Le savonnier peut transmettre des règles d'action pour la fabrication du savon, des moyens de contrôle de la qualité du savon et des matières premières nécessaires à la fabrication du savon, des règles de sécurité et sa gestion de l'environnement.
Les règles d’action pour la fabrication du savon Les règles d'action montrées ou expliquées sont :
− le choix des matières premières : "En ce qui concerne la saponification ou la fabrication du
savon, les matières premières sont : Y a l'eau propre, y a l'huile... rouge, l'huile du pays en un mot, y a l'huile de palmiste, aussi, les graines de palmiste extraites, extraites locales, on utilise ça également. Y a l'huile d'arachide, y a l'huile de haricot. Vous comprenez ?" (Annexe
III, p. 146, propos 2410). "Y a le beurre. D'ailleurs le beurre, ça c'est une meilleure qualité de
savon, le beurre. Mais pourquoi, on ne peut pas utiliser ça, c'est parce que les moyens ne sont pas appropriés. Le manque de moyens ne peut pas vraiment de se payer un carton de... beurre ou en tout cas faire face à la fabrication du savon" (Annexe III, p. 147, propos 2418)."On utilise dès fois du parfum. On utilise même du "Omo" également, toujours pour n'est–ce pas... diminuer, disons l'odeur de l'huile surtout l'extraction locale. Ce sont les matières premières"
(Annexe III, p. 147, propos 2418).
− le rapport des quantités de matières premières : "Si vous voulez faire 100 morceaux, par
exemple, nous prenons... Nous prenons normalement : 7 litres d'huile + 12..., pardon, 5 litres d'eau, parce que si la quantité d'eau et la quantité d'huile, si les deux quantités sont...étaient égales, ça ne peut pas faire une belle quantité de savon, il faut que la quantité d'huile dépasse celle de l'eau, voyez–vous ? 7 litres d'huile et 5 litres, n'est–ce pas ?..." (Annexe III, p. 147,
propos 2426) et "... D'eau, + maintenant 2 litres de soude caustique,... + 2 litres de soude
caustique, + 2 pots, n'est–ce pas ? de sel de cuisine, est–ce que vous comprenez ?" (Annexe
III, p. 147, propos 2428).
– la détermination du poids du savon à l’unité : "... pour déterminer ça, c'est un peu difficile" (Annexe III, p. 152, propos 2536).
− la technique de mesure et de fixation de la concentration de soude caustique : "vous
mélangez la soude caustique et l'eau propre. Maintenant, vous plongez l'instrument en question (l'aréomètre), ça détermine le niveau exact des deux. Si les deux sont de même niveau, ça y a aucun problème. S'ils ne sont pas de même niveau, si en tout cas l'eau dépasse, vous cherchez maintenant à augmenter un peu de la soude caustique. Si le niveau de la soude caustique dépasse, vous cessez maintenant d'augmenter la quantité d'eau" (Annexe III, p.
148, propos 2452).
− la précision du temps de malaxage et de séchage : "Donc, après le mélange, je calcule dans
30 minutes, je fais ça pour le malaxage. Une fois le malaxage je verse dans... dans la moule. Dans la moule aussi, ça peut faire 1 heure 30 minutes. 1 heure 30 minutes par exemple, donc, ça deviendra sec. Le savon est devenu... Le savon est sec, en un mot. Ce temps est variable :
"parce qu'en saison sèche par exemple et en saison pluvieuse, vous savez que les
températures ne sont pas les mêmes. Comme la saison sèche, il y a toujours de la chaleur, la saison pluvieuse, il y a la fraîcheur. Maintenant, maintenant, si c'est la saison sèche, la durée est très peu, la durée de la fabrication est très peu. Maintenant la saison pluvieuse, la durée aussi est très dense"(Annexe III, p. 156, propos 2626).
Et " ... Si c'est la saison sèche par exemple, à la rigueur, 30 minutes, comme je vous ai
dit, c'est fini ... Vous comprenez ? Si c'est la saison pluvieuse, normalement dans les 45 minutes... Il y a 15 minutes d'intervalle" (Annexe III, p. 157, propos 2636).
– la méthode de découpage et de marquage du savon : «De là aussi, on met à terre, sur une caoutchouc, pardon sur un caoutchouc. On met à terre, après, on prend maintenant, n'est–ce pas ? les accoutrements appropriés pour le coupage. On fait... Je coupe maintenant en de morceaux. Après avoir coupé en des morceaux, je mets dans les gabarits pour marquer, n'est–ce pas ? , les marques–là, comme je fais toujours ces choses là avec mon ami–là, S.K.K. ça veut dire : "Sory Kéïta Kourou"» (Annexe III, p. 147, propos 2436).
Des moyens de contrôle de la qualité du produit fini et des matières premières Le contrôle touche :
– la qualité du savon : " ça c'est dès le début. Une fois, que vous malaxez, le malaxage, une
fois que le savon est glissant, là, c'est bon. Ça devient très glissant, là, vous sentirez que c'est bon. Si ce n'est pas glissant, non pas du tout. A la fin de l'opération, si ce n'est pas bon, on corrige maintenant sur le feu" (Annexe III, p. 149, propos 2462).
– la qualité de la soude : " il faut la... la densimètre…C'est elle qui est très valable surtout pour la fabrication du savon" (Annexe III, p. 148, propos 2450). " Si vous n'avez pas de densimètre, là, il faut, respecter rigoureusement, n'est–ce pas ? ... les mesures... En cas de défaillance, vous allez mettre un peu de soude caustique parce que les soudes caustiques n'ont pas n'est–ce pas ? ...le même degré." (Annexe III, p. 148, propos 2454).
– la qualité de l’huile : "Ça a une importance dans la fabrication parce que y a 2 manières...
Y a 2 manières, c'est à dire y a 2 origines d'extraction de l'huile. L'extraction qui se fait à partir des femmes qui grillent les graines de palmistes, ça c'est la première extraction. La deuxième maintenant, est la plus moderne telle que J.B. à Conakry, à Sangoyah. Lui, c'est purement moderne. Quand on a son huile, nous n'avons pas besoin d'utiliser ni le savon, ni le parfum, ni en tout cas comment dirais–je ? ... l'"Omo", parce que c'est purement moderne"
Des règles de sécurité
Le savonnier recommande :
− de respecter les proportions de matières premières pour faire un savon de bonne qualité : "Si
on met trop de soude, par exemple... En lavant, n'est–ce pas ? ... les habits, l'intéressé pourra sentir à travers ses doigts. Ça... ça... ça... arrive maintenant à.. comment dirais–je ? "
(Annexe III, p. 156, propos 2610). ...à écorcher... " (Annexe III, p. 156, propos 2612). Si on
met trop d'eau, ça ne donne pas (Annexe III, p. 156, propos 2614). Si on met trop d'huile... Ça ne sera pas... ça ne sera pas un bon savon" (Annexe III, p 156, propos 2616).
− d'éviter les accidents en utilisant :
• des moyens de protection personnelle : "Par exemple, si l'intéressé n'a pas de gants, donc,
il va avoir du mal à ses... ses mains. Ça c'est les accidents" (Annexe III, pp. 159–160,
propos 2714) ;
• la vigilance : "En cas où un enfant arrive à se plonger, c'est... c'est un danger. Si en tout
cas un poulet, en tout cas un mouton, les animaux en un mot, s'ils arrivent encore à se plonger ou de manger ou avaler, toujours c'est des accidents vraiment graves" (Annexe
III, pp. 159–160, propos 2714).
• la prudence : " normalement au cours de la fabrication du savon, la soude caustique vient
en dernière position. Une fois mesurée... la...une fois mesurée la soude caustique, la quantité que je veux utiliser, une fois prendre cette quantité, directement, je garde le reste, là où aucun enfant ou aucune personne ne pourra toucher, ni boire" (Annexe III, p. 150 ,
propos 2484).
• L'information et la sensibilisation : "J'ai informé mes cohabitants, les pères de famille que
je travaille avec n'est–ce pas ? ...la soude caustique. C'est une matière qui est très, très... n'est–ce pas... disons, comment dirais–je ?... Très dangereuse" (Annexe III, p. 150, propos
2484).
Le savonnier énonce des règles d’usage qui touchent les ustensiles de travail : "les
ustensiles–là sont tels que... c'est payé au nom de la fabrication du savon. Voyez–vous comme le grand récipient–là, les caoutchoucs–là. Y a une récipient... pardon un récipient, vous l'avez vu, posé ?" (Annexe III, p. 151, propos 2530) car : "Le fer, voyez–vous, dès fois... dès fois... la soude caustique et le fer, voyez–vous, ça ne se marie pas dès fois" (Annexe III, p. 152, propos
2535).
− de règles d’urgence en cas d’ingestion accidentelle de la soude caustique : "Si cela arrive,
on utilise de l'eau propre, ça essaie de diminuer la toxicité de la soude caustique ou on le fait avaler encore l'huile du pays, l'huile rouge" (Annexe III, p. 149, propos 2464).
− de règles de transport de la soude caustique : «Il est formellement interdit de transporter la
soude avec des personnes. Il faut "déplacer" spécialement, sinon... la sortie est difficile, c'est contrôlé. Seulement avec un déplacement» (Annexe III, p. 150, propos 2496).
Des idées qu’il faudrait reprendre en classe
Les propos du savonnier sur la méthode de préparation du savon doivent être structurés. Ils concernent :
– la technique de mesure et de la fixation de la concentration de soude caustique :
"vous mélangez la soude caustique et l'eau propre. Maintenant, vous plongez l'instrument en
question (l'aréomètre), ça détermine le niveau exact des deux. Si les deux sont de même niveau, ça y a aucun problème. S'ils ne sont pas de même niveau, si en tout cas l'eau dépasse, vous cherchez maintenant à augmenter un peu de la soude caustique. Si le niveau de la soude caustique dépasse, vous cessez maintenant d'augmenter la quantité d'eau" (Annexe III, p.
148, propos 2452). Ce propos peut être utilisé en classe pour expliquer aux élèves, la notion de concentration d’une solution et leur montrer dans la pratique, les différentes étapes de la mesure de la concentration de la soude caustique avec l’aréomètre que l’artisan appelle densimètre (préparation de la solution de soude, lecture de la concentration et éventuellement ajustage des niveaux des liquides jusqu’à la concentration souhaitée).
− le malaxage, le moulage et le séchage
"Donc, après le mélange, je calcule dans 30 minutes, je fais ça pour le malaxage. Une fois le
malaxage je verse dans... dans la moule. Dans la moule aussi, ça peut faire 1 heure 30 minutes. 1 heure 30 minutes par exemple, donc, ça deviendra sec. Le savon est devenu... Le savon est sec, en un mot. Ce propos peut montrer la réaction de saponification qui est la
conversion d’un ester et en sel de l’acide correspondant sous l’action d’une base (soude caustique le plus souvent). Le rôle du malaxage peut aussi être montré dans la conduite de la saponification.
– le découpage et le marquage du savon : «De là aussi, on met à terre, sur une caoutchouc, pardon sur un caoutchouc. On met à terre, après, on prend maintenant, n'est–ce pas ? les accoutrements appropriés pour le coupage. On fait... Je coupe maintenant en de morceaux. Après avoir coupé en des morceaux, je mets dans les gabarits pour marquer, n'est–ce pas ? , les marques–là, comme je fais toujours ces choses là avec mon ami–là, S.K.K. ça veut dire :
"Sory Kéïta Kourou"» (Annexe III, p. 147, propos 2436). A travers ce propos, il peut être
expliqué les dernières étapes de la préparation artisanale du savon. – des règles de sécurité
"C'est tout à fait exact. C'est tout à fait parfait. Les grands caoutchoucs... les grands
caoutchoucs–là, c'est très bien pour la soude caustique" (Annexe III p. 159, propos 2708),
"parce ça... ça... ça gâte rapidement le fer"(Annexe III p. 159, propos 2710). Dans ce savoir d’usage, il peut être montré que le fer et la soude caustique ne sont pas compatibles. A la place des récipients en fer, il est recommandé d'utiliser des récipients en plastique.
− des erreurs de langage
"... dans la chimie... oui, c'est en chimie organique, je crois, on parle de la saponification du
savon…" (Annexe III p. 158, propos 2660). La redite "saponification du savon" doit être
corrigée.
Des représentations ou façons de dire incompatibles avec un discours scientifique Le propos du savonnier porte sur une conception erronée de la réaction chimique : "soude caustique, l'huile, l'eau ne se transforment pas, c'est identique" (Annexe III, p. 155, propos 2582). Le savonnier ne considère pas la saponification comme une réaction chimique ; pour lui, les matières premières utilisées dans la fabrication du savon ne se transforment pas en autre chose. Après la réaction chimique, ils restent identiques à eux–mêmes. Ce qui n'est pas le cas.