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La science en Afrique

Il est admis qu'il existe une forte corrélation entre l'importance des investissements qu'un pays consacre à la science et à la R-D (que l'on exprime d'habitude en pourcentage du PIB consacré à la R-D) et le niveau de vie et d’autres mesures du bien-être économique dans ce pays. Le secteur productif de l'économie de tout pays industrialisé exige une main-d’œuvre qui possède des connaissances scientifiques de base. Le bien-être économique d'un pays est donc fonction du niveau des connaissances scientifiques et techniques que l’on y trouve. Certes, le développement économique repose sur les découvertes et les inventions des scientifiques et des ingénieurs et sur les personnes qui les développent, mais pour que ces innovations puissent être mises en œuvre avec succès, on a besoin de cadres et de travailleurs instruits ayant les qualifications requises pour la gestion de l' outillage, des ordinateurs, des centres de contrôle, des informations quantitatives et des matières. Les travailleurs de l'industrie moderne ont besoin de comprendre des instructions complexes du point de vue technologique pour faire fonctionner les équipements et pour communiquer et collaborer les uns avec les autres dans le cadre de tâches qui sont loin d'être répétitives. Les décideurs ont besoin de s'attacher les services de conseillers qualifiés du point de vue scientifique et technologique, afin d'informer de manière appropriée les responsables de l'État et les autres parties intéressées sur les problèmes et stratégies de développement3.De leur côté, les décideurs doivent avoir les connaissances scientifiques qui leur permettent d'interpréter, d'évaluer et de mettre à profit les conseils des experts pour prendre des décisions et les traduire en actes.

Par conséquent, les connaissances scientifiques et technologiques constituent la matière première indispensable à la production de la grande majorité des biens et services dans une économie moderne. Elles offrent également les informations nécessaires pour améliorer la santé et le bien-être des citoyens et l’état de la société et de l'environnement. Elles contribuent de façon déterminante à l'efficacité de l'action des pouvoirs publics et à la prise des décisions en matière de financement dans tous les secteurs.

Conscient de cette situation, le huitième Sommet des chefs d'État de l'Union africaine tenu à

3 UNESCO (1996). Rapport mondial sur la science 1996. Londres: UNESCO.

Addis-Abeba en janvier 2007 a fait de la science, de la technologie et du développement durable l'un de ses principaux sujets de discussion.

Encadré 1: Déclaration du huitième Sommet des chefs d'État de l'UA sur la science et la technologie

La Déclaration du Sommet des chefs d'État (résumée ci-dessous) engage les gouvernements africains à:

• Encourager davantage de jeunes africains à entreprendre des études scientifiques, technologiques et d’ingénierie et à exhorter les États membres à accorder une attention particulière à l'enseignement de la science et de la technologie;

• Promouvoir et soutenir la recherche et l'innovation et les capacités humaines et institutionnelles requises;

• Veiller à une application stricte en Afrique de l'éthique scientifique afin de préserver l'environnement et les ressources naturelles du continent et de prévenir toutes les pratiques nuisibles aux populations africaines;

• Renforcer et redynamiser les universités africaines et les autres établissements d’enseignement supérieur africains ainsi que les centres de recherche scientifique afin de leur permettre de jouer un rôle efficace en tant que lieu de promotion de l'enseignement et du développement de la science, de la technologie et de l'ingénierie et de familiariser le public avec la science et de la technologie;

• Promouvoir et renforcer la coopération régionale ainsi que la coopération Sud-Sud et Nord-Sud en matière de science et de technologie;

• Accroître le financement des programmes nationaux, régionaux et continentaux pour la science et la technologie et soutenir la création de centres nationaux et régionaux d'excellence dans ces domaines;

• Promouvoir la R-D en Afrique et à élaborer des stratégies d'innovation en vue de la création de richesses et du développement économique, en affectant à cet effet au moins 1 % du PIB national d'ici à 2010, tel que convenu dans la Décision de Khartoum (EX.CL/Dec.254 (VIII).

Plusieurs pays d’Afrique ont déjà augmenté leurs investissements dans le domaine de la science et la technologie. Le Rwanda, par exemple, a porté les dépenses qu’il consacre à la science à 1,6 % de son PIB et s’efforcera de les faire passer à 3 % dans les cinq prochaines années. Les dépenses de R-D en Afrique du Sud devraient atteindre 1 % du PIB d'ici à 2009. Le Nigéria envisage d'investir 5 milliards de dollars dans la création d’une fondation nationale pour la science.

Avec un prêt de 30 millions de dollars de la BAD, la Zambie va offrir des bourses de spécialisation à quelque 300 de ses étudiants en sciences et ingénierie. Le programme du Brésil en faveur de l'Afrique appuie le renforcement des capacités scientifiques et technologiques en Afrique subsaharienne, notamment en Angola et au Mozambique4, afin de soutenir les initiatives de développement de ces pays.

4Hassan, Mohamed H. A. (2007). A New Dawn for Science in Africa.

http://www.sciencemag.org/cgi/content/full/316/5833/1813

Cet accroissement des dépenses de R-D est clairement illustré par les graphiques ci-dessous, qui montrent l’évolution de ces dépenses en Tanzanie et au Rwanda dans les principaux secteurs scientifiques et technologiques nationaux au cours de cinq dernières années:

Graphique 1: Dépenses de l'État dans les secteurs scientifiques clés en Tanzanie de 1999-2000 à 2006-2007

Évolution des dépenses dans les secteurs scientifiques clés

0 2 4 6 8 10 12 14

1999/00 2000/01 2001/02 2002/03 2003/04 2004/05 2005/06 2006/07 Santé Eau Agriculture (recherche et vulgarisation) Transports

Le graphique ci-dessus montre les dépenses du Gouvernement tanzanien dans les domaines scientifiques prioritaires en pourcentage du budget national. Depuis 1994, le PIB de la Tanzanie a plus que doublé, passant de 4,5 milliards de dollars à 10,5 milliards de dollars en 2003 et à 10,9 milliards de dollars en 2004, ce qui, dans une certaine mesure, peut s'expliquer par l'accroissement des dépenses consacrées à la R-D et à la science et la technologie.

Graphique 2: Pourcentage du budget national alloué aux secteurs scientifiques et technologiques clefs au Rwanda

Pourcentage du budget national alloué aux secteurs scientifiques et technologiques clefs au Rwanda

0,00%

2,00%

4,00%

6,00%

8,00%

10,00%

12,00%

2006/07 2007/08 2008/09 2009/10

Agriculture Énergie Transport et communication

TIC Eau et assainissement Santé

f

Grâce à une stratégie privilégiant davantage l’investissement en science et en technologie, le Rwanda a aussi enregistré une croissance accélérée du PIB, soit 4,2% par an en moyenne de 2004 à 2008.

Á l’occasion de la présentation du budget dans certains pays africains, des déclarations courageuses ont été faites sur l’importance d’investir dans la R-D, comme le montrent les exemples suivants concernant l’Afrique du Sud, l’Ouganda et le Ghana:

Et harmoniser en Afrique du Sud, le PIB réel a progressé de 5,3%5 en 2006. Dans le discours de présentation du budget de 2006, il a été déclaré que:

“Pour inciter les entreprises à investir plus dans la technologie et l’innovation, l’abattement pour les dépenses courantes de recherche-développement sera porté de 100% à 150%

et un régime plus favorable d’amortissement des dépenses d’équipement pour la R-D est envisagé”.6

En Ouganda, dans le discours de présentation du budget 2006/2007, il a été déclaré que:

“Le Gouvernement a décidé d’aider en priorité les scientifiques menant des travaux de recherche et d’innovation sur nos processus de production. Ainsi, un montant de 8 milliards de shillings est alloué à la recherche sur la banane, la production de jus de fruit et le paludisme. En outre, le Gouvernement a négocié, dans le cadre de l’Initiative scientifique du Millénaire financée par la Banque mondiale, un projet quinquennal de 30 millions de dollars É.-U. destiné à soutenir

5 Economist Intelligence Unit (2006). Country Forecast, février 2006 –Sub-Saharan, Africa, Regional overview Londres: The Economist Intelligence Unit.

6 Discours de présentation du budget, 2006 – Ministère des finances. Gouvernement sud-africain.

les activités de recherche, d’enseignement et de formation scientifiques et technologiques liées à l’industrie”7

Au Ghana, le discours de présentation du budget 2006/2007 a été centré sur la commercialisation de la recherche, de l’innovation et du développement. Il y était souligné que:

«Le Gouvernement considère qu’il est difficile d’obtenir une croissance économique accélérée si l’on ne commercialise pas la recherche ou si l’on ne relie pas notre secteur commercial et industriel à celle-ci, ainsi qu’à l’innovation et au développement dans le pays. Par conséquent, il est prévu d’accorder un soutien particulier aux industries qui commercialisent les résultats des travaux de recherche».

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