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6.5 Le cirque glaciaire, lieu du développement d’activités culturelles

6.5.2 Le sentier des cirques glaciaires

FIGURE 6.3 Cirque de Salanfe.

Le cirque de Salanfe, arène dominée par des sommets atteignant les 3000 mètres, fut le théâtre d’âpres batailles de propriétés, avec au centre des convoitises, son alpage, qui s’enorgueillit d’être « le plus grandiose de Suisse » (Coquoz, 1899 : 77). Le cirque devint ensuite le paysage à voir par les alpinistes et les touristes du 19ème siècle, il a été magnifiquement décrit et étudié par, entre autres, Emile Javelle, en 1886. Finalement, et après des désaccords sur la valeur paysagère de ce monument naturel, ayant fait le tour de la Suisse, le cirque devint un réservoir pour la fabrication de l’énergie hydroélectrique, avec son barrage, construit sur le socle gneissique du massif des Aiguilles Rouges, au milieu du 20ème siècle. L’histoire de ce barrage est intéressante à plusieurs points de vue.

Mais celui de l’hydrogéologie doit être soulevé. Elle concerne les pertes du lac de retenue qui filent vers le Val d’Illiez, par des points préférentiels d’infiltration correspondant aux assises de calcaires triasiques s’enfonçant vers le nord et l’ouest. Il s’agit d’un problème

non négligeable et qui a donné lieu à de nombreuses recherches géologiques (Burri, 1998 ; Pantet, 2004).

A présent, c’est le tourisme qui représente une part d’activité économique non négligeable. Le cirque, qui a une grande valeur scientifique, géologique et géomorphologique, grâce à la présence de traces de dinosaures, sur les grès triasiques de la couverture autochtone de Aiguilles Rouges, et de la mine Robert au-dessus du plateau de Salanfe dans laquelle on a extrait du minerai d’arsenic aurifère, se voient classées dans l’inventaire des géotopes d’importance nationale (ASSN, 1999). Si l’on extrayait à nouveau de l’or en Suisse, c’est cette mine qui aurait les meilleures chances d’être réouverte. Le site comporte aussi d’autres valeurs additionnelles, une valeur esthétique évidente déjà soulevée au début de ce chapitre, une valeur économique, due à l’implantation du barrage et aux activités touristiques, ainsi qu’une grande valeur écologique.

Le cirque de Fenestral

FIGURE 6.4 Cirque de Fenestral.

Le cirque de Fenestral est depuis fort longtemps un alpage. En plus d’avoir une grande valeur scientifique, c’est lieu de grande importance écologique, esthétique et archéologique. En effet, un bloc gravé est comme planté au bord du sentier.

Le cirque d’Emosson

FIGURE 6.5 Cirque d’Emosson

Le cirque autrefois connu sous le nom de Barberine-Emousson présentait « deux superbes et gras pâturages » (Coquoz, 1988 : 70). Comme les autres pâturages de la région ils furent au centre de violents conflits. En 1323, a eu lieu une grande mêlée entre les Salvanins d’un côté et les Savoyards de l’autre ; beaucoup y périrent. Un oratoire marquait le lieu où fut livré ce combat meurtrier, aujourd’hui symbolisé par la chapelle en rive droite du barrage d’Emosson. Dans le courant du 19ème siècle, les touristes, comme ailleurs dans la vallée, foulèrent le sol de ce cirque haut perché.

Dès 1900, c’est le développement de l’énergie hydroélectrique, qui est intéressé par le cirque d’Emosson. Le premier barrage, un barrage poids, est Barberine. C’est un ouvrage relativement modeste implanté sur le verrou amont du cirque d’Emosson. Le second barrage, un barrage voûte de 180 mètres, est mis en service durant la deuxième moitié du 20 ème siècle.

Le premier barrage est aujourd’hui noyé dans le lac d’Emosson, mais visible au début de l’été. Actuellement, le cirque d’Emosson connaît une activité touristique importante, liée à celle du Vieux-Emosson. En plus de sa grande valeur culturelle, il accumule aussi les autres valeurs additionnelles, à savoir, la valeur écologique, esthétique et évidemment économique.

Le cirque du Vieux-Emosson

FIGURE 6.6 Cirque du Vieux-Emosson.

Le cirque du Vieux-Emosson connaît le développement de l’énergie hydroélectrique dès 1955, où un barrage voûte d’une hauteur de 45 mètres a été construit.

Le cirque du Vieux-Emosson est aussi un centre touristique important.

C’est aussi un site de grande valeur géologique, en raison de la présence de traces de reptiles, en nombre important. Le site est classé dans l’inventaire des géotopes d’importance nationale, au même titre que les traces, bien que moins connues, répertoriées à Salanfe.

Le cirque de Bérard

FIGURE 6.7 Cirque de Bérard.

Cirque classé depuis 1992 en réserve naturelle, au sein du vallon de Bérard et intégré dans la réserve naturelle des Aiguilles Rouges. Dès le 18ème siècle, il connu le développement de l’alpinisme et du tourisme. Des activités pastorales ont également eu lieu dans ce vallon. Des pierres gravées lui confèrent une importance archéologique. Sa valeur écologique est très grande, puisque le cirque est une zone de passage pour la faune, comme les bouquetins, mais aussi pour les oiseaux et les insectes. Un délicat papillon, du nom de la vanesse du Chardon, qui peut atteindre la vitesse de 50 km/heure, rejoint l’Afrique par mers et montagnes. Ce papillon peut être observé dans le vallon de Bérard.

Le cirque de Trient

FIGURE 6.8 Cirque de Trient.

Le cirque de Trient est un peu à part. Il est entièrement occupé par le glacier du Trient. Nous l’avons choisi pour la proposition de ce sentier en rapport à son histoire de grande valeur culturelle, mais également à son rôle de témoin.

Le glacier, qui dans une centaine d’année risque d’avoir disparu doit être présenté au public. Son histoire et son fonctionnement doivent leur être expliqués.

C’est un objet paléogéographique de grande importance qui doit impérativement être mis en avant, aussi bien dans son contexte historique naturel et culturel (exploitation de la glace, alpinisme, premières études sur les glaciers,…) que dans une perspective d’avenir.

CHAPITRE .7. CONCLUSION

La vaste région des vallées du Trient, de l’Eau Noire et de Salanfe, comme nous l’avons vu dans la première partie, recèle un patrimoine naturel et culturel très riche. Ceci se vérifie au travers d’une offre touristique importante dans le domaine du tourisme doux qui propose notamment au travers de sentiers la mise en exergue de ce patrimoine. Cependant, et comme nous avons pu le constater, l’importance naturelle est essentiellement mise en avant au travers de la flore et de la faune.

Dans ce mémoire, nous avons voulu par le biais de l’inventaire effectué montrer qu’en plus de la flore et de faune, la richesse naturelle d’un région découle également de son histoire géologique et géomorphologique. Et que dans une certaine mesure, souvent déterminante, elle défini les activités culturelles d’un territoire plus ou moins vaste.