudrais être : dans ce cas, on vit un accord existentiel entre deux perceptions, celle de son identité engagée et celle de son identité désirée. Mais il y a ces attentes qui sont imposées et auxquelles on doit ou on finit par adhérer contre son gré, même si elles ne correspondent à aucun projet intime. On peut alors en éprouver le senti- ment de ne pas s’accomplir dans cette vie qui s’est imposée à soi. Et enfin, les attentes aux- quelles on ne répond pas : parce qu’on retarde l’échéance (par manque de temps ou de res- sources) ou parce qu’on préfère les ignorer…

Dans le reportage, est-il fait référence à des attentes que certains des enseignants pensent déceler chez ses interlocuteurs (hiérarchie, élèves, parents, collègues, etc.) ?

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Terminons par l’identité engagée.

C’est ce que l’on fait effectivement de sa vie, ce qui se donne concrètement à percevoir dans les conduites, les relations avec les autres. En d’autres termes, les engagements identitaires pris au quotidien.

Ces engagements peuvent être conformes aux attentes d’autrui et aux aspirations indivi- duelles, et dès lors contribuer à la réalisation ou à l’affirmation d’un noyau identitaire. Mais il se peut aussi qu’on réalise certains actes contre les attentes d’autrui, parce qu’on y est intimement attaché ; ou qu’on les réalise malgré soi ou en dépit de soi ; ou encore qu’on réalise certaines choses malgré les autres et malgré soi (sous le poids de pulsions incons- cientes : se détruire la santé par des pratiques nocives, etc.).

Dans le reportage, que voyons-nous des engagements concrets pris par les enseignants de ce collège parisien ? En d’autres termes, que les voyons-nous faire ?

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Après avoir posé ces différentes facettes de l’identité, pouvons-nous déceler les germes d’une tension possible :

- entre les projets professionnels et les engagements quotidiens ? Si oui, précisez en

quelques mots la nature de cette tension.

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- entre les engagements quotidiens et la perception des attentes ? Si oui, précisez en

quelques mots la nature de cette tension.

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- entre les projets professionnels et la perception des attentes ? Si oui, précisez en quelques mots la nature de cette tension.

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Revenons alors sur la première analyse de l’état d’âme des enseignants observés. Pouvons- nous confirmer la présence, dans l’état psychique d’un enseignant ou de plusieurs ensei- gnants, la marque d’une des tensions identitaires suggérées par Guy Bajoit ?

Celle du sujet dénié, parce que :

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Celle du sujet divisé, parce que :

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Celle du sujet anomique, parce que :

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L’idéal recherché par tout sujet est une conciliation de ces trois attentes : avoir de l’estime pour soi-même et en même temps, jouir de l’estime des autres pour ce qu’on s’est engagé à faire de sa vie. En d’autres termes, étendre la sphère de son noyau identitaire. Il y a là quelque chose de précieux, un attachement fort à la plus grande réalisation possible de son identité désirée (besoin de l’estime pour soi-même, de se sentir accompli, réalisé, épanoui), à la plus grande réalisation possible de son identité assignée (besoin d’être aimé, reconnu et approuvé par les autres) et aux engagements pris envers soi-même, aux projets et aux défis qu’on s’est donnés.

Plus grande est la distance entre les trois sphères, plus fortes sont les tensions existentielles. Et plus le malaise de la conscience est fort, plus le besoin de le gérer est grand, plus la cons- truction de l’identité personnelle est problématique. Bajoit précise les cas de tension maxi- male : dans les situations d’oppression extrême, de totalitarisme où, par toutes sortes de ruse, on tente de s’échapper pour échapper à la honte, à la déshumanisation et à la tenta- tion de mettre fin à ses jours ; dans les situations d’anomie suscitées par l’absence d’attentes claires envers le sujet, dès lors livré à lui-même.

Dans le document Sociologie de l'éducation (Page 49-56)