à la création de divers codes expressifs conventionnels. Ces codes sont le résultat du
caractère spontané et immédiat de ces écrits. Ils ont été créés par les utilisateurs de ces
formes en vue de s’exprimer et de transmettre leurs émotions et leurs sentiments le plus
facilement et le plus rapidement possible. Les acronymes constituent l’une des
catégories les plus importantes spécifiques à ces écrits. Nous allons voir comment ces
formes, déjà définies dans le chapitre précédent, sont employées dans les échanges sur
Facebook et dans les tweets. Pour ce faire, nous extrairons quelques exemples issus de
notre corpus et illustrant cette hypothèse.
« lol »
La forme « lol», comme nous l’avons présenté dans le chapitre précédent, est
empruntée à l’anglais «laughing out loud» décrivant quelqu’un qui est en train de rire.
Elle est créée dans le cadre des écrits électroniques et s’est passée par la suite pour être
utilisée à l’oral, ce qui justifie, en quelque sorte, sonstatut et sa charge émotive. C’est la
formule la plus populaire et la plus fréquente dans les écrits électroniques. En voici
quelques exemples sélectionnés des pages de discussion sur Facebook :
87)
Moi ça me fait vraiment peur Oups c'était une centrale nucléairelooolen touts cas, depuis une semaine,88)
Lollchakkar rouhou, il y a des jours (comme aujourd'hui ! où c'est folie furieuse!!!J'ai du supprimer un fou furieux avec sa 40aine de commentaires copiés/collés utilisant de gros mots
89)
Lool... genre ,cap...vs passerez l. exam le mois dernierlol.
dur dur...
faut changer de secretairelolIls nous rabâchent que les gosses d'aujourd'hui font des fautes, ca s'est propagé MDR Jcroi il se foute de la geul du mond an fèsant des phautes sûr lés konvokation du baque C'est la que nous voyons le niveau de ceux qui apprennent à nos enfants!
La forme acronymique « lol » est employée ici pour désigner un rire qui traduit
l’amusement du locuteur. Elle peut avoir une valeur ironique comme dans l’énoncé (88)
(c’est l’expression arabe ‘’chakar rouhou’’ (celui qui fait l’éloge de soi-même) qui nous
a permis de déduire cette interprétation). Lorsqu’elle est appliquée à un énoncé
décrivant un contenu négatif, elle sert à atténuer l’intensité de l’émotion verbalisée
comme dans l’exemple (87) où elle atténue la peur du locuteur. L’acronyme «lol »
verbalise une réaction émotionnellepositive des locuteurs dans ces énoncés. C’est pour
cette raison que son effacement ne modifie pas le sens du contenu propositionnel, mais
nous cache l’attitude énonciative du locuteur par rapport à son énoncé. Cette formule
peut être étirée en reproduisant soit la lettre « l », soit la voyelle « o », comme le
montrent les différents exemples ci-dessus. Son étirement sert à mettre l’accent sur
l’intensité de l’émotion ressentie. Il décrit un fou rire exprimant une joie intense. Cette
interjection peut être placée n’importe où dans la chaîne syntaxique. Elle peut former,
toute seule, une intervention à part entière en tant que réponse à un autre contenu
précédant. Elle constitue une réaction émotive à l’énonciation d’un autre contenu. Etant
une trace de l’oral, elle traduit une mise en scène d’une interaction verbale où le rire et
l’énoncé verbal sont simultanés. Cette forme acronymique figure également dans
certains tweets. En voici quelques exemples :
90)
91)
Vu la brièveté des tweets et leur formation par des formes technolangagières,
nous ne relevons pas de grandes occurrences de l’emploi de l’acronyme «lol ». Dans
l’exemple (90), nous remarquons l’emploi de la même formule acronymique «lol » à
trois reprises, tout au long de la chaîne syntaxique, au début et au milieu de la chaîne.
« lol » au début de la chaînesyntaxique exprime l’amusement et la joie du twitteur suite
à l’événement décrit à savoir ’le concert de mika’. Quant aux deux autres emplois, ils
ont une valeur ironique, dans la mesure où ils sont associés à l’expression «ça fait
mal » qui décrit un contenu négatif. Ils traduisent la surprise du locuteur à cause de
l’élévation du prix des tickets pour entrer auconcert. Cet acronyme sert alors à traduire
l’attitude énonciative du locuteur par rapport à son énoncé.
L’acronyme «lol» possède également d’autres formules acronymiques avec lesquelles
il peut se substituer et qui ont la même signification comme « mdr », « ptdr », « xd »,
etc. Toutes ces formules acronymiques partagent la même charge sémantique à savoir
décrire une émotion à polarité positive, mais qui peuvent être utilisées dans des emplois
ironiques. Elles diffèrent souvent au niveau du degré d’intensité de l’émotion qu’elles
décrivent.
« mdr » et « ptdr »
« mdr » ou bien « mort de rire » en français qui est équivalente à la formule
acronymique « lol » avec laquelle elle partage les mêmes caractéristiques et la même
interprétation. Cette forme est aussi fréquemment utilisée. En voici quelques exemples :
92)
Ahahah Convoc à l'épreuve de français ?Mdrarticle sans intérêt et, on s'en fout royalement. Et ben bravo.
93)
faut changer de secretaire lol Ils nous rabâchent que les gosses d'aujourd'hui font des fautes, ca s'est propagé MDR Jcroi il se foute de la geul du mond an fèsant des phautes sûr lés konvokation du baque C'est la que nous voyons le niveau de ceux qui apprennent à nos enfants !94)
lamentable, maismdrrr95)
Mdroh la la96)
MDR. . .97)
Faux !!! L'armée recherche 10 000 bacheliers ^^ mdrr98)
hi!hi!hi!hi!hi!hi! cuit...cuit ouiiiiiiiii je suis cuit!!!ptdrrrrrLa forme acronymique « mdr » désigne un rire très intense traduisant une grande
joie. Elle décrit une intensité plus forte que celle décrite par « lol ». Elle joue le rôle
d’un modalisateur qui décrit les émotions ressenties par le locuteur. « Mdr » peut se
placer n’importe où dans la chaîne syntaxique comme le montrent les différents
exemples, ceci est expliqué par le fait qu’elle n’est employée que pour ajouter de
l’humour à l’énoncé et révéler ainsi l’attitude subjective du locuteur. Elle n’ajoute pas
une information concernant le contenu verbal mais une information qui se rapporte à
toutel’énonciation d’oùsa suppression ne change le sens de ce contenu, mais le vide de
sa dimension émotionnelle. Son rôle est de modaliser l’énoncé voire toute l’énonciation,
ce qui explique son emploi fréquent à la fin de la chaîne syntaxique. Comme les autres
acronymes, « mdr » peut former une intervention à part entière, jouant le rôle d’une
réaction émotive à un autre contenu, comme dans l’exemple (96). Comme toute
interjection, l’étirement ou le passage aux lettres capitales, comme l’illustrent les
exemples (93), (94) et (96), accentuent l’intensité de l’émotion que «mdr » ou « ptdr »
manifestent.
« ptdr», dans l’exemple (98), équivalent de «pété de rire », sert à exprimer une
émotion plus intense que celle exprimée par « mdr». D’ailleurs, elle n’est pas très
fréquente dans notre corpus. Son association à l’interjection étirée « hi !hi !hi ! » et le
terme « ouiii » étiré montre encore plus clairement la forte intensité de l’émotion qu’elle
manifeste.
Ces formules acronymiques sont également perceptibles dans les tweets :
Dans le document
Etude de quelques formes d'expression des émotions et des sentiments dans le contexte des nouvelles formes de communication
(Page 187-191)