et les sentiments des utilisateurs. Nous mettrons l’accent sur le fonctionnement et
l’interprétation sémantique de chaque acronyme, ainsi que son rôle par rapport à la
chaîne syntaxique et son importance à l’extériorisation de l’émotion et la dimension
émotionnelle dont il charge l’énoncé qu’il accompagne. En voici quelques exemples
connus et récurrents dans notre corpus. Commençons par l’acronyme le plus connu et le
plus fréquent et qui possède diverses variantes avec lesquelles il partage souvent le
même sens mais avec des intensités variées.
« lol »
C’est l’acronyme le plus populaire et le plus connu. Il vient de l’anglais «lots of
laughs » ou « laughing out loud», qui désigne quelqu’un qui est en train de rire. Il
s’emploie pour marquer l’amusement ou même l’éclat de rires, voire l’ironie. Les
occurrences de cette interjection sont très nombreuses.
1) Lol Audrey, les livres de 1985 ne sont pas des grimoires, ce sont ceux d’avant
1900 qui pour moi sont des grimoires (blogs, p.25)
2) C’est déjà confirmé…lol (blogs, p.74)
3) Lol me suis mal exprimée (…) (forums, p.4)
4) Bon et il est vrai que je suis pour NADAL !!!!!! loool (forums, p.81)
5) Loooool !!!! (Forums, p.85)
6) Dhelia : il existe encore! Et je sais de quoi je parle, c’est mon préféré des
mois sans en trouver (après avoir écumé le rayon chocolat de tous les
supermarchés LOL) et un beau jour waou j’en trouve à Leclerc! 3 direct dans le
caddie hé hé. (…) (forums, p.17)
Dans ces différents exemples, l’acronyme interjectif «lol » (« laughing out
loud ») décrit quelqu’un qui est en train de rire, ceci est confirmé par le recours au
présent continu de l’anglais qui indique un processus en cours de réalisation dans
l’immédiat, en même moment de sa prononciation. Cette forme peut former, toute seule,
une intervention à part entière (comme dans l’exemple (5)) et aura ainsi un sens
décrivant le rire qui traduit l’amusement du locuteur ou constitue une réaction émotive à
l’énonciation d’un autre contenu. Elle peut également accompagner un énoncé verbal,
étant placée à n’importe quelle place dans la chaîne syntaxique (début, milieu, fin),
comme l’illustrent les exemples cités ci-dessus et son interprétation nécessite ici de
chercher dans le contexte ce qui est susceptible d’être amusant. Lorsqu’elle est incise,
elle implique une interprétation simultanée qui doit être faite à la fois du rire et de
l’énoncé symbolique, dans la mesure où elle est considérée comme étant la mise en
scène (schématisation) d’une interaction verbale où le rire et l’énoncé verbal pourraient
être simultanés.L’acronyme «lol» sert à marquer l’attitude énonciative du locuteur par
rapport à son énoncé se présentant comme amusant, raison pour laquelle sa suppression
ne modifie pas le sens de l’énoncé fourni par le contenu propositionnel, mais elle nous
prive de toute information concernant l’amusement du locuteur et l’interlocuteur
pourrait penser, parfois, que sa blague était mal prise ou mal comprise. Il sert alors à
modaliser l’énonciation du locuteur, permettant parfois de le comprendre comme une
plaisanterie. « Lol » peut aussi être utilisé pour montrer que le locuteur a pris
conscience de son erreur de façon amusée, comme c’est le cas dans l’exemple (3). Ce
qui entraine que cet acronyme peut être monologique, exprimant un état émotif
personnel, ou bien dialogique, verbalisant une émotion qui sert à interpeller l’autre à
interagir.
« Lol» a également d’autres formules acronymiques, qui ont la même signification et le
même fonctionnement, telles que « mdr », « ptdr », « xd » et auxquelles il peut être
substitué sans aucun changement desens de l’énoncé ou de l’interaction.
« mdr »
L’acronyme «mdr» est l’équivalent français de «lol ». Ses initiales renvoient à
« mort de rire », qui sert àmontrer le rire intense de quelqu’un. Sa version familière est
« ptdr » c'est-à-dire « pété de rire ». « Mdr » sert à exprimer un rire plus intense que
celui exprimé par « lol». L’expression «mdr » est fréquemment utilisée, de manière
qu’elle est devenue banale. En voici quelques exemples sélectionnés de notre corpus:
7) En toute logique mais qui est meilleur ? Ronaldo ? Mdrrr (blogs, p.74)
8) He he he l’autre pécore qui veut nous faire croire que Namard (Encore un
parisien que les sardines adulent) a fait de la taule pour un petit match de foot
pré LDC….Mdr !!!! (blogs, p.82)
L’acronyme interjectif «mdr », dans les exemples ci-dessus, sert à indiquer le
rire du locuteur qui traduit son amusement et sa joie. Il a le même fonctionnement que
« lol». Il constitue un modalisateur qui indique l’attitude subjective du locuteur par
rapport à son énoncé en décrivant ses émotions et ses sentiments. Comme « lol », sa
suppression ne change pas le sens de l’énoncé mais le prive de sa dimension
émotionnelle. Il peut accompagner un énoncé où il se place au début, au milieu ou à la
fin, comme il peut former une intervention à part entière. Mais, à la différence de
« lol », « mdr » sert à indiquer que l’intensité de rire est forte, qui est ici appuyée par un
procédé d’insistance à savoir la répétition (que nous désignerons ultérieurement par
l’étirement) de la lettre ‘-r’, « Mdrrr» dans l’exemple (7) et par l’association à d’autres
formes comme « he he he» dans l’exemple (8).
« ptdr » et « xd »
Les expressions « ptdr » et « xd » sont aussi les équivalents français de « lol ».
Elles constituent respectivement les sigles de « pété de rire » et « explosé de rire ». Elles
ont les mêmes caractéristiques et le même fonctionnement que « lol » et « mdr ». Elles
montrent que l’intensité de rire est très forte. Elles constituent, de ce fait, des
modalisateurs qui servent à décrire une émotion traduite par un rire plus intense (un fou
rire) que celui décrit par les acronymes « lol » et « mdr », même si « ptdr » est souvent
considérée comme semblable à « mdr ». Tout comme « lol » et « mdr », les formes
« ptdr » et « xd » peuvent être accompagnées d’un énoncé verbal et elles peuvent se
placer au début, au milieu ou à la fin de la chaîne syntaxique, tout en ayant à chaque
fois le même sens et le même rôle. Elles peuvent également fonctionner toutes seules et
former une intervention à part entière. Nous ne relevons pas de nombreuses occurrences
dans notre corpus.
9) Féculents : riz pate (complets de préférence) ptdr… (forums, p.4)
Nous remarquons que les expressions « ptdr » et « xd » ne sont pas très
fréquentes, contrairement à « lol » et « mdr», ce qui nous amène à réfléchir qu’elles
sont réservées à des situations exceptionnelles où les sentiments et les émotions sont
très intenses. C’est pour cette raison que nous avons déduit que ces expressions servent
à montrer une émotion et un rire plus forts que ceux désignés par « lol » et « mdr ». Ces
différentes interjections acronymiques, placées au début, en incise ou à la fin de la
chaîne syntaxique, indiquent respectivement que l’amusement du locuteur porte sur
l’énonciation d’un contenu par l’interlocuteur ou sur l’énonciation d’un contenu par le
locuteur. Leur rôle est de montrer la modalisation portant sur l’énoncé et sur toute
l’énonciation.
Toutes ces différentes formes acronymiques peuvent être étirées
Dans le document
Etude de quelques formes d'expression des émotions et des sentiments dans le contexte des nouvelles formes de communication
(Page 147-150)